Depuis le triomphe de la contreculture dans les années 60, l’image du « bad Injun » (le « mauvais indien » des anciens Westerns de Hollywood) a été balayée, mais les autochtones de l’Amérique n’y ont rien gagné : les USA se sont mis à cultiver une relation schizophrénique avec eux. D’un côté, ils encensent leur spiritualité, qu’ils ne considèrent souvent d’ailleurs que sous l’angle simpliste d’un rapport à la nature propice à la méditation, au végétarianisme, au rêveries cannabiques et au lyrisme humaniste et bucolique ; et de l’autre, leur mauvaise conscience envers ce peuple qu’ils ont décimé pour s’en approprier les terres les pousse à leur refuser des droits civiques de base et à se dégager de toute responsabilité dans leurs problèmes. Les lois fédérales, qui ne s’appliquent pas dans les réserves, autorisent entre autres des incursions criminelles à l’intérieur des zones amérindiennes et des entreprises à s’y installer par la force, d’autant plus facilement que les lois tribales internes des réserves ne s’appliquent pas aux non-Améridiens, que de toutes façons, la police y est généralement en nombre insuffisant pour imposer la loi et que les tribus (les « Nations ») sont dépourvues des moyens nécessaires pour lutter contre les législations qui leur sont contraires (pour commencer, ils n’ont qu’une minuscule représentation au Congrès). C’est que nous parlons de peuplades très réduites, parfois à peine quelques milliers de personnes parquées sur de grand espaces, abandonnées, souvent pauvres et dont le nombre décline lentement, mais sûrement.
Ici, les auteurs soulèvent deux des problèmes auxquels sont quotidiennement confrontés les Amérindiens, celui des abus sexuels contre leurs femmes et de la criminalité engendrée par l’exploitation et l’acheminement du pétrole à travers leurs réserves. Il y en a d’autres – beaucoup d’autres.
Corinne Autey-Roussel, Entelekheia
Etats-Unis – Partout dans le pays, les femmes amérindiennes sont assassinées et agressées sexuellement dans les réserves et les villes avoisinantes en nombre beaucoup plus important que les autres femmes américaines. Leurs agresseurs sont souvent des blancs ou d’autres hommes extérieurs aux Nations autochtones américaines, et sur lesquels la police tribale n’a aucun pouvoir.
Dans certains comtés américains qui comptent de larges zones amérindiennes, le taux des meurtres de femmes indiennes est jusqu’à 10 fois supérieur à la moyenne nationale, selon une étude réalisée pour le Département de la justice des États-Unis par des sociologues de l’Université du Delaware et de l’Université de Caroline du Nord, Wilmington.
Et toutes les victimes ne sont sûrement pas répertoriées. En 2016, 5 712 cas de femmes amérindiennes disparues ont été signalés au National Crime Information Center.
« Les chiffres sont probablement beaucoup plus élevés parce que nombre de cas ne sont pas déclarés et les données ne sont pas systématiquement collectées », a expliqué Heidi Heitkamp, une sénatrice démocrate du Dakota du Nord qui a déposé un projet de loi visant à améliorer le suivi par la police des Amérindiennes disparues et/ou assassinées.
« La peur (du meurtre et des agressions sexuelles) est très répandue chez les Amérindiennes » selon Lisa Brunner, la co-directrice du Collectif pour les droits humains des Amérindiennes, et professeur et coordinatrice culturelle au Collège tribal et communautaire de White Earth à Mahnomen, dans le Minnesota.
« Nous, les Amérindiennes sommes victimes de beaucoup plus de violences que les autres femmes du pays pour la simple raison que nous sommes amérindiennes et que nous incarnons nos Nations tribales », a dit Mme Brunner.
Plus de la moitié des Amérindiennes ont été agressées sexuellement au cours de leur vie et parmi elles, plus d’un tiers ont été violées – un taux de viols près de 2,5 fois plus élevé que pour les femmes blanches, selon une étude du National Institute of Justice en 2016.
Les Amérindiennes ont plus de chance d’être agressées sexuellement par des non-Amérindiens que les femmes de n’importe quel autres groupe racial. Une étude de l’Université du Delaware et de l’Université de Caroline du Nord a révélé que plus des deux tiers des agressions sexuelles contre les Amérindiennes sont commis par des blancs et autres non-Amérindiens.
Mais les hommes qui agressent les Amérindiennes dans les Réserves ne peuvent pas être arrêtés ou poursuivis par les autorités tribales quand ils ne sont pas amérindiens, en vertu d’une décision de la Cour suprême de 1978.
