"La Newletter belge qui fait du bien" rend compte dans ses Bonnes Nouvelles du 2 août 2018 de la victoire des paysans mozambicains acquise grâce à la lutte conjointe menée avec des organisations paysannes du Brésil, les universitaires et les organisations de la société civile japonaises et européennes. Pourtant il s’agissait de s’opposer à un "gros morceau" : une coopération triangulaire grâce à des technologies brésiliennes, confiant aux entreprises japonaises la commercialisation des produits, notamment sur les marchés asiatiques, à l’investissement initial de 38 millions de dollars.
C’est la lutte sociale qui paie
Les agro-industriels du Sud ressemblent à ceux du Nord : ils rêvent de profits faciles en développant les cultures commerciales au détriment de la paysannerie vivrière. C’est ainsi qu’est né le projet ProSavana, qui associe le Japon et le Brésil au Mozambique. Mais la résistance inédite des paysans des trois États a permis de stopper l’opération.
Nakarari, village perdu dans la brousse dans le district de Malema, à deux mille kilomètres au nord de Maputo. Sous le manguier, assis à même le sol ou sur des bancs en bois chancelants, une quarantaine d’hommes et de femmes accueillent les visiteurs. Autour d’eux, un groupe d’enfants sautent comme des ressorts chaque fois qu’un fruit tombe des branches. Le secrétaire du village prend la parole. Le visage marqué par le soleil et les mains calleuses de ceux qui travaillent la terre depuis longtemps, M. Agostinho Mocernea se montre sévère : « Nous ne devons pas croire ce que dit le gouvernement. Nous devons continuer à dire non. » Puis il passe la parole aux représentants des organisations paysannes fraîchement arrivés des villes voisines. « Le gouvernement est dans l’impasse, affirme M. Dionísio Mepoteia, de l’Union nationale des paysans (UNAC). Notre lutte nous a permis de remporter une première victoire historique. Nous avons empêché le pillage et réaffirmé que la terre n’appartenait qu’à nous, qui la cultivons depuis des générations. » Et le quadragénaire à la voix légère d’ajouter : « Ce n’est que grâce à notre unité que nous avons pu atteindre ce résultat. Il faut que nous restions unis. »
La mobilisation populaire dont Nakarari est l’épicentre a porté un coup, qu’ici on espère fatal, au plus grand projet agro-industriel de toute l’Afrique : ProSavana. La rencontre sous le manguier n’est que la dernière d’une longue série. M. Mepoteia fait fréquemment le déplacement pour informer les communautés rurales de ce qui se passe « en ville ». En effet, Internet n’est encore qu’un mirage dans cette partie du Mozambique, et les téléphones portables ne captent que par à-coups.
Un « partenariat innovant », selon la Fondation Gates
Résultat d’une coopération triangulaire entre le gouvernement du Mozambique, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et l’Agence brésilienne de coopération (ABC), ProSavana vise à implanter des exploitations agricoles commerciales le long du corridor de Nacala, qui traverse dix-neuf districts de trois provinces dans le nord du pays. D’une superficie de 14 millions d’hectares, soit un quart de la France métropolitaine, la zone est considérée comme propice aux « cultures de rente » (soja, coton, maïs) destinées au marché mondial. Le port de Nacala, sur l’océan Indien, relié à la région par le chemin de fer, offre des débouchés vers la Chine.
ProSavana s’inscrit dans la grande course aux terres agricoles qui, depuis 2008, ravage l’hémisphère Sud et l’Afrique subsaharienne [1]. Depuis la crise alimentaire mondiale, qui a vu doubler, voire tripler, le prix des produits de base, l’acquisition d’espaces pour la production à grande échelle séduit les investisseurs et les aventuriers à la recherche de rendements faciles. Le secteur attire non seulement les groupes agroalimentaires, mais aussi des acteurs issus de la haute finance : sociétés de courtage, fonds spéculatifs, fonds d’investissement de toutes sortes, mis en place par des individus qui travaillaient jusqu’alors pour des banques commerciales, telles que Goldman Sachs, Merrill Lynch et d’autres [2]. De l’Éthiopie à la République démocratique du Congo, du Sénégal au Soudan, des centaines de millions d’hectares ont été vendus, pour des productions destinées non pas au marché intérieur, mais au marché étranger, plus rentable [3]. Peu intégré à l’économie locale, un projet tel que ProSavana « réduit la terre à un simple bien marchand et ne tient aucunement compte de son importance pour les petits producteurs ruraux », explique M. Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme des Nations unies [4].
