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Maroc : La force retrouvée de l’industrie textile

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  • Maroc : La force retrouvée de l’industrie textile

    Financement, accompagnement, protection…
    400 millions de DH pour assister les projets dans l’amont
    Règles d’origine, concurrence déloyale… les ombres au tableau



    Que de produits dans lesquels l’industrie textile pourrait s’illustrer.
    Toutefois, pour l’heure, les seuls à cartonner vraiment sont les manteaux et vestes Femmes.
    Le reste doit s’adapter ou mourir.
    Répondre à l’impératif de mode avec une plus forte valeur ajoutée ou rester à la merci totale des concurrents
    «Le textile-habillement peut encore se conjuguer au futur».

    Pouvoirs publics, experts internationaux et industriels, tous réunis pour la grand-messe textile (Maroc In Mode et Maroc Sourcing, les 11 et 12 octobre derniers à Marrakech), sont unanimes sur cet avenir qui s’annonce prometteur.
    Les derniers scores enregistrés sont éloquents à plus d’un titre.
    Depuis la mise en place des écosystèmes, le secteur récolte le fruit des efforts consentis.

    37 milliards de DH à l’export en 2017, qui force le «respect» du ministère de l’Industrie: la tutelle dit être prête à apporter tout le soutien nécessaire pour son développement.
    «Le secteur a même été érigé en direction au sein du ministère, c’est dire l’importance qu’on lui accorde», relève Taha Ghazi, directeur des Industries du textile et du cuir au ministère de l’Industrie.
    Et même si le premier semestre 2018 a enregistré, selon les données d’Eurostat, une légère inflexion, cela n’entame en rien la reprise amorcée depuis 6 ans.

    «C’est même l’un des rares pays qui dispose d’une vision portée par des industriels».
    Jean-François Limantour, fin connaisseur de l’industrie mondiale du textile et conseiller stratégique de l’Amith, essaie de faire parler les chiffres, vus du côté de l’Europe.
    L’Amith, de son côté, recadre. «Il s’agit là des données d’Eurostat qui ne prennent aucunement en considération la conjoncture actuelle.

    Les chiffres officiels marocains (source Office des changes) donne un autre son de cloche», martèle Mohamed Tazi, DG de l’Amith.
    Ce qu’il faut lire dans le ralentissement du rythme de croissance de l’export tel que souligné par l’expert, n’est pas une perte de compétitivité, mais un aléa d’ordre purement conjoncturel.
    «Depuis janvier 2018, la devise marocaine a connu une réévaluation de 3% par rapport à l’euro au moment où la livre turque a fortement revalorisé leurs exportations.

    Prenant tout cela en considération, même si l’on parle de baisse, il faut nuancer», fait observer Tazi.
    La dépréciation de la livre turque (-40% en un an) a causé de nombreux dommages collatéraux.
    En vendant moins cher à l’étranger, les industriels turcs exercent de facto une concurrence déloyale, soulignent unanimement les industriels.
    Alors que les exportations marocaines stagnaient début 2018, celles de la Turquie s’appréciaient de 14,5%!
    Grâce à un travail fourni, documenté et bien argumenté par les industriels du textile, les autorités marocaines ont pris des mesures pour atténuer la concurrence déloyale sur le marché local.

    «Depuis un mois nous avons relevé les droits à l’importation des produits turcs à 90% du droit commun», souligne Taha Ghazi, ce qui permet à l’industrie de retrouver un cadre concurrentiel plus sain.
    Le Maroc a gagné une bataille mais pas la guerre.
    Face à la Turquie, qui dispose d’une industrie amont solide et performante qui a su monter sur la chaîne de valeur, le Maroc a encore des marges d’amélioration. L’Amith est convaincue «qu’un amont textile est toujours possible au Maroc».

    Aujourd’hui sous utilisé (55 à 60%), il ne peut donc être compétitif alors que sous d’autres latitudes, le taux d’utilisation des capacités est de plus de 95%.
    Dans tous les pays ayant réussi la mise en place d’un amont, le rôle de l’Etat a été déterminant à travers le soutien de sa montée en charge et que l’aval ait pris le relais», explique Tazi, qui ajoute que la dynamique créée au sein des écosystèmes et des clusters textiles entre acteurs ont permis d’aboutir à des solutions concrètes.
    Aujourd’hui, il est question d’amont facile (accessible technologiquement) pour satisfaire les besoins primaires des exportateurs d’habillement (impression digitale, teinture, sérigraphie, ..).

    Le ministère de l’Industrie vient de réalimenter de 400 millions de DH un fonds dans le cadre du PAI et dont profitent désormais aussi les projets en amont (filature, tissage et délavage).
    La tutelle est prête à accompagner tous les porteurs de projet investisseurs et leur faciliter les procédures administratives. «Nous avons réalisé 37 milliards de DH à l’export et nous comptons garder le cap.
    Nous avons encore des emplois à créer», conclut le directeur des industries du textile et du cuir.

    L’ombre de la Turquie partout

    Encore une autre injustice: la Turquie est liée à l’UE avec un accord douanier qui lui offre la latitude d’utiliser un tissu de n’importe quelle provenance et de le transformer pour le réexporter, au mépris des règles d’origine, si strictement appliquées au Maroc.
    «C’est scandaleux d’être obligé de s’acquitter de 12% des droits de douane même s’il y a une forte valeur ajoutée marocaine, alors que d’autres compétiteurs redoutables comme le Bangladesh, le Cambodge ou le Vietnam ou d’autres n’y sont pas soumis», s’insurge Jean-Marie Grau, délégué général de la Fédération française des industries de l’habillement et mode.

    Un travail de lobbying sur tous les fronts (Conseil de l’UE, Parlement européen...) est indispensable pour changer le cours des choses.
    La Fédération française dit avoir joint ses efforts aux industries textiles de Tunisie et du Maroc pour mener ensemble la bataille de l’assouplissement des règles d’origine.
    «Une coalition est en marche vers le Parlement européen, pour avoir un poids tel qu’il puisse faire infléchir l’instance.
    Si le Maroc gagne cette manche, sa position deviendra autrement plus forte», souhaite Grau.
    Par Radia LAHLOU
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