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Un quantitative easing pour quel qualitative easing?

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  • Un quantitative easing pour quel qualitative easing?

    L’histoire économique, comme pour d’autres disciplines historiques, est d’un précieux enseignement pour tenter d’identifier les vertus et défaillances des systèmes économiques et de comprendre les différents mécanismes qui peuvent permettre de juguler et surmonter les effets des crises cycliques qui peuvent s’en dégager.

    La théorie keynésienne est un exemple remarquable d’une refonte des paradigmes économiques partagés en leur temps sur une nouvelle théorie économique qui s’est nourrie de la crise de 1929 et des erreurs de jugements qui ont produit des actions aggravantes dont les conséquences ont été terribles pour l’humanité, produisant famines, guerres et massacres.

    Une discipline qui tisse des ponts divers avec d’autres sciences, notamment les sciences politiques et sociologiques de part la nécessité de penser les mécanismes sociaux, les environnements réglementaires et organisationnels, et les ressources matérielles et immatérielles qu’il est possible de mobiliser et déployer à travers divers instruments exigeant une diversité de compétences et des connaissances des agents économiques, devant répondre à une rationalité sous l’impulsion des dynamiques sociales et leurs aspirations à la promotion.

    Méfiance endémique à l’égard du commerce international


    L’histoire économique algérienne d’une lointaine tradition agricole puis commerciale n’a pu ou su s’arrimer à la révolution industrielle qui se déroulait en Europe au 18 et 19 siècles pour différentes raisons politiques. Une économie tournée sur la taxation de l’activité pour des besoins impériaux a relégué l’ambition collective d’une croissance autocentrée autours d’un état « rationalisateur » au second plan à l’époque ottomane.

    La présence française n’a pas fondamentalement changé cette réalité mais accentué l’expropriation et modernisé les outils de production pour de meilleures productivités agricoles, versant ses subsides à l’empire et à une faible population de privilégiés, essentiellement européenne, même si certains d’entre eux étaient embarqués dans le système colonial et n’en percevaient qu’une part bien réduite de subsides, reléguant la grande majorité des algériens à une pauvreté insupportable.

    L’État algérien en construction après l‘indépendance s’est inscrit tant dans la décolonisation de son système économique que par la réappropriation de son rôle central de « rationalisateur », de planificateur, voir même d’agent économique principal devant nationaliser les résidus du système colonial, en terres agricoles et ressources naturelles.

    L’industrialisation à marche forcée qui s’en est suivie devait rattraper des siècles de retard, et installer les bases d’une plus grande diversification économique à travers l’installation d’une industrie lourde permettant de produire les entrants pour des industries légères futures.

    Un modèle suivi par plusieurs pays en voie d’industrialisation, mais probablement plus imprégné par des considérations politiques, d’indépendance nationale sur son destin économique sous des objectifs d’intégration nationale maximale de la production que par la viabilité du modèle économique dans un environnement d’échange des facteurs de production pour en garantir la plus adaptée création de valeur.

    Cette méfiance endémique envers le commerce international, historiquement imprégnée par l’expansion coloniale, puis néocoloniale est perçue comme opposée à toute velléité d’émancipation économique.

    Elle engage des liens, des dépendances qui contrastent avec l’esprit même d’indépendance brocardé comme la suprême vertu, issue de cette formidable révolution nationale devant prôner l’indépendance dans tous les domaines de la vie nationale.



    Une mystification vivace


    Une mystification encore très vivace 55 ans après l’indépendance, qui exige des algériens ce parachèvement subliminal, nostalgique d’une période d’espoirs dans les années qui ont suivi l’indépendance, dont les excès se sont transformés en désespoirs, accentués par des questionnements réels sur les modèles de gouvernances, les modèles de développement, les modèles de société.

    Des nostalgies qui oublient que la nationalisation des ressources naturelles, qui rentre bien justement dans cette marche vers le parachèvement national, n’a été conçue qu’à 51%, prenant toute la mesure de l’apport des partenaires internationaux dans la valorisation de cette ressource nationale.