Immense (799 000 kilomètres carrés) et peu peuplé (28 millions d’habitants), le Mozambique s’est imposé comme une destination-phare dans cette ruée néfaste. En 2010, déjà, lors d’une conférence internationale à Riyad, en Arabie saoudite, le ministre de l’agriculture José Pacheco promouvait son pays en bradant ses terres avec des baux de cinquante ans au prix de... 1 dollar par hectare : « C’est notre prix, car nous croyons au développement partagé. Nous devons lancer ensemble une nouvelle révolution verte [5]. »
Derrière la « modernité » d’une coopération Sud-Sud « au service du développement », ProSavana renverse les relations de production dans les campagnes, change les petits paysans en contractuels des grandes entreprises et fait du Mozambique une plaque tournante de produits agro-industriels à exporter dans le monde entier. Conçu en 2009 au sommet du G8 à L’Aquila, en Italie, au cours d’entretiens privés entre le premier ministre japonais Taro Aso et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le projet prétend reproduire une expérience légendaire : la transformation, entre les années 1970 et 1990, de la savane tropicale humide du Mato Grosso en la principale région productrice de soja de la planète. À l’époque, la conversion du Cerrado brésilien, « la plus importante zone d’expansion agricole du monde », selon le père de la révolution verte Norman Borlaug, avait été menée avec l’aide d’ingénieurs japonais et d’un financement important de Tokyo. La coopération triangulaire de ProSavana s’en inspire, avec pour objectif de développer le nord du pays grâce à des technologies brésiliennes, confiant aux entreprises japonaises la commercialisation des produits, notamment sur les marchés asiatiques.
Dès son lancement, le projet a recueilli les louanges d’influents dirigeants mondiaux. En novembre 2011, lors du 4e Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, à Busan, en Corée du Sud, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton saluait l’effort de « ces économies émergentes qui travaillent ensemble pour trouver des solutions aux défis communs ». Le magnat Bill Gates, qui mène plusieurs programmes de développement en Afrique à travers la Fondation Bill et Melinda Gates, l’érige en « exemple de partenariat innovant [6] ».
Dans les coulisses du « partenariat innovant » s’active GV Agro, une société de conseil liée à la Fondation Getúlio Vargas, think tank et école de formation renommée du Brésil. GV Agro est dirigé par l’ancien ministre de l’agriculture Roberto Rodrigues, qui se veut le champion du développement agro-industriel de toute la bande située entre les deux tropiques en Afrique. Par ailleurs consultant pour la compagnie minière Vale, qui extrait du charbon dans la région de Tete, l’ancien ministre fait figure d’éminence grise de ProSavana : c’est à lui qu’on doit le parallèle entre le Mato Grosso et le nord du Mozambique, ainsi que la légende d’un développement des monocultures sur ces « terres inexploitées [7] ». C’est encore lui qui organise des visites sur le terrain pour de potentiels investisseurs brésiliens. On doit aussi à GV Agro le plan directeur de ProSavana et son mécanisme de financement. Lancé avec un investissement initial de 38 millions de dollars venant principalement du gouvernement japonais, le projet doit encore être soutenu par un fonds ad hoc baptisé Nacala, censé attirer 2 milliards de dollars d’investissements privés. L’objectif déclaré du fonds est de « générer des rendements à long terme pour ses investisseurs, en stimulant le développement économique local et régional ». Parallèlement, Maputo et Tokyo créent un Fonds pour l’initiative de développement ProSavana afin de « soutenir divers modèles d’intégration des petits agriculteurs ».
