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La Russie plante son drapeau au fond de l'océan Arctique

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  • La Russie plante son drapeau au fond de l'océan Arctique

    L'expédition exprime les velléités territoriales de Moscou sur l'Arctique et ses trésors en pétrole, gaz et diamants?

    EN ENVOYANT, hier, dans les eaux noires et glacées de l'océan Arctique, une équipe de scientifiques planter un drapeau russe en titane à la verticale du pôle Nord, par 4 261 mètres de fond, la Russie n'a pas seulement voulu prouver qu'elle restait une grande nation scientifique, dont l'aventure polaire a fait rêver des générations d'explorateurs russes du Grand Nord. Ce symbole tricolore blanc bleu rouge - à la peinture inoxydable - la Russie l'a planté pour prouver qu'elle est de retour sur la scène du monde et qu'elle a des muscles. Pour démontrer qu'après des années d'affaissement, elle peut à nouveau faire rêver, un peu comme l'envoi, en 1961, du premier homme dans l'espace, le Soviétique Iouri Gagarine, avait transporté les esprits, à l'époque de la compétition entre l'URSS et les États-Unis pour la conquête du cosmos.
    « C'est la première fois que l'humanité relève le défi d'atteindre le fond de l'océan Arctique », répétaient, enthousiastes, les télévisions russes qui suivent le sujet, grâce à leurs envoyés spéciaux embarqués à bord de l'Akademik Fedorov, l'un des deux bateaux d'expédition. « Toucher le fond à une telle profondeur, c'est comme faire le premier pas sur la Lune », a déclaré, avant la descente, l'explorateur polaire Alexandre Tchilingarov, qui est aussi vice-président de la Douma et qui incarne, à ce double titre, le caractère politique et scientifique de l'aventure.
    La Russie est décidée à se lancer à toute vapeur et sans complexe dans la bataille géopolitique pour le contrôle des formidables ressources énergétiques de la région du Grand Nord. « L'Arctique est à nous et nous devrions y montrer notre présence », a expliqué Tchilingarov. Une déclaration qui ressemble fort à un remake de Dostoïevski, selon lequel, « partout où les Russes posent le pied, la terre devient russe... »
    Elle n'a pas été du goût du ministre canadien des Affaires étrangères, Peter MacKay, dont le pays a également des revendications sur le plateau continental du pôle : « Nous ne sommes pas au XVe siècle. Vous ne pouvez pas parcourir le monde, planter des drapeaux et dire :»Nous revendiquons ce territoire* », a-t-il lancé hier, traduisant l'irritation des Occidentaux face à la politique russe du fait accompli.
    La mission n'en espère pas moins établir qu'une partie du fond sous-marin passant par le pôle Nord, connu sous le nom de « dorsale Lomonossov », est en réalité une extension géologique de la terre russe et que Moscou pourra la revendiquer, dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Dans un discours prononcé en mai, le président Vladimir Poutine a promis que des efforts seraient faits pour préserver les « intérêts stratégiques, économiques, scientifiques et de défense de la Russie » dans l'Arctique. Il y a quelques jours, il relevait « l'importance de l'expédition ».
    L'or noir et l'or gris, mamelles de la diplomatie russe
    Ce réveil d'intérêt pour l'Arctique s'explique. Selon l'agence gouvernementale américaine spécialisée dans les hydrocarbures, le quart des ressources mondiales de pétrole - jusqu'à 10 milliards de tonnes d'hydrocarbures - ainsi que d'énormes réserves de gaz et de diamants se trouvent au nord du cercle polaire. En raison du réchauffement climatique, de la fonte de la banquise et des progrès technologiques, ces ressources jadis inaccessibles vont se retrouver presque à portée de main, au moment où les autres réserves de pétrole et de gaz diminuent. La Russie, qui a fait de l'or noir et de l'or gris les deux mamelles de sa politique étrangère, n'a pas l'intention de se laisser distancer par les quatre autres pays qui tentent eux d'étendre leurs droits sur ces ressources sous-marines : la Norvège, le Danemark, le Canada et les États-Unis. « C'est une sorte de course entre les pays de l'Arctique pour étendre leur plateau continental le plus au nord possible, revendiquer le plus possible de fonds marins », explique l'expert de l'Institut norvégien Nansen, Claes Ragner.
    C'est le 24 juillet que le navire de recherche Akademik Fedorov et le brise-glace à propulsion nucléaire Rossia qui l'escorte ont mis le cap vers le pôle Nord. Après quelques défaillances techniques, ils ont atteint leur but. Hier, deux sous-marins de poche, Mir 1 et Mir 2, ont entamé leur descente vers le fond des océans. Les deux députés et le scientifique russe à bord de Mir 1 ont dressé leur drapeau d'un mètre au fond de l'eau, à l'aide d'un bras mécanique. Ils devaient prélever des échantillons et laisser une capsule avec un message... pour les générations futures.

    lefigaro

    Dernière modification par dentdesagesse, 30 octobre 2018, 18h43.
    L'escalier de la science est l'échelle de Jacob,il ne s'achève qu'aux pieds de Dieu
    Albert Einstein
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