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Le monde de la bière est en ébullition

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  • Le monde de la bière est en ébullition

    Après des années de stagnation, la consommation repart. Grâce à l’essor des brasseries artisanales. On en trouve sur tout le territoire français, et notamment dans l’Ouest. La Bretagne est redevenue une terre de bières.

    C’est un acte banal, que des milliards d’hommes et de femmes font, tous les jours, dans - presque – tous les pays de la planète… Commander une bière. C’est la deuxième boisson la plus bue au monde (200 milliards de litres par an), derrière le thé et devant le café. Une boisson simple, composée à 90 % d’eau, dans laquelle on mélange orge, houblon et levure.

    La bière, c’est également la plus ancienne boisson fermentée. Son origine ? Difficile à dire avec précision. Les premiers témoignages, gravés notamment sur les tablettes d’argile du monument de Blau (exposées, aujourd’hui, au British Museum à Londres), remontent à – 5 000 avant Jésus-Christ. Mais on brassait certainement à partir de – 8 000 avant J.-C.

    D’où viennent-ils ? D’Asie, notamment de Mésopotamie (une grande partie de l’Irak aujourd’hui, entre les fleuves Tigre et Euphrate). Ce sont les Sumériens qui fabriquent une sorte de bière. C’est-à-dire une pâte liquide, composée d’eau et de céréales (blé, orge, seigle, avoine). Pas loin, leurs voisins égyptiens font de même.

    La bière voyage
    Grace au commerce, et notamment à ces formidables marchands que sont les Grecs, la bière va franchir les frontières, traverser les mers. Elle irrigue d’abord le bassin méditerranéen, puis le continent européen. C’est parti pour une longue histoire.

    La bière franchit les siècles. Les Gaulois boivent de la cervoise. Au IIIe siècle, ils inventent un grand récipient pour la conserver et la transporter : le tonneau.

    Au Moyen Âge, en Europe, les premiers brasseurs professionnels apparaissent, avec, au premier rang, les moines d’abbayes. C’est l’heure de la reconnaissance, avec son chapelet de chartes, règles, codes, taxes que les autorités mettent en place. La bière s’installe dans les sociétés. Elle a une grande importance sociologique et économique.

    La France n’échappe pas au phénomène. Au XIXe, c’est l’heure de l’industrialisation. Avec une étape majeure, qui va révolutionner la fabrication de la bière : la découverte, dans les années 1870, du rôle des levures par le savant français Louis Pasteur. Et la pasteurisation qui s’ensuit.

    La conso augmente mais les brasseries diminuent
    Les brasseries se multiplient sur tout le territoire, avec notamment une forte présence dans le Nord et l’Est. La Bretagne et l’Ouest n’échappent pas au phénomène. On brasse partout, à Quimper, à Pontivy, à Nantes, à Saint-Brieuc, à Saint-Nazaire…

    La bière devient une boisson incontournable, écartant de sa route le vin et le cidre. Mais, paradoxe, alors que la consommation augmente, le nombre de brasseries diminue. Au milieu du XXe siècle, l’heure est au regroupement. Les petites brasseries ne peuvent pas suivre le train de la modernisation des équipements. Un grand nombre disparaît. D’autres sont absorbées par de plus grands groupes.

    Les années 1980 sont terribles. Les fermetures s’enchaînent. Kérinou à Brest, Brasseries nantaises à Nantes. Seule survit l’ancienne brasserie Graff, à Rennes, passée sous le pavillon Kronenbourg. Elle fermera définitivement ses portes en 2013.

    Dans le même temps, la consommation est en berne. À partir de 1976 (année d’une canicule restée célèbre dans les mémoires), elle va baisser de 1 % par an, pendant 35 ans. Pourquoi ? Parce que la bière n’a pas forcément une bonne image (une boisson de « beaufs ») ; et, surtout, elle est devenue insipide, aseptisée. Les brasseurs font tous la même bière.

    La relance grâce aux brasseries artisanales
    Le renouveau va venir d’outre-Atlantique. Des États-Unis et de Grande-Bretagne plus précisément. Dans ces deux pays, des brasseurs amateurs s’amusent à créer leurs propres bières. C’est le début du mouvement de la bière artisanale, qui va diffuser ses saveurs et trouvailles dans le monde entier. L’Europe y est très sensible. La France aussi (c’est la région Auvergne-Rhône-Alpes qui compte le plus de brasseries artisanales aujourd’hui). Quant à la Bretagne…

    Dans ce bout de France battue par l’océan, les brasseries ont disparu. C’est à Morlaix, puis rapidement Carhaix, qu’elles renaissent de leurs cendres. Grâce à deux Finistériens – Christian Blanchard et Jean-François Malgorn – qui, au retour d’un de leurs nombreux voyages en Grande-Bretagne, créent la Coreff. C’est parti. Les deux hommes sont rapidement rejoints par Lancelot, Sainte-Colombe, Britt. Et tant d’autres.

    La Bretagne compte aujourd’hui plus d’une centaine de brasseries. Les Pays de la Loire et la Normandie ne sont pas en reste. On brasse dans l’Eure, en Seine-Maritime, dans le Calvados et la Manche, dans l’Orne, en Loire-Atlantique, en Maine-et-Loire, en Vendée, en Mayenne, dans la Sarthe

    Au fait, qui sont ces nouveaux brasseurs ? Beaucoup de jeunes qui veulent vivre autrement, en privilégiant les circuits courts, les filières « écolo », les productions locales (orge, houblon). Des travailleurs en reconversion également, venant de différents secteurs d’activités. Beaucoup ont appris à brasser en amateur, dans leur garage, leur cuisine, leur salle de bains. Puis ils se sont dits : pourquoi pas ?

    Aujourd’hui, la France compte 1 200 brasseries, contre 200 il y a dix ans, et affiche près de 3 000 marques. Ça mousse. Et ce n’est pas près de s’arrêter.
    Ouest France
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.
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