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Sid Ahmed Ghozali. « Les Algériens s’inquiètent de l’avenir de leur pays »

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  • Sid Ahmed Ghozali. « Les Algériens s’inquiètent de l’avenir de leur pays »

    Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, pourrait se représenter pour un cinquième mandat. L’ancien premier ministre d’Algérie, Sid Ahmed Ghozali (5 juin 1991 – 8 juillet 1992) réagit à cette situation.

    Est-ce que le peuple a été choqué d’apprendre que le président Bouteflika pourrait se représenter pour un cinquième mandat ?

    Les médias disent que les gens sont choqués mais faisons la distinction entre les médias et le peuple. La position du peuple vient de ce qu’il a été corrompu par le pouvoir. Pour vous donner un exemple : je ne suis qu’un seul des 100 000 anciens cadres de l’État qui soient pensionnés. On a multiplié par trois nos pensions en faisant comprendre que ce gouvernement est le seul pouvoir qui garantit les pensions.


    Les gens craignent par conséquent pour leur avenir et perdent tout jugement libre. Ils ne se rendent pas compte - ce dont je suis sûr - que dans deux ou trois ans, le gouvernement ne pourra plus payer les pensions. Je sais que tous les Algériens et les autres observateurs s’inquiètent de l’avenir de l’Algérie, de l’après-Bouteflika, mais nous sommes en pleine perversion. La population algérienne se tait parce qu’elle est dans une fuite en avant économique et sociale.


    Pourtant, l’Algérie est un pays riche…

    Vous avez raison, le pays est riche mais la population est pauvre.

    Quelle alternative d’opposition existe-t-il au gouvernement actuel ? Vous-même, comment voyez-vous la situation en tant qu’opposant ?

    C’est une erreur de poser la question comme ça. La prochaine élection présidentielle constitue un casting où chacun joue un rôle. La Constitution algérienne de 1989 ouvre la possibilité de créer librement des partis mais dans la réalité, il n’y a pas d’opposition, donc aucun vrai parti d’opposition. Par ailleurs, c’est une erreur d’envisager la personne qui pourrait remplacer Bouteflika parce que le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque et donc c’est tout le système qui doit changer.



    D’où viennent les difficultés qui empêchent ce pays d’avancer ?

    90 % des importations et 75 % du budget de l’État (les salaires de milliers de personnes) dépendent de l’exportation du pétrole. Le pouvoir politique en Algérie a tort de dire que la dégradation de la situation économique est liée à la chute des cours du pétrole. La précarité des citoyens vient de la mauvaise gouvernance qui n’a pas réussi à diversifier l’économie en dehors de la rente pétrolière.

    L’Algérie n’a pas connu de « printemps arabe », comme il s’en est produit en Tunisie, Libye, Égypte. Comment expliquez-vous l’absence de soulèvement ?

    L’Algérie a eu un printemps populaire avant tout le monde, seulement nous l’avons oublié. C’était en octobre 1988. Il y a eu un soulèvement dans plusieurs villes du pays qui a fait 500 morts en une semaine. À la suite de ce soi-disant printemps arabe algérien, le pouvoir politique a changé la Constitution afin d’introduire le pluralisme, la liberté d’expression et d’association. En vérité, la Constitution de février 1989 n’a jamais été respectée jusqu’à maintenant.


    Après 1988, il y eut la décennie noire du terrorisme (26 décembre 1991 – 8 février 2002) et les Algériens sont restés traumatisés. Le pouvoir en place, qui n’est pas totalement étranger à l’irruption de l’islamisme et du terrorisme, a même fait croire au peuple que, s’il s’amuse à faire aujourd’hui un printemps arabe, il vivra ce qu’il a vécu dans les années 90, quand il y eut des dizaines de milliers des morts.

    Et qu’en est-il du terrorisme ?


    Nous avons vaincu militairement le terrorisme en Algérie mais les conditions sociales et économiques qui ont favorisé l’émergence de l’islamisme demeurent. Le chômage, la pauvreté et la corruption ont fait des progrès considérables et les islamistes exploitent la rupture entre la population et le pouvoir pour essayer de s’imposer eux-mêmes au pouvoir.




    Le Télégramme.fr



    le 04 août 2018 Propos recueillis par Sonya Ciesnik

  • #2
    Le chômage, la pauvreté et la corruption ont fait des progrès considérables et les islamistes exploitent la rupture entre la population et le pouvoir pour essayer de s’imposer eux-mêmes au pouvoir.
    Exact, il faut que l'état travaille sérieusement dans ce sens pour annihiler toute opportunité aux islamistes qui utilisent ce genre de faille pour arriver à leurs fins .
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)

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    • #3
      La précarité des citoyens vient de la mauvaise gouvernance qui n’a pas réussi à diversifier l’économie en dehors de la rente pétrolière.
      Et c’est un ex premier ministre qui le dit …quel culot !

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      • #4
        oui lorsqu'ils ont le kourci , l'argent à flots et tous les avantages ,pour eux tout est beau et gentil , mais dés qu'ils sont hors circuit et qu'ils n'ont plus rien à perdre , ils se mettent à jacasser
        Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
        (Paul Eluard)

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