Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Monsieur le Président, j’ai honte de mon algérianité

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Monsieur le Président, j’ai honte de mon algérianité

    Depuis que la maladie vous empêche de vous rendre compte par vous-même de manière régulière de la situation qui prévaut dans le pays, l’Algérie ne cesse de battre des records aussi macabres les uns que les autres, révélateurs de sa déchéance programmée.

    Eh oui, l’Algérie, fière de sa guerre de libération glorieuse, de tous ses martyrs tombés au Champ d’honneur pour la liberté, la dignité, l’égalité, est en passe de devenir la risée du monde par la faute de ceux en qui la confiance a été placée des années durant, et qui, au lieu de rehausser le niveau des institutions de l’Etat et de faire de ce pays riche naturellement un exemple de prospérité, de modernité et de développement, se sont attelés sans répit à faire croître leur suffisance de la même manière que leur fortune, ce qui nous amène à méditer longuement sur la phrase de Caligula : «J’aime le pouvoir car il donne ses chances à l’impossible.» Caligula s’est proclamé Dieu !

    L’Algérie est le pays des échecs successifs et des scandales à répétition touchant malheureusement l’ensemble des secteurs, et de manière plus ponctuelle ceux considérés comme névralgiques. Les déballages auxquels s’adonnent les uns et les autres publiquement, toute honte bue, ne sont apparemment pas assez convaincants, pour ne pas dire graves. Pour une remise en question, et pourquoi pas, un grand nettoyage, le moment est tout indiqué pour opérer un profond lifting, une chirurgie réparatrice, le cas échéant, ou esthétique, et n’ayons pas peur des mots, pourquoi pas une ablation et endiguer définitivement le mal qui ronge le pays et contraint des millions de vos concitoyens à se voiler la face pour qu’on ne les voie pas rougir de honte à chaque fois que le mot Algérie est prononcé.

    L’Algérie s’enlise dangereusement dans les sables mouvants de la médiocrité, drivée par les courants affluant tantôt de l’est, tantôt de l’ouest, mais convergeant tous vers le nord, où le soleil brille sans retenue pour tous les aventuriers et opportunistes en quête de fortune et de pouvoir, à l’image de la nouvelle génération de responsables nommés sur la base du clientélisme, du régionalisme, de l’appartenance politique et autres considérations peu professionnelles, et nullement représentative d’une élite universitaire hautement qualifiée, possédant la fibre nationaliste et susceptible de gérer les départements ministériels et les établissements et entreprises publiques et de veiller à la réalisation des objectifs tracés, sans outrepasser ses prérogatives.

    L’Algérie est le pays des dysfonctionnements, de la gestion du bricolage qui n’obéit à aucune norme internationale ni même nationale, du fait de «l’homme et de la femme qu’il ne faut pas sur le fauteuil qu’il ne faut pas», des hommes et des femmes placés çà et là au gré des intérêts individuels, des ambitions démesurées, des recommandations de proches et de connaissances, alors que dénués de toute compétence, de qualification et de diplômes (ne possédant même pas le baccalauréat pour certains et occupant pourtant le poste de directeur général), mais sans cesse à l’affût du plus haut poste à intercepter, de la moindre parcelle de terrain à bâtir, du plus avantageux marché à décrocher, du plus gros contrat à empocher, et au diable la bonne gouvernance. Caligula n’a-t-il pas promu son cheval consul ?

    L’Algérie est le pays aux routes les plus meurtrières, du fait de l’absence d’autorité et de rigueur dans l’application des textes, du non- respect du code de la route par la majorité des automobilistes, du manque de civisme des uns et des autres, et surtout de la complaisance, pour ne pas dire complicité, de ceux chargés de faire régner l’ordre et la discipline, encourageant une arrogance au volant sans limite, une possession de la route sans partage, une anarchie routière indescriptible, simplement parce que les chauffards sont assurés de récupérer leur permis de conduire à la seconde même de son retrait.

    L’Algérie est le pays aux trottoirs les moins foulés, transformés tantôt en crachoirs, urinoirs, tantôt en dortoirs pour les sans-abri, parkings, selon le besoin du moment, et donc boudés par les piétons, qui préfèrent déambuler sur la chaussée, en meilleur état, il faut le souligner, encombrant encore plus les routes devenues trop étroites pour tous ces concessionnaires de fortune qui continuent à mettre en circulation nombre de véhicules ne se souciant guère des aléas et autres gênes occasionnées aux agglomérations.

    L’ Algérie est le pays le plus sale, avec ses tonnes de déchets ménagers, de bouteilles en plastique, de gobelets en carton, de paquets de cigarettes et de boulets de chique, de couches et lingettes bébé qui jonchent et jalonnent les pavés en guise de parterre de fleurs, de plantes, de gazon, devenus de véritables fertilisants pour la prolifération des cancrelats, des rats et des maladies moyenâgeuses qui ne manquent pas de se rappeler à nos mémoires à l’occasion d’une campagne de vaccination ratée, ou encore d’un limogeage qui ne révèle pas tous ses secrets.

    L’Algérie est le pays aux nombreux bidonvilles cultivés çà et là, aux abords des oueds notamment, selon la localité d’origine des élus, source de profits générés par les logements sociaux profitant plutôt aux biens nantis et à leurs enfants, malheureusement à l’origine de nombreux fléaux aux conséquences dangereuses pour la santé publique, si l’on tient compte de toutes les décharges sauvages et marécages d’eaux usées que l’on trouve à proximité de chaque porte, devenus les lieux de prédilection des enfants, sous le regard indifférent des parents pollueurs qui, aujourd’hui, font mine de s’offusquer et crient au scandale à l’apparition du choléra.

