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Pourquoi associe-t-on la Russie aux ours?

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  • Pourquoi associe-t-on la Russie aux ours?

    17:20 26.10.2017
    par redlynx
    Pourquoi l'ours est-il depuis toujours un marqueur visuel de la Russie alors qu'un aigle est représenté sur les armoiries russes et que les élans sont si nombreux dans les forêts russes?

    Les chroniques de voyage

    Pendant l'âge d'or des récits de voyage, tout écrivain qui se respectait mentionnait forcément l'ours dans ses notes sur la Russie. Les uns racontaient des histoires amusantes avec des oursons, d'autres décrivaient les carrosses et les traîneaux décorés dans de magnifiques peaux d'ours. Le poète anglais George Turberville, qui a séjourné à Moscou en 1568-1569, écrivait qu'en signe de grand honneur pour un hôte on lui proposait, au lieu d'un lit, de se reposer sur une peau d'ours et une selle faisait office d'oreiller. «Il n'y a pas d'autres draps en Russie», assurait l'Anglais.




    ​Sans oublier la culture populaire russe, où les divertissements impliquant un ou plusieurs ours avaient la part belle. Des troupes sillonnaient ainsi les routes russes avec des ours domestiqués capables de danser, de faire des culbutes et même de mendier. Ainsi, Giles Fletcher, poète britannique, diplomate et voyageur, n'avait jamais vu ces animaux semi-sauvages se balader oisivement dans une capitale. Dans ses notes il écrivait: «Des ours sauvages, généralement attrapés dans des fosses ou des filets, sont maintenus en cage. Au jour et à l'heure convenue, la cour se réunit devant le théâtre où doit avoir lieu le combat. Une foule immense assiste au spectacle. Apparaît le combattant le plus audacieux avec un épieu, et on lâche l'ours qui, en le voyant, se cabre, rugit et se jette sur lui la gueule ouverte. Le chasseur ne bouge pas: il regarde, vise — et enfonce avec force l'épieu dans l'animal et appuie l'autre extrémité au sol avec le pied. L'animal blessé et enragé se jette sur le fer, l'arrose de sang et de bave, brise et ronge le bois, et, n'y arrivant pas, tombe sur le côté pour mourir en poussant un dernier soupir. La foule, jusque-là silencieuse, fait trembler la place de ses cris de joie et le héros est conduit dans les sous-sols du tsar pour boire à la santé du souverain…»


    ​Selon d'autres témoignages, à l'époque d'Ivan le Terrible on comptait à Moscou environ 1 ours pour 100 habitants. Les boyards et les marchands aisés abritaient généralement au moins un ours dans leurs chambres et maisons. En entrant dans un bistrot fréquenté de l'époque, vous auriez forcément vu un ours — souvent assis dans un groupe bruyant et en train de boire.

    Le monstre moscovite
    Les ours russes étaient exportés dans les pays européens essentiellement de Russie, jusqu'à devenir une véritable marque. Par exemple, en 1749, le journal Les Chroniques de Cambridge a publié une publicité invitant les Européens à voir de leurs propres yeux la persécution du «grand ours moscovite». Dans la troupe de chaque cirque nomade se trouvait forcément un ours, et même s'il n'avait pas été attrapé dans les étendues russes on affirmait aux spectateurs que le monstre poilu et sanguinaire était un authentique ours «moscovite». D'ailleurs, les Européens répandaient activement la rumeur selon laquelle les baladins avec des ours, devenus très nombreux, étaient des espions du grand prince de Moscou.

    La naissance de «l'image d'Épinal»

    La passion pour les ours en Russie a été reprise dans les caricatures occidentales. La première image allégorique de la Russie sous la forme d'un ours est apparue dans des chroniques de 1507, qui appartenaient très certainement à un certain Yan de Glogow. Sur le dessin, l'Europe-dragon est opposée à l'Asie-ours où la Moscovie occupe une place centrale.

    En 1526, le diplomate autrichien Sigismund von Herberstein, dans sa description de l'hiver russe austère et de la famine, a créé l'image des ours qui tentaient de pénétrer dans les maisons des paysans. Cette image a tellement été appréciée par les étrangers qu'elle a engendré de nombreuses histoires drôles. Les cas isolés d'apparition d'ours sauvages en hiver dans les villages et les petites villes russes étaient, avec le temps, considérés comme un événement courant très caractéristique pour tout le pays. L'image du baladin avec un ours dressé y a beaucoup contribué. Peu à peu, les récits extraordinaires se sont transformés en stéréotype sur les ours se baladant sur la place Rouge.
    La latitude, la longitude et l'ours

    Un ours est également apparu sur la vignette de la première carte de Moscovie dessinée en 1544 par le sénateur de Gdansk Antoni Vid. Il participe également à une scène où une bande tente de l'attraper. Sur la carte de l'ambassadeur anglais Anthony Jenkinson, les ours se baladent tranquillement sur le territoire de la Moscovie. Par la suite sont apparues des cartes avec un nombre menaçant d'ours partout en Russie, ainsi que des illustrations de danses d'ours en compagnie d'hommes russes.

