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Algérie : la série de limogeages touche de nouveau l’armée

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  • Algérie : la série de limogeages touche de nouveau l’armée

    Le général major Abderrazak Cherif, chef de la 4e région militaire, et Ahcène Tafer, le commandant des forces terrestres, ont été démis de leurs fonctions le 27 août. Une série de limogeages qui ouvre la voie à des spéculations quant aux rôles respectifs du chef de l’État et de son vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah.

    Nouvelles mises à l’écart au sein de l’institution militaire. Le général major Abderrazak Cherif, chef de la 4e région militaire, a été relevé de ses fonctions et admis à la retraite. Citant la présidence de la République, la chaîne privée Ennahar TV indique le 27 août que Abderrazak Cherif a été remplacé par son adjoint Hassan Alaïmia. Commandant des forces terrestres depuis août 2004, le général major Ahcène Tafer a également été remplacé à son poste par le général major Saïd Chengriha, qui occupait le poste de commandant de la 3e région militaire également depuis 2004.

    Ni la présidence de la République ni le ministère de la Défense n’ont officialisé ou démenti les informations de la chaîne privée devenue le canal semi-officiel de l’institution présidentielle pour annoncer des changements dans les structures de l’armée.

    Ces nouvelles valses interviennent après d’importants limogeages et nominations qui ont touché des chefs de régions militaires et d’autres responsables des services de sécurité.

    La Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), chargée de la protection du personnel et des infrastructures de l’armée, n’a pas échappé à ces valses. À la tête de cette structure depuis l’été 2013, le général major Mohamed Tirèche, dit « Lakhdar », a été évincé. Contrôleur général de l’armée, le général Boumediene Benattou a lui aussi été remercié et remplacé par l’ancien directeur central de l’intendance, le général major Hadji Zerhouni.

    La farandole des mises à l’écart ne devrait pas en rester là. Des changements touchant d’autres structures de l’armée et des services de sécurité pourraient intervenir dans les prochains jours.

    En juin dernier, le général Abdelghani Hamel qui dirigeait la police nationale depuis juillet 2010 a été brutalement démis de ses fonctions. Considéré comme un potentiel successeur du président algérien et réputé proche de son entourage, Hamel a payé pour le scandale du trafic de 701 kilos cocaïne qui a éclaboussé de nombreux fonctionnaires, des magistrats, deux hauts gradés de l’armée ainsi que le « chauffeur personnel » du général Hamel. Du côté de la gendarmerie nationale, également, le directeur a été démis de ses fonctions. Le général Menad Nouba a cédé sa place à Ghali Belkecir, réputé ennemi farouche de Abdelghani Hamel.

    Une communication qui interroge
    Rien ne permet d’établir des liens directs ou indirects entre ce scandale de la cocaïne et ces nombreux changements opérés à la tête des régions militaires et autres structures de la Grande Muette.

    Ce n’est pas la première fois que des changements importants affectent l’institution militaire. En février 2000 comme en août 2004, le président Bouteflika a opéré de vastes remaniements dans les commandements militaires, notamment avec la nomination d’Ahmed Gaïd Salah en août 2004 comme chef d’état-major de l’armée. À l’époque, la présidence avait officiellement communiqué via l’agence officielle APS et des décrets avaient été publiés dans le journal officiel.

    Aujourd’hui, ces mises à l’écart interviennent à dose homéopathique et ne bénéficient pas d’une communication officielle de la part de la présidence de la République dont le siège était de facto transféré du Palais d’El Mouradia, sur les hauteurs d’Alger, vers la résidence de Zéralda, sur le littoral ouest de la capitale, où le chef de l’État vit et travaille depuis son AVC de 2013.

    Gaïd Salah, l’homme fort ?
    Cette absence de communication présidentielle ouvre la voie à des spéculations autour des rôles respectifs du chef de l’État et de son vice-ministre de la Défense. L’effacement de Bouteflika sur la scène politique – sa dernière apparition publique remonte au 5 juillet et la dernière audience accordée remonte à début avril – peut laisser penser que la gestion des carrières de hauts gradés de l’armée a été déléguée à Gaïd Salah, qui apparaît de plus en plus comme l’homme fort du régime algérien. Le vice-ministre de la Défense multiplie les sorties publiques sur le terrain et dans les médias. Son activisme est inversement proportionnel au retrait de Bouteflika.

    Mais la nature opaque du système algérien impose la prudence, tant il est difficile de décrypter les décisions qui touchent des postes de hautes responsabilités. Durant ses quatre précédents mandats, le président Bouteflika a aussi démontré qu’il n’aimait partager ni le pouvoir ni ses prérogatives, bien que certaines soient de facto dévolues à son frère cadet et conseiller spécial, Saïd Bouteflika. Certains y voient un travail de concertation entre les deux hommes, d’autres pensent que le président garde encore la haute main sur l’armée et que ces valses déboucheraient ultimement sur le départ de Gaïd Salah. Le chef de l’État demeure imprévisible et déroutant.

    Des limogeages liés à la prochaine présidentielle ?

    Cette série de limogeages dans l’institution miliaire, dans la police et la gendarmerie, est-elle liée à la prochaine présidentielle qui, sauf événement majeur, aura lieu en avril 2019 ? Deux certitudes émergent. Comme pour le quatrième mandat en 2014, où il s’était déclaré en février, Bouteflika fera officiellement connaître au dernier moment sa décision concernant une candidature à sa succession.

    S’il se décidait à repartir en campagne, Gaïd Salah resterait donc à ses côtés comme pour honorer un pacte de loyauté scellé depuis 2004. Sa fidélité au vieux raïs n’empêche pas le vice-ministre de la Défense de préparer sereinement l’avenir en plaçant ses hommes à la tête des régions militaires, de la police, de la gendarmerie et pourquoi pas demain dans la garde républicaine, à la sécurité intérieure et à la tête des services de renseignements. Fidèle oui, mais aussi ambitieux.
    Jeune Afrique
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