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France: le sujet algérien rallume des esclandres

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  • France: le sujet algérien rallume des esclandres

    - Lettre ouverte à Emmanuel Macron: Maurice Audin, et la suite?

    Témoin de la guerre de libération de l’Algérie, comme appelé (de juin 1961 à mars 1962), affecté à la Villa Susini, j’ai eu l’occasion de constater de très nombreuses exactions commises dans cette période par l’Armée Française (en particulier la torture), des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre, des crimes d’Etat dont la France porte la terrible responsabilité.


    En prenant connaissance de votre déclaration du 13 septembre dernier, relative à la reconnaissance de ce crime d’état commis à l’encontre de Maurice AUDIN, j’ai ressenti un très, très profond soulagement. ENFIN !!! Cela fait 56 ans que j’attendais que la France reconnaisse et condamne cette pratique de la torture qui avait été institutionalisée et dont j’avais constaté l’utilisation, cette horreur, dont j’ai gardé un traumatisme.
    Depuis mon retour à la vie civile, le symbole de la lutte pour la vérité sur « L’Affaire Maurice AUDIN » était donc devenu pour moi une exigence absolue, et depuis près d’une vingtaine d’années l’un des objectifs prioritaires de mon combat de militant antiraciste, anticolonialiste, des droits de l’homme. Ce dur combat que je mène depuis si longtemps m’aura personnellement coûté près de 15.000 euros comme conséquence du procès que m’a intenté le Général Schmitt (voir . ALORS, qu’une première étape soit enfin franchie est, pour moi, une satisfaction formidable, un sacré réconfort.
    Votre déclaration à ce sujet m‘interpelle cependant sur plusieurs aspects :

    - Vous déclarez que « les circonstances de sa disparition demeurent floues » !!! Or, votre prédécesseur déclarait le 17 juin 2014 : « Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention. » Que sont devenus ces documents et témoignages nombreux et concordants ? Quand pourront-ils être connus, consultés ?

    - Vous proposez « que toutes les archives de l’Etat qui concernent les disparus de la Guerre d’Algérie puissent être librement consultées ». Vous, ou vos services, ont eu accès à ce qu’il existe comme archives dans ce domaine et votre déclaration semble donc dire qu’elles sont vides. Mon expérience dans ce domaine, ayant consulté les archives concernant la période de mon passage à la Villa Susini, me fait penser, effectivement, que l’armée a généralement « oublié » de consigner, en particulier dans des cas semblables, ou « adapté » l’ampleur des faits.

    J’ai eu téléphoniquement le témoignage que le fichier des algériens « passés » à la Villa Susini, dont l’une de mes principales fonctions était justement de le gérer, a été jeté et brulé dans le jardin de cette villa le 20 mars 1962. Ce n’est très certainement pas la seule destruction d’archives de cette période, hélas, et laisser des espoirs de retrouver des archives significatives est vraiment illusoire.

    - Vous proposez que « les personnes qui ont pu connaître les circonstances de la mort de Maurice Audin sont appelées à s’exprimer librement afin d’apporter leur témoignage et conforter ainsi la vérité ». Mais, vous êtes chef des Armées, vous avez un Chef d’Etat Major des Armées pouvant identifier tous les militaires, en particulier ceux basés à Alger dans cette période de la « Bataille d’Alger » dont un assez grand nombre sont encore vivants et savent : ils pourraient, ils devraient témoigner, et tout particulièrement les officiers chargés du « renseignement » à cette époque.

    - Sur cette question de torture, d’élimination d’Algériens, pourquoi n’avez vous pas également rappelé que le Ministre Pierre Mesmer a envoyé les « meilleurs spécialistes de cette pratique » (Aussaresses et Trinquier...) en Amérique du Sud pour former les militaires de cette région à cette technique, comme le rapporte le témoignage recueilli par Marie-Monique Robin lors de son reportage « Les Escadrons de la Mort, l’Ecole Française » ? Cette responsabilité de l’Etat français devrait, elle aussi, être condamnée. C’est avec l’exportation de cette pratique des « Crevettes Bigeard » que 30.000 argentins ont péri (ceux pleurés par les « Folles de la Place de Mai »[/B]-.

    Henri POUILLOT in Mediapart.fr
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