Lancé prématurément plus d’un an avant l’échéance d’avril 2019, le projet de faire élire le président Bouteflika pour un 5e mandat connaît les premiers syndromes de complications. Mais qui en est responsable ?
« Tout le monde au sein du pouvoir politique algérien n’est pas d’accord avec le projet d’un 5e mandat présidentiel de Abdelaziz Bouteflika, et il a peu de chances d’aboutir », ce pronostic répété par plusieurs personnalités politiques -parmi lesquels d’anciens chefs de gouvernement et d’anciens ministres – dans les commentaires en off de la situation, paraissait irréaliste il y’a encore deux mois au plus fort des ralliements en faveur de la « continuité » de Bouteflika à la tête de l’Etat.
L’incarcération cette semaine à la prison militaire de Blida de cinq généraux majors, hauts responsables dans l’armée durant de longues années, et la poursuite du blocage à l’assemblée nationale à cause d’un bras de fer institutionnel, sonnent de plus en plus comme les signes avant coureur d’une difficulté insondable à mettre tout l’appareil de l’Etat en ordre de marche autour du projet de la reconduction mécanique de Bouteflika comme en avril 2014. Si l’on y regarde de plus prés la mise en détention d’une partie de la haute hiérarchie de l’ANP est un évènement sans précédent en dehors des situations de coups d’Etat réussis (1965) ou avortés (1967).
Elle est difficile à coupler avec la seule implication de certains d’entre eux dans le recel du trafic d’influence du principal présumé trafiquant dans l’affaire de la cocaïne saisie à Oran. La tradition dans ce type d’affaires est rarement de poursuivre judiciairement les suspects d’enrichissement illicites. Les trois cas les plus connus de mise en détention de généraux – Belloucif et Badreddine dans les années Chadli, et le général Hassan en 2015, pour un chef d’accusation différent dans le cas de Hassan– obéissent à des enjeux conjoncturels précis. La règle est l’impunité dans le milieu. Elle a été largement démentie cette semaine.
Jurisprudence Khelil
Officiellement tout est parti de la saisie par l’armée, le 29 mai dernier, des 701 kilos de cocaïne en rade d’Oran dans un bateau en provenance du Brésil. L’enquête qui s’en est suivi n’a jamais pu être stoppée pour éviter de toucher de hauts responsables dans les services de sécurité qui avaient des liens avec Kamel Chikhi dit le Boucher, destinataire présumé de la marchandise saisie à Oran. « Nous sommes dans une jurisprudence Chakib Khelil » explique un ancien officier du DRS.
En 2009, le général Toufik, patron des services prévient le président Bouteflika qu’il existe des faits établis de corruption à grande échelle sur des marchés de services à Sonatrach et que l’enquête pourrait aller jusqu’à la tête du secteur. Le président, devant les faits, est obligé d’accuser le coup et de laisser faire, jusqu’au point de se séparer de son ami ministre de l’énergie qui a préféré se refugier aux Etats Unis. La présidence de la république (Said Bouteflika en fondé de pouvoir) et le chef d’Etat major Ahmed Gaid Salah ont fait de même face aux faits accablants d’Oran. La suite n’était sans doute pas prévue ainsi.
Comme dans le cas Khelil, Abdelaziz Bouteflika est obligé de se séparer du général Hamel patron de la sureté nationale et compté comme une carte majeure de protection des intérêts du clan au moment de la succession. Si la charge contre l’ancien patron de la DGSN paraissait être conduite par le chef d’Etat major de l’armée, qui lui vouait une franche inimitié, les autres profils déchus les semaines suivantes, sèment la confusion. Ahmed Gaid Salah paraît avoir perdu la main dans « l’opération main propre » lorsqu’elle touche des généraux amis de longue date comme Said Bey, chef de la 2e région militaire, ou son proche collaborateur le général Boudjemaa Boudouaouer, directeur des finances au ministère de la défense nationale (MDN) ; et à ce titre président de la commission des marchés.
Les dossiers à charge qui ont conduit les cinq généraux au mandat d’arrêt, ont été préparé par des enquêtes de la sécurité de l’armée et endossée par leurs successeurs dans la fonction pour finalement être transmis au procureur prés du tribunal militaire de Blida. Si le général Major Ahmed Gaid Salah n’a pas soufflé sur les braises dans cette affaire, il s’est privé d’essayer de les éteindre. Après tout pourquoi s’interposer puisque la bourrasque allait emporter également des hauts officiers que le chef d’Etat major de l’armée ne contrôlait pas comme le général Chentouf chef de la 1er RM, proche de la famille Bouteflika et dont la déchéance lui convenait.