    Il s’avère justifié sur un secteur stratégique, où les potentialités nationales permettent une répartition de la valeur ajoutée adaptée, malgré des difficultés conjoncturelles à attirer les partenaires sur des rentabilités jugées faibles. Il peut s’avérer inappropriée dans d’autres secteurs, où la part de l’apport national, devrait mieux s’inscrire dans la chaîne de valeurs mondiale, bénéficiant des avantages comparatifs qui justifie une progressive plus grande localisation de la valeur ajoutée nationale et l’implantation d’écosystèmes permettant à d’autres secteurs de plus grandes synergies et apport national.

    La pérennité des investissements est un éternel sujet de questionnement économique qui voient des industries se transformer, des services s’adapter, et des emplois se créer, se détruire pour s’adapter aux nouvelles exigences et compétences et à des marchés nationaux, régionaux et internationaux en constante mutation.

    Cette marche du monde est souvent vue avec méfiance, puisque assimilée à une financiarisation extrême de l’économie. Où la recherche du profit peut justifier des transferts de capitaux d’une entreprise à une autre, d’un secteur à un autre, d’un pays à un autre. La performance économique est vue comme un moyen de dégager plus de profits, toujours aussi mal répartis entre le capital et le travail.

    Ceci engendre bel et bien des secousses sociales et autant de dégâts tout aussi délicats à juguler que ne sont armés les collectivités et états pour résister aux excès de ce type de capitalisme. Ces risques réels engendrent un rejet d’un système économique qui exploite les ressources présentes, les épuise à la recherche perpétuelle de nouveaux gisements de croissance.

    Ceci ne devrait pas nous empêcher de juguler ces risques par des dispositifs adaptés, des gardes fous de divers types, qu’il est possible de déployer tant en terme réglementaire qu’en terme économique qui permettent le réinvestissement de la valeur ajoutée, faisant de ses propres avantages comparatifs des atouts dynamiques pour une grandissante attractivité économique, et une judicieuse participation nationale, selon les objectifs de marché nationaux, régionaux ou internationaux.

    L’Algérie est un grand pays qui a les moyens d’une certaine intégration nationale, pouvant tirer profit de certaines ressources et son marché offrant des débouchées nationales ou régionales à une production localisée comme stabilisateur face à des marchés internationaux parfois fluctuants.

    Un environnement économique qui est accompagné par une demande publique forte, une classe moyenne à consolider et un investissement continu dans l’éducation est autant de gage d’avenir et de perspective de croissance.

    Cette solidité structurelle doublée d’un faible endettement peut permettre d’engager de nouveaux modèles économiques qui ne doivent plus faire de l’État l’acteur central économique, mais l’animateur et le régulateur d’une économie pouvant exploiter plusieurs moteurs de croissance.

    Les facteurs de risque macro-économiques endogènes et exogènes ainsi diversifiés peuvent permettre des adaptations graduelles des politiques publiques qu’une structure macro-économique exagérément corrélée à quelques ressources naturelles à forte volatilité exogène contraint à des ajustements brutaux.


    Une gouvernance aveuglée par des indicateurs éphémères


    Au lieu de constituer un facteur stabilisateur, par une utilisation raisonnée de cette ressource garantissant un certain niveau de commande publique, et une politique monétaire et de change stabilisée par une monétisation raisonnée de la ressource naturelle, l’asservissement de l’économie nationale à cette unique source de financement a exactement généré l’effet inverse, puisque dépourvus d’amortisseurs et d’outils contra-cycliques qui peuvent rassurer les potentiels partenaires sur la viabilité à long terme du modèle de croissance.

    Pire, les contrecoups des changements de caps d’une gouvernance aveuglée par des indicateurs éphémères qui n’a pas pris la juste mesure des forces et des fragilités de l’économie nationale. Aveuglée également par un souverainisme exacerbé qui peut brider le développement national, et qui, paradoxalement, augmente la dépendance vis-à-vis des marchés internationaux par une dépendance accrue à une mono-ressource au lieu de diversifier les partenaires internationaux, les gisement de croissance et les possibilités de développement futures.

