Vérités sur l'arrestation de Larbi Ben M'hidi
Dans son ouvrage Mensonges et calomnies d'un tortionnaire devenu général de l'armée française à paraître prochainement aux Editions APIC, notre confrère d'El Moudjahid Mouloud Benmohamed évoque l'arrestation du chahid Larbi Ben M'hidi. Il a rencontré deux officiers parachutistes (le général Bigeard et le colonel Allaire) du 3e RPC, ainsi que Brahim Chergui, un militant de la cause nationale de la première heure accablé par la rumeur, qui ont vécu directement ou indirectement l'arrestation de ce héros national. Versions ou témoignages, leurs propos convergent ... Le Soir d'Algérie propose à la lecture ces bonnes feuilles avec l'aimable accord de l'auteur et de l'éditeur.
Quarante-huit ans après, l'arrestation, le 23 février 1957, du martyr Larbi Ben M'hidi constitue encore une énigme qui continue à alimenter de vives polémiques, des spéculations fantaisistes, des allégations mensongères érigées en certitudes, des supputations malveillantes, de vieilles hypothèses jamais avérées, de machiavéliques extrapolations. Rien que par la rumeur, le ouï-dire, le dénigrement, la calomnie certains ont taillé des procès fallacieux tandis que d'autres jetaient la suspicion et l'opprobre sur un authentique militant de la cause nationale qui avait intégré les rangs du mouvement d'indépendance depuis belle lurette, pour ne pas dire avant que ces pourfendeurs ne prennent conscience de leur statut d'indigène. Règlement de compte ? Vengeance ? Quoiqu'il en soit, les versions contradictoires relatives à la capture de notre héros national qui a su résister pour ne rien divulguer aux parachutistes de la 10e DP commandée par Massu, ces versions donc ont donné plus de crédibilité à ceux qui accablent, depuis des années – exactement depuis son incarcération en 1957 à la prison de Serkadji – un seul homme : Brahim Chergui. Pourtant, ce patriote a été arrêté après Larbi Ben M'hidi et ne pouvait donc pas le dénoncer. Pourtant, trois militants plus proches de Ben M'hidi ont été arrêtés avant ce dernier et donc c'est sur eux que la suspicion aurait dû être concentrée d'autant plus qu'ils sont morts sous la torture et par conséquent, ils n'auraient pas pu se défendre. Pas un renseignement, pas un nom n'a été livré par ces martyrs. Pour quelques-uns, la capture de Ben M'hidi a été réussie “grâce aux limiers de la 10e DP.” Pour quelques rares personnages qui ont semé le ouï-dire depuis des années, cette arrestation a été conclue à la suite de la “traîtrise” de Chergui qui avait été responsable politique de la Zone autonome d'Alger et agent de liaison du CEE”. Dans leurs ouvrages, les historiens consignent son nom en gras même s'ils connaissent très peu de choses sur ses activités de militant. Tous croient savoir que c'était un étudiant alors que Brahim n'a jamais intégré l'université en relation directe avec Abane Ramdane, Benkhedda, Dahleb, Ben M'hidi, Chergui était bien informé en matière d'armements en provenance du Maroc, de refuges, de boîtes aux lettres, de militants à la tête des trois régions politiques... Pas un renseignement livré à l'adversaire. Pas un militant auquel il a été confronté devant les tortionnaires n'a révélé une attitude déplorable de la part de Chergui. Dans un témoignage publié il y a quelques années dans la revue du Centre national d'études historiques, le défunt Ben Youcef Benkhedda (membre du premier CEE) a réagi aux calomnies en écrivant (page 129) : “Je l'affirme avec la plus ferme certitude, Chergui ne savait où se cachait Ben M'hidi, pas plus avant que pendant la grève des 8 jours, et encore moins après.” En page 131, Benkhedda, très catégorique, souligne qu'«à aucun moment, cet homme qui s'est acquitté loyalement de ses obligations envers l'organisation, n'a fourni à ses bourreaux les adresses des appartements et pied-à-terres où j'avais l'habitude de le rencontrer et, moins encore, ne les a convoyés à travers ces mêmes adresses”. Pourquoi alors de telles calomnies ? Pourquoi Brahim Chergui s'est-il suffi de roter ces dernières sans réagir ? Jusqu'à ce jour encore, les nostalgiques de l'Algérie française alliés aux spécialistes de l'intox ne désarment pas sur le terrain de la désinformation. Récemment encore, lors du procès