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«Avant j’étais comme vous» : saisissants témoignages de SDF

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  • «Avant j’étais comme vous» : saisissants témoignages de SDF

    Dans son ouvrage « Avant j’étais comme vous » qui sort jeudi, notre reporter Christel Brigaudeau livre des témoignages forts de SDF, femmes et hommes. Leur chute, la dureté de la rue, mais aussi comment ils ont réussi à rebondir. En voici des extraits.
    Ils sont combien ? 200 000 au moins. Les sans-abri sont de plus en plus nombreux même si souvent on ne les « calcule » plus. On ne parle d’ailleurs d’eux qu’en hiver, lorsqu’il fait un temps à ne pas mettre un chat dehors.

    Et c’est en cela que le livre de notre consœur Christel Brigaudeau qui sort le 13 septembre, le jour de l’annonce du plan Pauvreté, est salutaire. Parce qu’il ose faire témoigner ceux qu’on ne regarde plus. Parce que leurs paroles sont incroyablement fortes, sans misérabilisme, colère ou apitoiement. Parce que les histoires très différentes de ces quinze SDF nous bouleversent. On a envie de dire merci à Pascaline, Hervé ou Georgette et tous les autres d’avoir accepté de se livrer ainsi. Et aussi à Christel, qui est allée à leur rencontre et qui a mis en mots leurs maux. Et leur capacité à s’en sortir.

    Emilie : sans argent, seule au monde
    Emilie (un nom d’emprunt), 56 ans, était patronne d’une petite société d’édition pour enfants à Paris. La faillite de son entreprise en 2013, et la chute personnelle qui a suivi l’ont laissée SDF pendant un an et demi. Émilie connaît le moment précis où sa vie a basculé, l’instant exact où elle a compris que tout venait de changer. C’était à Paris, devant le guichet d’une de ces administrations qu’elle courait depuis des mois, à la recherche d’une bouée qui aurait empêché la déconfiture de son entreprise et l’aurait sauvée du naufrage personnel.


    Ce jour-là, l’administrée au regard bleu gris, pâle comme les cieux de son Nord natal, a tâté ses poches et réalisé, ébahie, qu’elle ne disposait pas des 20 centimes nécessaires à la photocopie exigée pour son dossier du jour. Ni sur elle ni chez elle. Le guichetier, en face, n’a pas compris tout de suite. Il a pensé qu’elle avait la flemme, puis lui a indiqué la machine qui permet de changer les billets en monnaie. Émilie a dû répéter plusieurs fois : « Monsieur, je ne peux pas. Je n’ai PAS 20 centimes. » Voilà. Cette petite femme à la mise BCBG pas clinquante, petites lunettes discrètes et coupe courte de quinqua lambda, venait de passer de l’autre côté de la société. Et ça ne se voyait pas. […]

    Patrick Brugioti : la vie dans le métro
    Après la mort de sa mère, quand il avait 12 ans, Patrick Brugioti a passé une adolescence tumultueuse en familles d’accueil. A 17 ans, il prend la tangente, dans la rue. Un « papi » du bitume, Louis, 72 ans, le prend sous son aile et lui apprend la vie très codifiée du métro.

    Pendant six mois, de février à juillet 2017, à la station République, les voyageurs de la ligne 9 ont pu apercevoir, sur le quai, un sac de couchage rose et bleu, installé sur un banc de carrelage orange à côté d’un distributeur automatique de boissons et de friandises. À l’intérieur, la tête tournée vers la faïence des carreaux métro : Patrick.

    Tous les soirs, sur les coups de 23h30, Louis et lui s’installent dans leur coin, de part et d’autre du distributeur. Il n’y a pas de murs autour, mais la force de l’habitude fait office de barrière. On n’entre pas dans le périmètre, et au cas où un malveillant s’aviserait de passer quand même, Patrick s’est confectionné une sorte de gourdin, un morceau de bois dans lequel il a planté des clous. Il s’en est servi une fois contre un toxicomane qui en voulait aux affaires de Louis. D’autres groupes ont établi leur campement un peu plus loin. Chacun sa place. […]

    Quand l’heure de pointe s’achève, le jeune homme et son grand-père d’adoption montent à leur tour dans la rame. Ils s’arrêtent rue des Boulets. C’est ici que le recueil social, l’antenne de la RATP dédiée aux sans-abri, passe avec son minibus pour conduire ceux qui le souhaitent à l’accueil de jour de Charenton. Là, Patrick se refait une santé. Ses référents l’emmènent même en vacances avec Louis et quelques autres sans-abri en voie de réinsertion. Le petit groupe passe une semaine en Normandie, hors saison dans un club Pierre et Vacances. Ils se promènent, respirent les embruns, mangent bien. Mais le plus dépaysant est dans la chambre : Patrick dort dans un vrai lit.

