Tweet
Vladimir Poutine a été réélu dès le premier tour avec 76,7% des voix, aux élections présidentielles de Russie le 18 mars 2018. Quoique l'on puisse penser de ce résultat, il semble que ce Président soit assez populaire auprès d'une certaine partie de son peuple qui voit en lui l'homme qui a apporté la stabilité dans le pays, qui a su lui redonner sa fierté, qui a relevé son économie et lui a permis un retour impressionnant sur la scène internationale.
Par contre, la majorité des Occidentaux voit en Vladimir Poutine, ex-agent du KGB (1), un homme froid, autoritaire et manipulateur, un dictateur. Il est vrai que l'opposition n'a guère la possibilité de s'exprimer en Russie. Le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexéï Navalny, candidat sérieux à l'élection présidentielle n'a pas été autorisé à se présenter pour des raisons plutôt discutables. Les médias sont fermement contrôlés et on avance le chiffre de 22 journalistes assassinés depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les plus médiatisés étant Anna Politkovskaïa et Boris Nemtsov. Les enquêtes sur ces crimes n'ont jamais abouti.
Actuellement et depuis quelques mois, les relations entre Moscou et Washington se sont gravement détériorées, nous ramenant à la période de la guerre froide selon certains analystes. Pourquoi ? Pour Alain Juillet, ancien patron de la DGSE, les pays occidentaux (États-Unis, Royaume Uni, France et la majorité des pays membres de l'Union européenne) ont créé un « ennemi facile » : la Russie.
La Russie accusée de nombreux crimes et forfaitures
A Salisbury, l'empoisonnement de l'agent double, ex-espion russe, Serguei Skripal et de sa fille Yulia a immédiatement été attribué à Vladimir Poutine avant toute enquête sérieuse. L'attitude du gouvernement de Londres est difficilement compréhensible : pourquoi accuser la Russie 48h après les faits, avant d'en savoir plus, avant une concertation entre les divers services des deux États, avant les conclusions des analyses d'un laboratoire indépendant ? Bien des incohérences caractérisent ce dossier mystérieux auquel les Russes n'ont jamais eu accès. Ce crime n'est-il pas une provocation visant à diaboliser la Russie juste avant les élections présidentielles russes et à quelques mois de la coupe du monde de football ?
“Poutine va utiliser le Mondial de foot comme Hitler a utilisé les Jeux Olympiques de 1936, c’est-à-dire pour dissimuler le régime brutal, corrompu, dont il est responsable” : cette déclaration officielle du ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson montre à quel niveau est arrivée la campagne de propagande contre la Russie. Et puis finalement les deux intoxiqués ne sont pas morts : parleront-ils ? Saurons-nous un jour le fin mot de l'histoire ?
Influencer les électeurs
Le Kremlin aurait influencé des électeurs des États-Unis en vue de faire élire Donald Trump et le parti démocrate l'a accusé de collusion avec les Russes. Cette affaire a fait grand bruit, menaçant l'annulation de l'élection. Quelques mois plus tard on apprend que la manipulation est le fait d'une officine anglaise « Cambridge Analytica » qui a récupéré les données personnelles de 87 millions de citoyens nord-américains via le réseau facebook et celui-ci n'en a pas averti ses abonnés. Munis de ces précieux renseignements Cambridge Analytica a envoyé des messages ciblés pouvant influencer leur vote, à certains citoyens repérés comme faibles, indécis et susceptibles de choisir le candidat républicain. Trois États incertains (Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie) ont finalement basculé et permis le triomphe de D. Trump. Grâce aux données siphonnées sur les comptes facebook, les élections étatsuniennes auraient donc été truquées , nulle intervention de Vladimir Poutine là-dedans. (voir Envoyé spécial du 12 avril 2018 sur France 2)
Le 12 novembre dernier, dans un éditorial du quotidien iNews titré « Nous avons besoin d'une enquête sur le rôle de la Russie dans le Brexit », le journaliste Ian Birrell présume qu’il « serait surprenant que la Russie n’ait pas tenté de s’immiscer dans notre référendum, compte tenu du mépris de Poutine pour les alliances occidentales les plus stratégiques telles que l’Union européenne ou l’Organisation du traité de l’Atlantique nord [OTAN] »
Nul ne sera surpris que la crise catalane ait été, elle aussi, imputée à la Russie, le gouvernement espagnol et l’Union européenne ayant l’un et l’autre accusé le Kremlin d’avoir manipulé la consultation populaire sur l’indépendance de la région. « Référendum en Catalogne : la Russie a gagné », a réagi le Washington Post (2 octbre 2017). De son côté, El País, journal espagnol, n’a pas hésité à consacrer quatre « unes » à cette présomption d’ingérence la même semaine (2).
