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Les implications de janvier 1992 sur janvier 2003 : Les questions stratégiques

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  • Les implications de janvier 1992 sur janvier 2003 : Les questions stratégiques

    Les implications de janvier 1992 sur janvier 2003 : Les questions stratégiques
    PAR AW · PUBLIÉ DÉCEMBRE 13, 2009 · MIS À JOUR JUIN 4, 2018

    Les implications de janvier 1992 sur janvier 2003 : Les questions stratégiques

    Par Bachir Medjahed Ex-Cadre Supérieur De l’Etat, Analyste (Présidence, Ministère De l’Intérieur, INESG), Le Quotidien d’Oran, 9 janvier 2003

    «Coup d’Etat» du 11 janvier, tel que l’affirmait à l’époque Aït Ahmed, «coup d’Etat non assumé», comme le soulignait plus tard Chérif Belkacem, un ancien membre du Conseil de la révolution qui avait assumé celui du 19 Juin, ou simple «démission» du président Chadli qui avait induit une double vacation du pouvoir, qui rendait impossible constitutionnellement la poursuite du processus électoral, tel que l’affirmaient ceux qui étaient appelés les «janviéristes»?

    Ce n’était que bien plus tard, bien après même le départ du HCE, qu’un de ses membres, en l’occurrence le général en retraite Khaled Nezzar, avait assumé l’interruption des élections législatives comme un acte procédant de la volonté de ne pas laisser l’Algérie tenter (ou sombrer dans) l’expérience d’un gouvernement islamiste. L’Algérie n’allait donc pas servir de «laboratoire» grandeur nature à une expérience islamiste de gouvernement.

    Les hésitations de départ, qu’expliquerait la crainte que le HCE, à l’image du Conseil de la révolution, ne soit assimilé à une junte qui se serait saisie du pouvoir pour des enjeux de pouvoir simplement, couplées au refus d’assumer cette interruption, ce qui s’assimilerait à un coup d’Etat, avaient peut-être privé l’Etat de l’adoption d’une posture réelle et globale de défense intérieure et de l’élaboration d’une stratégie claire et cohérente à l’égard du phénomène de l’islamisme.

    Les développements connus par la suite pour aboutir à la situation actuelle seraient à imputer à des improvisations dues à une absence de stratégie de long terme, qui aurait découlé de la certitude que le FIS n’allait pas remporter une victoire hégémonique et donc gouverner avec son programme.

    Le FIS était-il un parti politique dont les leaders ont été dépassés et les structures de commandement intermédiaire squattées ou noyautées en vue de préparer l’action armée en cas d’échec aux élections législatives ? Etait-ce la montée en puissance d’un parti politique qui avait été stoppée par l’interruption des élections commencées en décembre 1991, ou alors était-ce la montée en puissance du cadre d’organisation de mouvements terroristes qui avait été stoppée ?

    Il reste à savoir si était prise l’exacte mesure des problèmes, définies les problématiques et anticipés et évalués les différents scénarios, quand bien même l’évènement de Guemmar avait été imputé au FIS, du fait que c’était ses éléments qui y étaient impliqués, alors que c’était le pouvoir lui-même qui balisait le chemin au FIS en le poussant (ou l’invitant) à sa participation aux élections.

    Dès lors que fut émis le constat que Guemmar était l’oeuvre du FIS dans le contexte où ses leaders étaient incarcérés, pourquoi alors avoir permis à ce parti de participer aux élections et pourquoi ne l’avoir pas dissous, du moins n’avoir pas tenté une action en justice contre ce dernier pour le déclarer au moins «inéligible»?

    Cela nous ramène aux motivations qui avaient présidé à la légalisation du FIS.

    Avant même le lancement du multipartisme, l’islamisme avait su récupérer les évènements du 5 Octobre, à la fois par l’organisation d’une marche «tolérée» qui lui a offert «ses martyrs» à Bab El-Oued (marche conduite par Ali Benhadj) et par l’audience accordée par le président Chadli à Abassi Madani et Ali Benhadj.

    Le vide créé par la répression menée contre la gauche lors des évènements d’Octobre 1988 (déclaration plus tard de Nezzar à la presse) avait été occupé par les islamistes, peut-être perçus comme moins dangereux pour le régime, ou comme force destinée à neutraliser la gauche. Dès lors, la légalisation du parti que créeraient Abassi Madani et Ali Benhadj ne pouvait être qu’inéluctable.

