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Maître Boudjemaâ Ghechir à Reporters : « Le Maghreb ne doit pas céder aux pressions et devenir le filtre de l’Europe »

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  • Maître Boudjemaâ Ghechir à Reporters : « Le Maghreb ne doit pas céder aux pressions et devenir le filtre de l’Europe »

    Écrit par Aghilas Sadi

    Dans cet entretien, l’ex-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), Me Boudjemaâ Ghechir, appelle les pays du Maghreb à refuser l’offre européenne qui consiste à construire des centres d’accueil de migrants sur leurs sols. Il estime que l’offre européenne cache un égoïsme et une volonté de faire du Maghreb le filtre de l’Europe.


    Reporters : L’Algérie, le Maroc et la Tunisie disent non à la proposition de l’Union européenne (UE) d’installer des centres d’accueil des migrants sur leurs sols. Ces trois pays ont-ils raison ?

    Me Boudjemaâ Ghechir : Les trois pays du Maghreb n’ont pas la même position sur la proposition de l’UE d’accueillir sur leurs sols des centres de traitement des migrants. Le refus de l’Algérie est catégorique tandis que ceux de la Tunisie et du Maroc sont entourés de flou. Ces deux pays, à mon avis, veulent négocier les conditions d’accueil de ces centres. Ils veulent bénéficier des aides financières importantes que donne l’UE en contrepartie de tolérer l’implantation de ces centres sur leurs sols. Leur refus est tactique en attendant une offre plus importante. Je pense qu’ils finiront par accepter l’offre des Européens. Par contre, l’Algérie a exprimé un refus catégorique qui reflète la position historique de l’Algérie sur ces questions sensibles.


    En rejetant l’offre européenne, l’Algérie reste fidèle à sa position…

    La position de l’Algérie comme je vous l’ai déjà dit reflète les principes de l’Etat algérien. Il est clair que le refus de l’Algérie d’autoriser l’implantation des centres d’accueil sur son sol est juste. Il est tout à fait normal que le gouvernement refuse de faire du sol algérien une terre d’accueil de centres de traitement de migrants dépendants politiquement et légalement de l’EU. Il s’agit d’une question de principe et de souveraineté. Les Européens doivent voir loin dans la recherche de solutions à la crise migratoire qui fait ravage ces dernières années. S’ils veulent des solutions durables à ce phénomène, ils n’ont qu’à tracer des programmes de développement pour les pays africains et surtout d’arrêter de provoquer des guerres qui poussent des millions de personnes à fuir leurs domiciles et aller chercher une vie meilleure ailleurs. Les ingérences et les interventions étrangères ont provoqué des chaos dans plus d’un pays africain.


    Comment va réagir l’EU au refus catégorique d’Alger ?


    L’UE pourrait prendre des mesures contre l’Algérie pour la punir suite à son refus d’accueillir des centres pour migrants. Des mesures qui prendraient des formes officielles, comme le gel de la coopération, ou déguisée, qui toucheront à l’octroi des visas et autres. L’Algérie ainsi que le reste des pays du Maghreb ne doivent en aucun cas céder aux pressions et devenir le filtre de l’Europe.


    En refusant la coopération avec l’EU, l’Algérie a-t-elle les moyens de faire face seule aux flux migratoires ?


    L’Algérie a refusé de jouer le rôle du gendarme de l’Europe et non de coopérer avec d’autres pays et parties pour lutter contre le phénomène de la migration clandestine. Dans le contexte actuel, il est demandé à l’Algérie d’humaniser davantage son attitude et la façon avec laquelle elle expulse les migrants. L’expulsion des migrants doit se faire dans le strict respect des droits de l’homme et des conventions internationales signées et ratifiées par l’Algérie.


    Pourquoi les Européens ne veulent-ils pas installer ces centres sur leur sol ?

    Les Européens estiment que leur sécurité commence au Sahel. Du coup, ils pensent que l’installation des centres d’accueil des migrants au Maghreb leur évitera beaucoup d’ennuis sur leur sol. Dans leur plan d’action, les Européens se chargeront de la gestion de ces centres. Autrement dit, ils seront sous l’autorité de l’Union européenne qui se chargera également d’étudier au cas par cas les demandes d’asile et d’immigration émanant de ces migrants. Au Maghreb, il sera plus facile d’expulser un Subsaharien ou même un Maghrébin. Une opération d’expulsion depuis le territoire européen est largement plus coûteuse que celle opérée au Maghreb. L’EU veut faire du Maghreb le filtre de l’Europe. Aussi, il n’est un secret pour personne que les gouvernements européens toutes tendances politiques confondues ne souhaitent plus recevoir de migrants venant de la rive sud de la Méditerranée. Pour eux, les pays de l’est peuvent seuls offrir toute la main-d’œuvre nécessaire pour faire fonctionner les économies des pays de l’EU.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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