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Que se passe à l’hôpital de Douera, plus particulièrement au service A d’orthopédie ????

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  • Que se passe à l’hôpital de Douera, plus particulièrement au service A d’orthopédie ????

    Hafida Ameyar


    Notre ami, le journaliste Mustapha Aït Mouhoub, hospitalisé depuis 23 jours, est en train de faire les frais de la dégradation des lieux et du laisser-aller ambiant. Je suis tentée de dire s’il paie aussi pour sa « grande gueule », c’est-à-dire pour avoir alerter « publiquement » sur l’état terrible des établissements hospitaliers dans le pays. Jugez-en.
    Le vendredi 30 novembre, il est transporté dans cet hôpital, situé dans la banlieue Sud-Ouest d'Alger, à proximité de Mahalma et de Zéralda, pour « une fracture au niveau du tibia et une luxation du coude gauche » suite à une chute d'un escalier près de chez lui à Mahalma. «Je ne m’en plains pas, écrit-il le lendemain sur sa page Facebook, en ajoutant : « Malgré les douleurs, je reste serein. La seule chose qui m'a fait mal c'est l'état de nos hôpitaux. 10 heures pour un scanner avec des déplacements incessants vers Béni Messous, Maillot, Mustapha Bâcha et enfin Douera... On se contente de ce qu'on a. »
    Le mardi 4 décembre, Mustapha devait subir une opération chirurgicale, mais celle-ci est reportée. Sur sa page FB, il écrit : « Motif? Négligence sur négligence. Je dois maintenant désinfecter la jambe et garder pour quelques jours des Poids (9 kg) au pied gauche qui visiblement, à force d'avoir été négligé, a instinctivement viré vers la position droite. Je suis donc toujours aux urgences de Douera, en phase menuiserie, en attendant d'ici quelques jours de passer à la phase mécanique. » Deux jours plus tard, notre confrère nous invite à « une minute de sérieux », en notant : « On m'a averti dès le début de la matinée qu'une délégation de toubibs et résidents, sous la houlette d'un professeur qui visiblement se prend trop au sérieux, rendra visite aux patients. Il fallait se préparer pour l'heureuse rencontre devenue un rituel dans cette structure, aussi froide qu'un stalag. » Mais, très vite, il désenchante : « Franchement, je dois avouer que l'idée m'a emballée. (…) J'étais aux anges à la vue du professeur, une vieille dame d'apparence frêle mais raide comme un peuplier bien érigée, qui montra d'emblée son autorité. Elle sermonna le personnel en leur reprochant leurs négligences ayant eu des effets négatifs sur ma jambe fracturée. (…) Elle leur dicta quelques mesures à prendre pour améliorer mon cas. Elle rebroussa chemin ensuite, suivie par de nombreux blousons blancs qui affichaient une mine à suggérer que les choses iraient mieux et que ce capharnaüm appelé hôpital retrouvera de sitôt sa vocation normale. La minute de sérieux passée, l'anarchie reprit sa place et je fus encore oublié et remis aux mains inexpertes des paramédicaux »
    Le vendredi 7 décembre, Mustapha rappelle que cela fait déjà 8 jours qu’il est au bloc de chirurgie orthopédique Hanafi A de Douera, précisant : « Oublions mes déboires d'une semaine dans ce CHU et les douleurs insoutenables. Je vais continuer à cultiver l'espoir et l'optimisme jusqu'au bout, car, et à l'instar d'une grande partie d'entre vous, je n'ai que ce pays et je ne possède pas de patrie de rechange. » Notre ami profite de l’occasion pour parler d’un autre malade, « un centenaire qui s'est fracturé le bassin », se trouvant dans la chambre mitoyenne à la sienne. Il informe que depuis deux jours, il entend crier le vieillard « de douleur ». « Il insulte tous les gens qui viennent le voir et ils prennent sa colère avec beaucoup d'humour », signale-t-il.
    Au passage, Mustapha, éternel fouineur, répondant au réflexe de journaliste, nous renseigne sur l’histoire du service orthopédique de Douera. Ce service, dit-il, « a été créé par le professeur Martini après l'indépendance. Le Pr Martini est un communiste français à l'origine (Pcf) qui a séjourné à l'hôpital de Khemis Méliana en 1944, ensuite à Chlef, avant d'adhérer au Parti communiste algérien (Pca). Il apporta un soutien franc à la Révolution après 1954. Mis aux arrêts à Médea avant son expulsion en Tunisie en 1956. Avec le Dr Mohamed Seghir Nekache, il prit part à la mise en place des centres de rééducation sur les frontières entre L'Algérie et la Tunisie. Après l'indépendance, il opta pour la nationalité algérienne, avant de s'installer en France après sa retraite. »
