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« Le business du terrorisme » (1/5), des Etats complices

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  • « Le business du terrorisme » (1/5), des Etats complices

    Par Francis Sahel - 11 août 2018-MONDAFRIKE


    Les groupes terroristes sont assis sur rune mine d’or de près de 180 millions d’euros grace notamment à la complicité de certains chefs d’état comme le nigérien Issoufou ou le mauritanien Aziz

    Depuis leur regroupement dans une structure commune appelée « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) » dirigée par Iyad Ag Ghali, les groupes terroristes ont repris du terrain avec des attaques spectaculaires contre les armées régulières du Mali, du Niger et du Burkina Faso, les casques bleus et même les soldats de Barkhane à Kidal ou à Gao. Cette bonne santé retrouvée des groupes terroristes tient beaucoup à leur surface financière- soit 180 millions d’euros, selon une estimation des Nations unies.

    Pour l’essentiel, la manne financière dont dispose les terroristes agissant dans les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) vient du paiement des rançons : entre 2010 et 2015, au moins 80 millions d’euros de rançons auraient été versés par les Etats occidentaux en échange de la libération des otages.

    Rien que pour les sept employés du groupe français du nucléaire Areva et ses sous-traitants enlevés en septembre 2010 à Arlit, au nord du Niger, 42 millions d’euros, dont 30 payés par l’Etat français, auraient été versés aux preneurs d’otages sous forme de rançon, avait confié Pierre-Antoine Lorenzi, ancien haut gradé de la DGSE à Médiapart.

    L’aide des narco-trafiquants

    A cet argent obtenu du paiement des rançons, s’ajoute les « droits » payés aux terroristes par les narco-trafiquants. En effet, grâce à un deal, le trafic de drogues, pourtant interdit par l’islam, n’a jamais cessé dans le nord Mali, même pendant que les organisations terroristes avaient entièrement pris le contrôle de cette partie du pays.

    Débarquée sur les côtes ouest-africaines par bateaux ou par les airs (l’avion d’Air Cocaïne qui s’est crash en 2009 près de Gao, au Mali), la drogue remonte au Maghreb (Algérie, Libye, Maroc) en passant par les pays du Sahel (Mali, Niger, Mauritanie). Elle emprunte la porte de Salvador (frontière entre la Libye, le Niger et l’Algérie) pour arriver en Europe. Dans tous ces Etats de passage, les trafiquants disposent de relais au plus haut de l’Etat.

    Il n’est un secret pour personne que Cherif Ould Taher, homme d’affaires visé par une fiche rouge d’Interpol pour trafic de drogue, a ses entrées à la présidence de la Mauritanie où il est reçu à bras ouverts par le président Abdel Aziz. Son homologue nigérien Mahamadou Issoufou n’en a pas fait moins : en 2016, il était présent à Agadez (environ 1000 Km de Niamey) aux obsèques de Chérif Abidine richissime hommes d’affaires surnommé « Chérif cocaïne » en raison de l’origine douteuse de sa fortune.

    Double jeu d’Aziz et Issoufou

    Pourtant considérés comme de « bons élèves » de la lutte contre le terrorisme, ces deux chefs d’Etat font mine d’ignorer les liens entre les narco-trafiquants et les organisations terroristes. En réalité, ils jouent sur deux tableaux : un discours marqué par une tolérance zéro à l’égard des terroristes destiné à la consommation occidentale et une connivence avec des hommes d’affaires ouvertement impliqués dans les trafics de drogues pour bénéficier de leur largesse.

    Avec la manne financière qu’elles ont amassée, les organisations terroristes sécurisent leur approvisionnement en armes et autre équipement militaire de haute gamme achetés, notamment, auprès de trafiquants qui se sont approvisionnés en Libye après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Elles en profitent pour continuer à faire du recrutement grâce au terreau favorable qu’elle trouve au nord Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Tchad.