Le rattachement de la Crimée à la Russie
Ce paragraphe est extrait du communiqué de presse écrit par M. Jacques Myard (3) relatant le voyage qu'il a effectué en Crimée avec 7 députés et un sénateur en juillet 2015.
« Les sanctions contre la Russie pour le retour de la Crimée sont absurdes. Le rattachement en 1954 à l'Ukraine était une décision administrative au sein de l'URSS. La Crimée est russe depuis plus de deux siècles. Depuis 1991 - date de la chute de l'URSS - la population a toujours manifesté sa volonté de rejoindre la Russie , ce qu'elle a exprimé par référendum en 2014. - En quoi ce retour à la Russie met en cause nos intérêts et notre sécurité ? En revanche les sanctions contre la Russie et les contre-sanctions de Moscou mettent en péril nos intérêts comme on le constate avec la crise agricole française directement atteinte par les sanctions. - En adoptant ces sanctions ou plus exactement en suivant les ultras européens et les Américains, la France s'est laissée entraîner dans une totale impasse dont elle paye aujourd'hui les conséquences. - La France s'est laissée enfermer dans un piège, car pour lever les sanctions de l'Union européenne il faut un accord à 28 , ce qui est impossible ! [.....] La Russie est un partenaire incontournable pour la stabilité de l'Europe ! La France doit lever unilatéralement ces sanctions inefficaces et contre-productives. Elle doit retrouver une politique étrangère indépendante conforme à nos intérêts. Il y a urgence !
La guerre en Syrie
C'est en 2015 que la Russie s'engage en Syrie à la demande du gouvernement de Bachard el Assad en grande difficulté dans la guerre menée par les djihadistes de l'État Islamique. Au cours de cette guerre commencée en 2011, le gouvernement syrien a été accusé à plusieurs reprises d'avoir utilisé des gaz toxiques, ce qui n'a jamais été prouvé formellement.
La dernière attaque chimique serait intervenue le 7 avril 2018 à Douma dans la banlieue de Damas. La mission de l'OIAC (4) s'est rendue sur place du 14 avril au 3 mai mais ses conclusions ne sont pas claires. On ne sait pas de façon certaine si une attaque chimique a eu lieu, et si oui, qui en est le responsable : l'armée régulière de Bachard el Assad ou l'armée des rebelles ou un groupe djihadiste non identifié ? Compte tenu du lourd passif de mensonges et de manipulations des dirigeants des États-Unis et de la Grande-Bretagne, nul ne peut être cru sur parole.
Mais sans attendre la conclusion du groupe d'experts de l'OIAC, la « communauté internationale » s'est arrogé le droit de réagir ! Celle-ci, qui se compose des États-Unis, du Royaume Uni et de la France, a envoyé quelques missiles sur la Syrie ne causant aucune perte humaine et peu de dégâts matériels. Pourquoi la Russie n'a-t-elle pas réagi ?
