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Abdelaziz Bouteflika vers un cinquième mandat ?

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  • Abdelaziz Bouteflika vers un cinquième mandat ?

    L’annonce d’une nouvelle candidature du président algérien, très affaibli, interroge sur la gouvernance réelle de l’Algérie.
    En fauteuil roulant et tout de noir vêtu, Abdelaziz Bouteflika est apparu, jeudi dernier, déposant, péniblement, une gerbe de fleurs sur la tombe des « martyrs » de la guerre d’indépendance d’Algérie, en banlieue de la capitale Alger. Les images du président algérien de 81 ans, diffusées par la télévision nationale, sont loin d’être anodines tant les apparitions du chef de l’Etat sont rares depuis son accident vasculaire cérébral de 2013. Un accident qui l’a beaucoup affaibli.

    Et une sortie qui ne doit rien au hasard, intervenue trois jours après l’annonce par le Front de libération national (FLN, le parti au pouvoir) d’une nouvelle candidature de Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, à l’élection présidentielle d’avril 2019. « Ils font ça de temps en temps, ils le montrent quelques minutes, ils le présentent bien en le maquillant mais c’est tout à fait artificiel », glisse un Franco-Algérien qui partage son temps de chaque côté de la Méditerranée.

    Qui sont ceux qui tireraient les ficelles du pouvoir en Algérie ? Car Bouteflika, qui ne peut presque plus marcher, ni parler depuis son hospitalisation de 2013 et chuchote avec un petit micro transparent, n’apparaît pas en mesure d’assurer ses fonctions. « L’état de Bouteflika ne lui permet pas de gouverner et le pouvoir est aujourd’hui dilué en trois pôles : le pôle présidentiel avec Bouteflika et ses très proches, le pôle militaire et un pôle transversal composé notamment d’hommes d’affaires », explique Hasni Abidi, politologue et directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), à Genève.

    L’armée, avec à sa tête le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, aurait notamment un rôle prépondérant dans les prises de décision. Un ancien militant des droits de l’homme en Algérie nuance ce constat : « Le pouvoir est entre les mains de l’armée mais je pense que le cerveau de Bouteflika fonctionne encore très bien et qu’il peut toujours prendre des décisions que son frère transmet aux militaires. »

    Pas de vice-président ou de numéro 2 capable d’assurer la transition
    Reste que la possibilité de voir l’actuel président rempiler à la tête de l’Algérie relance aussi le débat sur l’après-Bouteflika, même si certains dirigeants du FLN ont assuré que rien n’était encore décidé. En l’état actuel de la Constitution, il n’y a pas de vice-président ou de numéro 2 du régime capable d’assurer la transition. « Un des malheurs de la présidence Bouteflika est qu’il n’a pas préparé sa succession, s’il meurt en cours de mandat, ça créera une situation inédite et il y aura une grosse compétition », analyse Hasni Abidi.

    Lors de l’élection présidentielle de mai prochain, la population algérienne devrait fortement s’abstenir à défaut de pouvoir voter pour une candidature d’opposition crédible. « Le pouvoir a toujours empêché toute tentative cohérente de construction des partis d’opposition, du coup l’abstention est un moyen politique de contestation pour tous ceux qui ont perdu espoir », poursuit le politologue. La population algérienne, qui ne s’était pas fortement mobilisée lors du printemps arabe en 2011, pourrait cette fois sortir du bois même si « les militaires sont trop agressifs et ils font peur à la population », témoigne un Franco-Algérien. Ce dernier conclut, amer : « Il y a une grande dépolitisation de la société, les décisions qui sont prises sont très secrètes et on n’est au courant de rien. »

    Le Parisien
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.
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