Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Kamel Daoud : : que faire de son temps en Algérie ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Kamel Daoud : : que faire de son temps en Algérie ?

    Que peut-on faire en Algérie ?

    On ne peut pas devenir Président, il n’y a qu’un poste, à vie.

    On ne peut pas danser, car le son est coupé depuis des décennies, la musique est haram et danser c’est se prostituer selon les religieux.

    On ne peut pas «boire» car personne ne boit en Algérie. Tous attendent d’aller au paradis pour se saouler.

    On ne peut devenir riche, car cela signifier soit travailler, soit voler et se faire voler, soit se faire maquer ou se faire bloquer.

    On ne peut pas rire, car cela attire le regard, le mauvais œil, la sécheresse ou la moquerie.

    On ne peut pas dessiner, car c’est faire concurrence à Dieu ou au portrait officiel et à la religion du «cadre».

    On ne peut pas nager, car il vaut mieux dans ce cas ramer et ne pas revenir.

    On ne peut pas voyager en Algérie, car il n’y a pas de sécurité, de confort, d’intérêt, de beaux endroits, d’autorisations, de sérénité et de sentiment de d’évasion. Voyager dans une prison c’est «bouger», pas voyager. C’est très cher et c’est comme tourner en rond.

    On ne peut pas sortir le soir car la «nuit» est dangereuse. On a encore la culture du couvre-feu, la peur du gyrophare. La nuit, le pays suspend son emploi de pays. C’est un terrain vague, une marée basse, une mi-temps.

    On ne peut pas aller à la piscine, car il n’y a pas de piscines. Ni voir un film, car il n’y pas de cinémas. On ne peut pas aller à des fêtes, car les fêtes sont tristes et on en sort déprimé.

    On ne peut pas être touriste, car le pays est étroit et manque de libertés ; ni être jeune, car le seul moyen d’en sortir c’est d’être vieux très vite ; ni être une femme, car c’est horrible, injuste, mauvais. Ce n’est pas un sexe mais un puits avec une enterrée qui répète un prénom et un âge. Être femme c’est avoir un sexe sur le dos pas entre les jambes. C’est être voilée ou violée.

    On ne peut pas être un couple si on n’a pas un livret de famille à présenter quand on commande un café.

    On ne peut pas faire du pilotage, ni faire du ski, ni embrasser librement, ni s’asseoir face à la mer sans se faire contrôler, ou se faire chasser par une patrouille.

    On peut pas se rassembler aussi. Ni voter réellement. Ni séduire sans insulter ou se laisser séduire sans se faire accuser.

    En Algérie, on ne peut marcher sans destination, car c’est menacer l’ordre public. On ne peut pas entreprendre librement, ni créer sans dossier plus lourd que votre volonté, ni assumer, ni pique-niquer.

    On ne peut pas aller au stade, à la forêt, ni être trop beau, ni porter une jupe sans escorte de casques bleus, ni vendre des oranges aux bords d’une route, ni rêver d’une route.

    On ne peut rêver des histoires, car il n’y a qu’une seule et elle n’est pas finie. Et on ne peut rêver avec des ailes et voler, car il faut passer par la mosquée, faire des ablutions et enlever ses chaussures et son cerveau.

    En fait il y a deux métiers agréés en Algérie : se prendre pour Dieu et parler à sa place, tuer à sa place, donner la vie ou la mort à sa place, décider du menu et de l’orgasme à sa place ou se mettre en colère à sa place puis créer un parti et prendre sa place. Ou aller à La Mecque pour dire qu’on l’a rencontré sur place.

    Ou se prendre pour les martyrs éternels de la guerre d’indépendance et parler à leur place, manger à leur place, prendre des terrains et des pensions à leur place, se donner des galons et des mandats à leur place, leur donner les noms des rues et prendre en leur nom les maisons, voter à leur place, tout faire à leur place, mais surtout ne jamais mourir à leur place. Là, non. Il s’agit de vivre à la place du Martyr et de frapper à la place du Colon. Il faut s’y faire militaire ou imam.

    Et si on n’est pas Allah autoproclamé, ni un Chahid, ni courtier pour l’un des deux ? Là, il faut ramer. Et très vite. Le pays est sans loisirs, sans joie. Il est vieux et ennuyeux. On y prie, on s’y ennuie. Arrêts et minarets. Salles d’attente et salles de prière. C’est cela la tragédie : le pays est sans loisirs. Il s’est libéré pour s’enfermer. Il est mort jeune pour vieillir sans fin. Tout le reste est prêches et blablas. On s’y ennuie à mourir et on n’y meurt même pas. Ou si, lentement. C’est le plus petit pays du monde, une île, un tuyau, un robinet, une serrure, un trou. C’est le pays le plus étroit, le plus long à traverser entre l’accouchement et le jugement.

    Déprimant de lire ça ? Non. Moins que de le vivre dans les villages algériens, le pays profond après 17 heures. L’espoir ? Dans la natation pour certains. L’envers de la création.

    Que faire de son temps libre en Algérie ? Le temps est libre, pas nous. Voilà.

    Quotidien d'Oran
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

  • #2
    Kamel Daoud étant oranais, difficile d'avaler sa prose à moins qu'il soit ermite ou grassement payé pour encore dénigrer ses compatriotes ...
    Dernière modification par zwina, 26 décembre 2018, 16h55.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

    Commentaire


    • #3
      je ne lis pas de dénigrement d'Algériens.
      K Daoud est déprimant dans ce texte oû il voit l'Algérie comme une prison sans fin, il dit pourquoi. Il grossit le trait évidemment pour provoquer, pour faire réfléchir mais si on prend un à un ses propos, on voit bien qu'il n'a pas du tout tort.
      Je retiens celui-là:

      En fait il y a deux métiers agréés en Algérie : se prendre pour Dieu et parler à sa place, tuer à sa place, donner la vie ou la mort à sa place, décider du menu et de l’orgasme à sa place ou se mettre en colère à sa place puis créer un parti et prendre sa place. Ou aller à La Mecque pour dire qu’on l’a rencontré sur place.

