- Un Marocain raconte comment sa famille contrôlait le trafic du haschich entre le royaume et la France
Culture du cannabis, cartels, premières cargaisons, corruption… Pour Vice France, un Marocain, aujourd’hui travailleur social, raconte comment sa famille contrôlait le trafic du shit entre le royaume et la France.
(…).
"J’étais dégoûté"
Aîné de la fratrie, Salim alors au baccalauréat devait dès lors reprendre les affaires. Désigné par son oncle, il lui explique qu’il préférait continuer ses études. "J’étais d’ailleurs le seul de ma famille, voire du quartier, à être au lycée", relève-t-il, non sans fierté.
C’est à son frère cadet qu’incombe la gestion du business. Celui-là même qui poussera les choses encore plus loin. "Il a été le premier à faire du trafic de cocaïne et il a été un peu rayé de la famille à cause de ça. Le shit a été sa porte d’entrée, puis il a fait dans la coke et les armes. Il a commencé assez jeune, n’avait pas peur et a su s’imposer à Troyes par la violence et l’intimidation", témoigne l’aîné. Il écopera de quatre ans de prison, pour trafic de coke et d’armes.
" Il y est encore en ce moment", précise-t-il.
" J’étais dégoûté de cette vie-là. J’avais assisté à des perquisitions, je voyais que les membres de ma famille ne dormaient pas, étaient toujours à l’affût, préoccupés par le risque. Il fallait faire attention à qui on parlait, même au sein de la communauté marocaine", confie Salim.
Il retient toujours un événement en particulier : "Ce matin-là, j’étais sur le balcon, et là je vois trois bagnoles de keufs qui arrivent avec des chiens. Je préviens ma mère et mon beau-père qui commencent à paniquer".
Heureusement pour la famille, les policiers ne sont pas descendus dans les caves. "Il y avait un kilo à la maison et mon beau-père a fait en sorte de se faire serrer. Il a mis le kilo dans son froc, il est sorti, les flics lui sont tombés dessus et ça a marché. Normalement, ils auraient dû faire une perquisition directement mais on a profité des quelques heures avant qu’ils reviennent pour appeler de l’aide et bouger la cargaison", se souvient le rescapé.
Un moment fondateur pour le jeune Salim. "Je me suis dit que ce n’était pas ma vie. Matériellement on était bien, mais à vivre c’était hyper anxiogène", admet-il aujourd’hui. Et d’analyser : "Malgré un parcours différent, je comprends ceux de ma famille qui font ça, car c’est inscrit en nous, mais d’un autre côté ce n’est pas top par rapport aux enfants".
Sa famille restée au Maroc, avoue-t-il, a arrêté d’exporter vers la France. " On est sur des échelles plus petites qui permettent de vivre confortablement mais sans ostentation ", conclut-il.
Tel Quel
Culture du cannabis, cartels, premières cargaisons, corruption… Pour Vice France, un Marocain, aujourd’hui travailleur social, raconte comment sa famille contrôlait le trafic du shit entre le royaume et la France.
(…).
"J’étais dégoûté"
Aîné de la fratrie, Salim alors au baccalauréat devait dès lors reprendre les affaires. Désigné par son oncle, il lui explique qu’il préférait continuer ses études. "J’étais d’ailleurs le seul de ma famille, voire du quartier, à être au lycée", relève-t-il, non sans fierté.
C’est à son frère cadet qu’incombe la gestion du business. Celui-là même qui poussera les choses encore plus loin. "Il a été le premier à faire du trafic de cocaïne et il a été un peu rayé de la famille à cause de ça. Le shit a été sa porte d’entrée, puis il a fait dans la coke et les armes. Il a commencé assez jeune, n’avait pas peur et a su s’imposer à Troyes par la violence et l’intimidation", témoigne l’aîné. Il écopera de quatre ans de prison, pour trafic de coke et d’armes.
" Il y est encore en ce moment", précise-t-il.
" J’étais dégoûté de cette vie-là. J’avais assisté à des perquisitions, je voyais que les membres de ma famille ne dormaient pas, étaient toujours à l’affût, préoccupés par le risque. Il fallait faire attention à qui on parlait, même au sein de la communauté marocaine", confie Salim.
Il retient toujours un événement en particulier : "Ce matin-là, j’étais sur le balcon, et là je vois trois bagnoles de keufs qui arrivent avec des chiens. Je préviens ma mère et mon beau-père qui commencent à paniquer".
Heureusement pour la famille, les policiers ne sont pas descendus dans les caves. "Il y avait un kilo à la maison et mon beau-père a fait en sorte de se faire serrer. Il a mis le kilo dans son froc, il est sorti, les flics lui sont tombés dessus et ça a marché. Normalement, ils auraient dû faire une perquisition directement mais on a profité des quelques heures avant qu’ils reviennent pour appeler de l’aide et bouger la cargaison", se souvient le rescapé.
Un moment fondateur pour le jeune Salim. "Je me suis dit que ce n’était pas ma vie. Matériellement on était bien, mais à vivre c’était hyper anxiogène", admet-il aujourd’hui. Et d’analyser : "Malgré un parcours différent, je comprends ceux de ma famille qui font ça, car c’est inscrit en nous, mais d’un autre côté ce n’est pas top par rapport aux enfants".
Sa famille restée au Maroc, avoue-t-il, a arrêté d’exporter vers la France. " On est sur des échelles plus petites qui permettent de vivre confortablement mais sans ostentation ", conclut-il.
Tel Quel
Commentaire