    Mal lui en avait pris au pouvoir, puisque la montée en puissance du FIS, favorisée par la TV qui avait offert à ses dirigeants une résidence permanente dans le tube cathodique, mais aussi par la presse privée naissante qui rivalisait par le nombre d’interviews «arrachées» à ces derniers, avait «offert», après sa dissolution, son cadre d’organisation aux groupes armés.

    A peine sortie de l’opération de démantèlement des maquis de Bouyali, l’ANP s’est retrouvée engagée dans une lutte de plus grande intensité et durable au moment où elle avait besoin de se recentrer sur ses véritables missions et de s’inscrire dans une perspective de professionnalisation, d’autant qu’elle devait rattraper le temps perdu de l’époque 1967-1984, où elle avait fonctionné sans état-major «général».

    Pourquoi alors le pouvoir s’était-il mis dans l’obligation de légaliser les partis islamistes ? Des observateurs de renom, mais avec une perception étrangère, avançaient l’idée d’une intention du pouvoir d’affaiblir le FLN récalcitrant aux réformes et d’occuper l’armée de façon à la rendre dépendante du pouvoir politique. D’autres avançaient la thèse d’une mise de l’Algérie sous influence saoudienne, laquelle, dans un contexte algérien de difficultés économiques, proposait une aide financière comme compensation à la légalisation de partis islamistes, lesquels eux-mêmes ont continué à recevoir une aide financière, stoppée pour le FIS notamment suite à la position de ce dernier par rapport à la guerre du Golfe.

    Les démocrates algériens, par contre, proposaient une autre thèse baptisée «stratégie du bourourou». Le FIS devait servir d’épouvantail pour rabattre l’électorat apeuré vers le FLN et éloigner ainsi le danger démocrate. Il s’est trouvé des observateurs pour prêter à Hamrouche une part de responsabilité dans la légalisation du FIS, pour que ce dernier serve «d’abcès de fixation» (thèse parue dans L’Hebdo Libéré de A. Mahmoudi), bien que Hamrouche lui-même ait déclaré n’avoir pas ce pouvoir en tant que secrétaire général de la Présidence. Mouloud Hamrouche s’est même engagé, lors de la campagne électorale, à ne pas réhabiliter le FIS en cas de victoire aux présidentielles.

    Mehri était perçu comme ayant opté pour le passage du FLN par une cure d’opposition revivificatrice. Aït Ahmed savait que son parti allait législativement exprimer son impuissance, mais tirerait profit du fait qu’au sein de l’APN, il aurait la représentation exclusive du camp démocrate, assis entre l’Etat intégriste (le FIS) et l’Etat policier (le FLN). Ces deux leaders estimaient que le président Chadli utiliserait plus tard ses pouvoirs constitutionnels dans le cas d’une déviance du gouvernement islamiste.

    Des observateurs avançaient l’idée qu’en reconnaissance d’une éventuelle victoire, le FIS renoncerait à revendiquer des élections présidentielles anticipées. Il avait été aussi prêté à Louiza Hanoune l’idée que seul le FIS pouvait être en mesure de casser le système en place. Ce serait plus facile ensuite de mobiliser les populations contre la gestion des affaires publiques par le FIS, et donc contre le FIS lui-même.

    La phrase la plus assassine de l’idée de continuer le processus électoral a été l’oeuvre de Saïd Sadi: «L’intégrisme, c’est comme la mort, on ne l’essaie qu’un fois».

    Il est vrai que les cadres du FIS, dans l’euphorie de leur victoire au premier tour, ont fourni eux-mêmes les raisons de l’annulation du deuxième tour: bateau de cadres musulmans pour remplacer les cadres algériens «laïcs», tribunaux populaires, changement des modes vestimentaire et alimentaire, obligation de partager son logement avec les familles qui n’en ont pas, etc. Alors qu’auparavant, dès décembre 1990, Djaballah promettait une batterie de décisions, qui vont des milices chargées du contrôle de la conformité des comportements à la chariâa, jusqu’à l’obligation pour les femmes de ne travailler que dans les secteurs de l’éducation et de la santé, etc.

    Par ses éclaircies conditionnelles, Abassi Madani, avant son incarcération, avait engagé le FIS sur la voie d’une intégration au champ politique. Par son ultraradicalisme, Ali Benhadj avait engagé le FIS sur la voie de sa militarisation (camps d’entraînement, réclamation des armes, tenue militaire symbolique lorsqu’il a été reçu en audience par le général Nezzar, lui-même en tenue civile…)

    L’interruption des élections aurait alors supprimé la bride que maintiendrait le «politique» sur le «militariste», séparant ainsi les deux variables avec l’exil des politiques pour des missions de propagande et de constitution de réseaux d’acquisition et de cheminement des moyens de logistique (finances, armes) et l’entrée en clandestinité des militaristes. Comment les visas furent-ils facilement octroyés en nombre important? C’est une piste où la réflexion demeure à achever.

