10 Sep 2018 JEAN ARAUD
Le Français Jean Araud vit depuis quarante ans à Caracas. Son témoignage et les entretiens qu’il a réalisés les jours après l’attentat contre Maduro constituent donc un document brut, précieux pour comprendre à quel point les infos que nous avons ici, ne valent que leur poids de propagande vraiment pas objective. (MC)
***
“L’heure est venue pour les pays du Sud de faire cause commune afin de protéger leur leadership”
Vice-ministre des Relations extérieures pour l’Afrique de 2005 à 2017, le professeur Reinaldo Bolívar est également le fondateur et président de l’Institut des Enquêtes Stratégiques sur l’Afrique et sa Diaspora.
Vous avec une grande expérience des relations diplomatiques entre le Venezuela et le reste du monde. Nous avons vu ces derniers temps la manière dont plusieurs nations ont manifesté leur solidarité avec le président Maduro face à cet attentat. Nous avons également vu comment certaines puissances, notamment les États-Unis et leurs alliés en Amérique Latine ainsi que l’Union Européenne, maintiennent leur position hostile envers la Révolution Bolivarienne. Pensez-vous que l’échiquier des relations internationales sera affecté par cet attentat ?
Reinaldo Bolívar : Le président Nicolás Maduro, sur la base de l’évidence des premières preuves apportées par l’enquête en cours, a dénoncé le fait que la tentative d’assassinat qu’il a subie a été préparée depuis Bogotá en Colombie et Miami aux États-Unis. La réaction de la Colombie, peut-être en raison du changement de gouvernement (Duque a remplacé Santos), a été plutôt timide et évasive. Celle des États-Unis a elle été plus diplomatique, comme l’a montrée la réunion du ministre des Affaires étrangères vénézuélien avec le Chargé d’affaires étasunien.
Au cours de cette réunion, le Venezuela a réitéré la demande publique effectuée aux États-Unis par le président Maduro de collaborer dans l’enquête, puisqu’il est désormais certain que des Vénézuéliens résidant à Miami font partie des têtes pensantes de cet attentat manqué. Je considère que ces deux attitudes vont orienter les réactions sur cet événement, et notamment celles des gouvernements qui suivent l’administration Trump dans sa politique contre le Venezuela, comme ceux faisant partie du Groupe de Lima et de l’Union Européenne. Cela ne signifie pas que la politique erronée de blocus économique et diplomatique envers la Révolution Bolivarienne en sera modifiée, mais on se dirige en revanche vers un remaniement des méthodes irrationnelles qu’on essaie d’utiliser, comme la violence physique, celles-ci ayant été dévoilées aux yeux de l’opinion publique mondiale.
L’attentat contre le président Maduro et le haut commandement politique, si l’on reprend des termes réservés aux échecs, met en échec les gouvernements ennemis du Venezuela, et les oblige à bouger leurs pièces mineures afin de protéger leur image de juges et de pilotes de la politique internationale. Pour ce qui est des gouvernements les plus conscients et respectueux du droit international, comme le Mouvement des pays non-alignés, et les membres des organisations du Sud comme l’OPEP, l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques) et la Conférence Islamique, il les pousse à condamner ces actes déstabilisateurs, au risque de les voir se produire dans leur propre pays également. N’oublions pas, par exemple, le récent attentat subi par l’actuel président du Zimbabwe. L’heure est maintenant venue pour les pays du Sud de faire cause commune afin de protéger leurs institutions et leur leadership.
Vous possédez une large connaissance du continent africain, où se sont déroulés de nombreux attentats et assassinats contre des leaders et des présidents, et dont l’histoire retient qu’ils ont souvent été instigués, voire réalisés de forme directe ou plus occulte par des grandes puissances. Le président Maduro a désigné Bogotá et son président Santos comme responsables de cet attentat, soutenus par Washington. Pensez-vous que cette méthode continuera d’être exploitée par des grandes puissances ou que d’autres grandes puissances s’y opposeront fermement ?
