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L’affaire Kashoggi pèse sur les dossiers régionaux...

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  • L’affaire Kashoggi pèse sur les dossiers régionaux...

    On croyait le dossier en voie de règlement depuis la participation du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane (MBS) au sommet du G20 en Argentine. Mais voilà que de nouveaux rebondissements dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi se sont produits. Il y a eu ainsi, d’une part, l’audition de la cheffe de la CIA Gina Haspel par un comité réduit de sénateurs et, d’autre part, l’émission de mandats d’arrêt par le procureur turc à l’encontre de deux proches conseillers de l’émir.

    Selon des médias américains qui continuent à ne pas lâcher l’affaire, la CIA avait présenté un rapport sur le dossier qui mettait en cause l’émir Mohammad ben Salmane, concluant qu’il était impliqué dans cette affaire. Cette conclusion avait été démentie par le président américain lui-même et par son secrétaire d’État.


    C’est pourquoi l’audition de la cheffe de la CIA par un petit comité de sénateurs était de la plus haute importance, et ceux qui ont participé à cette réunion ont affirmé, dans des déclarations à la presse, que les présomptions avancées par la CIA sont crédibles et convaincantes.

    Indépendamment de la solidité de ces présomptions et de l’implication réelle ou non de MBS dans ce dossier, il semble désormais évident qu’il n’est pas sur le point de se refermer. D’ailleurs, il pèse sur les relations internationales depuis deux mois déjà. Au point que de l’avis de nombreux analystes, il pourrait avoir des conséquences importantes sur l’ensemble des dossiers régionaux.

    Une source sécuritaire régionale à Beyrouth place d’ailleurs l’ensemble du dossier dans une perspective différente.

    Selon cette source, qui suit apparemment tous les détails de l’affaire, ce dossier serait le fruit d’une lutte sourde entre la CIA et l’administration du président Donald Trump, qui se serait cristallisée autour du dossier saoudien. Des informations auraient été ainsi transmises à MBS sur des activités de Kashoggi destinées à obtenir la désignation d’un autre héritier au trône, ou en tout cas à affaiblir l’actuel au sein de la famille royale, car son « impulsivité est considérée comme dangereuse ». Le prince Mohammad ben Salmane aurait donc réagi en décidant de ramener le journaliste opposant au royaume. Que l’équipe envoyée à Istanbul ait eu des instructions pour le liquider ou pour le ramener de force, l’enquête finira par le dire, mais, toujours selon la même source, les Saoudiens qui ont conçu le plan ont sciemment voulu laisser des traces pour adresser un message de force clair à tous ceux qui songeraient à affaiblir les autorités du royaume, qu’il s’agisse des Saoudiens eux-mêmes, des Américains ou des Turcs, convaincus de bénéficier de la protection du pouvoir saoudien et de l’administration américaine.

    Selon la source précitée, l’affaire va donc au-delà de la volonté d’affaiblir le roi ou son héritier. Il s’agirait plutôt d’un plan global destiné à briser l’alliance entre les autorités saoudiennes et l’actuelle administration américaine, qui arrange essentiellement les intérêts d’Israël, comme l’a déclaré le président Trump lui-même, mais dérange par contre les partisans d’une politique plus modérée et nuancée dans la région, sachant que l’argent saoudien contribue largement à stabiliser la popularité de Trump auprès des Américains.

    C’est dans cet esprit que les éléments de l’affaire Kashoggi auraient donc été distillés au compte-gouttes dans les médias, tantôt par les sources turques et tantôt par les fuites de la CIA, pour préparer l’opinion publique en douceur au lieu de la heurter.

    Aujourd’hui, l’affaire continue de mobiliser l’opinion publique et désormais MBS est ouvertement cité. Mais comment l’affaire va-t-elle évoluer ?

    Selon la source sécuritaire étrangère, cela dépend de trois facteurs : le premier est interne aux États-Unis et il est tributaire de l’ampleur des pressions exercées par les élus des deux chambres sur l’administration et sur le président lui-même. Le deuxième est lié aux autorités turques et il dépend de leur volonté de continuer à aller au bout de cette affaire ou bien d’y mettre un terme par l’entente sur un compromis avec les Saoudiens et les Américains, et enfin le troisième est lié à l’intérieur saoudien. Sur ce plan, la source précitée estime qu’il y a une constante : tant que le roi Salmane est vivant, son héritier est protégé et il y a peu de chances qu’il accepte de désigner un second héritier au trône. Toutefois, toujours selon la même source, si MBS veut devenir roi, il devrait le faire du vivant de son père. Car si le roi Salmane meurt, il se peut que des troubles éclatent au sein de la famille royale et les nombreux mécontents de la montée en puissance de MBS pourraient reprendre du poil de la bête. D’autant qu’en changeant le prince héritier désigné par son prédécesseur le roi Abdallah (Mohammad ben Nayef), le roi Salmane a créé un précédent qui pourrait se répéter. Autrement dit, la désignation du prince héritier par le roi n’est plus sacrée et sa décision peut désormais ne plus être respectée. Pour cette source, le facteur décisif pourrait être la guerre au Yémen que MBS a lancée il y a plus de quatre ans, sous prétexte de protéger le président en place (dont le mandat avait été prorogé) et qui est devenue une véritable catastrophe sur tous les plans, humanitaire, militaire, économique et politique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les pourparlers entre les deux parties yéménites adverses vont commencer en Suède, après plusieurs tentatives précédentes qui avaient tourné court...
    lorientlejour
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