Propagande en Ukraine
Le Premier ministre ukrainien Volodymyr Groysman a accusé la Russie d’être à l’origine de l’assassinat à Kiev du journaliste russe Arkady Babchenko, un opposant à Vladimir Poutine. « Je suis convaincu que la machine totalitaire russe ne lui a pas pardonné son honnêteté et ses positions de principe », a déclaré le Premier ministre sur Facebook. Malgré l’absence de preuves de l’implication de la Russie, un syndicat allemand de journalistes, le DJV, a demandé que l’UE boycotte la coupe du monde de football en Russie. Et puis coup de théâtre : le mort est vivant ! Il réapparaît ! Et on découvre que l’État ukrainien a simulé le meurtre ! Babchenko revient d’entre les morts, prouvant que les accusations contre la Russie étaient fausses.
Les raisons de cette diabolisation
Attribuer tous les mouvements de protestation, de droite ou de gauche, à l'influence néfaste des Russes n'est pas nouveau.
« Les rouges tentent de pousser les nègres à la révolte », titrait déjà le New York Times en juillet 1919. Dans les années 1960, les partisans de la ségrégation raciale assimilaient le mouvement pour les droits civiques à une marionnette manipulée par les Soviétiques. La reprise des vieilles ficelles maccarthystes s'explique par la crainte des élites nord-américaines de perdre leur position dominante dans le monde.
Emmanuel Todd dans son essai « Après l'empire » (5) avance que « l'Amérique va devoir lutter, politiquement, militairement, pour maintenir une hégémonie désormais indispensable à son niveau de vie. »....
Le monde a été bipolaire après la seconde guerre mondiale pendant la période de la guerre froide, puis unipolaire suite à l'effondrement de l'URSS, maintenant il est multipolaire. Ce que les États-Unis n'acceptent pas. Ils voient avec angoisse la montée en puissance des BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). De plus, certains pays s'efforcent de se libérer de l'hégémonie du dollar en commerçant dans d'autres monnaies, en utilisant des crypto-monnaies comme le Petro au Venezuela... Si la confiance dans le dollar s'effondre, si le dollar cesse d'être la monnaie de référence dans le commerce international, toute l'économie des États-Unis s'écroule. On comprend pourquoi les sanctions économiques qu'ils infligent à la Russie, à l'Iran, à Cuba, au Venezuela...portent - entre autres - sur des interdits bancaires, des blocages d'avoirs, des amendes en millions de dollars...Pour rester « maîtres du monde » ils doivent s'imposer par la force en provoquant des guerres, en éliminant les gouvernements hostiles. Leur lutte est actuellement tournée vers la Russie, « un ennemi facile » …
Une autre raison est de l'ordre de la politique intérieure. Pendant sa campagne électorale Donald Trump avait parlé d'un possible rapprochement avec Vladimir Poutine. Les services de renseignement étasuniens, des dirigeants de l'aile clintonienne du Parti démocrate, la plupart des élus républicains et les médias hostiles à D. Trump, unissent leurs efforts pour empêcher toute entente entre Washington et Moscou. Les motifs de chacun sont différents : le Pentagone et les services de renseignements redoutent de perdre un ennemi facile, présentable, les clintoniens voudraient attribuer la défaite de Hillary Clinton à une autre cause que sa campagne désastreuse, les néo-conservateurs détestent Poutine et redoutent la politique isolationniste de D. Trump(6).
Notes :
(1) KGB : c'est le Comité pour la sécurité de l'Etat autrement dit le service de renseignements de l'URSS, créé en 1954 et dissous en 1991.
(2) Le monde diplomatique . Décembre 2017, pages 12 et 13 : Ingérence russe, de l'obsession à la paranoïa
(3) Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte, a été député UMP puis des Républicains mais battu aux dernières législatives de 2017. Il s'était engagé pour le « NON » lors de la campagne du TCE en 2005.
(4) OIAC : Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques
(5) E. Todd : Après l'empire , essai sur la décomposition du système américain , édition Gallimard 2004.