    Mustapha nous gratifie également de certaines histoires … très humaines, comme celle du vieux « Hanouni », envoyée sur sa page FB, le dimanche 9 décembre : « Un air de tristesse s'est installé dans le couloir du bloc opératoire Hanafi A de l'hôpital de Douera. Le vieux "Hanouni" vient de quitter l'hôpital sous la haute surveillance d'une tribu formée de ses nombreux petits fils. Je l'ai surnommé "Hanouni" car il passait ses nuits à réclamer ses proches par leurs noms accompagnés de "Hanouni", surtout quand ses douleurs devenaient insupportables. Centenaire (âgé de 103 ans), Hanouni est né durant la première année de la Grande guerre (1ere Guerre mondiale---1915). Ce natif de Tablat a traversé un siècle de l'humanité, dans son lopin de terre adossé aux monts de Tablat. Il a vécu la misère des années 1930, conséquence de la récession économique mondiale, qui fut d'une extrême violence pour nos compatriotes en cette période coïncidant avec le centenaire de la colonisation, un système qui fut d'une ignominie indescriptible. Il a vécu les affres de la Deuxième guerre mondiale, avec son lot de privations pour les autochtones, appelés par leurs tortionnaires indigènes. Il a également vécu les massacres de mai 1945, cadeau de sang offert par la colonisation aux Algériens pour leur aide et participation à la libération de Paris. Il a vécu la glorieuse Guerre de libération nationale et il a dû côtoyer les Moudjahidine du mythique Commando Ali Khodja qui était en déplacement constant dans les monts de Tablat qui relevaient de la wilaya IV historique. Ensuite, il vit encore l'indépendance......une période que je partage entièrement avec lui. Je n'ai pas eu la chance de lui parler avant sa sortie d'hopital cette après-midi, car cloué au lit avec des douleurs à la jambe à faire douter le chameau le plus téméraire du grand Sahara algérien. »
    Le mercredi 12 décembre est jour de l’intervention chirurgicale de Mustapha. Quelques heures avant d’entrer dans le bloc opération, il écrit : « Bonjour mes amis: Toujours à l'hôpital de Douera. Dans un moment je rentre à l'atelier de menuiserie pour rafistoler le tibia qui souffre depuis 13 jours. » Le lendemain, il précise qu’il a subit une double opération : celle du tibia et du coude. « Dur fut le réveil. Le chirurgien dit que la suite n'est pas totalement sûre à 100 pour 100. Je peux récupérer l'usage du pied au moins à 80 pour cent. Prions donc », écrit-il
    Le lundi 17 décembre, Mus est à son 18è jour d’hospitalisation. Son moral n’est pas au beau fixe : « Mon seul contact avec le monde extérieur est le Facebook. Ma situation s'améliore visiblement, en dehors de quelques difficultés à surmonter comme la faiblesse de globules rouges dans mon sang. (…) Le reste, je vous assure mes amis que le tortionnaire Graziani et le sinistre Aussaress sont passés hier par le Stalag où je réside actuellement... » La froideur des salles ne fait qu’accentuer la douleur, notamment au niveau de la jambe, le poussant à se confier sur le FB deux jours plus tard : « Des douleurs atroces depuis 21 h. L'ombre d'Aussaress rode dans les parages. L'infirmier Ali, un garçon brave de Béni Houa a tout fait pour ramener le calme dans ma jambe meurtrie de douleurs. Le calme revient enfin progressivement, je peux maintenant m'assoupir un peu ». Puis d’ajouter : « En attendant, je me prépare déjà à de nouvelles rencontres houleuses avec le monstre demain et à la même heure... »
    Le jeudi 20 décembre, Mustapha, souffrant d’une infection et évacué au service infectieux dépendant de l’orthopédie, est de nouveau opéré… par un autre chirurgien. Il écrit à ce propos : « Il fallait corriger les erreurs de la première intervention effectuée mercredi passé. J’ai eu une infection carabinée qui m'a fait souffrir une semaine entière. Cette fois, l'intervention a été prise en charge par le Professeur Aissioui, une autorité en matière d'orthopédie. Il s'avère que la fracture du plateau tibial est compliquée surtout dans mon cas où le plateau est parti en morceaux. Bref, je reviens dans mon stalag, tout en croisant les doigts, pour ne pas revenir encore une fois à l'atelier de menuiserie. »
    Aujourd’hui, 22 décembre, la goutte déborde du vase. Sur sa page FB, Mustapha se livre : « Dans mon "stalag" froid, qui remonte à la moitié du 18eme siècle (hôpital de Douera - Ouest d'Alger), en plus du froid glacial durant la nuit, en l'absence de chauffage central, surtout pour des patients ayant subi des traumatismes au niveau des os, voilà que les reliques héritées de la colonisation qui servaient comme chauffages, giclent de l'eau le long de la journée. C'est le cas de la chambre où je me trouve maintenant au niveau du service infectieux. Depuis tout à l'heure j'attends le garçon de salle pour régler le problème mais il tarde à venir. Le cauchemar continue... »

    Après cela, que dire devant le délabrement effectif d’un service orthopédique qui a fait la fierté de l’Algérie et qui n’est pas sans conséquences sur l’état mental et de santé des malades, dont Mustapha… sinon d’exprimer notre solidarité avec notre ami et les autres malades du service d'orthopédie, en relayant ces informations, tout en interpellant les plus hautes autorités du pays, en premier lieu la responsabilité du ministre de la Santé, afin d'y remédier rapidement.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    La suite :

    Mon état est entrain de changer vers le mieux. J'ai subi une intervention de correction effectuée par le professeur Aissia, une imminence en matière d'orthopédie en Algérie. Toujours à Douera. Dimanche, on enlève les pansements, je crois que l'infection s'est résorbée. Enfin, on sera fixé d'ici quelques heures. La prise en charge par le Professeur Aissia est nettement meilleure. Je suis persuadé que je suis entre de bonnes mains. Merci à tous les amis qui se sont inquiétés. Je reviens vraiment de loin.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      enfin une bonne nouvelle
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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