    Des postulats qui ont épuisé les ressources appréciables disponibles et qui recourent aujourd’hui à l’endettement dit non conventionnel, laissant aux générations futures un tissu économique problématique et difficile à redresser et une dette grandissante.

    Ils claironnent comme une trouvaille ingénieuse le financement non-conventionnel, considéré comme la solution à une crise de modèle économique, mais oublient de dire, que le quantitatIve easing est un ensemble de mesures destinées à fluidifier des mécanismes financiers qui se grippent suite à une crise de confiance et de liquidité.

    Quand les mécanismes de financement de l’économie sont balbutiants, il ne s’agit plus d’arborer le quantitative easing comme la panacée contre le financement public dispendieux devenu rare, mais de penser le Qualitative Easing, comme moyen de permettre un système de financement de l’économie sur de véritables ressorts de croissance, capables de capter et sécuriser l’épargne, et d’irriguer les circuits économiques par une sélection minutieuse des projets les plus viables économiquement dans un environnement qui stimule la productivité et la performance économique.

    Au lieu de favoriser une allocation vertueuse des ressources bancaires, on continue par des dispositifs de subventions larges et indiscernés, d’une fiscalité parfois trop généreuse et injustement répartie d’allouer les ressources disponibles sur une forte concentration sectorielle d’investissements, évinçant d’autres secteurs non favorisés par des politiques publiques restrictives.

    Les risques inflationnistes qui peuvent en résulter sont réels et nécessitent une utilisation pondérée de ces dispositifs, et une maîtrise redoublée des autorités monétaires qui peuvent cibler une inflation, comme le décrit remarquablement le prix Nobel d’économie Paul Krugman, permettant une meilleure fluidification économique par une meilleure allocation des ressources, une mobilisation accrue de l’épargne, pouvant permettre un meilleur rééquilibrage budgétaire et une plus grande rétribution des moteurs de la croissance.


    Choc pétrolier de 1986, erreurs et conséquences


    Les erreurs commises suite au choc pétrolier de 1986 ont engendré une cascade de conséquences désastreuses pour le pays par de mauvaises décisions économiques.

    Les leçons keynésiennes récusant des politiques d’austérité sévères peuvent permettre des ajustements graduels de la dépense publique sans gripper les moteurs de la croissance, et justifier des modes de financement non conventionnels de l’économie. Mais elles ne peuvent faire l’économie d’une remise en cause profonde du modèle de croissance qui peine à se dessiner sur une stratégie intelligible et partagée.

    Il est toujours difficile en des périodes de crises de prétendre d’un coup de baguette magique régler les problèmes qui se sont accumulés et enchevêtrés depuis des années, pour ne pas dire des décennies. Tout homme politique, expert économique ou autre acteur qui prétend détenir seul la clef du futur miracle algérien est ou un doux rêveur, un imposteur, ou un bonimenteur.

    La crise que vit l’Algérie, pour paraphraser un ancien président dans un discours à l’aube de tremblements majeurs, fait partie de la vie des nations qui ont besoin dans ces moments d’apprendre de leurs erreurs, de redéfinir des caps, de mobiliser les meilleures ressources et d’opérer des réformes graduelles et adaptées avec une vision lucide des priorités et des possibilités.

    La politique étant l’art du possible, ne doit-on pas s’atteler à définir des objectifs politiques et économiques réalistes avec une concertation la plus large possible, permettant ensuite à une équipe de réformateurs chevronnés de mettre en place les réformes nécessaires, parfois douloureuses, mais qui peuvent dans un délai de 5 à 10 ans inscrire l’Algérie dans sa propre modernité économique et celle de son environnement régional et international, par une bien meilleure allocation de ses ressources matérielles et immatérielles.
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Quelles reformes économiques exactement?
    Visiblement, l'Etat algérien veut se retirer du secteur économique et le laisser aux privés. Meme le secteur de la santé apparemment va etre privatisé. L'enseignement suivra.

    Je pense que l'Etat a essayé de diversifier l'economie et a mis en place plusieurs politiques pour encourager les investisseurs locaux. Mais ca n'a pas éte bien encadre et les resultats ne sont pas du tout a la hauteur des fonds publics mobilisés.

