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Guerre d'Algérie :Une des glorieuses pages d’histoire écrites avec le sang du peuple

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  • Guerre d'Algérie :Une des glorieuses pages d’histoire écrites avec le sang du peuple

    REPERES :

    « Le 2 juillet 1961, le GPRA décide d’appeler les Algériens à faire du 5 juillet »une journée nationale d’action contre la partition« , à cesser partout le travail et à manifester »avec ampleur et détermination« . Comme en décembre 1960, »tous aux manifestations avec pancartes et drapeaux !".

    En fait, l’action a commencé avant même que ne l’aient décidée les dirigeants de Tunis. L’État-major de la wilaya 4, qui considère que les manifestations de masse ont une particulière importance (la présence fréquente d’un de ses dirigeants, Si Mohammed, à Blida, le prouve éloquemment) a, en effet, déjà appelé à « sortir dans la rue », le 1er juillet. Grèves et manifestations sont, ce jour-là, très nombreuses, notamment à Alger. A Blida, la troupe a tiré, faisant 9 morts ; de même à Baraki, où il y a 6 morts.

    Le mot d’ordre lancé par le GPRA pour le 5 juillet, va donner à ces premiers mouvements une extraordinaire ampleur nationale. La grève est totale à Alger, Oran, Constantine, Philippeville, Blida, Sétif, Bône, Sidi Bel Abbès, Médéa, Bougie, Orléansville, Tlemcen, Mostaganem, Saïda, Tiaret, Tizi Ouzou, Khenchela...

    Des manifestations ont aussi lieu à Blida, Mostaganem, Saïda, Tiaret, Ain Temouchent, Bône, Sétif, Mascara, Bougie, Philippeville, Oran, Alger, Sidi Bel Abbès.

    D’autres actions s’accompagnent d’actions de l’ALN en « groupes de protection » à Constantine où 30 000 personnes tiennent la rue toute la journée face aux forces armées françaises au prix de 50 morts et 300 blessés, dans les petites villes du Sahel algérois, à Fouka, Bérard, Zéralda, Koléa, Guyotville, et encore à Taher et Djidjelli. Au total (officiellement), 95 morts et 425 blessés. Les prolongements sont nombreux : journées de deuil et grèves de commerçants suivent cette journée nationale"

    Texte transmis par Mohamed Rebah

    in La Guerre d’Algérie collection dirigée par Henri Alleg (Éditions Temps actuels, tome 3, page 354)

    Au fronton de l’histoire : Le camion d’armes d’Henri Maillot

    Vendredi matin, 6 juillet, Canal Algérie évoque le parcours d’Henri Maillot et de ses compagnons d’armes

    Le 5 avril 1956, La Dépêche Quotidienne, organe de la grosse colonisation, criant à la trahison, ouvre sa « Une » sur une information sensationnelle : « Dans l’après-midi d’hier, mystérieuse disparition d’un important chargement d’armes dans la forêt de Baïnem ».

    Le camion détourné contenait 123 mitraillettes, 140 revolvers, 57 fusils, un lot de grenades et divers uniformes. De quoi armer plusieurs commandos. On apprend que l’homme qui a mené l’opération est l’aspirant Henri Maillot, réserviste de la classe 28, rappelé au 57e bataillon des Tirailleurs algériens. Militant du Parti communiste algérien (PCA) clandestin, Henri Maillot pensa à subtiliser des armes à l’armée d’occupation au profit de l’Armée de Libération nationale dès son affectation au mois d’octobre 1955 à la caserne de Miliana, à l’ouest d’Alger, où étaient installés de nombreux réservistes fraîchement débarqués de France. Il se confia à son camarade de parti, William Sportisse, qu’il rencontra lors d’une permission, à la fin décembre, à Alger. La direction du PCA clandestin, informée, transmit son accord sans tarder.

    L’opération militaire, supervisée par Bachir Hadj Ali, secrétaire du parti et coordonnateur des Combattants de la libération (branche militaire du PCA, créée au mois de juin 1955), connut son épilogue le mercredi 4 avril 1956 vers midi. Le camion Ford, sorti de la caserne de Miliana à 7h du matin, avait pris la route d’Alger avec à son bord Henri Maillot, chef du convoi. Après un arrêt de deux heures à l’Arsenal (ERM) de Belcourt où fut déchargée une partie des armes, le camion a été détourné vers la forêt de Baïnem, à l’ouest d’Alger, où, embusqué dans les broussailles, un commando des Combattants de la libération (Jean Farrugia, Joseph Grau et Clément Oculi) attendait.

    Pour des raisons de sécurité, la remise des armes à l’ALN se déroula en plusieurs étapes. L’acheminement des armes vers les maquis fut assuré par les Combattants de la libération des zones d’Alger et de Blida. La réception d’un premier lot par la direction d’Alger du FLN intervint quelques jours après le détournement du camion, selon le témoignage de Mokhtar Bouchafa, adjoint du commandant de l’ALN de la région d’Alger, Amar Ouamrane, futur colonel de la Wilaya IV. Une partie des armes de guerre transportées à Blida par Jean Farrugia dans le camion de Belkacem Bouguerra fut remise au groupe Guerrab-Saâdoun-Maillot, en route vers le maquis de l’Ouarsenis.