« Tout le monde au sein du pouvoir politique algérien n’est pas d’accord avec le projet d’un 5e mandat présidentiel de Abdelaziz Bouteflika, et il a peu de chances d’aboutir », ce pronostic répété par plusieurs personnalités politiques -parmi lesquels d’anciens chefs de gouvernement et d’anciens ministres – dans les commentaires en off de la situation, paraissait irréaliste il y’a encore deux mois au plus fort des ralliements en faveur de la « continuité » de Bouteflika à la tête de l’Etat.
L’incarcération cette semaine à la prison militaire de Blida de cinq généraux majors, hauts responsables dans l’armée durant de longues années, et la poursuite du blocage à l’assemblée nationale à cause d’un bras de fer institutionnel, sonnent de plus en plus comme les signes avant coureur d’une difficulté insondable à mettre tout l’appareil de l’Etat en ordre de marche autour du projet de la reconduction mécanique de Bouteflika comme en avril 2014. Si l’on y regarde de plus prés la mise en détention d’une partie de la haute hiérarchie de l’ANP est un évènement sans précédent en dehors des situations de coups d’Etat réussis (1965) ou avortés (1967).
Elle est difficile à coupler avec la seule implication de certains d’entre eux dans le recel du trafic d’influence du principal présumé trafiquant dans l’affaire de la cocaïne saisie à Oran. La tradition dans ce type d’affaires est rarement de poursuivre judiciairement les suspects d’enrichissement illicites. Les trois cas les plus connus de mise en détention de généraux – Belloucif et Badreddine dans les années Chadli, et le général Hassan en 2015, pour un chef d’accusation différent dans le cas de Hassan– obéissent à des enjeux conjoncturels précis. La règle est l’impunité dans le milieu. Elle a été largement démentie cette semaine.
Jurisprudence Khelil
Officiellement tout est parti de la saisie par l’armée, le 29 mai dernier, des 701 kilos de cocaïne en rade d’Oran dans un bateau en provenance du Brésil. L’enquête qui s’en est suivi n’a jamais pu être stoppée pour éviter de toucher de hauts responsables dans les services de sécurité qui avaient des liens avec Kamel Chikhi dit le Boucher, destinataire présumé de la marchandise saisie à Oran. « Nous sommes dans une jurisprudence Chakib Khelil » explique un ancien officier du DRS.
En 2009, le général Toufik, patron des services prévient le président Bouteflika qu’il existe des faits établis de corruption à grande échelle sur des marchés de services à Sonatrach et que l’enquête pourrait aller jusqu’à la tête du secteur. Le président, devant les faits, est obligé d’accuser le coup et de laisser faire, jusqu’au point de se séparer de son ami ministre de l’énergie qui a préféré se refugier aux Etats Unis. La présidence de la république (Said Bouteflika en fondé de pouvoir) et le chef d’Etat major Ahmed Gaid Salah ont fait de même face aux faits accablants d’Oran. La suite n’était sans doute pas prévue ainsi.
Comme dans le cas Khelil, Abdelaziz Bouteflika est obligé de se séparer du général Hamel patron de la sureté nationale et compté comme une carte majeure de protection des intérêts du clan au moment de la succession. Si la charge contre l’ancien patron de la DGSN paraissait être conduite par le chef d’Etat major de l’armée, qui lui vouait une franche inimitié, les autres profils déchus les semaines suivantes, sèment la confusion. Ahmed Gaid Salah paraît avoir perdu la main dans « l’opération main propre » lorsqu’elle touche des généraux amis de longue date comme Said Bey, chef de la 2e région militaire, ou son proche collaborateur le général Boudjemaa Boudouaouer, directeur des finances au ministère de la défense nationale (MDN) ; et à ce titre président de la commission des marchés.
Les dossiers à charge qui ont conduit les cinq généraux au mandat d’arrêt, ont été préparé par des enquêtes de la sécurité de l’armée et endossée par leurs successeurs dans la fonction pour finalement être transmis au procureur prés du tribunal militaire de Blida. Si le général Major Ahmed Gaid Salah n’a pas soufflé sur les braises dans cette affaire, il s’est privé d’essayer de les éteindre. Après tout pourquoi s’interposer puisque la bourrasque allait emporter également des hauts officiers que le chef d’Etat major de l’armée ne contrôlait pas comme le général Chentouf chef de la 1er RM, proche de la famille Bouteflika et dont la déchéance lui convenait.
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