    Commentaire


    • #3
      Hello Vanilla,

      Il n'y a pas de réponse immediate à ton interrogation qui est le cœur même de la politique : quel est le bon modèle de développement. Il est aujourd'hui admis que la réponse par l'investissement publique dans les outils de production n'est pas une réponse qui permette un développement soutenable, même s'il reste encore en Algérie des nostalgiques du socialisme scientifique qui considèrent juste que ça n'a pas marché car les algériens n'étaient pas au niveau du socialisme... Quels sont les instruments des pouvoirs publique pour insuffler le meilleur développement national, c'est un débat éternel qu'il s'agit à nous tous d'alimenter et de faire converger...

      Une petite contribution plus bas...
      Othmane BENZAGHOU

      Commentaire


      • #4
        Envoyé par Vanilla
        l'Etat algérien veut se retirer du secteur économique et le laisser aux privés

        C'est déjà le souk il est déjà parti a laissé le pays aux bons soins du privé qui fait ce qu'il veut achète et vend et élève le poulet comme il veut
        Crois moi, l'algérien lorsque tu lui dis fait, tu es libre, il intègre les trottoirs dans sa maison il mange dors et vend des khimar pour cacher tout

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        • #5
          Les nationalismes mal conjugués économiquement peuvent-ils être un frein au développement national ?

          Les nationalismes mal conjugués économiquement peuvent-ils être un frein au développement national ?


          Publié par Othmane Benzaghou dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 09 - 2017


          La nation, ce cheminement historique de liens entre le peuple et son Etat est une subtile construction politique que chaque parcours historique a su mettre en marche en partant de son propre contexte socio-politique afin d'assurer divers objectifs jugés fondamentaux, d'émancipation, de justice et de sécurité, de développement et de bien-être qui fonde la puissance publique, en l'occurrence ce que le peuple souhaite déléguer à son émanation collective, l'Etat, comme principes, défis et instruments.
          L'action des pouvoirs publics, un éternel sujet de réflexion et de construction, a été en Algérie une formidable ambition à l'aube de l'indépendance qui a octroyé à un Etat en construction des pouvoirs, des défis et des instruments incommensurables justifiés par une immense ambition collective issue de l'extraordinaire révolution et ses principes fondateurs généreux qui a consacré l'indépendance du pays.
          De grands espoirs qui ont parfois péché par manque de réalisme socio-politique, par une jeune génération de leaders émanant des entrailles du système colonial et arrachant après 5 ou 6 générations l'émancipation tant espérée. Une jeune génération formée par leurs aînés à la résistance et marquée par le système colonial, mais aussi par les luttes politiques avant et pendant la révolution qui a diffusé chez certains cette obsession d'unité des rangs, d'ordre par tous les moyens sous le vocable «Ennidham», poussé à son paroxysme pour exiger l'unité du peuple, puis l'unité de la pensée et, enfin, une discipline quasi-militaire sur une société politique censée encadrer par le parti la population et non pas en être les relais politiques structurés des pensées majoritaires, censées incarner et émuler la diversité des modèles de développement. Certes, les défis étaient majeurs et la réalité socio-politique laminée par les affres du colonialisme et de la violente guerre d'indépendance. Cette jeune génération arrivée au pouvoir à 30 ans, insuffisamment formée aux défis du développement, à la bonne gouvernance comme processus de construction de consensus politiques fondés sur une représentation réelle des différents projets de société et modèles de développement et qui peine 50 ans après à accepter cette aspérité, le débat fécond qui peut en émaner, et le contrat politique qui peut s'en dégager, cantonnant la représentation politique à son appareil le plus simple.

