Souvent cité à propos de la Guerre d'Algérie, Fares est pourtant un illustre inconnu par une grande majorité d'Algériens.
- Ce n’est qu’une fois la dernière page tournée qu’on comprend le titre de l’ouvrage du défunt Abderrahmane Fares : « La cruelle vérité »*.
Que comprend-on ? Toute la suite, de 1962 à nos jours. Que la valeur du travail n’a jamais été prise en compte, ni le militantisme, ni la compétence, ni l’instruction, ni l’expérience, ni le savoir, ni l’intégrité, ni la franchise, ni la courtoisie, ni l’urbanité, ni…ni… Seule la force primait. Au lieu d’instaurer la culture du mérite, les dirigeants de l’époque ont instauré la culture de la force.
En nous racontant sa vie de combat et de sacrifice durant la Guerre de libération payés par la prison et le rejet sous le soleil de l’indépendance, cet homme à qui de Gaulle a proposé le poste de ministre d’État nous raconte la cruauté des hommes de pouvoir qui n’étaient pas outillés sur le plan intellectuel pour mettre l’Algérie sur la voie de la démocratie et de la modernité et l’écrasement de l’élite, capable, elle, de diriger le pays, accusée souvent à tort de connivence avec le colonisateur.
Dans cette lutte où tous les coups sont permis, ceux qui frappent bas sans scrupule sont toujours les gagnants. Regardons le pedigree de la dirigeante algérienne post-indépendance : Ben Bella, Boumediène, Chadli ? Peu d’instruction, peu de culture, peu de scrupules aussi. Ferhat Abbes, Ait Ahmed, Abderrahmane Fares, Saad Dahleb, Benkhedda : beaucoup d’instruction, beaucoup de culture, beaucoup de scrupules, tout ce qui fait, en Algérie, un loser. C’est cette histoire que nous raconte dans un style superbe, non dénué d’humour et d’amour pour le genre humain, Fares dans son tonique et caustique ouvrage.
(…).
Quand le 1er novembre sonnera, il est à Chicago. C’est en lisant le journal Le Monde qu’il apprendra cet évènement historique. Dès son retour, il fit une visite à Mitterrand, ministre de l’Intérieur du gouvernement Mendes France. Quel algérien pouvait voir sans problèmes Mitterrand ? Lui, Abderrahmane Fares. Mitterrand l’informe sur ce qui s’était passé en précisant que ce n’était qu’une flambée terroriste. Fares nous confie qu’il s’était permis, comme il l’avait fait avec le gouverneur général Léonard, d’attirer son attention sur les résultats de la politique suivie, l’immobilisme étant, pour lui l’une des causes de ces événements.
(…).
La suite est du même tonneau. Il fut reçu dans le domicile privé du président français. Autour d’un repas, il informa le responsable français sur le fait que la situation algérienne était différente de celle décrite dans les rapports qu’il recevait. Il lui ajouta, en substance, qu’après l’octroi de l’autonomie à la Tunisie et « l’indépendance dans l’interdépendance au Maroc, l’Algérie ne pouvait rester en dehors du contexte nord-africain ». Admirable démarche d’un politique qui avait accès directement au pouvoir colonial comme aucun autre avant lui et après lui. Se faisant Cassandre, il prophétisera avec lyrisme que la route de l’indépendance de l’Algérie sera parsemée de sang, de larmes et de deuils. Aucune réponse convaincante de Faure-.
*Abderrahmane Fares -La cruelle vérité-Mémoires politiques 1945-1965
Editions Casbah in TSA
(Extraits?
- Ce n’est qu’une fois la dernière page tournée qu’on comprend le titre de l’ouvrage du défunt Abderrahmane Fares : « La cruelle vérité »*.
Que comprend-on ? Toute la suite, de 1962 à nos jours. Que la valeur du travail n’a jamais été prise en compte, ni le militantisme, ni la compétence, ni l’instruction, ni l’expérience, ni le savoir, ni l’intégrité, ni la franchise, ni la courtoisie, ni l’urbanité, ni…ni… Seule la force primait. Au lieu d’instaurer la culture du mérite, les dirigeants de l’époque ont instauré la culture de la force.
En nous racontant sa vie de combat et de sacrifice durant la Guerre de libération payés par la prison et le rejet sous le soleil de l’indépendance, cet homme à qui de Gaulle a proposé le poste de ministre d’État nous raconte la cruauté des hommes de pouvoir qui n’étaient pas outillés sur le plan intellectuel pour mettre l’Algérie sur la voie de la démocratie et de la modernité et l’écrasement de l’élite, capable, elle, de diriger le pays, accusée souvent à tort de connivence avec le colonisateur.
Dans cette lutte où tous les coups sont permis, ceux qui frappent bas sans scrupule sont toujours les gagnants. Regardons le pedigree de la dirigeante algérienne post-indépendance : Ben Bella, Boumediène, Chadli ? Peu d’instruction, peu de culture, peu de scrupules aussi. Ferhat Abbes, Ait Ahmed, Abderrahmane Fares, Saad Dahleb, Benkhedda : beaucoup d’instruction, beaucoup de culture, beaucoup de scrupules, tout ce qui fait, en Algérie, un loser. C’est cette histoire que nous raconte dans un style superbe, non dénué d’humour et d’amour pour le genre humain, Fares dans son tonique et caustique ouvrage.
(…).
Quand le 1er novembre sonnera, il est à Chicago. C’est en lisant le journal Le Monde qu’il apprendra cet évènement historique. Dès son retour, il fit une visite à Mitterrand, ministre de l’Intérieur du gouvernement Mendes France. Quel algérien pouvait voir sans problèmes Mitterrand ? Lui, Abderrahmane Fares. Mitterrand l’informe sur ce qui s’était passé en précisant que ce n’était qu’une flambée terroriste. Fares nous confie qu’il s’était permis, comme il l’avait fait avec le gouverneur général Léonard, d’attirer son attention sur les résultats de la politique suivie, l’immobilisme étant, pour lui l’une des causes de ces événements.
(…).
La suite est du même tonneau. Il fut reçu dans le domicile privé du président français. Autour d’un repas, il informa le responsable français sur le fait que la situation algérienne était différente de celle décrite dans les rapports qu’il recevait. Il lui ajouta, en substance, qu’après l’octroi de l’autonomie à la Tunisie et « l’indépendance dans l’interdépendance au Maroc, l’Algérie ne pouvait rester en dehors du contexte nord-africain ». Admirable démarche d’un politique qui avait accès directement au pouvoir colonial comme aucun autre avant lui et après lui. Se faisant Cassandre, il prophétisera avec lyrisme que la route de l’indépendance de l’Algérie sera parsemée de sang, de larmes et de deuils. Aucune réponse convaincante de Faure-.
*Abderrahmane Fares -La cruelle vérité-Mémoires politiques 1945-1965
Editions Casbah in TSA
(Extraits?
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