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Pas pénalisée pour avoir refusé une épilation intime

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  • Pas pénalisée pour avoir refusé une épilation intime

    par Frédéric Nejad Toulami - La Caisse de chômage n'a pas sanctionné une esthéticienne virée pour avoir, notamment, fait part de sa gêne. Mais que peut-on exiger dans ce domaine professionnel?

    «Je suis rassurée car j'ai reçu le montant normal de mes indemnités pour le mois passé». Patricia* est soulagée au téléphone. Cette esthéticienne au chômage avait été assignée par l’Office régional de placement (ORP) à un job dans un salon de beauté lausannois(Suisse). Après quelques semaines d'activité là-bas, son employeuse lui avait demandé si elle pouvait, parmi d'autres taches, épiler les parties intimes de clients masculins. Déjà peu motivée en raison d'une formation suivie en parallèle afin de changer de métier, Patricia avait alors fait part de sa gêne. Quelques jours après, mais toujours durant la période d'essai, sa patronne se séparait d'elle. Et la Caisse cantonale de chômage lui demandait ensuite dans un courrier de s’expliquer «de manière détaillée», avec le risque d'une suspension du droit aux indemnités chômage, en raison d'une «perte fautive d'emploi».

    Après examen du cas précis, il n'en est rien. Mais qu'en est-il dans la pratique? Une patronne d'un salon de beauté pour femmes et hommes peut-elle exiger d'une employée d'épiler indistinctement les deux sexes, sous peine de se faire virer? Ou s'agit-il d'un licenciement abusif? Interrogée à ce sujet, l'ex-employeuse à Lausanne de Patricia précise d'abord qu'elle s'est séparée de cette employée pour diverses raisons. Mais elle estime qu'une esthéticienne doit accepter de prendre soin aussi bien des corps masculins que féminins quelque soit la zone à traiter. Et elle déclare avertir ses nouvelles employées de cela dès le début, ce que certaines nous ont démenti.

    Quelle est la pratique de manière usuelle dans la profession?

    Etant donné que la profession d'esthéticienne n'est pas protégée, nous avons demandé l'avis d'une avocate spécialisée en droit du travail. Me Tania Huot souligne d'emblée qu'il n'existe à sa connaissance pas de jurisprudence d’un cas similaire sur laquelle s'appuyer. «Si le cahier des charges est clair, l'employé qui refuse d’effectuer une des tâches mentionnées viole les clauses de son contrat de travail. Mais s'il n'y a rien d'écrit ou de convenu clairement sur les tâches à accomplir, il faut vérifier ce qui est pratiqué de manière usuelle dans la profession pour laquelle l’employé a été engagé», explique Me Huot. Le cas échéant, un licenciement abusif pourrait être invoqué au Tribunal des prud'hommes. L'avocate précise aussi que l’employeur a la possibilité de recourir à un congé modification pour changer le cahier des charges, mais pour autant que les besoins de son entreprise le justifient et que la modification n’intervienne qu’à l’issue du délai de congé. Si l'employé refuse cela, son contrat prendra fin après écoulement du préavis légal ou contractuel.

    *prénom d'emprunt
    20 minutes
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