    L’alternance entre les éclaircies conditionnelles de Abassi Madani et les positions radicales de Ali Benhadj, destinées à susciter des attitudes contradictoires au sein du pouvoir, ont amené ce dernier à tenir compte des seules menaces de Ali Benhadj et à emporter la décision d’interrompre les élections.

    De la même façon, les pouvoirs successifs ont adopté un discours caractérisé par l’alternance entre les positions radicales (rappels fermes des principes) et les éclaircies conditionnelles (main tendue, rahma, dialogue… avec les leaders incarcérés, une fois à la prison militaire de Blida, une autre fois dans une résidence d’Etat (!), ce dernier cas pouvant laisser croire aux leaders du FIS qu’eux seuls ont en mains les cartes de sortie de violence). Partie de poker ?

    Le pouvoir n’avait ainsi investi ni dans «le tout sécuritaire» ni dans «le tout politique», chacun laissant en héritage à son successeur des démarches qui n’ont pas abouti, avec l’impression que les hésitations politiques n’ont pas favorisé l’efficacité «militaire» par la clarification des mandats fixés aux forces de sécurité.

    Faudrait-il assigner aux forces de sécurité des missions limitées au soutien des démarches politiques, à savoir marquer des points pour renforcer le pouvoir de négociation des autorités politiques, ou faudrait-il assigner au discours politique des missions de soutien aux actions militaires, à savoir ne mettre en évidence que la fermeté comme moyen complémentaire de force et de dissuasion ?

    Il s’agit bien d’un débat qui n’a jamais été tranché, depuis même l’interruption des élections législatives, et la focalisation médiatique autour de ce clivage exclut de facto l’exploration d’une autre voie qui pourrait combiner les éléments compatibles entre ces deux options, ne serait-ce que sur le plan de la prospective.

    Dans ce contexte hérité de l’imprécision des limites des étendues de chaque démarche, les analystes tentent de décrypter des informations également imprécises.

    Lorsque Zeroual, en tant que ministre de la Défense, rendit visite aux leaders incarcérés du FIS à la prison de Blida, lorsqu’en tant que président de l’Etat, il mit fin aux fonctions de chef de gouvernement de Rédha Malek après que celui-ci eut déclaré: «La peur doit changer de camp», lorsqu’en tant que président élu, il transféra Abassi Madani et Ali Benhadj vers une résidence d’Etat, lorsque fut rendue publique la «trêve» de l’AIS suite à un «accord» de l’ANP, tous les observateurs pronostiquaient sans risque la réhabilitation du FIS. Il n’en fut rien pourtant.

    Tous les pouvoirs successifs, jusqu’à celui de Bouteflika, étaient perçus pour les premiers et est perçu pour le dernier, comme ayant gardé la porte ouverte vers une réhabilitation du FIS. C’est ainsi que derrière le projet de concorde est entrevue, un fois de plus, l’intention de réhabiliter (ou de pactiser avec) le FIS et aucune des déclarations du pouvoir n’y pourra rien changer, car cette méfiance s’inscrit dans la tradition. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui encore, onze années après sa dissolution, sa réhabilitation est revendiquée par certains et conjurée par d’autres ?

    Certainement que la proximité des libérations de Ali Benhadj et de Abassi Madani y sera pour quelque chose dans la remise à l’ordre du jour politique du débat (ou de la polémique) autour du FIS, ce qui compliquera encore plus l’équation.

    Sommes-nous toujours exclusivement dans le cas d’un clivage démocrate/islamiste ?
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Comment peut ont admettre que Belhadj a été un clown au mains du DRS pour renverser la vapeur et reprocher ensuite à Hamrouche de "mauvais conseils" à un président qui a plutôt succombé aux conseils des janvieristes, puisqu'il avait acté le degommage de "l'homme des réformes" en juin 1991 pour justifier du putch qui se préparait pour janvier 1992, avec des contacts préalables avec Boudiaf, avant même les élections...

    http://www.algerie-dz.com/forums/sho...70#post6207370

    Comment peut on ensuite soutenir un stabilocrate, serpillière du régime DRS, installé depuis 1992... il y a des choses tellement illogiques que j'en reste bouche bée...
    Dernière modification par ott, 22 novembre 2018, 11h39.
    Othmane BENZAGHOU

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    • #3
      FLN : l’option Bouchareb serait abandonnée

      ....erreur....
      Othmane BENZAGHOU

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