          Modèles de développement

          Les modèles de développement tentent d'identifier quelle serait l'allocation la plus efficace de la dépense et de l'investissement, publique ou privée. Quand elles sont privées, elles puisent et mobilisent les ressources disponibles pour offrir des biens et services, garantir une croissance et maximiser ses profits. Quand elles sont publiques, elles extraient les ressources disponibles pour favoriser une politique de développement stratégique qui réponde aux principes et défis collectifs issus du contrat politique. Un contrat qui permet d'identifier les modalités de redistribution et de dessiner la stratégie de développement national en allouant les ressources disponibles tout en garantissant la disponibilité des ressources futures. C'est ainsi, sous l'angle de la pérennité et du développement de la richesse nationale, que le débat politique tire en partie sa légitimité et permet de proposer différents modèles d'allocation des ressources qui garantissent le meilleur rapport entre bien-être collectif et croissance.
          C'est ainsi que le débat sur le modèle de croissance économique constitue l'alpha et l'oméga des politiques publiques de développement et devraient mobiliser l'ensemble des partenaires politiques, acteurs et experts économiques et sociaux et plus globalement le citoyen intéressé de la chose publique afin de proposer les meilleures voies d'assurer un modèle de croissance économique, la redistribution qu'il est nécessaire d'en tirer afin de garantir des cycles de croissance longs permettant de réduire les fractures sociales et d'en favoriser le bien-être. Il est le cœur des grandes théories économiques et des recherches économétriques et sociales permettant d'en mesurer la performance économique, d'en identifier ses leviers dans la société et ses effets en terme de bien-être social sous l'impulsion des politiques publiques. Loin d'être cantonné à un débat d'experts économiques et scientifiques ou de chapelles idéologiques, il engage l'ensemble de la société et ses forces vives dans le choix d'une société qui garantisse un équilibre subtil entre les impératifs de la performance économique, les dynamiques sociales et leurs aspirations à la promotion, la justice et le bien-être, et les réelles capacités et possibilités économiques qui peuvent se dégager d'un contexte national et international.
          L'Algérie a pris un tout autre chemin depuis l'indépendance, puisque cette recherche de la performance économique a été reléguée en second lieu. Le souverainisme exacerbé avait bridé les modèles économiques d'entreprise et la valeur ajoutée était hypothéquée par une vision remarquable du capital à engager et à dégager, proscrit jusqu'au fonds de roulement dans le socialisme scientifique où les moyens de production étaient du ressort public, y compris le financement assuré par des banques savamment segmentées par marchés et clients publics. La performance économique était non contrainte et non rétribuée, du fait d'un Etat producteur de biens dans presque l'ensemble des secteurs industriels et agricoles sous environnement monopolistique, étouffant les rares entreprises privées algériennes, générant une offre dans un marché fermé où la demande était sommée de se conformer à cette offre nationale.
          L'exemple algérien est marqué à l'aube de l'indépendance par des ressources humaines rares et diversement formées aux défis du développement, à la maîtrise des sciences et des technologies, et notamment à celles économiques et de gestion, politiquement très polarisées. Des ressources naturelles considérées abondantes, progressivement monétisées et garantissant l'investissement majoritairement public devant permettre la création de richesse et donc les futures ressources nationales. Force est de constater que cette allocation est loin d'avoir été optimum, d'avoir remplis ses objectifs, non seulement en terme de croissance et de disponibilité des ressources à venir. Pire, elle a continué à absorber des ressources à perte loin de permettre la constitution d'un tissu et des pratiques économiques efficaces et productifs, et loin de favoriser le travail et l'initiative.
          L'investissement humain a été énorme en terme d'éducation et de santé, et le bien-être des Algériens a globalement progressé par une politique sociale favorable sans une contrepartie en travail qui devrait en être le fruit. Néanmoins, l'Algérie, ayant vécu des secousses sociales marquantes depuis le colonialisme, a subi d'autres secousses qui ont réduit et dispersé le potentiel humain et qui font aujourd'hui le bonheur d'autres contrées. La faible croissance économique n'a pas permis une offre d'emploi suffisante et de qualité pour compléter l'effort important qui a été consenti à l'aube de l'indépendance dans l'éducation. Le socialisme scientifique, puis un environnement économique difficile, n'a pas suffisamment encouragé les initiatives et la création d'entreprises, restées à un niveau très bas en Algérie en rapport à des économies comparables.