« Quand des blancs commettent des meurtres ou des viols contre des Amérindiens, le crime relève de la compétence du gouvernement fédéral et non de la tribu ou du gouvernement de l’État », a expliqué Cheryl Bennett, professeur à l’Université d’État de l’Arizona, qui étudie les crimes racistes visant les peuples autochtones.
De plus, les procureurs fédéraux ont classé sans suite plus des deux tiers des cas d’abus sexuels que la police tribale avait transmis au FBI et aux bureaux des procureurs américains, selon un rapport 2010 du Government Accountability Office.
Le problème est particulièrement aigu dans la région de Bakken (520 000 km carrés à cheval sur la frontière entre le Montana et le Dakota du Nord), où les attaques contre les Amérindiennes se multiplient du fait que des dizaines de milliers de travailleurs pétroliers temporaires vivent dans des « camps d’hommes » situés sur les terres tribales et à proximité de celles-ci.
Lors du dernier pic de production pétrolière de Bakken, qui s’est terminée en 2014, les agressions sexuelles ont considérablement augmenté, selon une étude de l’Université du Dakota du Nord qui a analysé les données du CAWS North Dakota, une organisation de lutte contre la violence sexuelle et familiale à l’échelle de l’État. La région abrite les Nations Assiniboine et Sioux de la Réserve indienne de Fort Peck au Montana et les tribus Mandan, Hidatsa et Arikara affiliées, collectivement connues sous le nom de Nation MHA, sur la réserve indienne de Fort Berthold, dans le Dakota du Nord.
Les polices tribales n’ont aucun pouvoir sur ces travailleurs, même quand ils vivent au cœur des réserves dans des camps construits sur des terres de la réserve appartenant au gouvernement fédéral.
« Sur les 50 000 km2 qui, sur la carte, forment la réserve de Fort Berthold, la Nation tribale en possède moins de 2 000 – c’est ainsi que ces camps d’hommes peuvent se retrouver sur la réserve », a expliqué Kandi Mossett, membre de la Nation MHA et directrice de la Campagne amérindienne pour l’énergie et le climat du Réseau environnemental amériendien.
« Les interactions entre Amérindiens et travailleurs du pétrole non-autochtones sont alors inévitables, » a-t-elle ajouté, « et les crimes se multiplient car ils pensent qu’ils peuvent se servir comme ils veulent ».
Selon les travailleurs des services d’aide aux victimes de la Nation MHA « ce sont les travailleurs temporaires qui commettent ces crimes… et avec l’arrivée de tous ces hommes, le nombre de viols a triplé », a dit Lisa Brunner. « Personne ne s’est rendu compte de ce que cette arrivée massive de travailleurs du pétrole allait engendrer. »
Selon Kandi Mossett, les membres de la Nation MHA ont créé des pages Facebook pour avertir les résidents des dangers. « Vous y verrez des alertes à propos d’une camionnette qui a essayé de kidnapper trois enfants autochtones devant l’école élémentaire, » a-t-elle dit. « J’ai vu quatre de ces annonces déjà, ce sont toujours apparemment des malfaiteurs blancs. »
Ici, les auteurs soulèvent deux des problèmes auxquels sont quotidiennement confrontés les Amérindiens, celui des abus sexuels contre leurs femmes et de la criminalité engendrée par l’exploitation et l’acheminement du pétrole à travers leurs réserves. Il y en a d’autres – beaucoup d’autres.
Corinne Autey-Roussel, Entelekheia
Etats-Unis – Partout dans le pays, les femmes amérindiennes sont assassinées et agressées sexuellement dans les réserves et les villes avoisinantes en nombre beaucoup plus important que les autres femmes américaines. Leurs agresseurs sont souvent des blancs ou d’autres hommes extérieurs aux Nations autochtones américaines, et sur lesquels la police tribale n’a aucun pouvoir.
Dans certains comtés américains qui comptent de larges zones amérindiennes, le taux des meurtres de femmes indiennes est jusqu’à 10 fois supérieur à la moyenne nationale, selon une étude réalisée pour le Département de la justice des États-Unis par des sociologues de l’Université du Delaware et de l’Université de Caroline du Nord, Wilmington.
Et toutes les victimes ne sont sûrement pas répertoriées. En 2016, 5 712 cas de femmes amérindiennes disparues ont été signalés au National Crime Information Center.
« Les chiffres sont probablement beaucoup plus élevés parce que nombre de cas ne sont pas déclarés et les données ne sont pas systématiquement collectées », a expliqué Heidi Heitkamp, une sénatrice démocrate du Dakota du Nord qui a déposé un projet de loi visant à améliorer le suivi par la police des Amérindiennes disparues et/ou assassinées.
