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La futilité du débat sur une constitution inutile (contribution)

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  • La futilité du débat sur une constitution inutile (contribution)

    PAR ABED CHAREF

    Alors que l’Algérie vit en marge de la Constitution, Mme Fatiha Benabou, professeur de droit constitutionnel, lance un débat sur les mérites comparés des constitutions de 1989 et 1976.

    Fatiha Benabou, professeur de droit constitutionnel, n’aime pas la constitution de 1989, adoptée sous Chadli Bendjedid. Elle lui préfère visiblement celle de 1996, dont les auteurs ont fait preuve de « génie ».

    Même si elle reconnait que le texte de 1989 « marque, de manière explicite, la rupture » avec l’ancien ordre constitutionnel, elle lui reproche d’avoir « clandestinement » supprimé « l’option socialiste » contenue dans la constitution de 1976, et d’avoir fait disparaitre « subrepticement » le parti unique. Comment des dispositions contenues dans un texte rendu public, débattu, soumis à référendum, même dans des conditions qu’on peut contester, comment ces dispositions peuvent être clandestines ou adoptées « subrepticement » ?

    Elle reproche également aux auteurs du texte de 1989 « l’intention inavouée » de « changer le mode de légitimation et d’accès au pouvoir », par le biais de « la substitution progressive du multipartisme au monopartisme du FLN ». Remplacer le système du parti unique par le multipartisme dans une constitution soumise à référendum relèverait donc d’une « intention inavouée » !

    Trois formules, « subrepticement », « clandestinement », et « intentions inavouées », marquent cette défiance de Mme Benabou envers la constitution de 1989 qui, selon elle, « était grosse d’une grave crise politique » et « portait, en son sein, par ses contradictions, les germes des convulsions qui secoueront l’Algérie ».

    Préjugés

    Si elle admet que la constitution de 1989 introduit une « d’ouverture politique », Mme Benabou estime que la démarche a été aussitôt torpillée par la loi sur les partis adoptées sous le gouvernement de M. Kasdi Merbah en juillet 1989, laquelle introduit « les ingrédients d’une décrédibilisation de ce pluralisme ». Elle rappelle qu’il « suffisait 15 membres pour bénéficier d’un récépissé d’enregistrement ». Le résultat fut un « multipartisme débridé », avec « une forte fragmentation du champ politique algérien et son émiettement en une multitude de partis politiques, très souvent, sans réelle base sociale ».

    Combien faut-il de signatures pour qu’un parti soit crédible ? vingt ? Cent ? Mille ? Appartenait-il au pouvoir de l’époque d’organiser la société et d’encadrer les nouveaux partis, alors qu’il était fortement contesté, comme en attestent les drames d’octobre 1988 ?

    En fait, la constitutionnaliste fait abstraction de la conjoncture de l’époque. Le président Chadli Bendjedid, le gouvernement Merbah, ainsi que les rédacteurs de la constitution, tous issus du FLN, étaient sous forte pression. Il leur était reproché de vouloir verrouiller le jeu au profit de leur parti. Ils étaient donc contraints de lâcher du lest, de faire preuve d’ouverture, en facilitant l’émergence de forces nouvelles susceptibles de constituer des alternatives au FLN.

    Un texte complexe

    La complexité de la constitution de 1989 sur les rapports entre le président de la république et le gouvernement est réelle, et elle est soulignée à juste titre par Mme Benabou, qui en tire toutefois une conclusion totalement décalée.

    « Ces équivoques se sont soldées par une instabilité ministérielle et une hécatombe de chefs de gouvernement », écrit-elle. Ce qui est erroné : l’instabilité a précisément pour origine la non application de la constitution, dans son esprit plus que dans sa lettre, quand Chadli Bendjedid a poussé Kasdi Merbah vers la sortie en septembre 1989, et quand il a accepté la démission de Mouloud Hamrouche en juin 1991, sous la poussée de la rue, alors que le parlement n’était hostile ni à l’un ni à l’autre.

