Les falsifications de l'histoire
Staline et la lutte pour la réforme démocratique
Par Grover Furr
C’est un article très important que nous voulons diffuser largement autour de nous. C’est pourquoi nous en commençons la publication dès ce no de NSC. Vu la longueur de l’article nous nous proposons d’en compléter la publication en trois parties. Vous pouvez aussi demander ce supplément par courrier électronique à ....... La direction
Dans l'introduction à son article, l'auteur prévient « ...l'article qui suit étonnera nombre de personnes et en choquera d'autres. En fait c'est ma propre stupéfaction, à la suite des résultats de mes recherches qui m'a conduit à écrire cet article. Je soupçonnais depuis longtemps que la version « Guerre froide » de l'histoire soviétique avait des défauts sérieux. Cependant, j'étais loin d'évaluer l'étendue des mensonges que l'on m'avait présentés comme des faits incontestables. »
Plus de 50 ans après le 20ème congrès du PCUS qui consacra le triomphe des révisionnistes partisans de la restauration du capitalisme en URSS, nous pouvons juger des énormes dégâts que cet événement a engendrés pour le mouvement communiste. L'ignominieux rapport secret de Krouchtchev et les calomnies sur la période « stalinienne » de l'Union soviétique qu'il a répandues a permis que les mensonges de la propagande anti-communiste soient élevés au rang de vérité absolue. Des millions de prolétaires ont ainsi désespéré du communisme et leurs luttes pour une société plus juste, débarrassée de l'exploitation de l'homme par l'homme a été dévoyée sur des chemins de traverse.
Aujourd'hui il nous faut faire renaître dans l'esprit des masses exploitées « l'esprit communiste » la confiance à la possibilité d'un avenir meilleur, d'un monde nouveau, supérieur, un monde communiste.
Ayant eu accès à une partie des archives d'État et du Parti Communiste de l'ex-l'URSS certains chercheurs russes et anglo saxons nous laissent entrevoir une toute autre vérité, même si leur analyse des documents et des faits reste souvent dans les limites de la vision bourgeoise de l'histoire.
Rares sont les études menées du point de vue du matérialisme historique. Celle de Grover Furr, marxiste convaincu, en est une.
En traduisant et en publiant cette étude, notre collectif apporte sa contribution à la lutte contre la criminalisation du communisme et poursuit une des tâches qu'il s'est fixées : engager les communistes de France [et du monde entier – n.d. Dr Paquin] à une réflexion du point de vue du matérialisme historique sur les réalisations de nos prédécesseurs afin que les leçons de leurs succès et de leurs échecs éclairent nos luttes à venir.
Le collectif Militant Communiste - Octobre 2007.
Première partie
1. Introduction
2. Une nouvelle constitution
3. La lutte anti-bureaucratique
4. La défaite de Staline
5. Procès, conspirations, répression
6. Notes complémentaires
7. Bibliographie
Deuxième partie
8. Pendant la guerre
9. Après la guerre
10. L'ébauche du programme du parti de 1947
11. Le dix-neuvième congres du parti
12. Lavrentii Beria
13. Les actions de Beria vers la reforme démocratique
14. Les décès de Staline et de Beria... et d'autres ?
15. Conclusions et future recherche
16. Bibliographie supplémentaire pour la deuxième partie
PREMIÈRE PARTIE
1. Introduction
Cet article décrit les tentatives de Joseph Staline, des années 1930 jusqu'à sa mort, pour démocratiser le gouvernement de l'Union soviétique.
Cette assertion et l'article qui suit étonnera nombre de personnes et en choquera d'autres. En fait c'est ma propre stupéfaction, à la suite des résultats de mes recherches qui m'a conduit à écrire cet article. Je soupçonnais depuis longtemps que la version « Guerre froide » de l'histoire soviétique avait des défauts sérieux. Cependant, j'étais loin d'évaluer l'étendue des mensonges que l'on m'avait présentés comme des faits incontestables. Tout cela est bien connu en Russie, où le respect, voire l'admiration pour Staline est répandue. Youri Zhukov, le principal historien russe qui met en avant le paradigme de « Staline démocrate » et dont les travaux constituent la plus importante source pour cet article -mais pas la seule- est une figure du courant dominant de l'Académie des Sciences. Ses travaux sont largement connus en Russie.
