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Au nom de la loi

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  • Au nom de la loi

    «Les lois se maintiennent en crédit, non parce qu’elles sont justes mais parce qu’elles sont lois».


    Depuis plus d’une décennie, il est régulièrement, surtout par des effets d’annonces sans lendemains, fait état de réformes sérieuses à tous les niveaux. L’Etat, la banque, le tourisme, la presse et le système de la communication officielle, la constitution, l’agriculture, l’économie: tout est éligible au changement, sinon à une totale remise en cause. Dans les faits, et surtout pour la vie quotidienne, des gens, des lycéens, des opérateurs publics et privés, des quartiers et des cités, rien ne vient conforter les discours officiels encore emprunts d’envolées, «nationalistes» mises à mal par la scabreuse et incroyable série sur les faux maquisards non élucidée en 2007, l’implication de cadres supérieurs (surtout dans le secteur public) dans des faillites inimaginables, la «rurbanisation» des villes et l’incroyable anarchie dans les transports collectifs (surtout dans le secteur privé). Une des sources déterminantes de tous les dysfonctionnements et, sans contexte, les amalgames élaborés avec une patience de fourmi, une mémoire d’éléphant et un savoir-faire inimitable.

    Ces amalgames mis en place en connaissance de cause ou par une ignorance crasse, faussent toutes les relations entre l’Etat et la société, entre l’entreprise et l’administration, entre les administrés et les services publics, entre un client et un fournisseur de biens ou de services. Les rapports faussés poussent forcément à la jacquerie, à l’occupation des représentations de l’Etat, aux routes coupées et trop souvent à l’émeute légalement réprimée par la force. Un tel mélange explosif, au-delà de ses coûts nécessairement financiers, crée un climat national qui distend tous les liants du collectif, en cassent des chaînons à travers une réaction en chaîne dont les dégâts emblématiques et apparents sont les affaires traitées actuellement par les tribunaux. Il s’agit en fait, en creux mais longtemps différée, de l’autonomie de la société, des acteurs sociaux des opérateurs économiques, de la société civile, des associations sportives et autres, par rapport au pouvoir et à l’Etat. C’est la question du retrait volontariste de l’Etat et ses démembrements dans le pays qui est posée. L’Etat ne peut, tout seul gouverner un pays, une société plurielle, où cohabitent de nombreux intérêts légitimes, divergents et dans laquelle l’individu, éduqué comme il l’est par tous les modèles démocratiques qu’il observe tous les jours à travers les chaînes qui diffusent par satellite, s’impose de jour en jour.

    «La démocratie ne réduit pas l’être humain à être seulement un citoyen; elle le reconnaît comme un individu libre mais qui appartient aussi à des collectivités économiques ou culturelles. En cela l’Algérien n’est pas différent des autres, même si on fait endosser à la majorité de jeunes la guerre d’indépendance, les querelles, entre les vrais et les faux combattants, tous les passifs du quatrième âge à l’ère de l’Internet et autres dernières technologies, au nom d’une spécificité partagée par tous les peuples de la terre et des transitions à répétition. Tout le monde trouve normal que le siège de l’UGTA serve de caution en le prêtant à des démonstrations de formations politiques qui détournent par la même, la vocation d’un syndicat censé défendre des forces de travail, qu’elles soient encartées ou pas, qu’elles votent ou non, qu’elles soient politisées ou pas du tout.

    Il y a là un amalgame que l’UGTA et les responsables du pays doivent supprimer pour servir d’exemple à toutes les associations qui font de la politique, ce qui n’est aucunement leur vocation et encore moins leur mission. D’espaces citoyens autonomes, elles se transforment, au gré des conjonctures, en «comités de soutien» rémunérés et au nom de leurs adhérents qui se trouvent enrôlés à leur corps défendant.

    C’est donc la relation Etat/Société qui demeure biaisée volontairement dans un environnement mondial dans lequel l’Interdépendance à tous les niveaux est désormais la règle. Qu’on lui donne le nom de mondialisation ou une autre définition, le réel international s’impose. L’Etat n’est pas la société et celle-ci n’est ni l’Etat ni sa propriété ni son alibi. Elle en est distincte comme l’Etat l’est du pouvoir (politique, économique, ou autre). L’exécutif est issu d’une majorité élue qui gouverne, et les démembrements décentralisés de l’Etat sont dirigés et animés par des fonctionnaires au service de la communauté. Ces démembrements, publiquement, sont neutres en politique et en période électorale. Un wali, un directeur d’un média public sont les serviteurs des contribuables et non ceux d’un parti ou d’un candidat à n’importe quelle élection. Dans le cas contraire, c’est purement et simplement la caporalisation qui impose une pensée et un parti uniques. Dans les pays démocratiques, et c’est pour cela qu’ils sont les plus développés et imposent leur vision au reste du monde, les relations Etat/Société sont parfaitement balisées et banalisées. De même, les rapports Gouvernement/Syndicats sont parfaitement lisibles de part et d’autre, chacun ayant son autonomie, ses prérogatives constitutionnelles qui se distinguent dans la transparence, chacun ayant pleine conscience et connaissance de ses territoires qui ne se superposent aucunement. Dans ces pays, l’indépendance des gens, des puissances, est plus facile à obtenir et à socialiser dans le respect des intérêts et du bien-être général, qui s’alimentent dans un libre mouvement de va-et-vient. En Algérie, l’autonomie, la solidarité indispensables ne peuvent être à l’oeuvre que par la pression étrangère car le monde est maintenant une énorme entreprise, ou bien par l’Etat national garant du développements national, de la protection des intérêts légitimes de tous et des libertés individuelles. Et au-dessus des appareils des puissances médiatiques d’argent, tribaux ou régionaux, il y a la loi qui régule, arbitre ou réprime. Et c’est le plus vaste chantier qui s’ouvre ou pas en Algérie. La loi dite au nom du peuple.
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