Les agriculteurs ont appris la nouvelle par les journaux
Ces plans de transformation et de développement rural s’élaborent bien loin des petits agriculteurs qui vivent dans la région. « La première fois que nous avons entendu parler du programme, c’était en août 2011, lors d’un entretien accordé par le ministre de l’agriculture Pacheco à un journal brésilien [8] », se souvient M. Jeremias Vunjane, directeur de l’Action académique pour le développement des communautés rurales (Adecru), une association de Maputo qui soutient la paysannerie familiale. « Ce fut un choc. Notre gouvernement vendait à l’étranger quelque chose dont il n’avait jamais parlé au pays ! », s’indigne cet ancien journaliste à la longue barbe noire et à l’éloquence de prédicateur. « Cette interview nous a ouvert les yeux. Nous avons mené des enquêtes et compris qu’il s’agissait d’un programme-cadre visant à ouvrir les portes de notre pays aux multinationales de l’agro-industrie. » Les enquêtes ne s’avèrent pas trop compliquées à conduire : dans le même article, des entrepreneurs brésiliens se déclarent enthousiastes à l’idée d’émigrer dans le pays africain, où on leur promet des terres pour des loyers dérisoires. « Le Mozambique est un Mato Grosso au milieu de l’Afrique, avec des terres gratuites, peu d’obstacles environnementaux et des coûts de transport des marchandises vers la Chine beaucoup plus bas », affirme ainsi M. Carlos Ernesto Augustin, président de l’Association des producteurs de coton du Mato Grosso.
Quoi qu’en dise le discours imaginé par GV Agro et répété comme un mantra par les promoteurs du projet, le corridor de Nacala n’a cependant que peu à voir avec le Cerrado. Si les deux territoires se trouvent à la même latitude, la zone ciblée par ProSavana est beaucoup plus fertile, et donc plus importante pour la paysannerie locale, que son vague équivalent brésilien. Et surtout, contrairement au Mato Grosso, qui, dans les années 1970, n’était pas très peuplé, elle est habitée par cinq millions de personnes, pour la plupart de petits agriculteurs qui produisent une bonne partie de la nourriture consommée dans le pays...
C’est la lutte sociale qui paie
Les agro-industriels du Sud ressemblent à ceux du Nord : ils rêvent de profits faciles en développant les cultures commerciales au détriment de la paysannerie vivrière. C’est ainsi qu’est né le projet ProSavana, qui associe le Japon et le Brésil au Mozambique. Mais la résistance inédite des paysans des trois États a permis de stopper l’opération.
Nakarari, village perdu dans la brousse dans le district de Malema, à deux mille kilomètres au nord de Maputo. Sous le manguier, assis à même le sol ou sur des bancs en bois chancelants, une quarantaine d’hommes et de femmes accueillent les visiteurs. Autour d’eux, un groupe d’enfants sautent comme des ressorts chaque fois qu’un fruit tombe des branches. Le secrétaire du village prend la parole. Le visage marqué par le soleil et les mains calleuses de ceux qui travaillent la terre depuis longtemps, M. Agostinho Mocernea se montre sévère : « Nous ne devons pas croire ce que dit le gouvernement. Nous devons continuer à dire non. » Puis il passe la parole aux représentants des organisations paysannes fraîchement arrivés des villes voisines. « Le gouvernement est dans l’impasse, affirme M. Dionísio Mepoteia, de l’Union nationale des paysans (UNAC). Notre lutte nous a permis de remporter une première victoire historique. Nous avons empêché le pillage et réaffirmé que la terre n’appartenait qu’à nous, qui la cultivons depuis des générations. » Et le quadragénaire à la voix légère d’ajouter : « Ce n’est que grâce à notre unité que nous avons pu atteindre ce résultat. Il faut que nous restions unis. »
La mobilisation populaire dont Nakarari est l’épicentre a porté un coup, qu’ici on espère fatal, au plus grand projet agro-industriel de toute l’Afrique : ProSavana. La rencontre sous le manguier n’est que la dernière d’une longue série. M. Mepoteia fait fréquemment le déplacement pour informer les communautés rurales de ce qui se passe « en ville ». En effet, Internet n’est encore qu’un mirage dans cette partie du Mozambique, et les téléphones portables ne captent que par à-coups.
