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Le satellite « Taranis » va étudier la « face cachée » des orages

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  • Le satellite « Taranis » va étudier la « face cachée » des orages

    Il va étudier les phénomènes lumineux et radiatifs pour aider l'aviation militaire et peut-être en apprendre plus sur l'antimatière.


    À l'assaut de la « face cachée » des orages, le satellite Taranis va étudier depuis l'espace les phénomènes lumineux et radiatifs qui découlent de ce type d'intempéries afin d'aider l'aviation militaire et peut-être d'en apprendre plus sur l'antimatière. Des milliers d'orages qui sévissent chaque jour, nous ne connaissons en général que la partie la plus facilement observable depuis la Terre : les éclairs et le tonnerre. Mais « les orages donnent lieu à des phénomènes beaucoup plus larges que ce qu'on imagine », a expliqué à l'Agence France-Presse Christophe Bastien-Thiry, chef du projet Taranis.

    Le satellite Taranis, petit engin de 185 kilos qui vient d'entrer dans sa phase d'assemblage dans les salles d'intégration du Cnes (Centre national d'études spatiales) à Toulouse, va partir fin 2019 étudier ce qu'on appelle les événements lumineux transitoires (TLE). Il sera, par exemple, chargé d'observer les « elfes », phénomène le plus courant qui consiste en un halo lumineux en expansion rapide situé à une centaine de kilomètres d'altitude, au-dessus des nuages d'orages. Bleus, blancs ou rouges selon l'altitude, les « sprites » - beaucoup plus rares - forment un véritable feu d'artifice lumineux sous forme filamentaire qu'on peut observer pendant quelques millisecondes.


    Première mission spatiale
    Taranis - dieu du ciel et de l'orage dans la mythologie celtique gauloise - sera la toute première mission spatiale entièrement dédiée à l'étude de ces phénomènes découverts dans les années 1990. En orbite polaire à 600 km d'altitude, le satellite couvrira en 36 heures l'intégralité de la planète. Il enregistrera un maximum de cette activité lumineuse, grâce aux 4 photomètres et 10 micro-caméras dont il est muni. Trois instruments seront aussi chargés d'enregistrer les bouffées d'ondes électromagnétiques qui accompagnent les TLE : selon Christophe Bastien-Thiry, elles seraient porteuses de « précieuses informations sur l'origine de ces phénomènes ». « C'est une mission assez ambitieuse par le nombre d'instruments embarqués et par la couverture du spectre physique, qui va du visible au radiatif en passant par des photons gamma », a souligné le chercheur.

    En effet, en plus des signaux lumineux, les scientifiques ont constaté un autre type de phénomène au-dessus des orages : « Dans certaines conditions, l'orage va se comporter comme un accélérateur de particules et générer une bouffée ultra-brève de photons gamma », détaille le scientifique. Ce « flash gamma terrestre » (TGF) s'apparente en termes d'intensité à la puissance d'une explosion nucléaire, mais sur une durée beaucoup plus brève. Bien que naturel, ce phénomène n'en est pas moins « inquiétant », selon Christophe Bastien-Thiry, car il représente « potentiellement un danger pour les équipements ou le personnel » des jets privés ou de l'aviation militaire qui, contrairement aux avions de ligne, peuvent parfois survoler les orages.

    Approfondir la connaissance
    Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), à l'initiative du projet, espère récolter des données sur ces radiations, même si elles « ne peuvent pas être exploitées directement à des fins nucléaires d'armement », précise le chercheur. Globalement, l'expédition sera l'occasion pour les chercheurs et le CEA d'approfondir « la connaissance pure de la machine thermique et climatique qu'est la Terre », et d'en apprendre peut-être plus sur l'antimatière. Car les scientifiques sont formels : de l'antimatière, exact opposé de la matière, accompagne les émissions de bouffées gamma. Elle est reconnaissable grâce à « l'émission d'un photon d'une énergie très connue des physiciens » lorsqu'elle s'annihile au contact de la matière. Entièrement financé par le Cnes à hauteur d'environ 110 millions d'euros, le projet Taranis - à 90 % français - fait intervenir des chercheurs polonais, tchèques ou encore américains (Standford et la Nasa).

    Le satellite devrait être lancé fin 2019 depuis Kourou (Guyane) comme passager auxiliaire d'un plus gros satellite espagnol. La mission durera entre deux et quatre ans, avant que Taranis n'entre en désorbitation et ne mette dix ans à se consumer dans l'atmosphère terrestre.

    Le Point.fr
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