          Mobilisation des ressources

          La mobilisation des ressources internes, à travers divers mécanismes de financement, conventionnels ou non conventionnels, nécessite des réformes économiques profondes qui puissent fluidifier l'acte d'investir, la prise de risque, les pratiques économiques sous l'arbitrage d'un Etat régulateur et non plus administrateur, et d'un Etat de droit permettant le respect d'une juridiction économique transparente et stable sans lesquels on perpétue la loi du plus fort, les prébendes économiques et autres clientèles politiques constituant autant d'entraves à la croissance, de barrières à l'entrée, de distorsions à la concurrence et d'inefficacité économique. Les investissements ont été jusqu'à présent majoritairement publics, financés par la fiscalité des ressources naturelles, fiscalités de l'activité économique publique, générant une relation particulière de l'Etat et des agents économiques bien différente que quand les ressources d'un Etat sont tirées majoritairement de l'activité économique et sa plus-value, issue du secteur public ou privé.
          La mobilisation des ressources humaines subit les contrecoups d'un environnement des affaires difficile, malgré un effort important de l'Etat envers les toutes jeunes générations, offrant des modalités de financement des TPE extrêmement avantageuses. Elle n'est pas suffisamment accompagnée et ne tire pas avantage du formidable gisement humain dans la diaspora qui, pour certains, hésite à une prise de risque maximale dans un environnement économique biaisé et fermé, ou ne trouve pas une employabilité nationale ou internationale qui réponde à leurs attentes et potentiels.

          ./..
          Othmane BENZAGHOU

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          • #6
            Le marché

            Le marché et sa croissance est souvent considéré dans les économies matures sous l'angle d'une politique de l'offre ou de la demande. Il justifie dans le débat politique des positionnements gauche/droite qui tire ses politiques chacun plutôt sur l'un ou l'autre des leviers. Ce débat est-il adapté aux économies ouvertes d'aujourd'hui et constitue-t-il la ligne de démarcation des modèles de développement des marchés émergents ? Pas totalement. Malgré des potentiels de marché importants dans les pays émergents, largement sous-équipés et parfois dans une pauvreté grave, les défis économiques de ces économies se situe majoritairement dans les moyens de développer une offre qui puisse permettre de tirer profit des avantages comparatifs et pouvoir s'intégrer sur les marchés internationaux. Une ambition qui devrait s'asseoir sur des acteurs nationaux ou régionaux qui favorisent la plus grande allocation de valeur ajoutée nationale, mais peut aussi s'asseoir sur des champions internationaux sur des produits à forte composante en innovation et à marchés difficiles afin de construire des écosystèmes qui puissent favoriser ces filières et s'adapter aux besoins d'autres filières considérées prioritaires dans la stratégie de développement national. La valeur ajoutée nationale devrait permettre une stabilité macro-économique si ces avantages comparatifs ne sont pas mobilisateurs de ressources considérées rares par divers biais et subventions.

            L'Algérie, au sortir du colonialisme, a vécu une transition douloureuse d'un marché largement imprégné des réalités coloniales, où la majorité des Algériens vivait une pauvreté terrible. La construction d'une offre alternative dans les années qui ont suivi, par un volontarisme industriel et un monopole du commerce extérieur avait sommé un marché national naissant à se conformer à l'offre disponible. Il a été inondé par la suite, au début des années 80, de produits finis distribués par des acteurs publics qui se sont mués, à la fin des années 80, avec la fin du monopole du commerce extérieur, en plusieurs types d'acteurs commerciaux privés qui ont inondé le marché d'une demande grandissante de produits finis sans que cette activité ne soit toujours juxtaposée d'une localisation des moyens de production dans un environnement économique et administratif peu propice à une industrialisation et une progressive montée dans la chaîne de valeur.