    L’Algérie est le pays aux villes ruralisées et déclassées au rang de gigantesques douars que l’on s’entête à vouloir moderniser en cette ère de déchéance où les cités dortoirs pullulent, ramassant pêle-mêle aussi bien les mal nantis qui ont mis de côté leur dignité, squattant chaque mètre carré inoccupé au niveau des terrasses, des caves ou derrière les immeubles, que les bénéficiaires des différentes formules de logement mis en vente par le gouvernement, mettant ainsi nez à nez, les gangs et autres groupuscules épris de violence et les amateurs de combats à 1’arme blanche.

    L’Algérie est le pays aux garages villas à deux niveaux et plus qui dénaturent graduellement nos cités, construits sur les terres agricoles détournées pour quelques billets, ou sur les vestiges des maisonnettes d’antan bradées par tous ceux partis à la recherche d’une vie meilleure sous d’autres cieux, d’un environnement plus propice à l’émancipation de leur progéniture, dont l’avenir semble bien obscur depuis que les enfants algériens sont confinés dans des classes de 50 élèves et plus, ou répartis sur de nombreux groupes de quatre élèves par table programmés pour deux heures de savoir par jour, de peur qu’ils ne soient trop cultivés à leur âge !

    L’Algérie est le pays de l’impunité, qui a vu défiler devant les tribunaux une pléiade d’affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics, sans que les auteurs, de hauts cadres au sein des institutions publiques et coupables de haute trahison à l’égard du pays, soient inquiétés véritablement, faisant ainsi perdre aux instances judiciaires toute leur crédibilité et ouvrant le champ d’action à tous les arrivistes et parasites déambulant dans les sphères des affaires, de la politique ou simplement de l’institution publique, disposés à débourser quelques milliards mal acquis, contre une immunité urgente, un enrichissement fulgurant, ou encore une introduction inespérée auprès des cercles restreints, influents de ce pays, qui leur ouvriront grandes les portes des paradis fiscaux.

    L’Algérie est le pays des milliards déportés des caisses de l’Etat vers des destinations plutôt connues, profitant aux bandits de grand chemin, dont l’unique souci consiste à tirer les plus grands avantages des postes et titres spoliés aux braves de cette nation, privant des millions d’Algériens au-dessous du seuil de pauvreté, de goûter au véritable progrès, de bénéficier de plus grands services, de davantage d’opportunités de travail, d’une meilleure prise en charge en matière de santé publique qui enregistre un manque flagrant en établissements hospitaliers, en médicaments, en staff médical, puisqu’on se permet en plus le luxe de rejeter nos médecins, une offrande de qualité aux hôpitaux français et canadiens !

    L’Algérie est le pays où l’on pratique à outrance l’activité de marginalisation des forces vives du pays capables de relever tous les défis, de la dispersion de l’élite, du harcèlement de tous ceux qui ont des opinions qui ne convergent pas forcément vers les desiderata de ceux qui les gèrent, des principes à défendre, des valeurs à inculquer aux sans-scrupule occupés à amasser des fortunes plus que douteuses, se servant pour cela généreusement des institutions publiques où le contrôle et la rigueur font souvent défaut, ceux-là mêmes qui s’enorgueillissent ensuite de faire sortir les autres par la petite porte, oubliant, l’espace d’une euphorie, qu’ils seront contraints d’emprunter eux aussi la même porte de sortie, l’unique pour tous.

    L’Algérie est le pays qui a perdu tous ses repères et vu apparaître au fil des années, des comportements nouveaux n’obéissant à aucune logique ou à un quelconque enseignement, induits probablement par la dégradation des mentalités, la décomposition des familles, comme le témoigne Diar Errahma, l’effondrement des valeurs, l’effritement des principes, l’essoufflement des us, des mœurs, des politiques et l’adoption, en échange, de nouveaux concepts autrefois incompatibles avec nos coutumes, notre religion, notre fierté, comme l’indécence, la cupidité, l’égoïsme, le sans-gêne.

    L’Algérie est le pays aux stades les plus violents, où se déroulent les combats d’un semblant de championnat de corridas, heu… pardon, de football, animé par de pseudo-présidents, dirigeants, entraîneurs, arbitres, en l’absence de véritables acteurs du football, occupés quant à eux à s’initier à l’art de la danse, exécutant tantôt une valse, tantôt un tango, sinon un jerk endiablé, selon l’air ambiant de la région de sollicitude, sous le patronage d’une pseudo- instance nationale de football, accaparée par de pseudo-responsables sans relation aucune avec le football, dont l’unique souci est de soigner leur image de marque déposée et leur prestige démesuré pour plus de pouvoir, de mainmise.

    L’Algérie est le pays des harraga, vocable algéro-algérien qui désigne tous ces enfants algériens de différents niveaux, de différentes contrées, désespérés qui, pris d’un ultime sursaut de survie, n’hésitent pas, soit à enjamber des embarcations de fortune pour une périlleuse aventure en mer, soit à solliciter une inscription auprès des universités françaises, comme cela a été révélé par les images diffusées par les chaînes de télévision à la veille de la célébration du 63e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, prises aux alentours du Centre culturel français d’Alger, choquant profondément les familles algériennes.

    Le paquebot Algérie prend l’eau de toutes parts, signe d’un inéluctable naufrage, poussant des milliers d’Algériens à opter pour la harga, perçue aujourd’hui par tout un chacun (intellectuel, étudiant, père et mère de famille, nouveau-né) et non plus par le seul désespéré chômeur, comme la seule échappatoire au vu des discours misérables débités çà et là, n’augurant d’aucun espoir pour un avenir meilleur, d’autant que les réserves du pays se vaporisent à vue d’ œil depuis la chute des prix du pétrole, seule richesse capable de générer des revenus et de garantir un semblant de progrès.



    Par H. Ladjel

    Retraitée
    EL WATAN
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X