Cependant, cette histoire et les faits qui la confirment sont pratiquement inconnus à l'extérieur de la Russie, où le paradigme de la Guerre froide de « Staline dictateur » domine tout ce qui est publié et où les travaux commentés ici sont très rarement cités. Aussi, une bonne partie des sources secondaires utilisées pour cet article sont seulement disponibles en russe, ainsi que, bien sûr, toutes les sources primaires.
Cet article n'informe pas simplement les lecteurs de nouveaux faits et sur leur interprétation à propos de l'histoire de l'URSS. C'est plutôt une tentative d'apporter à des lecteurs non-russes les résultats d'une nouvelle recherche sur la période « stalinienne » et sur Staline lui-même, basée sur les archives soviétiques. Les faits présentés sont compatibles avec une série de paradigmes de l'histoire soviétique, de même qu'ils aident à réfuter un certain nombre d'autres interprétations. Ils seront tout à fait inacceptables - en fait, scandaleux - à ceux dont les perspectives politiques et historiques sont basées sur les notions fausses et idéologiquement motivées "de la Guerre froide", "de totalitarisme" soviétique et "de terreur" stalinienne.
La caractérisation khrouchtchévienne de Staline en tant que dictateur assoiffé de pouvoir, traître à l'héritage de Lénine, a été créée pour servir les objectifs de la nomenklatura du Parti communiste dans les années 1950. Mais elle présente des similitudes et partage beaucoup de suppositions, avec le discours canonique sur Staline hérité de la Guerre froide, qui a servi la propagande des élites capitalistes, soutenant que les luttes des communistes, et donc de n'importe quelles luttes pour le pouvoir du prolétariat, mènent inévitablement à un certain type d'horreur.
Elle sert aussi à l'argumentation des Trotskistes selon laquelle la défaite de Trotski, « véritable révolutionnaire », n'a pu avoir lieu que par la faute d'un dictateur qui, est-il affirmé, a violé tous les principes pour lesquels la révolution avait combattu. Les paradigmes khrouchtchéviens, anti-communistes de la Guerre froide et Trotskistes de l'histoire soviétique partagent la même diabolisation quasi-totale de Staline, de son leadership et de l'URSS à son époque.
La vision de Staline décrite dans cet essai est compatible avec un certain nombre de paradigmes historiques autrement contradictoires. Les interprétations communistes anti-révisionnistes et post-maoïstes de l'histoire soviétique considèrent Staline comme l'héritier créateur et logique, et à certains égards imparfait, de l'héritage de Lénine. En même temps, beaucoup de nationalistes russes, tout en n'approuvant pas vraiment les réalisations de Staline en tant que communiste, respectent Staline en tant que principal acteur qui a conduit la Russie à devenir une puissance industrielle et militaire mondiale majeure. Staline est un personnage fondamental pour les deux, bien que de façon très différente.