            Comment pourrait-il en être autrement si l'activité commerciale, peu capitalistique, permet dans un environnement quasi-oligopolistique, peu concurrentiel, de dégager des marges importantes. Pourquoi s'aventurer dans des secteurs économiques plus complexes nécessitant plus de capitaux, des technologies plus sophistiquées et des techno-structures et compétences plus élaborées, engendrant ainsi un risque plus grand sans en garantir le modèle économique. Le rôle des pouvoirs publics est ainsi de favoriser une localisation de la production dans certaines filières jugées prioritaires, jugulant le rapport risque/rentabilité, permettant à des entrepreneurs qui souhaitent répondre à une demande d'une taille suffisante d'en justifier le modèle économique et en faire progressivement des filière d'excellence afin d'espérer à terme placer le bon produit sur les bons marchés internationaux. Un temps long qui peut être raccourci selon les produits, la maîtrise de technologie, les avantages comparatifs à la production, ou par des acquisitions et autres partenariats commerciaux et technologiques qui permettent de tirer un maximum des avantages comparatifs d'une localisation nationale de la production et de suivre continuellement l'évolution rapide des marchés et des besoins, des technologies et de la productivité, sans quoi les modèles économiques jugés rentables aujourd'hui ne pourront espérer l'être demain.


            Intégration à la chaîne de valeur mondiale

            On ne peut ainsi exiger une intégration locale maximale de la production sans prendre en compte ces différents aspects de la compétitivité. On ne peut ensuite établir un modèle de croissance sur la seule substitution aux importations sans considérer la viabilité des filières de production et la valeur ajoutée qu'il est intéressant de localiser. C'est donc dans son intégration au monde que l'Algérie peut construire une offre nationale qui puisse progressivement placer des produits sur les marchés internationaux. Selon les secteurs et les produits, dont certains peuvent être considérés stratégiques. On peut tout aussi attirer des partenaires avec une répartition de la valeur ajoutée et donc du capital qui soit en adéquation avec la stratégie nationale et les filières prioritaires de développement issues des avantages comparatifs offerts par le pays et la taille du marché national. Certaines industries peuvent engager une participation majoritaire du partenaire étranger pouvant permettre le développement d'écosystèmes et de savoir-faire utiles au développement d'autres filières, et permettre une meilleure intégration internationale sur des marchés régionaux ou mondiaux. D'autres filières ne justifient pas une plus grande participation du partenaire étranger et peuvent se limiter à un partenariat technologique ou commercial pouvant tirer de plus grandes synergies des avantages comparatifs apportées par les uns et les autres.

            C'est ainsi, sous l'angle de la taille et des filières prioritaires, que la protection du marché national peut s'avérer souhaitable, non à travers des règles protectionnistes exagérées quand on souhaite d'autre part accéder soi-même aux autres marchés. La localisation progressive de la valeur ajoutée peut s'exercer à travers des habitudes de consommation et une conscience économique sur lesquelles le nationalisme économique peut largement s'épancher au lieu de s'exercer sur des outils contre-productifs en terme de croissance et l'emploi national. On ne peut d'autre part considérer que son marché local influencé par l'évolution mondiale des habitudes de consommation en soit détaché, ou qu'il pourra toujours justifier une certaine localisation de la production. C'est donc sous l'angle de l'intégration de notre économie dans les échanges internationaux qu'il faudrait envisager sa stratégie de développement et certainement pas dans son cloisonnement sous les auspices du slogan politique de la souveraineté économique qui peut faire mouche car titillant la fibre nationaliste des Algériens, reflétant parfois une répartition minutieuse et savante des oligopoles et des revenus tirés du marché national.

            On a vu la mise en place de règles draconiennes régissant les investissements, qui ne semblent pas avoir pensé l'économie nationale dans son intégration aux échanges internationaux, obnubilés par une période d'abondance de ressources financières et des exemples loin d'être comparables en terme de marchés, de besoins, et d'avantages comparatifs, sous le prétexte d'une crise de la mondialisation et de la résurgence des protectionnismes. Une vision court-termiste et étriquée des ressources nationales justifiée par ce qui a été catégorisé ressources rares. Des ressources qui se gèrent naturellement sous les bons modèles économiques et peuvent devenir de formidables atouts comparatifs permettant à l'économie nationale une progressive localisation de la valeur ajoutée et son intégration à la chaîne de valeur mondiale.