    Au bout d’une semaine, Louis claironne : « On rentre à la maison ! » Le grand-père et Patrick retrouvent leur banc de métro, et rigolent en répétant : « Enfin chez nous ! »

    Sébastien Frutieaux : le sans-abri au portefeuille Montblanc
    Militaire, trafiquant de voitures, cadre sup marié au salaire très confortable, aujourd’hui militant associatif… Sébastien Frutieaux, 49 ans, a vécu mille vies, dont celle de sans-abri à Paris après sa séparation d’avec sa femme en 2011. Il a retrouvé un toit cinq ans plus tard.

    Quand il a débarqué dans le circuit de la grande précarité, un détail a surpris tout le monde : le SDF possédait un portefeuille Montblanc marqué à son nom, l’un de ces accessoires qui coûte un RSA et aiguise les curiosités agressives. « Ne sortez pas ça, vous allez vous attirer des problèmes », lui a recommandé l’assistante sociale lors de son premier rendez-vous. Sébastien s’est lui aussi fendu d’un conseil à la conseillère : « Évitez de laisser votre gel désinfectant pour les mains si en évidence sur votre bureau. Cachez-le. Pour les gens que vous recevez, c’est plus correct ». Elle était d’accord. À partir de là, ils se sont bien entendus. […]

    « Si on n’est pas fort, dans ce système on se fait bouffer, théorise Sébastien. L’hébergement d’urgence construit des gens qui ne sont plus capables d’être seuls et de reprendre une vie normale. » Lui pourtant s’en est sorti, et tresse des lauriers à son assistante sociale qui lui a permis au bout d’un an d’errance de toucher le RSA, et de poser son sac dans un centre de réinsertion du XIVe arrondissement. C’était la condition littérale de sa survie : la rue n’est pas le lieu idéal pour suivre consciencieusement une thérapie contre le sida.

    Patrick Perret, revenu d’entre les morts
    Photographe, à 64 ans, Patrick Perret vit aujourd’hui au Chili, où il s’est installé en 2016 pour rejoindre sa compagne, rencontrée sur les réseaux sociaux. L’épilogue heureux d’un effroyable cauchemar : pendant dix ans, il fut clochard à Marseille (Bouches-du-Rhône), enchaîné à l’alcool et cloué à un banc, dans le parc du Pharo dominant la Méditerranée.

    « Je ne me redressais plus que pour boire. J’avais le pantalon plein de pisse, plein de *****. Quelqu’un me dit un jour que j’empestais toute la rue. Le matin, la première prise d’alcool me provoquait d’horribles vomissements, ensuite l’alcool passait sans ennui. J’avais un petit poste de radio, procuré par un habitant de la rue. Je n’écoutais que France Culture. Souvent je pensais à Sans Famille, le roman d’Hector Malot. Mère Barberin et Joli-Cœur partageaient mes pensées. J’étais sûr que la fin arrivait au bout de la piste ; la délivrance, la fin de la nuit. Et un matin, je dis à un SDF venu me livrer mon vin d’appeler le Samu. Sursaut. Je fus transporté à demi mort, jusqu’à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille. Il fallut que les infirmiers me tiennent pour pouvoir me faire ma toilette. Dans ma demi-inconscience, je pensais que c’était la dernière. La toilette des morts. » […]

    Sa troisième tentative pour sortir de l’alcool est la bonne. Il recommence à travailler à 50 ans comme photographe, notamment pour le ministère de la Défense. Il a un badge pour cela. « Imaginez la tête des policiers municipaux qui m’avaient connu sur mon banc, quand je sortais mon laissez-passer bleu-blanc-rouge… Quand je rendais visite à mes amis SDF, ceux avec qui j’avais vécu la rue, beaucoup me prenaient pour un déserteur. Me voir en jean impeccable, chemise blanche et veste noire, c’était presque une insulte. Moi, je pensais l’inverse. Me déguiser pour aller les voir, c’eût été cela, le dernier affront. »
    LE PARISIEN
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Sébastien Frutieaux : le sans-abri au portefeuille Montblanc
    Militaire, trafiquant de voitures, cadre sup marié au salaire très confortable, aujourd’hui militant associatif… Sébastien Frutieaux, 49 ans, a vécu mille vies, dont celle de sans-abri à Paris après sa séparation d’avec sa femme en 2011. Il a retrouvé un toit cinq ans plus tard.
    beaucoup d'homme finissent comme ça ..... le mariage la plus grosse arnaque qui puisse exister pour le genre masculin ...... tu te bas pour une ascenssion sociale qu'une personne venue de nulle part vas te confisquer avec l'aprobation de l'etat .....
    La véritable mosquée est celle qui est construite au fond de l'âme

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    • #3
      Elle a du t en faire voir des vertes et de pas mures

      baada venue de nulle part...
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        C'est en France : ne touchent-ils pas le RSA ?
        A 3, ils se font une coloc dans une petite ville pas trop chère, ils ont à l'abri, propres et ils mangent.
        Un bon socle pour se remettre en selle, sans pression.
        Qu'est ce qui cloche dans ma vision des choses pour que ça ne se passe pas comme ça dans la réalité ?

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        • #5
          Nico
          Au RSA
          On te fait pas de location

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          • #6
            Même avec des logements conventionnés par la CAF ?

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            • #7
              Nico
              Là je ne sais pas
              Sorry

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