Cet article n'est pas une tentative "de réhabiliter" Staline. Je suis d'accord avec Yuri Zhukov quand il écrit :
« Je peux honnêtement vous dire que je m'oppose à la réhabilitation de Staline, parce que je m'oppose aux réhabilitations en général. Rien ni personne dans l'histoire ne devrait être réhabilité - mais nous devons découvrir la vérité et dire la vérité. Cependant, depuis l'époque de Khrouchtchev les seules victimes des répressions de Staline dont on entend parler sont celles qui y ont participé elles-mêmes, qui les ont facilitées ou qui n'ont pas réussi à s'y opposer »
Je ne veux pas non plus suggérer que, si Staline s'y était bien pris, les multiples problèmes de la construction du socialisme ou du communisme en URSS auraient été résolus
Staline et la lutte pour la réforme démocratique
Par Grover Furr
C’est un article très important que nous voulons diffuser largement autour de nous. C’est pourquoi nous en commençons la publication dès ce no de NSC. Vu la longueur de l’article nous nous proposons d’en compléter la publication en trois parties. Vous pouvez aussi demander ce supplément par courrier électronique à ....... La direction
Dans l'introduction à son article, l'auteur prévient « ...l'article qui suit étonnera nombre de personnes et en choquera d'autres. En fait c'est ma propre stupéfaction, à la suite des résultats de mes recherches qui m'a conduit à écrire cet article. Je soupçonnais depuis longtemps que la version « Guerre froide » de l'histoire soviétique avait des défauts sérieux. Cependant, j'étais loin d'évaluer l'étendue des mensonges que l'on m'avait présentés comme des faits incontestables. »
Plus de 50 ans après le 20ème congrès du PCUS qui consacra le triomphe des révisionnistes partisans de la restauration du capitalisme en URSS, nous pouvons juger des énormes dégâts que cet événement a engendrés pour le mouvement communiste. L'ignominieux rapport secret de Krouchtchev et les calomnies sur la période « stalinienne » de l'Union soviétique qu'il a répandues a permis que les mensonges de la propagande anti-communiste soient élevés au rang de vérité absolue. Des millions de prolétaires ont ainsi désespéré du communisme et leurs luttes pour une société plus juste, débarrassée de l'exploitation de l'homme par l'homme a été dévoyée sur des chemins de traverse.
Aujourd'hui il nous faut faire renaître dans l'esprit des masses exploitées « l'esprit communiste » la confiance à la possibilité d'un avenir meilleur, d'un monde nouveau, supérieur, un monde communiste.
Ayant eu accès à une partie des archives d'État et du Parti Communiste de l'ex-l'URSS certains chercheurs russes et anglo saxons nous laissent entrevoir une toute autre vérité, même si leur analyse des documents et des faits reste souvent dans les limites de la vision bourgeoise de l'histoire.
Rares sont les études menées du point de vue du matérialisme historique. Celle de Grover Furr, marxiste convaincu, en est une.
En traduisant et en publiant cette étude, notre collectif apporte sa contribution à la lutte contre la criminalisation du communisme et poursuit une des tâches qu'il s'est fixées : engager les communistes de France [et du monde entier – n.d. Dr Paquin] à une réflexion du point de vue du matérialisme historique sur les réalisations de nos prédécesseurs afin que les leçons de leurs succès et de leurs échecs éclairent nos luttes à venir.
Le collectif Militant Communiste - Octobre 2007.
Première partie
1. Introduction
2. Une nouvelle constitution
3. La lutte anti-bureaucratique
4. La défaite de Staline
5. Procès, conspirations, répression
6. Notes complémentaires
7. Bibliographie
Deuxième partie
8. Pendant la guerre
9. Après la guerre
10. L'ébauche du programme du parti de 1947
11. Le dix-neuvième congres du parti
12. Lavrentii Beria
13. Les actions de Beria vers la reforme démocratique
14. Les décès de Staline et de Beria... et d'autres ?
15. Conclusions et future recherche
16. Bibliographie supplémentaire pour la deuxième partie
PREMIÈRE PARTIE
1. Introduction
Cet article décrit les tentatives de Joseph Staline, des années 1930 jusqu'à sa mort, pour démocratiser le gouvernement de l'Union soviétique.
Cette assertion et l'article qui suit étonnera nombre de personnes et en choquera d'autres. En fait c'est ma propre stupéfaction, à la suite des résultats de mes recherches qui m'a conduit à écrire cet article. Je soupçonnais depuis longtemps que la version « Guerre froide » de l'histoire soviétique avait des défauts sérieux. Cependant, j'étais loin d'évaluer l'étendue des mensonges que l'on m'avait présentés comme des faits incontestables. Tout cela est bien connu en Russie, où le respect, voire l'admiration pour Staline est répandue. Youri Zhukov, le principal historien russe qui met en avant le paradigme de « Staline démocrate » et dont les travaux constituent la plus importante source pour cet article -mais pas la seule- est une figure du courant dominant de l'Académie des Sciences. Ses travaux sont largement connus en Russie.