            Un débat le plus large possible est nécessaire sur les tenants et aboutissants des choix de développement et de sa gouvernance dans une conjoncture historique aussi particulière que celle que vit l'Algérie actuellement, tant que les ressources permettent des marges de manœuvre vertueuses.
            Othmane BENZAGHOU

            Commentaire


            • #7
              70% du grain pétrole va aux sociétés étrangères
              et les algériens leur courent après pour venir faire ce gain sinon eux même ils n'auront pas les 30 %
              50 ans d'indépendance pour arriver à cette maitrise et à cette planification
              50 ans que les torches de gaz brulent sans qu'aucun algérien n'aie trouvé de solution technique d'utiliser l'énergie qui en résulte pour faire quelque chose
              c'est juste incroyable

              Commentaire


              • #8
                du verbiage

                Commentaire


                • #9
                  Une lecture fulgurante, en 9 minutes max... A défaut, du syllabiage... voyons ce que notre professeur émérite pour produire au delà d'un PH si caractéristique... oeilfermé
                  Dernière modification par ott, 27 août 2018, 19h16.
                  Othmane BENZAGHOU

                  Commentaire


                  • #10
                    Quelles reformes économiques exactement?
                    .
                    Développer encore l économie patriotique ,

                    la continuité la continuité de 51/49 et la LCF /2009 , mais il faut des hommes capable et intègre pour gérer..
                    A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

                    Commentaire


                    • #11
                      La guerre du patriotisme économique

                      *l’arrêt des importations “sauvages”.,

                      la France n est pas contente , elle cherche par les intermédiaire-charognards en Algérie pour casser cette loi ..
                      Les espagnols , les allemands , les ricains , les italiens , les chinois
                      tous ces pays sont pour 51/ 49 , c est pour ça , il y a des investissements ces pays en Algérie .
                      Peut-on accuser le gouvernement Ouyahia d’être antipatriote ? Ce palier a été franchi par les opérateurs économiques, algériens et étrangers, qui dénoncent la LFC 2009.
                      Pour eux, elle va enterrer l’économie algérienne. Mais ont-ils raison de mettre le débat sur le plan du patriotisme économique ?

                      Le ministre du Travail, Tayeb Louh, a résumé le début de ce “protectionnisme” par le fait que l’argent de l’importation profitait à l’emploi à l’étranger et pas à la jeunesse algérienne.

                      On vend des voitures en Algérie et on crée des emplois à l’étranger”, dira-t-il devant les travailleurs de la SNVI.
                      Pas faux. Mais il sait que le débat n’est pas clos et que la tripartite avec les principaux concernés, les patrons, va permettre d’en débattre, sans plus : “Les termes de la LFC 2009 sont clairs et aucune mesure ne sera revue ou annulée.

                      La sentence est dite, alors pourquoi en débattre ...
                      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                      • #12
                        Hello Houari,

                        La règle des 51/49 a du sens sur des secteurs stratégiques. Pour le reste, elle est un frein au développement, car notre marché, relativement réduit ne peut permettre seul de favoriser des champions, malgré toutes les couveuses que le protectionnisme peut permettre un temps déterminé...

                        La Chine a une réalité économique et un marché bien différent...
                        Othmane BENZAGHOU

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                        • #13
                          Sur le sujet que tu abordes des 51/49...

                          http://www.algerie-dz.com/forums/sho...d.php?t=428097
                          Othmane BENZAGHOU

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                          • #14
                            La guerre du patriotisme économique ,
                            *l’arrêt des importations “sauvages”.,
                            la mondialisation va tuer les pays en voie de développement
                            A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                            • #15
                              La construction d'une économie par un modèle de substitution des importations est un bon départ, mais ne permettra jamais d'atteindre une suffisante vitesse de croisière car il faut une taille critique pour peser. Même dans le discours officiel, on parle d'exportation et donc d'échange avec l'extérieur, pourquoi donc voudrais tu que l'extérieur accepte ta marchandise, si tu refuses par idéologie la marchandise des autres... Avec ce genre de modèle, on continuera a exporter les matières premières, à l'image des économies coloniales, et avec un peu de chance, quelques bricoles...
                              Othmane BENZAGHOU

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