Reinaldo Bolívar : Malheureusement, la lâcheté d’un assassinat visant un chef de gouvernement ou un leader existe depuis la nuit des temps. Dans les cours européennes, de véritables anéantissements de familles royales se sont produits tout au long de l’histoire pour l’accès au pouvoir politique. Des frères qui assassinaient leurs propres frères ou même leurs propres parents. Ou bien en Égypte également, qui a connu les assassinats de pharaons. En Inde, on pleure toujours le martyre de Gandhi alors au firmament de l’expression de son leadership régional et de son influence mondiale.
Le thème de l’attentat est récurrent. Même les États-Unis n’ont pu y échapper, eux qui ont vu Lincoln et Kennedy se faire assassiner pour avoir épousé des causes dérangeantes pour les élites. Ils ont également vu des leaders mondiaux comme Luther King et Malcom X subir le même sort. Même le Vatican n’y a pas échappé, Jean-Paul II ayant failli être victime du fanatisme engendré.
Le Libérateur Simón Bolívar a subi plusieurs attentats alors qu’il exerçait la fonction suprême, les plus notables s’étant déroulés en Jamaïque, au Guárico et à Bogotá. Le Venezuela perdit en Colombie le bras droit de Bolívar, le Général Antonio José de Sucre, qui avait été président de L’Équateur et était appelé à succéder au Libérateur à la présidence de la Grande Colombie. Dans Notre Amérique, Fidel Castro a raconté les nombreuses fois où on a tenté de le supprimer, et si vous souhaitez une matérialisation de ce genre de faits, nous avons la mort du leader et président de la Grenade, Maurice Bishop.
En Afrique, les puissances impériales ont décidé d’en finir avec le socialisme africain en anéantissant son leadership, provoquant ainsi de manière directe ou indirecte la mort d’hommes comme Amílcar Cabral, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Gamal Abdel Nasser, Agostinho Neto, Eduardo Mondlane, entre autres. Plus récemment, c’est l’assassinat public de Mouammar Kadhafi, applaudi par la ministre des Affaires étrangères d’Obama, auquel nous avons assisté.
Proche de l’Afrique également, l’empoisonnement de Yasser Arafat par le sionisme israélien, ainsi que le cirque macabre orchestré par les États-Unis pour en finir avec Saddam Hussein montrent bien que cette méthode cruelle et détestable d’ingérence n’est pas en voie de disparition.
Aucune nation civilisée au monde ne s’accommode de ce type de barbarie. Mais bien évidemment cette méthode, comme celle de la guerre et des bombardements indifférenciés contre les peuples, fait partie du répertoire des actions des grandes puissances qui pensent être les seigneurs du monde. N’oublions pas le nombre de fois où l’on a entendu que la résolution finale en Syrie passerait par la mort de son président.
Face à cela, il demeure toujours l’espoir d’une clairvoyance du leadership actuel, tant sur un plan personnel que partisan, de pays forts qui ont fait preuve de rationalité au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et dans le cadre de l’étouffement du terrorisme en Syrie, comme la Russie et la Chine.
“Le peuple doit être un protagoniste fondamental de ce moment historique”
Journaliste à la trajectoire riche, dans la presse écrite et à la télévision, Néstor Francia est actuellement député de l’Assemblée nationale constituante.
Cela fait un an que l’opposition radicale vénézuélienne, face à ses échecs répétés dans les urnes, mettait le pays à feu et à sang afin de renverser le président. Après l’élection par le peuple de l’Assemblée nationale constituante, la paix a été rétablie du jour au lendemain. Désormais, cette même opposition radicale choisit la voie d’un attentat contre le président. Comment devons-nous interpréter cela ?
Néstor Francia : Dans ce cas concret, l’analyse n’est pas facile à établir. On ne connaît pas les informations fondamentales. On ignore si cet attentat est un fait isolé ou s’il est le début d’une spirale de violence terroriste, on ignore le réel degré d’organisation des auteurs ainsi que leurs liens internes avec des acteurs politiques spécifiques ou avec des éléments d’opposition au sein même de l’État ou des forces armées.
