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▬ Kamel Daoud ▬ ♦Je n’aime pas la poésie Voici un peu notre histoire On nous tua Longtemps, à chaque fois

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  • ▬ Kamel Daoud ▬ ♦Je n’aime pas la poésie Voici un peu notre histoire On nous tua Longtemps, à chaque fois

    Tous nos ancêtres saignent et attendent au bout de nos langues
    Tous avaient une pierre tombale entre les dents, même avant les dents
    Et tous ont, à peine, touché terre après la naissance
    Avant de rebondir vers un ciel et un oubli
    A peine l’âge d’un nuage
    Qui donne et s’en va
    - Puis on se tua les uns les autres
    Car on était un pays libre
    Libre de nous entretuer
    On a donc rejoué aux morts et aux survivants
    Comme à chaque fois
    Nous avions un drapeau mais pas de but
    Il y a eu brusquement trop de Dieux et trop de prophètes
    Et donc beaucoup de fins de mondes et de jugements derniers.
    - Puis on s’assit et on tua le temps
    Le temps n’a pas de cadavre
    Nous sommes ses cadavres
    Quand on le tue, c’est nous qui pourrissons
    - Nous sommes passés du djoundi au bandit
    Du colonel à l’Emir
    De l’Emir au cheikh
    Puis du cheikh au muezzin
    Vin
    Pain
    Chaloupes ou la mort
    Chacun a creusé un trou
    L’un pour retrouver son ancêtre
    L’autre pour déboucher dans le paradis
    L’autre pour ressortir, de nuit, en Espagne
    L’autre pour trouver de l’argent ou l’enfouir
    L’un pour enterrer les femmes
    L’autre pour trouer la terre et l’envoyer au fond des eaux
    - Le pays est vaste mais dès qu’on voyage
    On sait qu’il est étroit
    Pourquoi ?
    Parce que personne n’y vit
    Personne n’y meurt
    On est tous ensemble, depuis trois mille ans, assis au même endroit
    On est enfermé
    Le reste du monde on l’appelle «El kharedj»
    C’est à dire l’Extérieur
    Car nous sommes enfermés
    - On est passé de la Révolution à la distribution
    Puis à la prière
    Puis au sachet
    Puis à la lapidation
    Puis à la lâcheté, la peur, la servilité, l’indignité
    Nous sommes à «l’Intérieur» mais chacun à l’intérieur de lui-même
    Le pays est la tête de chacun et
    La tête de chacun est posée sur une étagère ou un tapis
    On n’a plus d’ombre dans ce pays, ni de poids, ni de mesures
    Il y a bien un drapeau et une histoire mais
    Il n’y a plus de vent pour les faire bouger
    Il n’y a plus de sol
    La terre est une poignée et l’hymne du barbelé
    - Il y a encore le souvenir des armes
    Mais c’est pour se suicider ou s’entretuer
    Il y a la mer
    Mais personne n’a de corps et les femmes n’ont plus
    de visages ni de cheveux
    Nous sommes descendus des maquis pour remonter dans des minarets
    Et on a laissé nos enfants jouer dans un terrain vague
    Si vague qu’ils finissent par ne plus venir au monde
    Seulement, au ciel, l’enjamber
    - Je n’aime pas la poésie
    Car elle ne meurt pas
    Et moi si. ✍ Kamel Daoud / Le Quotidien d'Oran / Chronique : Le banc public / 19 Novembre 2018.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    J'ai l'impression que c'est google translate

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    • #3
      Plein de sens et de rythme.
      Cela faisait longtemps que je n'avais pas apprécié un texte de K. Daoud... ça fait du bien. Enfin, là ça fait très mal !

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      • #4
        c'est vrai qu'il est beau le poème.

        Mais pourquoi Kamel Daoud pense que l'Algérie est à part, unique?
        De nombreux pays lui ressemblent, vivent ou ont vécu les mêmes drames.

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        • #5
          Mais pourquoi Kamel Daoud pense que l'Algérie est à part, unique?

          Parce qu'il est algerien tout simplement, et c'est le sort de son pay qui l'interesse, il est trop intelligent pour ne pas savoir que certain pay son pire.
          Tres beau texte, c'est toujour un plaisir de le lire meme si je ne partage pas parfois totalement ses ecrits, exagerès, mais l'exageration est voulue pour frapper + fort
          Les mains qui aident sont plus sacrées que les lèvres qui prient. - Sai Baba -

          La libertè, c'est le droit de pouvoir dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre -George Orwell-

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          • #6
            oui moi aussi je suis Algérien et le sort de mon pays m'intéresse.

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            • #7
              Bien que je ne sois pas toujours d'accord avec lui ,il a souvent raison ..
              Ce texte est très beau et très juste .
              L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

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              • #8
                ▬ Kamel Daoud ▬ ♦Je n’aime pas la poésie Voici un peu notre histoire On nous tua Longtemps, à chaque fois

                Le souffle de la poésie doit contrecarrer dans toutes la mesure des ses résistances les contraintes des autres verbes des pouvoirs d’expression qui pèsent sur l’humain et qui surviennent des pouvoirs et des regimes de gouvernance, des pouvoirs religieux, et des terribles persécutions qui remontent à la nuit des temps …
                Dernière modification par infinite1, 21 novembre 2018, 20h28.

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                • #9
                  Je m'excuse c'est un doublon.
                  Dernière modification par infinite1, 21 novembre 2018, 20h30.

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