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Le carry trade fait trembler les marchés

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  • Le carry trade fait trembler les marchés

    Le carry trade consiste à emprunter des yens, les revendre et placer l'argent sur des marchés plus ou moins exotiques : ce jeu piège nombre de spéculateurs.

    On fulminait contre la baisse du cours du yen, et voilà que sa remontée sème la panique. En une semaine, le taux de change de la monnaie nippone a regagné environ 5 % face au dollar et à l'euro, mais ce rebond n'a rien à voir avec une quelconque embellie de l'économie japonaise. Et sur les marchés, personne ne salue cette hausse, qui va pourtant rendre aux exportateurs américains et européens une partie de leur compétitivité volée par un yen déprécié.

    En fait, depuis de très longs mois, la monnaie nippone sert les intérêts des fonds spéculatifs et de tous les investisseurs qui apprécient en elle une seule chose : son bas taux d'intérêt. Emprunter en yens ne coûte pratiquement rien puisque la Banque du Japon vient de remonter à 0,5 % le prix de l'argent, qui se traînait à 0,25 % depuis plusieurs mois.

    Quoi de plus tentant alors que d'emprunter des yens, les revendre contre une autre monnaie et placer les dollars ou les euros ainsi obtenus sur des marchés très rémunérateurs. L'investissement en actions de pays émergents, sur des obligations à haut rendement ou sur le marché néo-zélandais couvre plus que largement le coût de l'emprunt en yens. C'est le fameux carry trade qui fait le bonheur de tout bon gérant aujourd'hui. Voire ! De plus en plus de Roumains et de Lituaniens empruntent aussi en yens pour financer leurs achats immobiliers ! En Hongrie voisine, c'est le franc suisse, une autre monnaie à bas taux d'intérêt, qui est particulièrement prisée pour les emprunts immobiliers.

    Dans ce contexte, la remontée du yen - il est à son plus haut niveau depuis trois mois - est mal vue. C'est le signe que ces mêmes gérants pensent soudain que leurs placements « exotiques » sont devenus trop risqués au regard de ce qu'ils rapportent. Ils liquident donc une partie de leurs positions et remboursent leurs emprunts en rachetant des yens, à un cours de plus en plus élevé. D'où le phénomène de balancier, baisse des actions et hausse du yen.

    Multiples avertissements

    Quelles sont les sommes en jeu ? Selon la banque Barclays Capital, fin 2006, les positions nettes spéculatives de carry trade s'élevaient à plus de 30 milliards de dollars. Un montant record (voir graphique). Le vice-ministre des Finances japonais, Hiroshi Watanabe, évoque lui un marché total compris entre 80 et 160 milliards de dollars. Sur cette base, la hausse du yen depuis dix jours se chiffrerait à une perte potentielle pour les spéculateurs comprise entre 3,1 et 6,2 milliards de dollars.

    Le risque, pour le moment théorique, est de voir tous ces montages financiers se déboucler en même temps, provoquant une envolée du yen et une chute des cours des actions et de certaines devises périphériques, comme le dollar néo-zélandais par exemple. Les grands argentiers, Jean-Claude Trichet en tête, mettent en garde les marchés contre ces excès spéculatifs. Mais l'écart entre ce que coûte le yen et ce qu'a rapporté jusqu'à présent la Bourse indienne est trop tentant. La fin du carry trade n'est pas pour demain.

    Par Le Figaro
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