(6) Manière de Voir n° 159 Juin-Juillet 2018 . Article de Serge Halimi pages 83 à 85.
Publié le 10 juillet 2018 par MS21
Mouvement pour un Socialisme du 21ème Siècle
Par contre, la majorité des Occidentaux voit en Vladimir Poutine, ex-agent du KGB (1), un homme froid, autoritaire et manipulateur, un dictateur. Il est vrai que l'opposition n'a guère la possibilité de s'exprimer en Russie. Le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexéï Navalny, candidat sérieux à l'élection présidentielle n'a pas été autorisé à se présenter pour des raisons plutôt discutables. Les médias sont fermement contrôlés et on avance le chiffre de 22 journalistes assassinés depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les plus médiatisés étant Anna Politkovskaïa et Boris Nemtsov. Les enquêtes sur ces crimes n'ont jamais abouti.
Actuellement et depuis quelques mois, les relations entre Moscou et Washington se sont gravement détériorées, nous ramenant à la période de la guerre froide selon certains analystes. Pourquoi ? Pour Alain Juillet, ancien patron de la DGSE, les pays occidentaux (États-Unis, Royaume Uni, France et la majorité des pays membres de l'Union européenne) ont créé un « ennemi facile » : la Russie.
La Russie accusée de nombreux crimes et forfaitures
A Salisbury, l'empoisonnement de l'agent double, ex-espion russe, Serguei Skripal et de sa fille Yulia a immédiatement été attribué à Vladimir Poutine avant toute enquête sérieuse. L'attitude du gouvernement de Londres est difficilement compréhensible : pourquoi accuser la Russie 48h après les faits, avant d'en savoir plus, avant une concertation entre les divers services des deux États, avant les conclusions des analyses d'un laboratoire indépendant ? Bien des incohérences caractérisent ce dossier mystérieux auquel les Russes n'ont jamais eu accès. Ce crime n'est-il pas une provocation visant à diaboliser la Russie juste avant les élections présidentielles russes et à quelques mois de la coupe du monde de football ?
“Poutine va utiliser le Mondial de foot comme Hitler a utilisé les Jeux Olympiques de 1936, c’est-à-dire pour dissimuler le régime brutal, corrompu, dont il est responsable” : cette déclaration officielle du ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson montre à quel niveau est arrivée la campagne de propagande contre la Russie. Et puis finalement les deux intoxiqués ne sont pas morts : parleront-ils ? Saurons-nous un jour le fin mot de l'histoire ?
Influencer les électeurs
Le Kremlin aurait influencé des électeurs des États-Unis en vue de faire élire Donald Trump et le parti démocrate l'a accusé de collusion avec les Russes. Cette affaire a fait grand bruit, menaçant l'annulation de l'élection. Quelques mois plus tard on apprend que la manipulation est le fait d'une officine anglaise « Cambridge Analytica » qui a récupéré les données personnelles de 87 millions de citoyens nord-américains via le réseau facebook et celui-ci n'en a pas averti ses abonnés. Munis de ces précieux renseignements Cambridge Analytica a envoyé des messages ciblés pouvant influencer leur vote, à certains citoyens repérés comme faibles, indécis et susceptibles de choisir le candidat républicain. Trois États incertains (Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie) ont finalement basculé et permis le triomphe de D. Trump. Grâce aux données siphonnées sur les comptes facebook, les élections étatsuniennes auraient donc été truquées , nulle intervention de Vladimir Poutine là-dedans. (voir Envoyé spécial du 12 avril 2018 sur France 2)
Le 12 novembre dernier, dans un éditorial du quotidien iNews titré « Nous avons besoin d'une enquête sur le rôle de la Russie dans le Brexit », le journaliste Ian Birrell présume qu’il « serait surprenant que la Russie n’ait pas tenté de s’immiscer dans notre référendum, compte tenu du mépris de Poutine pour les alliances occidentales les plus stratégiques telles que l’Union européenne ou l’Organisation du traité de l’Atlantique nord [OTAN] »
Nul ne sera surpris que la crise catalane ait été, elle aussi, imputée à la Russie, le gouvernement espagnol et l’Union européenne ayant l’un et l’autre accusé le Kremlin d’avoir manipulé la consultation populaire sur l’indépendance de la région. « Référendum en Catalogne : la Russie a gagné », a réagi le Washington Post (2 octbre 2017). De son côté, El País, journal espagnol, n’a pas hésité à consacrer quatre « unes » à cette présomption d’ingérence la même semaine (2).
