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L'arabe et le turc s'invitent dans la langue allemande

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  • L'arabe et le turc s'invitent dans la langue allemande

    L'influence linguistique des communautés immigrées turques et arabes s'affirme dans le vocabulaire des jeunes allemands, relève le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat.

    Il ne faudra plus s'étonner quand un Allemand vous dira "inschaala", déformation de "in chaa Allah", ou "yalla" ou même "asalamu aleikum". Toutes ces expressions sont entrées dans le vocabulaire des Allemands depuis des années. Bien qu'elles soient parfois utilisées de manière péjorative, elles constituent autant d'indicateurs de l'influence linguistique des communautés immigrées turques et arabes. Selon le professeur en sciences du langage Norbert Dietmar, de l'Université libre de Berlin, les jeunes Allemands enrichissent leur langage quand ils parlent entre eux en y intégrant des mots turcs et arabes. Il estime qu'il ne s'agit pas d'un phénomène passager et que ces jeunes continueront d'utiliser ces mots quand ils grandiront.

    L'influence s'avérera définitive à partir du moment où il n'y aura plus de mot allemand pour exprimer la même chose. Il cite l'exemple du mot "yalla", qui a remplacé chez les jeunes des grandes villes comme Berlin, Hambourg, Cologne et Francfort le mot "los" [allons-y]. A Cologne, ce mot a été popularisé par les soirées disco orientales, qui sont organisées chaque semaine sous le nom de "Yalla Party". De même, ils se saluent par le mot turc "lan", et un directeur d'école à Francfort a récemment noté que ses élèves se font la bise à la façon des Arabes et des Turcs [c'est-à-dire entre garçons]. On sait aussi que le mot "halal" a été ajouté aux dictionnaires d'allemand il y a quelques années déjà, en raison de l'absence de mot allemand pour exprimer la même chose.

    Par ailleurs, les Allemands se plaignent que les étrangers prononcent mal le "ch". Si les Arabes y arrivent quand il ressemble à leur "kh", prononcé dans la gorge, par exemple dans le nom du compositeur Jean-Sébastien Bach, ils ont plus de mal quand il faut le prononcer plus haut dans le palais, comme dans le nom de l'auteur dramatique Bertolt Brecht. Ils ont alors tendance à le prononcer comme un "sch" [c'est-à-dire comme le "ch" français].

    Selon Norbert Dietmar, la distinction entre les deux prononciations, dans la gorge et dans le palais, aurait tendance à s'effacer sous l'influence des immigrés. Il fait également remarquer qu'une forme de langage argotique fait de raccourcis et d'omissions des prépositions s'est installée depuis des années parmi la communauté immigrée, mais tendrait également à se répandre auprès des jeunes d'origine allemande. Selon lui, il s'agit d'une évolution comparable à celle de l'anglais aux Etats-Unis dans des quartiers comme Harlem. Ce phénomène s'expliquerait en partie par la crise d'identité que connaissent les jeunes issus de l'immigration. En parlant ainsi une langue "intermédiaire", ils trouveraient un moyen de composer entre leur désir d'intégration et leurs attaches identitaires.

    Par Majed Al-Khatib, Asharq Al-Awsat
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