    Des racines ancestrales

    Il faut reconnaître que la contribution à ce totem russe est aussi venue de la part des Russes mêmes. Les escouades de Varangiens dans l'ancienne Russie de Kiev étaient les premières à se comparer aux ours. Les ancêtres païens russes, selon les historiens, considéraient l'ours non seulement comme un animal divin, mais également comme un parent en s'adressant à lui comme au «grand-père», au «vieillard». Autre exemple: dans la mythologie des Slaves les guerriers Vyrvi Doub et Vali Gora ont été nourris par une louve et une ourse — qui leur a donné la force et l'intelligence.

    Même à la période chrétienne, en dépit des traits plus négatifs qu'on lui attribuait — la rage, la paresse, l'agression — l'ours est resté un animal vénéré. Ses images apparaissent dans les masques et les costumes de déguisement, et l'ours est aussi présent dans les objets artisanaux, dans la littérature, dans les contes de fées, les proverbes et les dictons.

    Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

    Source:sputniknwes
    L'escalier de la science est l'échelle de Jacob,il ne s'achève qu'aux pieds de Dieu
    Albert Einstein

  • #2
    Des ours et des Russes

    16 AOÛT 2011 FRAN MARTÍNEZ, LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

    L’ours est devenu l’emblème de la Russie au XVIIe siècle, époque de l’expansion de la principauté de Moscou dirigée alors par la dynastie des Romanov.
    Image : Niyaz Karim.

    L’Empire se serait étendu jusqu’au Pacifique et l’Amou-Daria. Mais si de nombreux ours habitaient ces terres occupées, la raison pour laquelle les Russes se sont identifiés à cet animal est pourtant à chercher ailleurs.

    En fait, ni la cour des Tsars ni le peuple lui-même n’ont été à l’origine de cette représentation de l’ours « comme miroir de l’âme slave » : c’est en réalité la Grande Bretagne qui en est l’investigatrice. Les Britanniques commençaient en effet à se moquer de la soif d’ambition de la cour impériale de Saint-Pétersbourg, en présentant le pays comme un ours.

    Les Britanniques nourrissaient bien entendu eux aussi de grandes ambitions, mais ils préféraient se considérer comme un lion, animal plus noble que cet ours barbare et fainéant qui hiberne des mois durant puis se réveille de manière inattendue et violente.

    Sous l’Empire des Tsars, des ours domestiqués étaient fréquemment utilisés pour divertir les convives pendant les réceptions, à la cour et dans les restaurants ; parfois on les obligeait même à boire de l’alcool. La tradition n’est aujourd’hui plus très répandue, mais il est toujours possible d’en trouver dans certains endroits de l’ex-empire. C’est pourquoi le ministre de l’Environnement ukrainien, Mykola Zlochevsky, a fini par interdire toute utilisation des ours à des fins ludiques. De même, il a créé une réserve où placer en sécurité les 80 ours rescapés.

    Personnellement, j’ai une affection toute particulière pour l’ours Misha, le symbole des Jeux olympiques de Moscou (1980). L’illustrateur Victor Tchijikov avait alors la lourde tâche de montrer au public les bons côtés de l’ours emblématique de l’Union soviétique, mais au final il a réussi bien plus encore : il a créé la première grande mascotte sportive !

    Durant ces Jeux, l’ourse Katya a montré son joli minois aux caméras du monde entier. Après ces débuts prometteurs, elle a fait carrière au cirque d’État du Bolchoï de Leningrad (sur la Fontaka) et a tenté de se constituer une bonne retraite en jouant également au cinéma.



    Ironie du sort et paradoxe des temps modernes : les ours sont parmi les principales victimes des graves incendies de l’été dernier.

    Indiscutablement, l’ours est encore bel et bien présent dans la culture russe. L’agence Mildberry Sports Lab vient ainsi de présenter le nouvel emblème des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi (2014), et devinez quoi : c’est un ours !

    Lors de son discours au pays, le président russe Dimitri Medvedev (a propos, le mot Medved signifie « l’ours » en russe) a affirmé qu’ « il est très important car l’ours est un sujet qui unit les Russes et qui est compris par la plupart d’entre eux. »




    Les auteurs du dessin, quant à eux, ont expliqué qu’il s’agissait du « vieil ours russe mais avec une signification nouvelle. Nous avons décidé qu’il serait plus pertinent de ne pas inventer de nouveaux personnages mais de travailler avec les anciens, en leur impulsant une signification nouvelle. »

    rbth
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