Le rattachement de la Crimée à la Russie
Ce paragraphe est extrait du communiqué de presse écrit par M. Jacques Myard (3) relatant le voyage qu'il a effectué en Crimée avec 7 députés et un sénateur en juillet 2015.
« Les sanctions contre la Russie pour le retour de la Crimée sont absurdes. Le rattachement en 1954 à l'Ukraine était une décision administrative au sein de l'URSS. La Crimée est russe depuis plus de deux siècles. Depuis 1991 - date de la chute de l'URSS - la population a toujours manifesté sa volonté de rejoindre la Russie , ce qu'elle a exprimé par référendum en 2014. - En quoi ce retour à la Russie met en cause nos intérêts et notre sécurité ? En revanche les sanctions contre la Russie et les contre-sanctions de Moscou mettent en péril nos intérêts comme on le constate avec la crise agricole française directement atteinte par les sanctions. - En adoptant ces sanctions ou plus exactement en suivant les ultras européens et les Américains, la France s'est laissée entraîner dans une totale impasse dont elle paye aujourd'hui les conséquences. - La France s'est laissée enfermer dans un piège, car pour lever les sanctions de l'Union européenne il faut un accord à 28 , ce qui est impossible ! [.....] La Russie est un partenaire incontournable pour la stabilité de l'Europe ! La France doit lever unilatéralement ces sanctions inefficaces et contre-productives. Elle doit retrouver une politique étrangère indépendante conforme à nos intérêts. Il y a urgence !
La guerre en Syrie
C'est en 2015 que la Russie s'engage en Syrie à la demande du gouvernement de Bachard el Assad en grande difficulté dans la guerre menée par les djihadistes de l'État Islamique. Au cours de cette guerre commencée en 2011, le gouvernement syrien a été accusé à plusieurs reprises d'avoir utilisé des gaz toxiques, ce qui n'a jamais été prouvé formellement.
La dernière attaque chimique serait intervenue le 7 avril 2018 à Douma dans la banlieue de Damas. La mission de l'OIAC (4) s'est rendue sur place du 14 avril au 3 mai mais ses conclusions ne sont pas claires. On ne sait pas de façon certaine si une attaque chimique a eu lieu, et si oui, qui en est le responsable : l'armée régulière de Bachard el Assad ou l'armée des rebelles ou un groupe djihadiste non identifié ? Compte tenu du lourd passif de mensonges et de manipulations des dirigeants des États-Unis et de la Grande-Bretagne, nul ne peut être cru sur parole.
Mais sans attendre la conclusion du groupe d'experts de l'OIAC, la « communauté internationale » s'est arrogé le droit de réagir ! Celle-ci, qui se compose des États-Unis, du Royaume Uni et de la France, a envoyé quelques missiles sur la Syrie ne causant aucune perte humaine et peu de dégâts matériels. Pourquoi la Russie n'a-t-elle pas réagi ?