en diffamation que lui a intenté le militante Louisa Ighilahriz, le général Maurice Schmitt chef d'état-major des armées françaises et tortionnaire à l'ex-école Sarrouy, selon les témoignages de ses victimes rescapées, assimilait face aux magistrats les résistants algériens à des “criminels”. Lors de ma rencontre avec le général Bigeard, celui-ci reprochait aux Algériens (lire annexe) d'avoir “mis dehors les pieds-noirs”. La bleuite a la peau dure (...). Je voulais savoir davantage. Alors, j'ai décidé de rencontrer Brahim Chergui. Ainsi donc, l'arrestation de Larbi Ben M'hidi vous intéresse... Venez parlà, je vais vous montrer quelque chose, propose Brahim Chergui qui nous reçoit dans sa demeure à Kouba. Lui aussi, il n'a pas été aisé de le retrouver. Happé par l'anonymat, cet octogénaire s'est totalement retiré de la vie politique depuis 1962. A vrai dire, rien n'a été fait pour l'y ramener ainsi que ses compagnons de militantisme tels Sid-Ali Abdelhamid, Mahfoud Belouni, Hachem Malek, Mohamed Sahraoui, Abderrahmane Baha et autres “politiques” de la Zone autonome d'Alger qui se sont joués de la 10e division parachutistes commandée par Massu. Qui par une évasion spectaculaire, qui par une résistance infaillible face à leurs tortionnaires... Aujourd'hui, ce sont des anonymes inconsidérés et par l'histoire officielle – qui connaît Brahim Chergui ou Sid-Ali Abdelhamid ? – et par ceux qui prennent le soin et la précaution de ne pas les inviter aux commémorations officielles. De quelques organisateurs, ils sont la mauvaise conscience... Bien malin se croyait celui qui nous a découragés de nous entretenir avec Brahim Chergui. “C'est un malade”, prétendait-il. Entendre par-là une sorte d'affabulateur. Loin de cela, l'homme s'exprime preuves à l'appui. Il insiste dans ses démonstrations comme s'il craignait de ne pas être cru. Il traverse le salon en nous dirigeant vers un mur sur lequel est accroché, comme une toile exceptionnelle, une photo embellie par un encadrement rustique. Celle du chahid Larbi Ben M'hidi menotté et entravé, entouré de deux parachutistes et aux côtés d'un Algérien.
Dans son ouvrage Mensonges et calomnies d'un tortionnaire devenu général de l'armée française à paraître prochainement aux Editions APIC, notre confrère d'El Moudjahid Mouloud Benmohamed évoque l'arrestation du chahid Larbi Ben M'hidi. Il a rencontré deux officiers parachutistes (le général Bigeard et le colonel Allaire) du 3e RPC, ainsi que Brahim Chergui, un militant de la cause nationale de la première heure accablé par la rumeur, qui ont vécu directement ou indirectement l'arrestation de ce héros national. Versions ou témoignages, leurs propos convergent ... Le Soir d'Algérie propose à la lecture ces bonnes feuilles avec l'aimable accord de l'auteur et de l'éditeur.
Quarante-huit ans après, l'arrestation, le 23 février 1957, du martyr Larbi Ben M'hidi constitue encore une énigme qui continue à alimenter de vives polémiques, des spéculations fantaisistes, des allégations mensongères érigées en certitudes, des supputations malveillantes, de vieilles hypothèses jamais avérées, de machiavéliques extrapolations. Rien que par la rumeur, le ouï-dire, le dénigrement, la calomnie certains ont taillé des procès fallacieux tandis que d'autres jetaient la suspicion et l'opprobre sur un authentique militant de la cause nationale qui avait intégré les rangs du mouvement d'indépendance depuis belle lurette, pour ne pas dire avant que ces pourfendeurs ne prennent conscience de leur statut d'indigène. Règlement de compte ? Vengeance ? Quoiqu'il en soit, les versions contradictoires relatives à la capture de notre héros national qui a su résister pour ne rien divulguer aux parachutistes de la 10e DP commandée par Massu, ces versions donc ont donné plus de crédibilité à ceux qui accablent, depuis des années – exactement depuis son incarcération en 1957 à la prison de Serkadji – un seul homme : Brahim Chergui. Pourtant, ce patriote a été arrêté après Larbi Ben M'hidi et ne pouvait donc pas le dénoncer. Pourtant, trois militants plus proches de Ben M'hidi ont été arrêtés avant ce dernier et donc c'est sur eux que la suspicion aurait dû être concentrée d'autant plus qu'ils sont morts sous la torture et par