    Système déclaratif et ordre policier

    En fait, sur les partis comme sur les associations et la presse, le pouvoir de l’époque a opté pour un choix fondamental : le système déclaratif, propre aux systèmes libéraux, même si Mme Benabou «hésite à parler de changement vers une Constitution libérale ». Dans ce modèle libéral, le citoyen a tous les droits, à charge pour l’administration de prouver qu’il a enfreint la loi.

    A l’inverse, Mme Benabou semble avoir une préférence pour un système où le contrôle se fait à priori. C’est à l’administration, voire aux services de sécurité, de vérifier si tel citoyen, tel groupe, peut accéder au privilège de créer un parti, de lancer un journal ou d’accéder au gouvernement.

    Elle trouve du « génie » dans la constitution de 1996, qui ne veut « pas abandonner le sort de la démocratie aux hasards issus des flux majoritaires ». Il s’agissait de « rendre moins aléatoires les résultats des élections en filtrant en amont les partis politiques susceptibles » de remporter les élections. En langage clair, cela suppose que seuls les partis bénéficiant des faveurs du pouvoir du moment peuvent gouverner, et d’éviter que le peuple, qui peut mal voter, envoie au parlement une majorité indésirable.

    Pour éviter tout risque de dérapage, « l’Assemblée populaire nationale, susceptible de devenir démagogique, se verra lestée d’une seconde Chambre, dite de réflexion, qui aura, de surcroît, un pouvoir de blocage grâce à un tiers présidentiel nommé ».

    C’est clairement affirmé, et assumé : les élus du peuple peuvent voter, jouer, mais s’ils se trompent, une minorité de blocage désignée par le président de la République et installée au Sénat est là pour calmer leurs « ardeurs ». Les élites éclairées ont le droit de refuser le choix de la masse. Ce n’est pas la suprématie de la norme constitutionnelle qui est recherchée. C’est plutôt le droit des chefs de contrôler la plèbe qui doit primer. Ce qui montre à la fois l’utilité et la futilité d’un débat sur la constitution dans un pays qui vit en marge des textes constitutionnels.

  • #2
    Abed Charef se trompe cette fois ci. Le sujet de la constitution est fondamental, car elle permet de garantir l'équilibres des pouvoirs et la stabilité des institutions. Même si le pouvoir est anti-constitutionnel, le rétablissement de la légitimité politique et du respect constitutionnel nécessite que la constitution permette la pratique d'une gouvernance avec les contre pouvoirs nécessaires et dans le respect des institutions...

    Voici une petite contribution publiée à El Watan en 2006, c'était un voeux pieu...

    Constitution, pierre angulaire d’un régime politique

    Othmane Benzaghou – El Watan – le 10/07/2006

    Une nouvelle Constitution est annoncée par les plus hautes autorités du pays. Le projet n’est pas nouveau, puisqu’on annonçait cette Constitution depuis l’arrivée de l’actuel locataire d’El Mouradia. Cette fois-ci, il semble que les équilibres stratosphériques sont tels que le projet voulu par le président puisse passer au suffrage universel.