Propagande en Ukraine
Le Premier ministre ukrainien Volodymyr Groysman a accusé la Russie d’être à l’origine de l’assassinat à Kiev du journaliste russe Arkady Babchenko, un opposant à Vladimir Poutine. « Je suis convaincu que la machine totalitaire russe ne lui a pas pardonné son honnêteté et ses positions de principe », a déclaré le Premier ministre sur Facebook. Malgré l’absence de preuves de l’implication de la Russie, un syndicat allemand de journalistes, le DJV, a demandé que l’UE boycotte la coupe du monde de football en Russie. Et puis coup de théâtre : le mort est vivant ! Il réapparaît ! Et on découvre que l’État ukrainien a simulé le meurtre ! Babchenko revient d’entre les morts, prouvant que les accusations contre la Russie étaient fausses.
Les raisons de cette diabolisation
Attribuer tous les mouvements de protestation, de droite ou de gauche, à l'influence néfaste des Russes n'est pas nouveau.
« Les rouges tentent de pousser les nègres à la révolte », titrait déjà le New York Times en juillet 1919. Dans les années 1960, les partisans de la ségrégation raciale assimilaient le mouvement pour les droits civiques à une marionnette manipulée par les Soviétiques. La reprise des vieilles ficelles maccarthystes s'explique par la crainte des élites nord-américaines de perdre leur position dominante dans le monde.
Emmanuel Todd dans son essai « Après l'empire » (5) avance que « l'Amérique va devoir lutter, politiquement, militairement, pour maintenir une hégémonie désormais indispensable à son niveau de vie. »....
Le monde a été bipolaire après la seconde guerre mondiale pendant la période de la guerre froide, puis unipolaire suite à l'effondrement de l'URSS, maintenant il est multipolaire. Ce que les États-Unis n'acceptent pas. Ils voient avec angoisse la montée en puissance des BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). De plus, certains pays s'efforcent de se libérer de l'hégémonie du dollar en commerçant dans d'autres monnaies, en utilisant des crypto-monnaies comme le Petro au Venezuela... Si la confiance dans le dollar s'effondre, si le dollar cesse d'être la monnaie de référence dans le commerce international, toute l'économie des États-Unis s'écroule. On comprend pourquoi les sanctions économiques qu'ils infligent à la Russie, à l'Iran, à Cuba, au Venezuela...portent - entre autres - sur des interdits bancaires, des blocages d'avoirs, des amendes en millions de dollars...Pour rester « maîtres du monde » ils doivent s'imposer par la force en provoquant des guerres, en éliminant les gouvernements hostiles. Leur lutte est actuellement tournée vers la Russie, « un ennemi facile » …
Une autre raison est de l'ordre de la politique intérieure. Pendant sa campagne électorale Donald Trump avait parlé d'un possible rapprochement avec Vladimir Poutine. Les services de renseignement étasuniens, des dirigeants de l'aile clintonienne du Parti démocrate, la plupart des élus républicains et les médias hostiles à D. Trump, unissent leurs efforts pour empêcher toute entente entre Washington et Moscou. Les motifs de chacun sont différents : le Pentagone et les services de renseignements redoutent de perdre un ennemi facile, présentable, les clintoniens voudraient attribuer la défaite de Hillary Clinton à une autre cause que sa campagne désastreuse, les néo-conservateurs détestent Poutine et redoutent la politique isolationniste de D. Trump(6).
Notes :
(1) KGB : c'est le Comité pour la sécurité de l'Etat autrement dit le service de renseignements de l'URSS, créé en 1954 et dissous en 1991.
(2) Le monde diplomatique . Décembre 2017, pages 12 et 13 : Ingérence russe, de l'obsession à la paranoïa
(3) Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte, a été député UMP puis des Républicains mais battu aux dernières législatives de 2017. Il s'était engagé pour le « NON » lors de la campagne du TCE en 2005.
(4) OIAC : Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques
(5) E. Todd : Après l'empire , essai sur la décomposition du système américain , édition Gallimard 2004.
(6) Manière de Voir n° 159 Juin-Juillet 2018 . Article de Serge Halimi pages 83 à 85.
Publié le 10 juillet 2018 par MS21
Mouvement pour un Socialisme du 21ème Siècle
Commentaire