En principe, il semble s’agir d’une action isolée, mais nous ne pouvons pas en être sûrs. Pour le moment, nous ne pouvons qu’êtres vigilants et espérer que les investigations aboutissent à de nouveaux éléments d’appréciation. D’autre part, l’opposition en général, et plus particulièrement sa frange radicale, est anéantie et il n’est pas évident d’attribuer cette action à l’une de ses franges ou de savoir s’il s’agit d’un groupe plus ou moins fantaisiste comme celui formé par le policier Oscar Pérez. (1)
Sans un seul coup de feu, l’Assemblée nationale constituante a réussi à rétablir la paix face à des actions telles que des assassinats, des attaques contre des centres de soins et des garderies pour enfants, des destructions d’édifices publics, la crémation d’individus encore vivants, entre autres. Comment pensez-vous que l’Assemblée agira dans le futur afin d’éviter de nouveaux attentats, si tant est que l’on imagine l’opposition instiguer de nouveaux attentats ?
Néstor Francia : Le terrorisme a l’habitude d’être imprévisible. Il ne nécessite pas de soutien populaire, ni d’effectifs conséquents pour agir si l’on dispose d’une organisation un minimum effective. Les ressources ne manqueraient pas, les dollars impériaux afflueraient, de manière directe ou indirecte. En ce sens, je ne vois pas la Constituante disposer de beaucoup de marge de manœuvre pour éviter les actes terroristes. Le cas des guarimbas (2) a été différent, leurs actions étaient publiques notoires et elles étaient de plus essoufflées et sur le point d’être renversées, elles n’avaient atteint aucun de leurs objectifs minimaux qu’elles s’étaient fixées et le peuple, opposition comprise, ne leur avait apporté aucun soutien. La Constituante a parachevé la tâche qui était pour l’essentiel déjà réalisée.
Maintenant, je crois que c’est l’action de l’État dans son ensemble qu’il faut mobiliser, y compris la Constituante elle-même, évidemment, mais avec un rôle fondamental des équipes de renseignement et des corps sécuritaires de l’État. Et le peuple dans la rue, de façon permanente, bien sûr, de différentes manières. Je crois que les missions principales de la Constituante sont autres à ce stade, comme la rédaction du nouveau texte constitutionnel qui inclut la transformation profonde des structures étatiques bourgeoises qui prévalent toujours et les changements qui donneraient un réel pouvoir au peuple, pour qu’il ne soit pas seulement un acteur de ce moment historique, mais surtout un protagoniste fondamental de celui-ci.
Le Français Jean Araud vit depuis quarante ans à Caracas. Son témoignage et les entretiens qu’il a réalisés les jours après l’attentat contre Maduro constituent donc un document brut, précieux pour comprendre à quel point les infos que nous avons ici, ne valent que leur poids de propagande vraiment pas objective. (MC)
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“L’heure est venue pour les pays du Sud de faire cause commune afin de protéger leur leadership”
Vice-ministre des Relations extérieures pour l’Afrique de 2005 à 2017, le professeur Reinaldo Bolívar est également le fondateur et président de l’Institut des Enquêtes Stratégiques sur l’Afrique et sa Diaspora.
Vous avec une grande expérience des relations diplomatiques entre le Venezuela et le reste du monde. Nous avons vu ces derniers temps la manière dont plusieurs nations ont manifesté leur solidarité avec le président Maduro face à cet attentat. Nous avons également vu comment certaines puissances, notamment les États-Unis et leurs alliés en Amérique Latine ainsi que l’Union Européenne, maintiennent leur position hostile envers la Révolution Bolivarienne. Pensez-vous que l’échiquier des relations internationales sera affecté par cet attentat ?
Reinaldo Bolívar : Le président Nicolás Maduro, sur la base de l’évidence des premières preuves apportées par l’enquête en cours, a dénoncé le fait que la tentative d’assassinat qu’il a subie a été préparée depuis Bogotá en Colombie et Miami aux États-Unis. La réaction de la Colombie, peut-être en raison du changement de gouvernement (Duque a remplacé Santos), a été plutôt timide et évasive. Celle des États-Unis a elle été plus diplomatique, comme l’a montrée la réunion du ministre des Affaires étrangères vénézuélien avec le Chargé d’affaires étasunien.
