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Iftar géant : Combien ça coûte

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  • Iftar géant : Combien ça coûte

    - Au moment du ftour, l’ambiance est très conviviale -...

    Des étudiants, de simples passagers ou des personnes nécessiteuses, l’iftar géant est disponible et ouvert pour toute personne, sans exception aucune. Tout est fait par Nass El Kheir. El Watan Week-end a pasé une journée avec les bénévoles. Coulisses.

    10h. A Oued Romane, à Alger-ouest, la journée a déjà commencé pour le traiteur de Ness El Kheir. Il s’appelle Hmimed Raissi. La viande est déposée chez lui, dans un atelier. Mission : un méga-ftour. Une mission assurée depuis le premier jour du Ramadhan. Le ftour est ouvert à tout le monde, aux nécessiteux, aux passant aux sans domicile fixe, mais aussi à toute personne n’ayant pas pu s’attabler chez elle au moment de ftour.

    Et… c’est gratuit. Avec son expérience de plus de 30 ans, il a mis son local et surtout toute sa cuisine très moderne à la disposition de la fondation Ness El Kheir. Il le fait gratuitement. Nous sommes dans son local d’environ 150 m2. A cette heure-ci, 5 bénévoles sont déjà là. Ici, tout le monde, sans aucune exception, met la main à la pâte, y compris, nous qui étions en reportage. La viande hachée doit être préparée pour le m’touem.

    C’est-à-dire rouler 100 kg de viande en petite boule. Même le photographe a été «sommé» de posé son matériel pour donner un coup de main. Le chef ici c’est Hmimed. De la discipline, de la rigueur et aussi de l’amour à ce qu’il fait.

    D’ailleurs, pour les épices personne n’y touche. C’est lui qui choisit minutieusement ses épices. Il est simplement «méticuleux» et tout le monde doit suivre. Le menu du jour est chorba, m’touem, salade et des fruits pour le dessert. Un menu préparé avec 0 dinar. Tout est ramené gratuitement, ce sont des dons de bienfaiteurs.

    Et tout est offert gratuitement aux autres. Pour les bénévoles, aucun n’est payé pour ces actions. Pour les frais de déplacements, les épices que le chef veut acheter lui-même, tout provient de donateurs.

    A 12h, d’autres légumes sont déposés par les bénévoles qui étaient depuis 4h du matin dans les marchés de gros, pour d’abord sensibiliser les commerçants et collecter les dons.

    Dure mission et c’est pour cela que Hmimed les appelle «soldats». Un autre groupe de bénévoles font la récolte des produits de conserve depuis les paniers de la fondation Ness El Kheir, déjà installée dans les grandes surfaces. Enfin, tout est fin prêt, des tonnes de tomates, pommes de terre, carottes, oignons… passent à l’installation de la récolte dans le magasin du «chef». Les «soldats» sont là pour répondre aux ordres de leur chef…

    Epices

    13h30 : le vrai travail commence. On se partage en groupe de dix personnes pour être plus pratiques. Le premier groupe doit soigneusement rouler les boules de viande hachées. Au moins 3000 boules ! Dur au début… puis ça devient de la rigolade et machinal. Le deuxième groupe est appelé à éplucher les oignons.

    Mission pas moins difficile que la première… mais personne ne se plaint. Un travail assuré avec amour et surtout par plaisir d’offrir des ftours gratuitement aux nécessiteux. Tout se fait calmement, sous les yeux du chef. Même si personne n’est sommé d’être sur les lieux, obligé de faire, les soldats, hommes ou femmes ont le chef sur le dos, s’ils ratent une boule ou un autre détail. Il devient aussi furieux, quand une des filles fait dans le gaspillage.

    Car pour Hmimed rien ne se jette. Il est aussi très rigoureux sur l’hygiène de toute l’opération. Les femmes sont appelées, sans faute, à mettre la toque. Pendant ce temps-là, deux hommes bénévoles, mieux expérimentés, sont là exclusivement pour surveiller les sauteuses et contrôler les fours. Ils suivent à la lettre les instructions de leur chef. Chorba un peu légère, pois chiches bien mou… Bientôt 16h, tout est bien avancé.

    L’odeur et la buée des sauteuses envahissent la cuisine, les plateaux sont entièrement remplis de boules de viande hachée, les fours ont commencé à être chauffés et le chef vérifie et met une sauce blanche à cette viande avant de la mettre dans les fours. La fatigue commence par contre à se faire sentir.

