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Faut-il tout oublier chez Dolto ?

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  • Faut-il tout oublier chez Dolto ?

    Pleux, Didier


    Psychologue et psychothérapeute

    Ces temps-ci, Françoise Dolto est célébrée comme il se doit et beaucoup de médias ont grandement participé à ce qui fut le plus souvent une démonstration hagiographique. Et ceux qui ont osé critiquer la grande psychanalyste sont, comme d’habitude, traités de « réactionnaires » ou tout simplement de crétins des Alpes qui n’ont ni lu ni compris sa pensée. Je serais donc dans cette lignée et profite de cette tribune pour expliciter mon propos.

    Il n’est pas question d’envoyer aux oubliettes tout ce qu’a fait Dolto pour la défense de l’enfant. Souvenons-nous, au XIXe siècle, des bébés emmaillotés accrochés aux patères des murs pour qu’ils ne gênent pas. Inutile de rappeler les dégâts des éducations autoritaristes toujours d’actualité au siècle dernier : les enfants dressés par un paterfamilias le plus souvent violent ne peuvent pas « être », ce ne sont que des « enfants objets ». F. Dolto, dans la lignée de A.S. Neill et de M. Montessori, qui l’ont précédée d’une cinquantaine d’années, s’insurge contre cette tyrannie parentale et avec raison. L’enfant existe, il est un être d’émotions, et c’est souvent avec son corps, avec des souffrances somatiques qu’il s’exprime puisque sa parole ne compte pas. Il est donc juste de ne plus le considérer comme un tube digestif, de ne plus brider son caractère ou de tenter de cloner sa personnalité. L’enfant est un être humain à part entière.

    Je suis né dans les années 1950 et nous, les gamins terrorisés par des tyrans domestiques ou des instituteurs souvent malveillants, aurions voulu qu’une Dolto se fasse entendre. Alors « merci Françoise » pour avoir prôné l’autonomie du tout-petit pour qu’il ne subisse pas l’unique désir parental au détriment de sa singularité, merci pour avoir promu la relation, la communication entre l’enfant et ses parents, véritables pierres angulaires de son développement. Son émission radiophonique « Lorsque l’enfant paraît » diffusée en 1976 est tout à fait révolutionnaire à cette époque. Mais les temps ont changé !

    Et les longs mois de travail et d’étude de toute l’œuvre de F. Dolto qu’ont nécessités les deux ouvrages que je lui ai consacrés m’ont révélé les dangers de certaines affirmations « doltoïennes » pour les générations actuelles.

    « Enfants rois »
    Nous ne sommes plus à cette époque où l’estime de soi et la confiance en soi de l’enfant n’étaient pas à l’ordre du jour. De même, les paterfamilias de ce début de XXIe siècle sont rares et la loi protège l’enfant contre les abus et la malveillance. Dans un contexte socioculturel de la consommation immédiate, de stimulations constantes et d’individualisme exacerbé, l’enfant actuel, même si des abus existent toujours, est bien loin de ressembler aux Cosette d’antan. Ceux qui viennent consulter dans nos cabinets ne présentent que rarement des pathologies dites du « refoulement », mais plutôt des symptômes de « défoulement » : intolérance aux frustrations, refus de toute autorité, de l’effort, volonté de toujours rester dans le plaisir, addictions à tout ce qui est « fun », égocentrisme démesuré avec l’inévitable délitement du lien « Soi-Autrui ».

    Dès lors, favoriser l’ego ou l’autonomie de l’enfant et défendre une horizontalité enfant-parent deviennent une aberration. Et lorsque l’on rencontre ces « enfants rois », c’est toujours la carence éducative qui domine. Ils ont vécu dans un environnement permissif. F. Dolto n’est pas responsable de cet enfant roi, mais ses idées sur l’éducation peuvent, de nos jours, participer à son avènement : laisser, par exemple, l’enfant libre de se nourrir quand il le veut, de décider de son heure de coucher, sacraliser sa parole, ne sont pas de bons conseils. Et ce soupçon toujours présent qui pèse sur les parents possibles destructeurs d’ego doit cesser : la rébellion des « ados en crise » a surtout besoin d’adultes significatifs qui transmettent, instruisent, accompagnent mais aussi et surtout qui exigent, contraignent et parfois sanctionnent. Le « complexe du Homard » de F. Dolto fait de l’adolescent une éternelle victime et je préfère y substituer mon « complexe de Thétis » qui demande aux parents de savoir éduquer au plaisir et au… déplaisir, au frustrant !

    « Lorsque le parent paraît », lorsqu’il retrouve une juste autorité, quand il sait harmoniser « amour et frustration », il libère chez l’enfant son statut d’être en devenir et non celui d’un être d’égale importance avec l’adulte. Au déséquilibre des siècles précédents où, pour les enfants, les frustrations l’emportaient sur l’amour, s’est substitué l’inverse : l’amour a oublié cet ingrédient de la construction psychique de l’enfant, savoir accepter les frustrations du principe de réalité.

    Je ne défends donc aucune idéologie, je tiens simplement compte d’un nouveau contexte de vie qui ne peut plus accepter de nombreuses hypothèses doltoïennes trop anachroniques. Les croyances éducatives de F. Dolto sont, avant tout, le fer de lance d’une doctrine : j’ai toujours évoqué cette « psychanalisation » de l’éducation qu’elle désirait tant. Quand les otites de l’enfant signent un refus d’entendre, quand l’angine traduit qu’il a du mal à avaler ce qu’il vit, quand l’autisme est lié aux « mères froides », quand l’anorexie n’est qu’un refus de la féminité, je ne peux que me révolter contre ces interprétations. Et je combattrai toujours cette formule absurde que « tout est langage » qui fait croire aux parents que derrière tout comportement d’enfant existe un « sens » caché. C’est la meil*leure façon d’oublier le « bon sens éducatif » ! Oui, un comportement peut « signifier », mais cela ne saurait être la règle.

    Alors gardons de F. Dolto ce qui restera toujours incontestable : le respect absolu de la personnalité de l’enfant mais oublions son mode d’emploi !

    DIDIERPLEUX
    Le Figaro
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    :smily50:on doit oublier ce que racontait le fils ou bien la mere...le fils des c.... il en avait a revendre

    Commentaire

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