Au cours de cette réunion, le Venezuela a réitéré la demande publique effectuée aux États-Unis par le président Maduro de collaborer dans l’enquête, puisqu’il est désormais certain que des Vénézuéliens résidant à Miami font partie des têtes pensantes de cet attentat manqué. Je considère que ces deux attitudes vont orienter les réactions sur cet événement, et notamment celles des gouvernements qui suivent l’administration Trump dans sa politique contre le Venezuela, comme ceux faisant partie du Groupe de Lima et de l’Union Européenne. Cela ne signifie pas que la politique erronée de blocus économique et diplomatique envers la Révolution Bolivarienne en sera modifiée, mais on se dirige en revanche vers un remaniement des méthodes irrationnelles qu’on essaie d’utiliser, comme la violence physique, celles-ci ayant été dévoilées aux yeux de l’opinion publique mondiale.
L’attentat contre le président Maduro et le haut commandement politique, si l’on reprend des termes réservés aux échecs, met en échec les gouvernements ennemis du Venezuela, et les oblige à bouger leurs pièces mineures afin de protéger leur image de juges et de pilotes de la politique internationale. Pour ce qui est des gouvernements les plus conscients et respectueux du droit international, comme le Mouvement des pays non-alignés, et les membres des organisations du Sud comme l’OPEP, l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques) et la Conférence Islamique, il les pousse à condamner ces actes déstabilisateurs, au risque de les voir se produire dans leur propre pays également. N’oublions pas, par exemple, le récent attentat subi par l’actuel président du Zimbabwe. L’heure est maintenant venue pour les pays du Sud de faire cause commune afin de protéger leurs institutions et leur leadership.
Vous possédez une large connaissance du continent africain, où se sont déroulés de nombreux attentats et assassinats contre des leaders et des présidents, et dont l’histoire retient qu’ils ont souvent été instigués, voire réalisés de forme directe ou plus occulte par des grandes puissances. Le président Maduro a désigné Bogotá et son président Santos comme responsables de cet attentat, soutenus par Washington. Pensez-vous que cette méthode continuera d’être exploitée par des grandes puissances ou que d’autres grandes puissances s’y opposeront fermement ?
Reinaldo Bolívar : Malheureusement, la lâcheté d’un assassinat visant un chef de gouvernement ou un leader existe depuis la nuit des temps. Dans les cours européennes, de véritables anéantissements de familles royales se sont produits tout au long de l’histoire pour l’accès au pouvoir politique. Des frères qui assassinaient leurs propres frères ou même leurs propres parents. Ou bien en Égypte également, qui a connu les assassinats de pharaons. En Inde, on pleure toujours le martyre de Gandhi alors au firmament de l’expression de son leadership régional et de son influence mondiale.
Le thème de l’attentat est récurrent. Même les États-Unis n’ont pu y échapper, eux qui ont vu Lincoln et Kennedy se faire assassiner pour avoir épousé des causes dérangeantes pour les élites. Ils ont également vu des leaders mondiaux comme Luther King et Malcom X subir le même sort. Même le Vatican n’y a pas échappé, Jean-Paul II ayant failli être victime du fanatisme engendré.
Le Libérateur Simón Bolívar a subi plusieurs attentats alors qu’il exerçait la fonction suprême, les plus notables s’étant déroulés en Jamaïque, au Guárico et à Bogotá. Le Venezuela perdit en Colombie le bras droit de Bolívar, le Général Antonio José de Sucre, qui avait été président de L’Équateur et était appelé à succéder au Libérateur à la présidence de la Grande Colombie. Dans Notre Amérique, Fidel Castro a raconté les nombreuses fois où on a tenté de le supprimer, et si vous souhaitez une matérialisation de ce genre de faits, nous avons la mort du leader et président de la Grenade, Maurice Bishop.
En Afrique, les puissances impériales ont décidé d’en finir avec le socialisme africain en anéantissant son leadership, provoquant ainsi de manière directe ou indirecte la mort d’hommes comme Amílcar Cabral, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Gamal Abdel Nasser, Agostinho Neto, Eduardo Mondlane, entre autres. Plus récemment, c’est l’assassinat public de Mouammar Kadhafi, applaudi par la ministre des Affaires étrangères d’Obama, auquel nous avons assisté.
Proche de l’Afrique également, l’empoisonnement de Yasser Arafat par le sionisme israélien, ainsi que le cirque macabre orchestré par les États-Unis pour en finir avec Saddam Hussein montrent bien que cette méthode cruelle et détestable d’ingérence n’est pas en voie de disparition.