    Pour mieux assurer la relève, un autre groupe de bénévoles arrive. En forme, ils sont encore plus motivés, leur journée vient de commencer. Ils apportent les dernières retouches et finalisent le méga-ftrour. Ils ont aussi la mission de transporter le résultat final à Bab El Oued.

    A la kheima plantée à la place Kitani. Bientôt 18h, le ftour est presque prêt, les bénévoles ont préparé les conteneurs isothermes pour tout mettre dedans et surtout pour que ces délices restent chauds jusqu’au moment d’el adhan d’el iftar. Au même moment, c’est une autre groupe qui se charge du dessert. Couper la pasteque pour 1000 personne ! Une fois le ftour prêt, les boîtes isothermes sont remplies et les bénévoles entament la dernière phase et pas de moindre : le nettoyage.

    Balais, frottoirs, chiffons, gants… on se partage les tâches. Le parterre, les tables, les fours… tout doit passer à la brosse. Car tout doit être remis en place pour le lendemain, pour refaire la même chose, au changement près du menu. A ce moment- là, le traiteur, perfectionniste, doit refaire l’installation de son placard à épices et surtout vérifier le gaz. Peu après 18h, l’ordre est donné par Hmimed de tout mettre dans son fourgon. Destination la kheima.

    Goût

    A19h, nous y sommes. Un chapiteau immense que les habitants du quartier ont l’habitude de voir chaque mois de Ramadhan depuis déjà trois ans. Il dépasse les 1400 m2 avec une capacité d’accueil de 1000 personnes. On a même pris la peine de le décorer. Du blanc avec des rubans de slogan de ce projet «Aji teftar». Tout cela rentre dans le cadre du projet humanitaire Rahma 2018, qui englobe quatre projets phares qui sont : «khir rabi, aji teftar, lila mabrouka, farhet el aid».

    Dans le chapiteau, on remarque des centaines de tables et les chaises. Une fois hmimed entré, une «armée» de jeunes bénévoles est là pour assurer la suite. Les table sont déjà dressées, les couverts, les verres, les boissons…Des familles entières sont mobilisées pour assurer la bonne marche du méga-ftour.

    En 15 minutes seulement, les bénévoles préparent des milliers d’assiettes de salade. Elle n’est en effet pas préparée dans l’atelier. Hmimed tient à ce qu’elle soit préparée quelques minutes avant el iftar. Bols, assiettes, cuillères, panier de pain…tout est mobilisé pour donner l’impression d’un ftour famial.

    Que 10 minutes… tout le monde, sans folie et calmement, assure les dernières retouches. Hmimed Raissi regroupe à ce moment-là son «armée» pour leur donner les dernières consignes et surtout pour présenter l’invité d’honneur. Car chaque jour, un invité vient partager la chorba avec cette foule. Cette- fois c’est le président de l’APC de Belouizdad.

    A 20h, les agents de sécurité ouvrent les barrières. Accès libre sans contrôle… Chacun s’installe. On trouve des centaines d’étudiants qui ne sont pas d’Alger, des passagers et surtout beaucoup de familles démunies. L’Adhan retentit, tout le monde déguste les délices de Hmimed et partage ce moment de convivialité. Y a ceux qui sont rapides, ont même terminé de manger avant que d’autres bénévoles reviennent de la prière…

    Il y a d’autres qui y sont encore. Un mot pour remercier les bénévoles par les responsables de la fondation Ness El Kheir. «Ici on se sent comme chez nous», disent ceux qui se sont attablés. Hmimed et quelques bénévoles profitent de notre passage dans le but de lancer un appel à d’aide à leur fondation, ils espèrent que les deux dernières actions du projet Rana Hna 2018 se dérouleront dans les meilleures conditions, comme c’était le cas pour Aji Teftar.

    Fin du ftour... Les bénévoles, particulièrement filles et femmes, passent à la vaisselle. Une ambiance familiale règne. Personne ne doit manquer à l’appel. Tout le monde y est jusqu’à presque minuit pour tout nettoyer et remettre en place, même si certains doivent quitter les lieux plus tôt que les autres, car le lendemain, ils doivent être au bureau. Ici, pour eux, c’est juste une question de devoir mais aussi une partie de plaisir quotidien.

    Zine El Abidine Mahdaoui
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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