-François Héran, auteur d’une récente étude publiée par l’Institut national d'études démographiques (INED), replace les migrations africaines dans le tableau mondial des diasporas et fait le point sur la situation en Afrique du Nord et au Maghreb.
D'après lui, la prophétie selon laquelle « un quart des habitants d'Europe seront africains en 2050 » est scientifiquement fausse.
Non, l’Europe ne comptera pas 200 millions d’Africains dans 30 ans. Le démographe François Héran invalide la thèse d’une invasion imminente, et conteste la théorie de « la ruée vers l’Europe » de Stephen Smith – selon ce professeur à l’Université de Duke aux États-Unis, auteur en 2003 de Négrologie, l’Europe « va bientôt s’africaniser ».
Pour le titulaire de la Chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, l’ordre de grandeur est cinq fois moindre. Et si les Maghrébins « émigrent deux fois plus que les Subsahariens, en aucun cas cette théorie tient la route. Ils occuperont une place grandissante dans les sociétés du Nord, tout en restant très minoritaires. » Et s’il n’y a que 3% des Subsahariens qui se déplacent, la migration maghrébine n’est pas plus importante que celle en provenance du sud de l’Europe.
Jeune Afrique : Dans votre rapport, vous contestez la théorie selon laquelle « un quart des habitants d’Europe seront africains en 2050 ». Pourquoi cette affirmation est-elle le fruit d’un calcul inapproprié ?
François Héran : Ces annonces fracassantes reposent sur un modèle de vases communicants qui méconnaît des données de base. Premièrement, on a l’idée que les populations des pays les plus peuplés vont se déverser dans les pays moins peuplés. C’est la théorie du « suicide démographique de l’Europe ».
Elle est complètement fausse, comme nous l’avons démontré dans cette étude. J’ai utilisé une base de données sur les diasporas – la Base bilatérale des migrations de la Banque Mondiale de 2017 – qui permet de mesurer combien de personnes d’un pays A habitent aujourd’hui dans un pays B. En exploitant ces sources, on découvre que les pays les plus féconds envoient une petite portion de migrants par rapport à d’autres.
La deuxième idée fausse, c’est que la migration est la misère du monde. Au contraire, ce sont les pays de niveau moyen, de richesse émergente, qui émigrent le plus. L’Afrique subsaharienne émigre peu, en raison même de sa pauvreté. Les migrants subsahariens occuperont une place grandissante dans les sociétés du Nord, tout en restant très minoritaires – entre 3% et 4% de la population vers 2050, soit très loin des 25% redoutés-.
Jeune Afrique
D'après lui, la prophétie selon laquelle « un quart des habitants d'Europe seront africains en 2050 » est scientifiquement fausse.
Non, l’Europe ne comptera pas 200 millions d’Africains dans 30 ans. Le démographe François Héran invalide la thèse d’une invasion imminente, et conteste la théorie de « la ruée vers l’Europe » de Stephen Smith – selon ce professeur à l’Université de Duke aux États-Unis, auteur en 2003 de Négrologie, l’Europe « va bientôt s’africaniser ».
Pour le titulaire de la Chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, l’ordre de grandeur est cinq fois moindre. Et si les Maghrébins « émigrent deux fois plus que les Subsahariens, en aucun cas cette théorie tient la route. Ils occuperont une place grandissante dans les sociétés du Nord, tout en restant très minoritaires. » Et s’il n’y a que 3% des Subsahariens qui se déplacent, la migration maghrébine n’est pas plus importante que celle en provenance du sud de l’Europe.
Jeune Afrique : Dans votre rapport, vous contestez la théorie selon laquelle « un quart des habitants d’Europe seront africains en 2050 ». Pourquoi cette affirmation est-elle le fruit d’un calcul inapproprié ?
François Héran : Ces annonces fracassantes reposent sur un modèle de vases communicants qui méconnaît des données de base. Premièrement, on a l’idée que les populations des pays les plus peuplés vont se déverser dans les pays moins peuplés. C’est la théorie du « suicide démographique de l’Europe ».
Elle est complètement fausse, comme nous l’avons démontré dans cette étude. J’ai utilisé une base de données sur les diasporas – la Base bilatérale des migrations de la Banque Mondiale de 2017 – qui permet de mesurer combien de personnes d’un pays A habitent aujourd’hui dans un pays B. En exploitant ces sources, on découvre que les pays les plus féconds envoient une petite portion de migrants par rapport à d’autres.
La deuxième idée fausse, c’est que la migration est la misère du monde. Au contraire, ce sont les pays de niveau moyen, de richesse émergente, qui émigrent le plus. L’Afrique subsaharienne émigre peu, en raison même de sa pauvreté. Les migrants subsahariens occuperont une place grandissante dans les sociétés du Nord, tout en restant très minoritaires – entre 3% et 4% de la population vers 2050, soit très loin des 25% redoutés-.
Jeune Afrique
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