Un « partenariat innovant », selon la Fondation Gates
Résultat d’une coopération triangulaire entre le gouvernement du Mozambique, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et l’Agence brésilienne de coopération (ABC), ProSavana vise à implanter des exploitations agricoles commerciales le long du corridor de Nacala, qui traverse dix-neuf districts de trois provinces dans le nord du pays. D’une superficie de 14 millions d’hectares, soit un quart de la France métropolitaine, la zone est considérée comme propice aux « cultures de rente » (soja, coton, maïs) destinées au marché mondial. Le port de Nacala, sur l’océan Indien, relié à la région par le chemin de fer, offre des débouchés vers la Chine.
ProSavana s’inscrit dans la grande course aux terres agricoles qui, depuis 2008, ravage l’hémisphère Sud et l’Afrique subsaharienne [1]. Depuis la crise alimentaire mondiale, qui a vu doubler, voire tripler, le prix des produits de base, l’acquisition d’espaces pour la production à grande échelle séduit les investisseurs et les aventuriers à la recherche de rendements faciles. Le secteur attire non seulement les groupes agroalimentaires, mais aussi des acteurs issus de la haute finance : sociétés de courtage, fonds spéculatifs, fonds d’investissement de toutes sortes, mis en place par des individus qui travaillaient jusqu’alors pour des banques commerciales, telles que Goldman Sachs, Merrill Lynch et d’autres [2]. De l’Éthiopie à la République démocratique du Congo, du Sénégal au Soudan, des centaines de millions d’hectares ont été vendus, pour des productions destinées non pas au marché intérieur, mais au marché étranger, plus rentable [3]. Peu intégré à l’économie locale, un projet tel que ProSavana « réduit la terre à un simple bien marchand et ne tient aucunement compte de son importance pour les petits producteurs ruraux », explique M. Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme des Nations unies [4].
Immense (799 000 kilomètres carrés) et peu peuplé (28 millions d’habitants), le Mozambique s’est imposé comme une destination-phare dans cette ruée néfaste. En 2010, déjà, lors d’une conférence internationale à Riyad, en Arabie saoudite, le ministre de l’agriculture José Pacheco promouvait son pays en bradant ses terres avec des baux de cinquante ans au prix de... 1 dollar par hectare : « C’est notre prix, car nous croyons au développement partagé. Nous devons lancer ensemble une nouvelle révolution verte [5]. »
Derrière la « modernité » d’une coopération Sud-Sud « au service du développement », ProSavana renverse les relations de production dans les campagnes, change les petits paysans en contractuels des grandes entreprises et fait du Mozambique une plaque tournante de produits agro-industriels à exporter dans le monde entier. Conçu en 2009 au sommet du G8 à L’Aquila, en Italie, au cours d’entretiens privés entre le premier ministre japonais Taro Aso et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le projet prétend reproduire une expérience légendaire : la transformation, entre les années 1970 et 1990, de la savane tropicale humide du Mato Grosso en la principale région productrice de soja de la planète. À l’époque, la conversion du Cerrado brésilien, « la plus importante zone d’expansion agricole du monde », selon le père de la révolution verte Norman Borlaug, avait été menée avec l’aide d’ingénieurs japonais et d’un financement important de Tokyo. La coopération triangulaire de ProSavana s’en inspire, avec pour objectif de développer le nord du pays grâce à des technologies brésiliennes, confiant aux entreprises japonaises la commercialisation des produits, notamment sur les marchés asiatiques.
