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L’Arabie Saoudite n’est plus too big to fail

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  • L’Arabie Saoudite n’est plus too big to fail

    L’Arabie Saoudite est-elle toujours un partenaire important pour les Etats-Unis ? Poser la question, c’est déjà y répondre, au moins en partie, car le Moyen-Orient a considérablement changé depuis l’alliance stratégique et fondamentale conclue en 1943 entre le Président Franklin Roosevelt et le roi Abdulaziz Ibn Saud. Il est en effet loin ce temps où FDR clamait haut et fort que «la défense de l’Arabie Saoudite est vitale pour la défense des Etats-Unis» – (“the defense of Saudi Arabia is vital to the defense of the United States.”), cette guerre froide où les USA disposaient avec Arabie d’un allié déterminé à stopper la progression des Soviétiques dans le Golfe Persique, et oubliée cette époque dorée où les américains envoyaient 400’000 soldats pour protéger les saoudiens et leurs voisins des appétits de Saddam.

    En réalité, les ambitions et les initiatives de la politique étrangère américaine ont été revues sensiblement à la baisse…et ce proportionnellement au degré de leur dépendance au pétrole moyen-oriental. Car le fait incontestable et majeur est que les USA sont désormais le premier producteur mondial de pétrole, devant l’Arabie Saoudite! Ce pacte scellé entre Roosevelt et Abdulaziz et qui prenait sa source dans une convergence des objectifs – le pétrole saoudien en échange de la sécurité accordée US au Royaume- n’a donc plus sa raison d’être. Comme cette alliance objective permettant de lutter contre un ennemi commun: l’Union Soviétique. Ou cet objectif idéologique puisque Washington espérait obtenir l’appui des saoudiens pour renverser Saddam, et établir en Iraq une démocratie qui aurait progressivement contaminé la région. Aujourd’hui, les Etats-Unis n’ont plus besoin du pétrole saoudien et ils ont en outre cessé de rêver car ils reviennent de très loin avec leurs expériences iraqiennes et afghanes.

    Pourtant, l’Arabie se retrouve encore plus dépendante qu’auparavant de la protection américaine, dans un contexte où ses dirigeants essaient tant bien que mal de maintenir paix et stabilité intérieures. Cependant, le drame pour elle est que les intérêts américains sont désormais diamétralement opposés sur le plan crucial des tarifs pétroliers que les saoudiens voudraient les plus élevés possibles pour financer leur régime et que Donald Trump souhaite pour sa part voir baisser davantage pour des considérations économiques intérieures. Cette Arabie qui compte actuellement 22 millions d’habitants – dont la moitié a moins de 25 ans – et 9 millions d’étrangers ne ressemble de fait plus en rien à celle de la fondation en 1932 du Royaume où vivaient péniblement un million de nomades.

    Pourtant, les fondamentaux du régime demeurent identiques car il est toujours aussi dépendant de ses revenus pétroliers. Et ce n’est pas les projets pharaoniques du Prince héritier Mohammed («MBS») qui changeront la donne car il lui est précisément reproché que sa «Vision 2030», que ses appétits de centrale nucléaire et autre cité technologique à 500 milliards négligent le quotidien de ses compatriotes qui n’en demandaient pas tant car soucieux de leur vie quotidienne. Les coûts faramineux de sa mégalomanie et de sa guerre insensée au Yémen auraient pu contribuer à moderniser l’économie et à la rendre moins dépendante des revenus pétroliers, en impliquant les citoyens saoudiens eux-mêmes extraordinairement dépendants de la générosité de leur Etat.

    Aujourd’hui, la seul argument en faveur du maintien de la famille royale saoudienne est négatif et consiste à les garder en place par crainte de l’inconnu, et de l’instauration dans cette région d’un chaos similaire à celui régnant en Syrie et en Iraq. Mais il est impossible de construire sur de telles bases, crûment mais lucidement énoncées par Trump : «ils ne dureraient pas deux semaines sans nous » – («the kingdom might not last for two weeks without us.»)


    Michel Santi, économiste
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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