Cependant, cette histoire et les faits qui la confirment sont pratiquement inconnus à l'extérieur de la Russie, où le paradigme de la Guerre froide de « Staline dictateur » domine tout ce qui est publié et où les travaux commentés ici sont très rarement cités. Aussi, une bonne partie des sources secondaires utilisées pour cet article sont seulement disponibles en russe, ainsi que, bien sûr, toutes les sources primaires.
Cet article n'informe pas simplement les lecteurs de nouveaux faits et sur leur interprétation à propos de l'histoire de l'URSS. C'est plutôt une tentative d'apporter à des lecteurs non-russes les résultats d'une nouvelle recherche sur la période « stalinienne » et sur Staline lui-même, basée sur les archives soviétiques. Les faits présentés sont compatibles avec une série de paradigmes de l'histoire soviétique, de même qu'ils aident à réfuter un certain nombre d'autres interprétations. Ils seront tout à fait inacceptables - en fait, scandaleux - à ceux dont les perspectives politiques et historiques sont basées sur les notions fausses et idéologiquement motivées "de la Guerre froide", "de totalitarisme" soviétique et "de terreur" stalinienne.
La caractérisation khrouchtchévienne de Staline en tant que dictateur assoiffé de pouvoir, traître à l'héritage de Lénine, a été créée pour servir les objectifs de la nomenklatura du Parti communiste dans les années 1950. Mais elle présente des similitudes et partage beaucoup de suppositions, avec le discours canonique sur Staline hérité de la Guerre froide, qui a servi la propagande des élites capitalistes, soutenant que les luttes des communistes, et donc de n'importe quelles luttes pour le pouvoir du prolétariat, mènent inévitablement à un certain type d'horreur.
Elle sert aussi à l'argumentation des Trotskistes selon laquelle la défaite de Trotski, « véritable révolutionnaire », n'a pu avoir lieu que par la faute d'un dictateur qui, est-il affirmé, a violé tous les principes pour lesquels la révolution avait combattu. Les paradigmes khrouchtchéviens, anti-communistes de la Guerre froide et Trotskistes de l'histoire soviétique partagent la même diabolisation quasi-totale de Staline, de son leadership et de l'URSS à son époque.
La vision de Staline décrite dans cet essai est compatible avec un certain nombre de paradigmes historiques autrement contradictoires. Les interprétations communistes anti-révisionnistes et post-maoïstes de l'histoire soviétique considèrent Staline comme l'héritier créateur et logique, et à certains égards imparfait, de l'héritage de Lénine. En même temps, beaucoup de nationalistes russes, tout en n'approuvant pas vraiment les réalisations de Staline en tant que communiste, respectent Staline en tant que principal acteur qui a conduit la Russie à devenir une puissance industrielle et militaire mondiale majeure. Staline est un personnage fondamental pour les deux, bien que de façon très différente.
Cet article n'est pas une tentative "de réhabiliter" Staline. Je suis d'accord avec Yuri Zhukov quand il écrit :
« Je peux honnêtement vous dire que je m'oppose à la réhabilitation de Staline, parce que je m'oppose aux réhabilitations en général. Rien ni personne dans l'histoire ne devrait être réhabilité - mais nous devons découvrir la vérité et dire la vérité. Cependant, depuis l'époque de Khrouchtchev les seules victimes des répressions de Staline dont on entend parler sont celles qui y ont participé elles-mêmes, qui les ont facilitées ou qui n'ont pas réussi à s'y opposer »
Je ne veux pas non plus suggérer que, si Staline s'y était bien pris, les multiples problèmes de la construction du socialisme ou du communisme en URSS auraient été résolus
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