Le Figaro
Cyrille Vanlerberghe
C’EST, POUR LES UNS, une révolution permettant un libre accès aux connaissances scientifiques. Et pour les autres, une activité criminelle qui menace le modèle économique de l’ensemble des éditeurs du secteur. Le site Web pirate Sci-Hub connaît en tout cas un succès spectaculaire, avec une estimation de 75 millions de publications scientifiques téléchargées illégalement en 2016.
Le site a été lancé en 2011 par Alexandra Elbakyan, une jeune étudiante en informatique au *Kazakhstan qui voulait aider tous les chercheurs des pays les moins fortunés à avoir accès aux meilleurs travaux scientifiques publiés dans des revues avec de coûteux abonnements. La majeure partie des accès proviennent encore de Chine, d’Inde et d’Iran, mais de très nombreux chercheurs des pays développés, aux États-Unis comme en France, sont aussi devenus des utilisateurs du site, plus ou moins discrètement.
« Dans mon domaine, tous ceux qui en ont entendu parler l’essaient et ne tardent pas à l’utiliser à leur tour », témoigne un jeune doctorant en informatique, qui s’en sert très régulièrement pour ses recherches. « J’ai accès aux revues de référence qui comptent dans mon domaine par le compte de mon laboratoire, mais quand je suis chez moi et que je vois une publication intéressante, je n’hésite pas et je la télécharge par Sci-Hub », témoigne un physicien. « De cette manière, j’ai aussi pu lire une publication du physicien français Léon Brillouin datant de 1933 dans une revue aujourd’hui disparue, et pour laquelle un éditeur me demandait 30 dollars pour y avoir accès ! »
Hébergé en Russie
En informatique et en physique, l’open access, le libre accès aux publications, est de toute façon en train de devenir la norme, avec les chercheurs qui mettent eux-mêmes leurs travaux sur des serveurs de prépublications gratuits comme ArXiv, avant même qu’ils soient acceptés et publiés par une revue de référence.
Avec un site Web actuellement hébergé en Russie, Sci-Hub échappe pour le moment aux procès. Une action en justice intentée par l’éditeur Elsevier en 2015 aux États-Unis, avec le soutien de l’ensemble des éditeurs, n’a obtenu que la fermeture de l’adresse du site sci-hub.org. Mais le service a vite contourné le blocage, avec la création rapide d’autres adresses pour prendre le relais. La guerre entre les éditeurs et les pirates risque de durer.
Cyrille Vanlerberghe
C’EST, POUR LES UNS, une révolution permettant un libre accès aux connaissances scientifiques. Et pour les autres, une activité criminelle qui menace le modèle économique de l’ensemble des éditeurs du secteur. Le site Web pirate Sci-Hub connaît en tout cas un succès spectaculaire, avec une estimation de 75 millions de publications scientifiques téléchargées illégalement en 2016.
Le site a été lancé en 2011 par Alexandra Elbakyan, une jeune étudiante en informatique au *Kazakhstan qui voulait aider tous les chercheurs des pays les moins fortunés à avoir accès aux meilleurs travaux scientifiques publiés dans des revues avec de coûteux abonnements. La majeure partie des accès proviennent encore de Chine, d’Inde et d’Iran, mais de très nombreux chercheurs des pays développés, aux États-Unis comme en France, sont aussi devenus des utilisateurs du site, plus ou moins discrètement.
« Dans mon domaine, tous ceux qui en ont entendu parler l’essaient et ne tardent pas à l’utiliser à leur tour », témoigne un jeune doctorant en informatique, qui s’en sert très régulièrement pour ses recherches. « J’ai accès aux revues de référence qui comptent dans mon domaine par le compte de mon laboratoire, mais quand je suis chez moi et que je vois une publication intéressante, je n’hésite pas et je la télécharge par Sci-Hub », témoigne un physicien. « De cette manière, j’ai aussi pu lire une publication du physicien français Léon Brillouin datant de 1933 dans une revue aujourd’hui disparue, et pour laquelle un éditeur me demandait 30 dollars pour y avoir accès ! »
Hébergé en Russie
En informatique et en physique, l’open access, le libre accès aux publications, est de toute façon en train de devenir la norme, avec les chercheurs qui mettent eux-mêmes leurs travaux sur des serveurs de prépublications gratuits comme ArXiv, avant même qu’ils soient acceptés et publiés par une revue de référence.
Avec un site Web actuellement hébergé en Russie, Sci-Hub échappe pour le moment aux procès. Une action en justice intentée par l’éditeur Elsevier en 2015 aux États-Unis, avec le soutien de l’ensemble des éditeurs, n’a obtenu que la fermeture de l’adresse du site sci-hub.org. Mais le service a vite contourné le blocage, avec la création rapide d’autres adresses pour prendre le relais. La guerre entre les éditeurs et les pirates risque de durer.
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