      Ou se prendre pour les martyrs éternels de la guerre d’indépendance et parler à leur place, manger à leur place, prendre des terrains et des pensions à leur place, se donner des galons et des mandats à leur place, leur donner les noms des rues et prendre en leur nom les maisons, voter à leur place, tout faire à leur place, mais surtout ne jamais mourir à leur place. Là, non. Il s’agit de vivre à la place du Martyr et de frapper à la place du Colon. Il faut s’y faire militaire ou imam.
      ...Ou se prendre pour les martyrs éternels de la guerre d’indépendance et parler à leur place, manger à leur place, prendre des terrains et des pensions à leur place,
      Dernière modification par Bachi, 26 décembre 2018, 18h46.

      Commentaire


      • #4
        C'est cette partie là qui m'interpelle

        On ne peut pas être touriste, car le pays est étroit et manque de libertés ; ni être jeune, car le seul moyen d’en sortir c’est d’être vieux très vite ; ni être une femme, car c’est horrible, injuste, mauvais. Ce n’est pas un sexe mais un puits avec une enterrée qui répète un prénom et un âge. Être femme c’est avoir un sexe sur le dos pas entre les jambes. C’est être voilée ou violée.
        Sa mère, sa soeur et sa femme sont voilées ou ?
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

        Commentaire


        • #5
          faut lire ca comme une caricature.

          Violer ce n'est pas seulement violer sexuellement, violée dans sa personnalité, violée dans son image, violée par agression verbale, par harcèlement verbal, etc...

          Commentaire


          • #6
            Déprimant de lire ça ? Non. Moins que de le vivre dans les villages algériens, le pays profond après 17 heures. L’espoir ? Dans la natation pour certains.



            ----par certains , il veut dire les harragas et vous autres, bien sur qui on fuit en 1er classe et font la morale quotidiennement a ceux qui respirent l'air de l’Algérie profonde
            "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

            Commentaire


            • #7
              Zemfir

              et font la morale quotidiennement a ceux qui respirent l'air de l’Algérie profonde
              Ce paragraphe doit être pour toi :

              "C’est le pays le plus étroit, le plus long à traverser entre l’accouchement et le jugement."
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

              Commentaire


              • #8
                Eh ben!... voila encore un pamphlet qui va soulever bien des courroux...

                Commentaire


                • #9
                  Infinite

                  Lorsque l'on lit scrupuleusement le pamphlet de Daoud, il ne s'en prend à aucun moment au gouvernement mais à la religion et à ses compatriotes qui seraient quasi tous des intégristes incapable de voir une femme non voilée sans la violer... La question qui se pose c'est comment Daoud et ses semblables vivent-ils encore en Algérie sans réagir si la situation est si catastrophique ?
                  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                  Commentaire


                  • #10
                    Zwina
                    tu lis au 1er degré et fais une mauvaise lecture


                    ceci est contre le régime des nationaleux:
                    Ou se prendre pour les martyrs éternels de la guerre d’indépendance et parler à leur place, manger à leur place, prendre des terrains et des pensions à leur place, se donner des galons et des mandats à leur place,

                    Commentaire


                    • #11
                      Bachi

                      Daoud fait surement de l'ironie dans sa prose mais ce n'est guère optimiste et l'image renvoyée donne envie de fuir très vite l'Algérie. Il peut le faire aisément puisqu'il est souvent en France mais pour le lecteur lambda c'est un coup de massue. Si la situation est si terrible, Daoud n'a qu'à se présenter à la présidentielle et présenter un programme à partir de son constat.
                      Dernière modification par zwina, 26 décembre 2018, 20h42.
                      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                      Commentaire


                      • #12
                        Complètement déconnecté ce Kamel Daoud .

                        Commentaire


                        • #13
                          [IMG]https://cdn.liberte-************/images/article/thumbs/d-oran-a-lheure-dete-0e1dd.jpg[/IMG]









                          https://i2.wp.com/www.*************....6/tourisme.jpg












                          Lui en faudrait-il plus à ce hurluberlu ?

                          Commentaire


                          • #14
                            Daoud fait surement de l'ironie dans sa prose mais ce n'est guère optimiste et l'image renvoyée donne envie de fuir très vite l'Algérie. Il peut le faire aisément puisqu'il est souvent en France mais pour le lecteur lambda c'est un coup de massue. Si la situation est si terrible, Daoud n'a qu'à se présenter à la présidentielle et présenter un programme à partir de son constat.
                            Ah bon ! ... parce qu'en Dézédie le choix du peuple est respecter lors des mascarades électorales ? ...

                            En Algérie les élections sont verrouillées à l'avance si tu ne le sais pas ... voila que tu l'apprend à présent.
                            Dernière modification par infinite1, 27 décembre 2018, 09h19.

                            Commentaire


                            • #15
                              en tout cas sur Alger moi j'ai vu 2 Algeries

                              L'Algerie des riches et fils de riche qui ont pas l'air de s'ennuyer ni de se lamenter ... ce Daoud je suis curieu de voir comment vivent ses enfants mais a mon avis ils doivent cotoyer la bonne Algerie

                              et il y'a l'autre Algerie celle qui galere qui ne peut acceder a rien faute de moyens....
                              La véritable mosquée est celle qui est construite au fond de l'âme

                              Commentaire

                              Chargement...
                              X