« La peur (du meurtre et des agressions sexuelles) est très répandue chez les Amérindiennes » selon Lisa Brunner, la co-directrice du Collectif pour les droits humains des Amérindiennes, et professeur et coordinatrice culturelle au Collège tribal et communautaire de White Earth à Mahnomen, dans le Minnesota.
« Nous, les Amérindiennes sommes victimes de beaucoup plus de violences que les autres femmes du pays pour la simple raison que nous sommes amérindiennes et que nous incarnons nos Nations tribales », a dit Mme Brunner.
Plus de la moitié des Amérindiennes ont été agressées sexuellement au cours de leur vie et parmi elles, plus d’un tiers ont été violées – un taux de viols près de 2,5 fois plus élevé que pour les femmes blanches, selon une étude du National Institute of Justice en 2016.
Les Amérindiennes ont plus de chance d’être agressées sexuellement par des non-Amérindiens que les femmes de n’importe quel autres groupe racial. Une étude de l’Université du Delaware et de l’Université de Caroline du Nord a révélé que plus des deux tiers des agressions sexuelles contre les Amérindiennes sont commis par des blancs et autres non-Amérindiens.
Mais les hommes qui agressent les Amérindiennes dans les Réserves ne peuvent pas être arrêtés ou poursuivis par les autorités tribales quand ils ne sont pas amérindiens, en vertu d’une décision de la Cour suprême de 1978.
« Quand des blancs commettent des meurtres ou des viols contre des Amérindiens, le crime relève de la compétence du gouvernement fédéral et non de la tribu ou du gouvernement de l’État », a expliqué Cheryl Bennett, professeur à l’Université d’État de l’Arizona, qui étudie les crimes racistes visant les peuples autochtones.
De plus, les procureurs fédéraux ont classé sans suite plus des deux tiers des cas d’abus sexuels que la police tribale avait transmis au FBI et aux bureaux des procureurs américains, selon un rapport 2010 du Government Accountability Office.
Le problème est particulièrement aigu dans la région de Bakken (520 000 km carrés à cheval sur la frontière entre le Montana et le Dakota du Nord), où les attaques contre les Amérindiennes se multiplient du fait que des dizaines de milliers de travailleurs pétroliers temporaires vivent dans des « camps d’hommes » situés sur les terres tribales et à proximité de celles-ci.
Lors du dernier pic de production pétrolière de Bakken, qui s’est terminée en 2014, les agressions sexuelles ont considérablement augmenté, selon une étude de l’Université du Dakota du Nord qui a analysé les données du CAWS North Dakota, une organisation de lutte contre la violence sexuelle et familiale à l’échelle de l’État. La région abrite les Nations Assiniboine et Sioux de la Réserve indienne de Fort Peck au Montana et les tribus Mandan, Hidatsa et Arikara affiliées, collectivement connues sous le nom de Nation MHA, sur la réserve indienne de Fort Berthold, dans le Dakota du Nord.
Les polices tribales n’ont aucun pouvoir sur ces travailleurs, même quand ils vivent au cœur des réserves dans des camps construits sur des terres de la réserve appartenant au gouvernement fédéral.
« Sur les 50 000 km2 qui, sur la carte, forment la réserve de Fort Berthold, la Nation tribale en possède moins de 2 000 – c’est ainsi que ces camps d’hommes peuvent se retrouver sur la réserve », a expliqué Kandi Mossett, membre de la Nation MHA et directrice de la Campagne amérindienne pour l’énergie et le climat du Réseau environnemental amériendien.
« Les interactions entre Amérindiens et travailleurs du pétrole non-autochtones sont alors inévitables, » a-t-elle ajouté, « et les crimes se multiplient car ils pensent qu’ils peuvent se servir comme ils veulent ».
Selon les travailleurs des services d’aide aux victimes de la Nation MHA « ce sont les travailleurs temporaires qui commettent ces crimes… et avec l’arrivée de tous ces hommes, le nombre de viols a triplé », a dit Lisa Brunner. « Personne ne s’est rendu compte de ce que cette arrivée massive de travailleurs du pétrole allait engendrer. »
Selon Kandi Mossett, les membres de la Nation MHA ont créé des pages Facebook pour avertir les résidents des dangers. « Vous y verrez des alertes à propos d’une camionnette qui a essayé de kidnapper trois enfants autochtones devant l’école élémentaire, » a-t-elle dit. « J’ai vu quatre de ces annonces déjà, ce sont toujours apparemment des malfaiteurs blancs. »
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