Annonce

Réduire
Aucune annonce.

APRÈS L’ASSASSINAT DE L’UN DES LEURS L’inquiétude des Chinois d’Alger

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • APRÈS L’ASSASSINAT DE L’UN DES LEURS L’inquiétude des Chinois d’Alger

    La communauté chinoise d'Algérie a très mal vécu le drame qui a frappé l'un des siens dimanche dernier. L'inquiétude était à son comble, aussi forte que leur volonté d'arracher des responsables algériens des garanties pour la poursuite de leurs activités dans le pays.
    Abla chérif - Alger (Le Soir) - Dimanche 10 juin. Affairés aux préparatifs de l'Aïd, les Algériens ignorent tout du terrible meurtre qui vient de se dérouler à Dar-el-Beïda. Un ressortissant chinois occupant un poste de responsabilité parmi l'équipe chargée de la construction des la Grande Mosquée a été tué à coups de couteau alors qu'il se rendait dans un restaurant.
    La victime était en possession d'une mallette contenant probablement de l'argent. Ses agresseurs, qui tentaient de la lui dérober, lui ont asséné plusieurs coups de couteau. Il décède. L'information n'est pas encore parvenue aux rédactions des médias algériens, mais l'ambassade de Chine fait en sorte que l'affaire ne passe pas inaperçue. D'ordinaire discrète, elle tient cette fois-ci à publier sur son site un communiqué principalement destiné aux ressortissants chinois établis dans le pays. En mandarin, elle exhorte ces derniers à faire preuve d'une plus grande vigilance.
    L'appel s'adresse aux 40 000 expatriés se trouvant en Algérie. Selon les derniers chiffres disponibles, 20 000 d'entre eux ont été recensés dans la capitale. En 2017, 2 000 d'entre eux ont acquis la nationalité algérienne. La majorité des autres se trouvent ici pour affaires.
    Lundi, au lendemain du meurtre. Très peu de Chinois ont appris l’affaire de Dar-el-Beïda. L’information, publiée sur le site de l’ambassade, circule lentement. Une jeune femme travaillant pour une grosse entreprise chinoise située à Ouled Fayet affirme que tous les concitoyens travaillant avec elle ignorent également le fait. «Cela fait plusieurs années que je me trouve en Algérie, je n’ai jamais eu de problèmes, ni d’inquiétudes», affirme cette dernière en invitant l’un de ses collègues à se renseigner. Cette fois, le ton se fait grave. Une discussion rapide s’engage entre elle et le groupe qui l’entoure. Dans son communiqué, l’ambassade appelle à la prudence et informe qu’une rencontre s’est déroulée le 13 juin entre le représentant officiel de Pékin et le directeur général chargé des expatriés au MAE algérien. Selon l’agence de presse chinoise, l’ambassadeur a fait part de ses sérieuses inquiétudes affirmant que le crime avait provoqué un grand choc et une indignation au sein des expatriés.
    La même source ajoute que «les vols visant les entreprises chinoises et leur personnel étaient en forte recrudescence» et que «des plaintes et des rapports» ont été transmis à l'ambassade. L’agence de presse fait également savoir que l’ambassadeur «a déploré le fait qu'en dépit des plaintes, la police ne se soit pas rendue sur place et que les affaires aient trop traîné. Cela a créé un sérieux sentiment d'insécurité chez les ressortissants chinois du pays». Sur un autre ton, il affirme enfin que «ces actes criminels contre des entreprises et des citoyens chinois n'étaient pas seulement préjudiciables pour le développement des relations sino-algériennes, mais nuisaient également à l'image du pays».
    Dimanche après-midi, deuxième jour de l’Aïd. Des groupes de Chinois effectuent leurs emplettes au centre commercial Carrefour. Certains parlent français, d’autres le comprennent et maîtrisent mieux l’algérien. La question ne les surprend pas, elle semble juste un peu les gêner. «On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé, on nous a dit que la victime a été tuée pour son argent. Ce n’est pas la première fois que ce genre de situation arrive. Cela fait peur, oui c’est vrai, nous sommes inquiets car beaucoup d’entre nous sont obligés de se déplacer, de sortir. Globalement, nous n’avons pas de problèmes, les Algériens se sont habitués à notre présence, beaucoup d’entre nous ont tissé des liens avec les Algériens, ils sont même invités dans les familles», nous dit une jeune Chinoise en empilant sa marchandise dans un caddie. Son compagnon explique : «Je pense que les problèmes surviennent lors des déplacements. Comme partout dans le monde, il y a des groupes qui attendent et qui guettent, ce sont des voleurs, pour eux, les Chinois sont tous des commerçants et ces derniers ont la réputation de se déplacer avec leur recette.»
    Une large partie des expatriés est en effet versée dans le commerce en Algérie. Les magasins made in China ont ouvert leurs portes dans de très nombreux quartiers de la capitale. A Bab-el-Oued, El-Biar, comme dans bien d’autres zones à forte concentration populaire, les propriétaires des commerces ont décidé de s’organiser il y a bien longtemps de cela. Une organisation basée sur un système de sécurité où les Algériens jouent un rôle primordial. Selon les explications fournies par ces commerçants, chaque local est surveillé par un ou plusieurs jeunes du quartier. Ces derniers reçoivent un salaire en contre-partie. «Ils connaissent les gens, savent qui est étranger à la région, repèrent les voleurs potentiels, et sont chargés d’intervenir en cas de vol ou d’agressions. En cas de problèmes, on leur demande aussi de venir témoigner avec nous auprès de la police», confie la propriétaire d’un magasin. L’un des jeunes payé pour assurer la surveillance du local explique que le plus gros danger peut survenir au moment de la fermeture, «ils viennent pour prendre la recette, ou suivre les Chinois qui quittent les lieux pour voler l’argent qu’ils transportent sur eux. Beaucoup de Chinois ont des gardes du corps». Il affirme que le décès du Chinois poignardé à Dar-el-Beïda a réellement soulevé une grande inquiétude. Certains, dit-il, ont marqué le deuil en n’ouvrant pas leur magasin.
    «Le gouvernement doit nous protéger, avant il n’y avait pas de gros problèmes, mais maintenant les voleurs sont devenus plus nombreux, il y a beaucoup de violence autour de nous. La police doit attraper les meurtriers et donner l’exemple.»
    A. C.
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)
Chargement...
X