Un rapport qui sera publié demain relance l’idée de prélever une somme sur les produits alimentaires destinés aux musulmans. Objectif : limiter les fonds étrangers pour la construction de lieux de culte.
En débat depuis un quart de siècle, avancée dès 1994 par Charles Pasqua alors ministre de l’Intérieur, la taxe halal, véritable serpent de mer, revient sur le devant de la scène. Un rapport, qui doit être publié demain soir par l’Institut Montaigne, think tank libéral, recommande, entre autres suggestions, de prélever une contribution sur les produits issus de l’abattage rituel, afin de financer les constructions de mosquées et limiter ainsi les fonds en provenance de l’étranger.
Dévoilé hier par Europe 1, ce document a été rédigé par Hakim El Karoui, entrepreneur et essayiste proche d’Emmanuel Macron. Intitulé, selon nos informations, « la Fabrique de l’islamisme », il est notamment destiné au président de la République, qui a annoncé, pour l’automne, une réorganisation de l’islam de France.
Le rapport propose que la taxe halal soit pilotée par un nouvel organisme chargé de financer le culte de la deuxième religion dans notre pays, une structure appelée Association musulmane pour l’islam de France.
Si la mesure, préconisée depuis très longtemps, n’a jamais pu aboutir, c’est parce que le marché hexagonal du halal, en plein essor mais toujours très opaque, est extrêmement complexe. Il n’existe pas un label unique mais une multitude de normes. Trois mosquées — celles de Paris, Evry et Lyon — sont habilitées à désigner des sacrificateurs dans les abattoirs dont les pratiques sont contrôlées par une multitude d’agences indépendantes de certification.
« D’un organisme à l’autre, les critères ne sont pas les mêmes, notamment en ce qui concerne l’étourdissement de l’animal », décrypte Abbas Bendali, à la tête de Solis, cabinet spécialiste du marché halal en France. Un secteur qu’il évalue à « 5,5 Mds€ ». « Pour 85 %, c’est de la viande brute », chiffre-t-il.
un consensus à trouver pour définir le halal
Pour que le chantier d’une redevance halal puisse se concrétiser, il faudrait donc que les représentants de l’islam de France uniformisent les règles. Pour l’expert Bernard Godard, le Monsieur Islam au ministère de l’Intérieur de 1997 à 2014, instaurer une taxe halal « n’est pas impossible » s’il y a un consensus.
Ce qui est loin d’être gagné. « Il faut réussir à réunir de manière contractuelle les professionnels de la viande », avance-t-il. Selon lui, ce prélèvement n’existe pas dans les pays musulmans. C’est une « invention française », « une démarche commerciale » qui n’a pas de légitimité religieuse, ce qui pourrait nuire à sa popularité.
Au Conseil français du culte musulman (CFCM), on n’est pas opposé à une taxe halal, à condition que cette « piste » ne soit pas « ordonnée » par l’Etat. « On est dans un pays laïc. Il ne peut y avoir d’ingérence. Le halal, c’est cultuel, ce sont aux autorités musulmanes d’en définir les règles », martèle Ahmet Ogras, président du CFCM.
le parisien
En débat depuis un quart de siècle, avancée dès 1994 par Charles Pasqua alors ministre de l’Intérieur, la taxe halal, véritable serpent de mer, revient sur le devant de la scène. Un rapport, qui doit être publié demain soir par l’Institut Montaigne, think tank libéral, recommande, entre autres suggestions, de prélever une contribution sur les produits issus de l’abattage rituel, afin de financer les constructions de mosquées et limiter ainsi les fonds en provenance de l’étranger.
Dévoilé hier par Europe 1, ce document a été rédigé par Hakim El Karoui, entrepreneur et essayiste proche d’Emmanuel Macron. Intitulé, selon nos informations, « la Fabrique de l’islamisme », il est notamment destiné au président de la République, qui a annoncé, pour l’automne, une réorganisation de l’islam de France.
Le rapport propose que la taxe halal soit pilotée par un nouvel organisme chargé de financer le culte de la deuxième religion dans notre pays, une structure appelée Association musulmane pour l’islam de France.
Si la mesure, préconisée depuis très longtemps, n’a jamais pu aboutir, c’est parce que le marché hexagonal du halal, en plein essor mais toujours très opaque, est extrêmement complexe. Il n’existe pas un label unique mais une multitude de normes. Trois mosquées — celles de Paris, Evry et Lyon — sont habilitées à désigner des sacrificateurs dans les abattoirs dont les pratiques sont contrôlées par une multitude d’agences indépendantes de certification.
« D’un organisme à l’autre, les critères ne sont pas les mêmes, notamment en ce qui concerne l’étourdissement de l’animal », décrypte Abbas Bendali, à la tête de Solis, cabinet spécialiste du marché halal en France. Un secteur qu’il évalue à « 5,5 Mds€ ». « Pour 85 %, c’est de la viande brute », chiffre-t-il.
un consensus à trouver pour définir le halal
Pour que le chantier d’une redevance halal puisse se concrétiser, il faudrait donc que les représentants de l’islam de France uniformisent les règles. Pour l’expert Bernard Godard, le Monsieur Islam au ministère de l’Intérieur de 1997 à 2014, instaurer une taxe halal « n’est pas impossible » s’il y a un consensus.
Ce qui est loin d’être gagné. « Il faut réussir à réunir de manière contractuelle les professionnels de la viande », avance-t-il. Selon lui, ce prélèvement n’existe pas dans les pays musulmans. C’est une « invention française », « une démarche commerciale » qui n’a pas de légitimité religieuse, ce qui pourrait nuire à sa popularité.
Au Conseil français du culte musulman (CFCM), on n’est pas opposé à une taxe halal, à condition que cette « piste » ne soit pas « ordonnée » par l’Etat. « On est dans un pays laïc. Il ne peut y avoir d’ingérence. Le halal, c’est cultuel, ce sont aux autorités musulmanes d’en définir les règles », martèle Ahmet Ogras, président du CFCM.
le parisien
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