    La classe politique est comme à son habitude totalement absente des grandes étapes de ce pays, tétanisée par une représentativité quasi-nulle et neutralisée par une nature malsaine qui fait de la majorité des partis d’opposition, non des organes où se construisent des idées, des démarches, mais seulement des appareils politiciens au service d’ambition, de groupements d’intérêt, de tribalisme, de corporatisme… A quoi sert une Constitution, si ce n’est à définir les règles de fonctionnement des institutions du pays. A quoi servent ces règles si ne sont pas définis les rôles de ces institutions, dans un environnement politique en pleine mutation, à la réalité des structures sociopolitique prédominantes dans le monde actuel et aux réalités sociopolitiques d’une Algérie qui n’a que 44 ans d’indépendance. De par le monde, le modèle prédominant, aujourd’hui, est celui qui consacre la démocratie, cette démocratie qui permet l’émergence de consensus, d’équilibres salvateurs. Qu’en est-il des consensus et des équilibres en Algérie. Ils ne sont quasi jamais issus de la volonté populaire, même pas issus de modèles de développement qui s’affrontent pour produire un consensus nécessaire à la bonne marche du pays. Les équilibres chez nous sont plutôt constitués sur des bases médiévales, de clans, de tribus, de lutte de pouvoir. Ils sont reconstitués et en constante mutation dans les stratosphères, loin des peuples, loin des élites intellectuelles, loin des idées et des modèles de développement. L’Algérie des années 1970 est celle qui a consacré un régime et des institutions taillées sur mesure pour des «dictatures éclairées», ayant fait pour le développement de l’Algérie d’énormes progrès, mais ayant engendré des erreurs fatales pour le fonctionnement de l’«après-dictature éclairée». Il est impératif d’éviter les même travers aujourd’hui et de redessiner sur des bases modernes le rôle des institutions, leur place et leurs règles de fonctionnement. Le régime présidentiel est une quasi-exception américaine, mu par une histoire politique spécifique, de fédéralisme, de bipolarisme, de post-monarchisme… Le fonctionnement politique des institutions dans ce modèle est celui qui permet de faire tendre les décisions vers le centre, le consensus, l’équilibre, entre forces politiques bipolaires qui ne semblent pas fondamentalement différentes. Les Etats-Unis d’Amérique ont cette particularité de pouvoir recentrer les décisions. Seuls de grands chocs ont déstabilisé ce recentrage systématique, mais c’est le fonctionnement propre du système politique américain. L’Algérie doit trouver son propre modèle, adapté à son histoire, à sa réalité sociopolitique, d’aujourd’hui, mais surtout de demain. Une Constitution est censée être pérenne et survivre au-delà des personnes qui la consacrent. Des vicissitudes d’une vie politique à la recherche d’équilibres perpétuels dans l’intérêt collectif. Elle a comme devoir de fonder les équilibres salvateurs d’aujourd’hui mais surtout de demain, des équilibres permettant des choix éclairés et partagés consacrant le développement du pays. Elle doit être garante d’un paysage politique réaliste, permettant de produire ces équilibres et ce consensus, qui survivent au degré de convictions, de force et l’abnégation des personnes censées l’incarner par le temps, garantissant un recentrage vers les voies jugées les plus adaptées aux défis du moment. Les institutions, produit de la Constitution, doivent consacrer ces principes salvateurs et pérennes, que cela soit la basse ou la haute chambre, elle doit permettre une représentativité des aspirations d’une nation, capable de recentrer les décisions. Qu’une chambre consacre le modèle majoritaire, l’autre proportionnelle, qu’une chambre consacre le suffrage direct, l’autre indirect, il est impératif de réfléchir à un fonctionnement qui garantisse la stabilité des institutions, au-delà des personnalités qui pourront l’incarner, dans l’intérêt général. La classe politique actuelle n’est pas celle qui garantit la stabilité future de ce pays. Il est impératif que la Constitution soit calquée sur un dosage politique visionnaire, permettant d’asseoir ce pays dans une ère de stabilité et de progrès.
    Othmane BENZAGHOU

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    • #3
      Bsr Ott

      Non seulement, Abed Charef ne se trompe pas mais son analyse rejoint quelque part ta contribution si on se refère à sa conclusion :
      Pour éviter tout risque de dérapage, « l’Assemblée populaire nationale, susceptible de devenir démagogique, se verra lestée d’une seconde Chambre, dite de réflexion, qui aura, de surcroît, un pouvoir de blocage grâce à un tiers présidentiel nommé ».

      C’est clairement affirmé, et assumé : les élus du peuple peuvent voter, jouer, mais s’ils se trompent, une minorité de blocage désignée par le président de la République et installée au Sénat est là pour calmer leurs « ardeurs ». Les élites éclairées ont le droit de refuser le choix de la masse. Ce n’est pas la suprématie de la norme constitutionnelle qui est recherchée. C’est plutôt le droit des chefs de contrôler la plèbe qui doit primer. Ce qui montre à la fois l’utilité et la futilité d’un débat sur la constitution dans un pays qui vit en marge des textes constitutionnels.
      C'est pour dire que si la constitution est la loi qui régit les relations entre les institutions et définit les règles d'exercice de la démocratie, dans la pratique et par quelques (subtiles) artifices, le pouvoir anésthésie ce pourquoi la constitution est faite ! D'où la futilite et l'inutilité qu'il évoque.