    Une jeunesse pervertie

    Faute de perspectives proposées par des Etats défaillants, une partie de la jeunesse de ces pays-là se laisse séduire par les sirènes des espèces sonnantes et trébuchantes proposées par les mouvements terroristes. Au nord Mali, la pose d’une bombe artisanale sur le passage des militaires de l’armée régulière, des casques bleus ou des soldats de l’opération française Barkhane est rémunérée 200 dollars par les groupes djihadistes, puis 200 dollars supplémentaires pour chaque personne tuée par l’explosion. Le « trésor de guerre » des organisations terroristes leur sert aussi à monter des opérations loin de leur base au nord Mali avec une chaîne de continuité logistique que ne réussiraient pas les armées régulières des pays concernés. C’est ainsi que le groupe Al Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar a pu frapper la cité balnéaire ivoirienne de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, en mars 2015, faisant 22 morts. La capitale burkinabé Ouagadougou a également été frappée en janvier 2016, en août 2017 et en janvier 2018 par des commandos venus du nord Mali.

    Profitant de la mal gouvernance des Etats et de leurs capacités financières, les groupes terroristes font des offres de service aux populations en matière de sécurité, de justice, d’approvisionnement en produits alimentaires. Sur le fleuve Niger, à la frontière entre le Mali et le Niger, le djihadiste malien Amadou Kouffa, fondateur du Front de libération du Massina (FLM), a organisé en 2017 une opération de transhumance des animaux « mieux réussie » que si cela été fait par les services de l’Etat malien, selon les bénéficiaires.

    Voulue à marche forcée par Emmanuel Macron, la force conjointe du G5 Sahel ne sera pas le remède miracle contre le terrorisme. Les spécialistes de la région et du terrorisme sont unanimes : la réponse militaro-sécuritaire ne suffira pas à endiguer le fléau. Il faut lui ajouter le développement et la bonne gouvernance. Sur ces deux derniers points, les pays concernés sont loin du compte.

    Le développement du terrorisme en Afrique provoque quelques heureux, notamment les marchands d’armes qui se frottent les mains

    Barack Obama l’avait refusé en son temps, mais Donald Trump, son successeur à la tête des Etats-Unis, n’y a trouvé aucun inconvénient : le Nigeria a acheté aux Etats-Unis 12 avions de combats Tucano A-29 pour un montant total de 450 millions de dollars.

    Des avions de combat, pourquoi faire?

    Ces avions d’attaques au sol, dont la livraison est attendue en 2020, devraient officiellement servir à la lutte contre la menace terroriste portée depuis 2002 par le groupe extrémiste Boko Haram. Il n’est nul besoin d’être stratège militaire pour savoir que la lutte contre Boko Haram, ennemi invisible, n’a pas besoin d’avions de combats, ni de chars à chenilles. En fait, comme d’autres pays africains, le Nigeria s’est lancé dans une course aux armements, sous couvert de la menace terroriste.

    Sans avancer de chiffres exacts, le autorités nigériennes affirment que depuis 2016, elles consacrent 15% du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de sécurité afin de faire face à la menace terroriste sur les frontières nord-ouest (groupes djihadistes maliens), sud-est ( la secte nigériane Boko Haram) et nord (La Libye). Le pays a ainsi acheté au Brésil des hélicoptères de combats, sans en dévoiler le montant ni la date de livraison.

    Le Tchad, bon élève

    A ce jeu-là, même des pays, a priori moins nantis, n’hésitent pas à sortir leurs chéquiers, en espérant plaire à la communauté internationale. Au palmarès des dépenses affectées à la sécurité, le Tchad affiche une très nette longueur d’avance par aux autres Etats touchés par le terrorisme. En 2015, le pays avait tiré près de 750 milliards de franc CFA de la vente de son pétrole. A peine deux années plus tard, les caisses de l’Etat sont totalement vides. Par calculs, Idriss Déby a dépensé à tours de bras les deniers publics de son pays, tantôt pour acheter des armes, tantôt pour envoyer des troupes combattre le terrorisme au Mali, au Cameroun, au Niger et même au Nigeria.

