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Chili, 11 septembre 1973 : la démocratie assassinée

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  • Chili, 11 septembre 1973 : la démocratie assassinée

    11 SEPT. 2015 PAR GRÉGORY GARCIA
    « Avec moi, c'est le peuple qui entre à la Moneda » disait Salvador Allende, après son élection à la présidence de la république du Chili, le 4 septembre 1970. Après trois défaites présidentielles, par son opiniâtreté et sa détermination au sein du parti Unité Populaire, il mène son pays au socialisme par la voie du processus électoral. Une révolution légale en quelque sorte, dans un continent pillé depuis l'arrivée de Christophe Colomb.


    « Avec moi, c'est le peuple qui entre à la Moneda » disait Salvador Allende, après son élection à la présidence de la république du Chili, le 4 septembre 1970. Après trois défaites présidentielles, par son opiniâtreté et sa détermination au sein du parti Unité Populaire, il mène son pays au socialisme par la voie du processus électoral. Une révolution légale en quelque sorte, dans un continent pillé depuis l'arrivée de Christophe Colomb.

    « Les thèses de Milton Friedman lui ont donné le prix Nobel, elles ont donné au Chili le général Pinochet » Eduardo Galéano



    Les Etats-Unis voient là un danger plus grand que Cuba. Substituer le bulletin de vote au fusil peut donner des idées aux pays voisins ; impensable pour les yankees. Mais déjà, durant la campagne présidentielle de 1964, Allende est pris au sérieux par la CIA qui finance la campagne du démocrate-chrétien, Eduardo Frei Montalva. Celui ci bénéficie du report des voix de la droite, impulsé par la CIA. Plus tard, pendant la campagne de 1970, la CIA collabore avec la multinationale ITT (International Telephone and Telegraph) pour provoquer la défaite de l'UP, et essaie encore après sa victoire du 4 septembre d'enrayer la confirmation du Congrès chilien, comme la constitution le prévoit.

    Salvador Allende met en place un programme à l'opposé de la vision économique du pays de l'oncle Sam : augmentation des salaires, impôt sur les bénéfices, Sécurité Sociale plus juste, nationalisation du secteur du cuivre (première exportation du Chili) et parmi d'autres encore, une mesure qui n'est pas sans rappeler en Europe une actualité brûlante : un moratoire sur la dette publique. Il est d'ailleurs révélateur de savoir que jamais Allende ne profitera d'un seul prêt de la Banque mondiale durant ses trois années de présidence ; les fonds n'arriveront qu'après le coup d'état militaire. Rien d’étonnant de la part d'une banque sous influence des USA qui asservit encore aujourd'hui les pays du sud.

    Avant même son investiture, le 22 octobre 1970, un coup d'état militaire de l'extrême droite soutenue par la CIA veut retourner l'armée contre Allende et assassine le général Schneider. La tentative échoue, mais le ton est donné. Nixon lance alors sa phrase : « Faites hurler l'économie ». Le gouvernement de l'UP doit faire face aux partis opposés, la grève des camionneurs et celle des patrons, une presse d'opposition, le Chili subit également une baisse des importations des produits alimentaires et manufacturés, le tout avec le concours de la CIA. Malgré tout, l'UP tient bon. Le pays est divisé entre une classe possédante et une autre qui sait que ce gouvernement est le sien. Mais les choses vont s'accélérer.

    « Je ne vois pas pourquoi nous serions restés les bras croisés alors qu'un pays de l'hémisphère risquait de passer sous contrôle marxiste en raison de l'irresponsabilité de son peuple... » C'est avec une auto-prescription des plus cyniques, que Kissinger, chef d'orchestre du massacre chilien, justifiera plus tard le coup d'état et 17 ans de dictature militaire. Celui du « miracle chilien » selon Milton Friedman et les Chicago Boys ; celui d'un modèle économique fait de déréglementation, né d'un coup d'état, et qui a encore besoin aujourd'hui pour exister, de piétiner la démocratie. Parmi d'autres, Allende sera trahi par celui qu'il avait nommé chef des armées peu de temps avant le coup d'état : le général Augusto Pinochet.

    En 1998, à Londres, Pinochet est placé sous résidence surveillé après un mandat d'arrêt international lancé contre lui. Margaret Thatcher ne tarira pas d'éloges à son sujet, lui disant directement : « Je suis bien consciente que vous êtes celui qui a amené la démocratie au Chili, vous avez établi une constitution appropriée à la démocratie, vous l'avez mise en œuvre, des élections ont été tenues, et enfin, conformément aux résultats, vous avez quitté le pouvoir ». La Moneda bombardé, le suicide d'Allende, les doigts coupés de Victor Jara, son exécution, la mort de Pablo Neruda, les vols de la mort des hélicoptères jetant les corps à la mer, les prisonniers, les torturés, les fusillés, les fosses communes. Il y aurait quelques lignes à écrire également sur la conception démocratique de celle qui traitait Nelson Mandela de terroriste...

    Il faut interpréter le suicide de Salvador Allende non pas comme une reddition ou un abandon, mais comme un acte de classe. L'ultime action du combat d'un homme qui a œuvré pour le socialisme. Pour s'en rendre compte, il suffit d'écouter son dernier message radio, un document exceptionnel, où d'une voix calme et posée, Allende a déjà pris la décision de sa vie et appelle le Chili à résister au fascisme. Pinochet est mort sans avoir été jugé, l'injustice demeure, mais la rancune se veut tenace. Elle doit servir à construire une société meilleure que Salvador Allende avait commencé à bâtir de son vivant. La date du 11 septembre 1973 doit être connue de toutes celles et ceux revendiquant le socialisme à travers le monde.