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      • #4
        La seconde chambre existe dans plusieurs pays pour en effet garantir une centralité des choix, non pour faire de l'obstruction. Elle a un rôle contesté chez nous parce que le parlement n'est pas force de proposition et de contrôle. Elle n'a pas besoin d'être modéré. Abed Charef fait dans la démagogie sur cette aspect... Ni les USA, si la France, ni la GB, ni l'Allemagne ne sont des pays qui méprisent la plèbe, mais la démocratie n'est pas un mot magique, où un système absolue, Churchill considérait qu'il est le moins pire des systèmes...
        Othmane BENZAGHOU

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        • #5
          La seconde chambre existe dans plusieurs pays pour en effet garantir une centralité des choix, non pour faire de l'obstruction.
          Dans quel pays, le tiers de cette chambre est désigné par le boss du moment ? La France ? Les USA ? la GB ? ...

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          • #6
            Je ne suis pas pour ce genre de configuration. Cependant, en Italie et en Angleterre, il y a le statut de sénateur à vie, qui est non seulement désigné par le boss, mais à vie...
            Dernière modification par ott, 12 novembre 2018, 21h55.
            Othmane BENZAGHOU

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            • #7
              Je ne suis pas pour ce genre de configuration.
              Abed Charef aussi !

              J'avoue que je ne savais pas que ça existait en Italie. Renseignements pris, ils sont au maximum au nombre de 5 (nommés pour avoir honoré la patrie) sur les 315 qui la composent.
              Dernière modification par jawzia, 12 novembre 2018, 22h14.

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              • #8
                Mais pour une deuxième chambre qui puisse recentrer les dispositions...
                Othmane BENZAGHOU

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                • #9
                  La constitution fait du président un monarque au dessus de tout même de ladite constitution elle-même.
                  Pour moi, c'est le plus gros des travers du système algérien.

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                  • #10
                    La constitution fait du président un monarque au dessus de tout même de ladite constitution elle-même.
                    Pour être honnête et rigoureux, ce n'est pas la constitution qui en fait de Boutef un monarque mais sa trituration par un personnel politique de chiyatines !

                    Si la constitution avait été respectée, Boutef aurait été un vieux souvenir !

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                    • #11
                      elle lui a tout de même permis de la triturer à chaque fois qu'il en avait besoin, cette constitution.

                      Commentaire


                      • #12
                        Si la constitution avait été respectée, Boutef aurait été un vieux souvenir !
                        Alors à quoi sert la constitution si elle n'est pas respectée???
                        C'est donc une dictature!
                        Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

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                        • #13
                          chouan

                          La constitution algérienne est fragile, facile à triturer par n'importe quel président.
                          Pour un pays comme l'Algérie qui cherche à bâtir un état de droit et une démocratie, il faut une constitution des plus bétons.

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                          • #14
                            C'est donc une dictature!
                            Si tu veux d'une discussion sereine avec moi, commence par éviter ces "grands mots" !
                            Alors à quoi sert la constitution si elle n'est pas respectée???
                            Lorsque je dis "pas respectée", il ne faut pas, par un raisonnement primaire, comprendre que des décisions ont été prises en violation de la constitution. Auquel cas, "dictature" sur lequel tu t'es empressé aurait eu un sens.

                            Le problème avec les mandats successifs de Boutef ne relève pas de considérations juridiques mais de considérations morales. La constitution ayant été modifiée, selon une procédure inscrite dans cette constitution, pour aménager une disposition au service d'un homme.

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                            • #15
                              La constitution algérienne est fragile, facile à triturer par n'importe quel président.
                              Tu crois, Bachi, que la constitution française aux mains du personnel politique de chiyatines n'aurait pas été triturable ?

                              Wellah, à part le coran, ils seraient capables d'amender ou d'introduire n'importe quelle disposition !

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