    Si elle se fait au détriment des dépenses dans les secteurs sociaux (éducation, santé, bourses d’études) et de développement (agriculture, infrastructures), la course aux armements, sous couvert de la lutte contre le terrorisme, profite d’abord aux entreprises occidentales. Les attachés de défense des pays européens et des Etats-Unis dans les Etats confrontés à la menace terroriste encouragent les gouvernements à acheter chez eux le matériel.

    Les perdants, les gagnants et les dividendes politiques

    Très souvent, leurs conseils sont reçus comme des ordres. Ainsi, des commandes locales de véhicules 4X4 sont passées au groupe CFAO (anciennement société française), des blindés, des transports de troupes, du matériel de transmissions sont commandés à des entreprises françaises telles que Thales, Renault Truck, Nixter alors que les entreprises du bâtiment et travaux publics (BTP) comme SOGEA-SATOM, Colas et Eiffage engrangent des marchés de construction de casernes, de routes et de ponts. Mais les marchands d’armes et les multinationales ne sont pas les seuls à profiter de l’aubaine créée par la lutte contre le terrorisme. Le Malien Ibrahim Boubacar Keita, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le Nigérien Mahamadou Issoufou et le Tchadien Idriss Déby ont tous compris qu’avec leur brevet « de bon élève » de la lutte contre le terrorisme, ils peuvent se permettre de bafouer les droits de l’homme, d’attenter à la liberté de la presse, de museler leur opposition et procéder à des réformes constitutionnelles sans que la communauté internationale trouve à redire.

    Par un simple vote de députés d’un parlement largement dominé par le Mouvement patriotique du Salut (MPS, au pouvoir), Déby a pu faire passer, sans aucune réaction hostile de la communauté internationale, une réforme constitutionnelle qui lui permet de représenter en 2021, après avoir déjà accompli cinq mandats à la tête du Tchad. La nouvelle Constitution tchadienne supprime le poste de Premier ministre et la Cour constitutionnelle, tout en portant la durée du mandat parlementaire de cinq ans actuellement à six ans.

    Le silence international

    Au Niger, voisin du Tchad, des figures emblématiques de la société civile (Moussa Tchangai, Ali Idrissa et Nouhou Arzika) ont été jetées en prison pendant près de 4 mois pour certains alors que d’autres croupissent encore dans les geôles. Là aussi sans que la communauté internationale lève le petit doigt. Le Mauritanien Aziz aura fait pire : aux Nations unies qui lui demandaient de libérer le sénateur Mohamed Ould Ghadde, détenu arbitrairement depuis plusieurs mois, le président mauritanien a déclaré sans ambages qu’il n’a que « foutre » de l’avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

    Déby, Issoufou, Aziz comme IBK perçoivent leur statut « de bon élève » et « fidèle allié » de la lutte le terrorisme comme un feu vert pour tout se permettre dans leur pays, y compris la mauvaise gouvernance et les violations des libertés individuelles et politiques.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Il me semble que l'article essaye de déculpabiliser les Etats néocolonialistes occidentaux et les sionistes qui agissent en sous-main à travers les régimes africains qu'ils ont mis en place ou ont soutenu. Qui démentira que rien n'échappe à l'Occident et à ses services secrets ?? Cet Occident (sioniste et capitaliste) met en avant des régimes corrompus et des groupes dits "islamistes" manipulés ou non mais qui sont "tolérés" d'une façon ou d'une autre par cet Occident hypocrite et versatile.
    Donc,à mon avis,il faut se méfier de ce genre d'articles (peut être commandés) par les services de l'impérialisme occidental qui détruit à petit feu et sournoisement l'Afrique (et aussi les autres continents) !!
    De loin ou de prés, cet Occident traître manœuvre gouvernements et groupes armés à sa solde pour nous faire croire que ce n'est pas lui qui est derrière !!!

    Il est innocent, c'est la faute aux Etats africains !! Voilà le message qu'il veut nous transmettre !!

    Il créé la pagaille pour mieux se servir !!

    Remarquez le nom de l'auteur : Francis Sahel, bizarre,non ?
    Dernière modification par Elghifari, 11 août 2018, 19h48.

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