Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Une Yéménite ne peut se rendre aux Etats Unis auprès de son fils mourrant

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Une Yéménite ne peut se rendre aux Etats Unis auprès de son fils mourrant

    C’est un exemple de plus de la brutalité, l’inhumanité selon certains, avec laquelle l’administration Trump gère le dossier sensible de l’immigration. Après le scandale des mineurs séparés de leurs parents, et alors que le président américain semble prêt à fermer partiellement le gouvernement fédéral, vendredi soir, s’il n’obtient pas 5 milliards de dollars du Congrès pour financer son mur avec le Mexique, un garçon de deux ans, Abdullah Hassan, se meurt dans un hôpital du nord de la Californie. Privé de sa mère à ses côtés.

    De nationalité yéménite et installée au Caire, Shaima Swileh est en effet empêchée de se rendre aux Etats-Unis, conséquence des restrictions drastiques imposées par la Maison Blanche aux ressortissants de certains pays, dont le Yémen. «Mon fils, Abdullah, a besoin de sa mère. Il est sur le point de mourir. Sa mère est incapable de le toucher, de le voir, de l’embrasser une dernière fois avant qu’il parte», a déclaré lundi, lors d’une conférence de presse poignante, le père de l’enfant, Ali Hassan, 22 ans, un citoyen américain d’origine yéménite.

    Installée au Yémen, la famille Hassan a déménagé en Egypte pour fuir la guerre civile qui ravage leur pays. Il y a cinq mois, le père de famille a emmené son fils – également américain – aux Etats-Unis pour raisons médicales. Soigné dans un hôpital pour enfants d’Oakland, Abdullah est atteint d’une maladie dégénérative du cerveau. Son état s’est détérioré et il a été placé il y a quelques semaines sous assistance respiratoire. «Les médecins nous ont dit que pour Abdullah, c’était désormais une question de jours, pas de semaines», a déclaré lundi Saad Sweilem, avocat au Council on American Islamic Relations (CAIR), la puissante organisation de défense des musulmans aux Etats-Unis, qui conseille la famille Hassan. «C’est un citoyen américain qui va mourir séparé de sa mère, à cause de nos propres politiques haineuses et sectaires», a-t-il dénoncé.

    Un décret validé par la Cour suprême
    Une semaine après son entrée en fonction, fin janvier 2017, Donald Trump avait suscité une onde de choc, nationale et mondiale, en signant un décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Irak, Iran, Yémen, Libye, Syrie, Soudan et Somalie), officiellement pour empêcher «l’entrée de terroristes étrangers» sur le sol américain. Aussitôt contesté en justice, le décret avait été rapidement suspendu par un tribunal fédéral.

    A LIRE AUSSI
    Décret Trump : deux Amériques de plus en plus étrangères

    Au terme d’une âpre bataille judiciaire, la Cour suprême a finalement validé, en juin, la troisième mouture de ce décret migratoire, surnommé «Muslim Ban» par ses détracteurs, offrant une victoire politique à Donald Trump. Cette ultime version, actuellement en vigueur, concerne six pays : Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie et Corée du Nord. Adopté au nom de la sécurité nationale, ce décret prévoit un mécanisme d’exemption (waiver) au cas par cas. Dans leur plaidoirie devant la Cour suprême, les avocats de l’administration Trump avaient fortement insisté sur l’existence de ce processus de dérogation. L’argument avait visiblement pesé. Dans son avis justifiant la décision (par 5 voix contre 4) de valider le décret, le président de la Cour soulignait que le texte fournissait «des exceptions au cas par cas aux ressortissants étrangers» pouvant démontrer que les restrictions leur imposaient «un fardeau excessif». Parmi les exemples, le juge John Roberts citait, justement, celui «d’un ressortissant étranger cherchant à résider avec un membre proche de sa famille».

    «Une imposture»
    Le cas de la famille Hassan et les rares statistiques officielles disponibles démontrent la mauvaise foi de l’administration Trump, qui n’a pas respecté son engagement d’octroyer des visas aux personnes ne posant «aucune menace à la sécurité publique». Selon des chiffres révélés en juin par l’agence Reuters, et portant sur des demandes de visa soumises entre décembre 2017 et avril 2018, des waivers ont été accordés à 579 demandeurs sur plus de 27 000, soit environ 2,1 %. Dans une déclaration sous serment transmise à la justice au printemps dernier, et révélée par Slate, un ancien diplomate américain avait assuré que le personnel consulaire avait reçu pour instruction de refuser «coûte que coûte» les demandes d’exemption.

    «Nous avons toujours dit que ce décret anti-migratoire était une trahison des valeurs les plus fondamentales de l’Amérique, a déclaré lundi au Washington Post l’avocat Neal Katyal, qui a plaidé contre le «Muslim Ban» devant la Cour suprême. L’administration a toujours affirmé que son processus d’exemption était réel, et des histoires comme celle-ci montrent que c’était, que c’est et que cela continuera à être une imposture.»

    Alors que les demandes de waiver de la mère d’Abdullah ont jusqu’à présent été ignorées, son mari vient de «déposer une demande pour obtenir un visa humanitaire en urgence» pour sa femme, a déclaré lundi le directeur de l’antenne régionale de CAIR, Basim Elkarra, cité par CNN. Une telle demande peut prendre jusqu’à dix jours, a-t-il ajouté, disant toutefois espérer qu’elle serait acceptée bien plus tôt. Car le petit Abdullah ne survivra sans doute pas si longtemps.
Chargement...
X