    Dernier discours de Salvador Allende © fandelatoile
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Il se passe des choses les "11 séptembre !!"

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    • #3
      le triomphe électoral de Salvador Allende montre que le peuple Chilien était conscient et cultivé car il avait choisi le socialisme et non pas le néocolonialisme du capitalisme. Malheuseument, en Algérie,les charlatans et menteurs sont nombreux et nos partis politiques comme ceux de Salvador Allende ont été sabotés et d'autres achetés !!!
      Dernière modification par Elghifari, 12 septembre 2018, 20h01.

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      • #4
        Salvador Allende, 11 septembre 1973

        Dernier discours de Salvador Allende

        L'histoire nous appartient, c'est le peuple qui la fait.

        Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont trahi leurs convictions, manqué à leur propre parole et se sont tournés vers la doctrine des forces armées. Le peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer mais il doit défendre ses acquis. Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. A propos de ceux qui ont soi-disant " autoproclamé " la démocratie, ils ont incité la révolte, et ont d'une façon insensée et louche mener le Chili dans le gouffre. Au nom des plus gros intérêts du peuple, au nom de la patrie, je vous appelle pour vous dire de garder l'espoir. l'Histoire ne s'arrête pas ni avec la répression, ni avec le crime. C'est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu'ils nous écrasent mais l'avenir appartiendra au peuple, aux travailleurs. L'humanité avance vers la conquête d'une vie meilleure.
        Compatriotes, il nous est possible de faire taire les radios, et je prendrai congés de vous. En ce moment sont en train de passer les avions, ils pourraient nous bombarder. Mais sachez que nous somme là pour montrer que dans ce pays, il y a des hommes qui remplissent leurs fonctions jusqu'au bout. Moi je le ferai mandaté par le peuple et en tant que président conscient de la dignité de ce dont je suis chargé.
        C'est certainement la dernière opportunité que j'ai de vous parler. Les forces armées aériennes ont bombardé les antennes de radio. Mes paroles ne sont pas amères mais déçues. Elles sont la punition morale pour ceux qui ont trahi le serment qu'ils firent. Soldat du Chili, Commandant en chef, associé de l'Amiral Merino, et du général Mendosa, qui hier avait manifesté sa solidarité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd'hui s'est nommé Commandant Général des armées. Face à ces évènements, je peux dire aux travailleurs que je ne renoncerai pas. Dans cette étape historique, je paierai par ma vie ma loyauté au peuple. Je vous dis que j'ai la certitude que la graine que l'on à confié au peuple chilien ne pourra pas être détruit définitivement. Ils ont la force, ils pourront nous asservir mais n'éviteront pas les procès sociaux, ni avec le crime, ni avec la force.
        L'Histoire est à nous, c'est le peuple qui la fait. Travailleurs de ma patrie, je veux vous remercier pour la loyauté dont vous avez toujours fait preuve, de la confiance que vous avez reposé sur un homme qui a été le seul interprète du grand désir de justice, qui jure avoir pu respecté la constitution et la loi. En ce moment crucial, la dernière chose que je voudrais vous adresser est que j'espère que la leçon sera retenue.
        Le capital étranger, l'impérialisme, ont créé le climat qui a cassé les traditions : celles que montrent Scheider et qu'aurait réaffirmé le commandant Araya. C'est de chez lui, avec l'aide étrangère, que celui-ci espérera reconquérir le pouvoir afin de continuer à défendre ses propriétés et ses privilèges. Je voudrais m'adresser à la femme simple de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous ; à l'ouvrière qui a travaillé dur et à la mère qui a toujours bien soigné ses enfants. Je m'adresse aux personnels de l'état, à ceux qui depuis des jours travaillent contre le coup d'état, contre ceux qui ne défendent que les avantages d'une société capitaliste. Je m'adresse à la jeunesse, à ceux qui ont chanté et ont transmis leur gaieté et leur esprit de lutte. Je m'adresse aux chiliens, ouvriers, paysans, intellectuels, à tous ceux qui seront persécutés parce que dans notre pays le fascisme est présent déjà depuis un moment. Les attentats terroristes faisant sauter des ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et gazoducs ; face au silence de ceux qui avaient l'obligation d'intervenir, l'Histoire les jugera.
        Ils vont sûrement faire taire radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son métallique de ma voix tranquille. Peu importe, vous continuerez à m'écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d'un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et se laisser humilier. Travailleurs : j'ai confiance au Chili et à son destin. D'autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s'imposerait. Allez de l'avant sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues où passera l'homme libre pour construire une société meilleure.
        Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j'ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu'au moins ce sera une punition morale pour la lâcheté et la trahison.

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        • #5
          Salvador Allende, dans son dernier discours, je prend une de ses phrases :

          "Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie"

          Effectivement, il est mort en résistant au coup d'Etat.

          En Algérie, si nous avons un leader comme "Salvador Allende" aujourd'hui,nous pourrons dire que notre pays est sauvé. Mais, malheureusement, non !

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          • #6
            Sans doute, l'expérience chilienne avec Allende est ce qui s'était fait de mieux.

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