    La fourniture d’armes de guerre à l’ALN fut comme une réponse au souci exprimé par Abane Ramdane dans son courrier, envoyé le 15 mars 1956, à la délégation extérieure du FLN installée au Caire.
    «

    … Si les communistes veulent nous fournir des armes, souligne-t-il dans sa missive, il est dans nos intentions d’accepter le Parti communiste algérien en tant que parti au sein du FLN, si les communistes sont en mesure de nous armer...
    »
    C’est dans ce contexte que la première rencontre eut lieu les premiers jours de mai 1956, par un après-midi printanier, dans le cabinet dentaire de Mokrane Bouchouchi, place Bugeaud (Place Emir Abdelkader), face au siège du 19e Corps d’armée, au cœur d’Alger, entre Abane Ramdane et Bachir Hadj Ali, assistés respectivement de Benyoucef Benkhedda et de Sadek Hadjerès. Cette rencontre au sommet avait été arrangée par l’homme de confiance de Abane, Lakhdar Rebah, dit El Ghazal (quelques jours avant son arrestation à Kouba par les parachutistes de Massu).

    Evoquant cette rencontre, l’officier de l’ALN devenu historien, Mohamed Téguia, écrit dans son livre témoignage L’Algérie en guerre :
    «

    Elle fut l’objet de félicitations de Abane qui rendit hommage aux communistes… (Il) fit connaître son projet de promouvoir l’aspirant Maillot comme lieutenant, en l’affectant en Kabylie.

    Les discussions aboutirent au mois de juin 1956 à la signature des accords FLN-PCA. Maintenant, « il n’existe qu’une seule armée contrôlée par le FLN », déclare le PCA clandestin. L’intégration « en bloc » des Combattants de la libération dans les maquis de la Wilaya IV (l’Arbaâ, Palestro (Lakhdaria), Ténès, Cherchell, Zaccar, Chlef et autres lieux de combat) fut supervisée par Amar Ouamrane.

    Dans un communiqué signé de lui et adressé aux agences et organes de presse, Henri Maillot donna la signification de son geste :
    «
    L’écrivain français Jules Roy, colonel d’aviation, écrivait il y a quelques mois : si j’étais musulman, je serais du côté des ‘‘fellagas’’. Je ne suis pas musulman, mais je suis Algérien, d’origine européenne. Je considère l’Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Le peuple algérien, longtemps bafoué, humilié, a pris résolument sa place dans le grand mouvement historique de libération des peuples…Il ne s’agit pas d’un combat racial, mais d’une lutte d’opprimés sans distinction d’origine contre leurs oppresseurs et leurs valets sans distinction de race… En livrant aux combattants algériens des armes dont ils ont besoin pour le combat libérateur, j’ai conscience d’avoir servi les intérêts de mon pays et de mon peuple, y compris ceux des travailleurs européens momentanément trompés.
    »

    Henri Maillot tombe au champ d’honneur à l’âge de 28 ans, dans la matinée du 5 juin 1956, dans le djebel Derraga (rive gauche du Chéliff), mitraillé par les soldats français. Maurice Laban, Belkacem Hannoun et Djillali Moussaoui sont morts à ses côtés, les armes à la main. Abdelkader Zelkaoui, capturé la veille, avait été froidement assassiné. La guerre pour l’indépendance est à son vingtième mois. « Le camion d’armes d’Henri Maillot » entre dans la légende. La date du 4 avril 1956 s’inscrit au fronton de l’histoire.

    N.B. : La signature des accords FLN-PCA est intervenue quelques semaines avant la tenue du Congrès de La Soummam (20 août 1956).

    Mohamed Rebah

    in Des Chemins et des Hommes
    (préface d’Ahmed Akkache), éditions Mille Feuilles, Alger, novembre 2009.

    Eléments bibliographiques :

    Belhocine H. - Le Courrier Alger-Le Caire 1954-1956, Casbah éditions, Alger 2000. (Page 164).
    Téguia M - L’Algérie en guerre, éditions OPU, Alger, (pages 201 à 210).
    Alleg H. - La Guerre d’Algérie, éditions Temps Actuels, Paris, 1981, (tome 2, pages 188 à 194 : Le Front dirige la lutte).
    Bouregaâ L .- Assassinat d’une révolution (paragraphe sur la fourniture des armes au maquis de Ouled Slama), éditions Bouchène (en langue arabe), Alger, 1989.
    Témoignage de Mustapha Saâdoun sur son intégration dans l’ALN(début juillet 1956), au maquis de Cherchell où il fut le premier commissaire politique (in Des Chemins et des Hommes, op. cité).

    mercredi 4 juillet 2018
    par Alger républicain

  • #2
    Texte dédié à l'occasion de ce 5 juillet 2018, anniversaire de l'indépendance de l'Algérie.

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