Dès son lancement, le projet a recueilli les louanges d’influents dirigeants mondiaux. En novembre 2011, lors du 4e Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, à Busan, en Corée du Sud, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton saluait l’effort de « ces économies émergentes qui travaillent ensemble pour trouver des solutions aux défis communs ». Le magnat Bill Gates, qui mène plusieurs programmes de développement en Afrique à travers la Fondation Bill et Melinda Gates, l’érige en « exemple de partenariat innovant [6] ».
Dans les coulisses du « partenariat innovant » s’active GV Agro, une société de conseil liée à la Fondation Getúlio Vargas, think tank et école de formation renommée du Brésil. GV Agro est dirigé par l’ancien ministre de l’agriculture Roberto Rodrigues, qui se veut le champion du développement agro-industriel de toute la bande située entre les deux tropiques en Afrique. Par ailleurs consultant pour la compagnie minière Vale, qui extrait du charbon dans la région de Tete, l’ancien ministre fait figure d’éminence grise de ProSavana : c’est à lui qu’on doit le parallèle entre le Mato Grosso et le nord du Mozambique, ainsi que la légende d’un développement des monocultures sur ces « terres inexploitées [7] ». C’est encore lui qui organise des visites sur le terrain pour de potentiels investisseurs brésiliens. On doit aussi à GV Agro le plan directeur de ProSavana et son mécanisme de financement. Lancé avec un investissement initial de 38 millions de dollars venant principalement du gouvernement japonais, le projet doit encore être soutenu par un fonds ad hoc baptisé Nacala, censé attirer 2 milliards de dollars d’investissements privés. L’objectif déclaré du fonds est de « générer des rendements à long terme pour ses investisseurs, en stimulant le développement économique local et régional ». Parallèlement, Maputo et Tokyo créent un Fonds pour l’initiative de développement ProSavana afin de « soutenir divers modèles d’intégration des petits agriculteurs ».
Les agriculteurs ont appris la nouvelle par les journaux
Ces plans de transformation et de développement rural s’élaborent bien loin des petits agriculteurs qui vivent dans la région. « La première fois que nous avons entendu parler du programme, c’était en août 2011, lors d’un entretien accordé par le ministre de l’agriculture Pacheco à un journal brésilien [8] », se souvient M. Jeremias Vunjane, directeur de l’Action académique pour le développement des communautés rurales (Adecru), une association de Maputo qui soutient la paysannerie familiale. « Ce fut un choc. Notre gouvernement vendait à l’étranger quelque chose dont il n’avait jamais parlé au pays ! », s’indigne cet ancien journaliste à la longue barbe noire et à l’éloquence de prédicateur. « Cette interview nous a ouvert les yeux. Nous avons mené des enquêtes et compris qu’il s’agissait d’un programme-cadre visant à ouvrir les portes de notre pays aux multinationales de l’agro-industrie. » Les enquêtes ne s’avèrent pas trop compliquées à conduire : dans le même article, des entrepreneurs brésiliens se déclarent enthousiastes à l’idée d’émigrer dans le pays africain, où on leur promet des terres pour des loyers dérisoires. « Le Mozambique est un Mato Grosso au milieu de l’Afrique, avec des terres gratuites, peu d’obstacles environnementaux et des coûts de transport des marchandises vers la Chine beaucoup plus bas », affirme ainsi M. Carlos Ernesto Augustin, président de l’Association des producteurs de coton du Mato Grosso.
Quoi qu’en dise le discours imaginé par GV Agro et répété comme un mantra par les promoteurs du projet, le corridor de Nacala n’a cependant que peu à voir avec le Cerrado. Si les deux territoires se trouvent à la même latitude, la zone ciblée par ProSavana est beaucoup plus fertile, et donc plus importante pour la paysannerie locale, que son vague équivalent brésilien. Et surtout, contrairement au Mato Grosso, qui, dans les années 1970, n’était pas très peuplé, elle est habitée par cinq millions de personnes, pour la plupart de petits agriculteurs qui produisent une bonne partie de la nourriture consommée dans le pays...
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