conséquent, ils n'auraient pas pu se défendre. Pas un renseignement, pas un nom n'a été livré par ces martyrs. Pour quelques-uns, la capture de Ben M'hidi a été réussie “grâce aux limiers de la 10e DP.” Pour quelques rares personnages qui ont semé le ouï-dire depuis des années, cette arrestation a été conclue à la suite de la “traîtrise” de Chergui qui avait été responsable politique de la Zone autonome d'Alger et agent de liaison du CEE”. Dans leurs ouvrages, les historiens consignent son nom en gras même s'ils connaissent très peu de choses sur ses activités de militant. Tous croient savoir que c'était un étudiant alors que Brahim n'a jamais intégré l'université en relation directe avec Abane Ramdane, Benkhedda, Dahleb, Ben M'hidi, Chergui était bien informé en matière d'armements en provenance du Maroc, de refuges, de boîtes aux lettres, de militants à la tête des trois régions politiques... Pas un renseignement livré à l'adversaire. Pas un militant auquel il a été confronté devant les tortionnaires n'a révélé une attitude déplorable de la part de Chergui. Dans un témoignage publié il y a quelques années dans la revue du Centre national d'études historiques, le défunt Ben Youcef Benkhedda (membre du premier CEE) a réagi aux calomnies en écrivant (page 129) : “Je l'affirme avec la plus ferme certitude, Chergui ne savait où se cachait Ben M'hidi, pas plus avant que pendant la grève des 8 jours, et encore moins après.” En page 131, Benkhedda, très catégorique, souligne qu'«à aucun moment, cet homme qui s'est acquitté loyalement de ses obligations envers l'organisation, n'a fourni à ses bourreaux les adresses des appartements et pied-à-terres où j'avais l'habitude de le rencontrer et, moins encore, ne les a convoyés à travers ces mêmes adresses”. Pourquoi alors de telles calomnies ? Pourquoi Brahim Chergui s'est-il suffi de roter ces dernières sans réagir ? Jusqu'à ce jour encore, les nostalgiques de l'Algérie française alliés aux spécialistes de l'intox ne désarment pas sur le terrain de la désinformation. Récemment encore, lors du procès en diffamation que lui a intenté le militante Louisa Ighilahriz, le général Maurice Schmitt chef d'état-major des armées françaises et tortionnaire à l'ex-école Sarrouy, selon les témoignages de ses victimes rescapées, assimilait face aux magistrats les résistants algériens à des “criminels”. Lors de ma rencontre avec le général Bigeard, celui-ci reprochait aux Algériens (lire annexe) d'avoir “mis dehors les pieds-noirs”. La bleuite a la peau dure (...). Je voulais savoir davantage. Alors, j'ai décidé de rencontrer Brahim Chergui. Ainsi donc, l'arrestation de Larbi Ben M'hidi vous intéresse... Venez parlà, je vais vous montrer quelque chose, propose Brahim Chergui qui nous reçoit dans sa demeure à Kouba. Lui aussi, il n'a pas été aisé de le retrouver. Happé par l'anonymat, cet octogénaire s'est totalement retiré de la vie politique depuis 1962. A vrai dire, rien n'a été fait pour l'y ramener ainsi que ses compagnons de militantisme tels Sid-Ali Abdelhamid, Mahfoud Belouni, Hachem Malek, Mohamed Sahraoui, Abderrahmane Baha et autres “politiques” de la Zone autonome d'Alger qui se sont joués de la 10e division parachutistes commandée par Massu. Qui par une évasion spectaculaire, qui par une résistance infaillible face à leurs tortionnaires... Aujourd'hui, ce sont des anonymes inconsidérés et par l'histoire officielle – qui connaît Brahim Chergui ou Sid-Ali Abdelhamid ? – et par ceux qui prennent le soin et la précaution de ne pas les inviter aux commémorations officielles. De quelques organisateurs, ils sont la mauvaise conscience... Bien malin se croyait celui qui nous a découragés de nous entretenir avec Brahim Chergui. “C'est un malade”, prétendait-il. Entendre par-là une sorte d'affabulateur. Loin de cela, l'homme s'exprime preuves à l'appui. Il insiste dans ses démonstrations comme s'il craignait de ne pas être cru. Il traverse le salon en nous dirigeant vers un mur sur lequel est accroché, comme une toile exceptionnelle, une photo embellie par un encadrement rustique. Celle du chahid Larbi Ben M'hidi menotté et entravé, entouré de deux parachutistes et aux côtés d'un Algérien.
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