Aucune nation civilisée au monde ne s’accommode de ce type de barbarie. Mais bien évidemment cette méthode, comme celle de la guerre et des bombardements indifférenciés contre les peuples, fait partie du répertoire des actions des grandes puissances qui pensent être les seigneurs du monde. N’oublions pas le nombre de fois où l’on a entendu que la résolution finale en Syrie passerait par la mort de son président.
Face à cela, il demeure toujours l’espoir d’une clairvoyance du leadership actuel, tant sur un plan personnel que partisan, de pays forts qui ont fait preuve de rationalité au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et dans le cadre de l’étouffement du terrorisme en Syrie, comme la Russie et la Chine.
“Le peuple doit être un protagoniste fondamental de ce moment historique”
Journaliste à la trajectoire riche, dans la presse écrite et à la télévision, Néstor Francia est actuellement député de l’Assemblée nationale constituante.
Cela fait un an que l’opposition radicale vénézuélienne, face à ses échecs répétés dans les urnes, mettait le pays à feu et à sang afin de renverser le président. Après l’élection par le peuple de l’Assemblée nationale constituante, la paix a été rétablie du jour au lendemain. Désormais, cette même opposition radicale choisit la voie d’un attentat contre le président. Comment devons-nous interpréter cela ?
Néstor Francia : Dans ce cas concret, l’analyse n’est pas facile à établir. On ne connaît pas les informations fondamentales. On ignore si cet attentat est un fait isolé ou s’il est le début d’une spirale de violence terroriste, on ignore le réel degré d’organisation des auteurs ainsi que leurs liens internes avec des acteurs politiques spécifiques ou avec des éléments d’opposition au sein même de l’État ou des forces armées.
En principe, il semble s’agir d’une action isolée, mais nous ne pouvons pas en être sûrs. Pour le moment, nous ne pouvons qu’êtres vigilants et espérer que les investigations aboutissent à de nouveaux éléments d’appréciation. D’autre part, l’opposition en général, et plus particulièrement sa frange radicale, est anéantie et il n’est pas évident d’attribuer cette action à l’une de ses franges ou de savoir s’il s’agit d’un groupe plus ou moins fantaisiste comme celui formé par le policier Oscar Pérez. (1)
Sans un seul coup de feu, l’Assemblée nationale constituante a réussi à rétablir la paix face à des actions telles que des assassinats, des attaques contre des centres de soins et des garderies pour enfants, des destructions d’édifices publics, la crémation d’individus encore vivants, entre autres. Comment pensez-vous que l’Assemblée agira dans le futur afin d’éviter de nouveaux attentats, si tant est que l’on imagine l’opposition instiguer de nouveaux attentats ?
Néstor Francia : Le terrorisme a l’habitude d’être imprévisible. Il ne nécessite pas de soutien populaire, ni d’effectifs conséquents pour agir si l’on dispose d’une organisation un minimum effective. Les ressources ne manqueraient pas, les dollars impériaux afflueraient, de manière directe ou indirecte. En ce sens, je ne vois pas la Constituante disposer de beaucoup de marge de manœuvre pour éviter les actes terroristes. Le cas des guarimbas (2) a été différent, leurs actions étaient publiques notoires et elles étaient de plus essoufflées et sur le point d’être renversées, elles n’avaient atteint aucun de leurs objectifs minimaux qu’elles s’étaient fixées et le peuple, opposition comprise, ne leur avait apporté aucun soutien. La Constituante a parachevé la tâche qui était pour l’essentiel déjà réalisée.
Maintenant, je crois que c’est l’action de l’État dans son ensemble qu’il faut mobiliser, y compris la Constituante elle-même, évidemment, mais avec un rôle fondamental des équipes de renseignement et des corps sécuritaires de l’État. Et le peuple dans la rue, de façon permanente, bien sûr, de différentes manières. Je crois que les missions principales de la Constituante sont autres à ce stade, comme la rédaction du nouveau texte constitutionnel qui inclut la transformation profonde des structures étatiques bourgeoises qui prévalent toujours et les changements qui donneraient un réel pouvoir au peuple, pour qu’il ne soit pas seulement un acteur de ce moment historique, mais surtout un protagoniste fondamental de celui-ci.
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