Les Mauritaniens se rendent aux urnes le 11 mars pour élire leur nouveau président. Dix-neuf candidats sont en lice. Cette élection marquera la dernière étape du processus de retour des civils au pouvoir après le coup d'Etat d'avril 2005, note Le Quotidien d'Oran.
La démocratie pluraliste, c'est connu, ne fait pas partie de la culture de nombreux dirigeants arabes.
Les railleries du dirigeant libyen, M. Kadhafi, à l'égard du processus démocratique en Mauritanie, dont le peuple est qualifié de "Bédouins et de tribus" ne connaissant rien aux "partis et aux élections", sont symptomatiques.
Elles ont choqué, à juste titre, les Mauritaniens qui ont, de manière officielle, protesté contre ces déclarations "choquantes". Elles le sont effectivement. Car en matière de démocratie, on ne sera jamais prêts, selon les visions étriquées de nombreux leaders arabes. Si les Mauritaniens ne connaissent pas les partis et les élections, ils sont en train d'apprendre. Ils sont même, dans une région marquée par la stagnation, voire la régression politique, en train de constituer un modèle rare où un coup d'Etat militaire a servi à débloquer un statu quo et à entamer une transition politique qui restitue le pouvoir aux civils. Cette transition s'achève le 11 mars avec la tenue d'une présidentielle pluraliste.
Les militaires mauritaniens qui ont renversé Ould Taya [président jusqu'en 2005, il était arrivé au pouvoir grâce à un putsch] n'ont pas à avoir honte de ce qu'ils ont fait. Ils se sont engagés à remettre en place des institutions civiles en deux ans ; ils le font en dix-neuf mois. Cette petite Mauritanie, que l'on croit pouvoir mépriser à bon compte, est observée avec intérêt sur l'ensemble du continent et certains politologues parlent déjà de "modèle mauritanien" de transition politique. Les remontrances de Kadhafi montrent aussi que ce modèle mauritanien est dérangeant.
Les Mauritaniens ont répliqué crûment en estimant que le guide libyen n'est pas le mieux placé pour donner des leçons de démocratie. "Ce n'est pas un homme assis sous sa khaïma [tente] qui va changer le cours de la vie des Mauritaniens, résolument tournés vers la démocratie", a répliqué avec mordant un responsable mauritanien.
Même si l'on essaie de dépasser les propos polémiques pour aller vers de pures considérations intellectuelles, les arguments "sociologiques" avancés par le guide libyen pour énoncer une sorte d'inaptitude à la démocratie des Mauritaniens - et des Arabes en général - ne tiennent pas la route. Les Mauritaniens sont peut-être des Bédouins, mais ils avancent. En créant les conditions d'une vie politique pluraliste, ils favorisent, contrairement aux systèmes autoritaires, l'émergence d'une vie citoyenne. C'est sûr que ce chemin n'est pas facile. Mais ne pas l'emprunter condamne justement les sociétés, les nôtres, à se morfondre dans les archaïsmes, à entretenir les logiques de sujétion au détriment de la citoyenneté.
La Mauritanie est sur la bonne voie, et il revient à ses forces politiques de veiller à renforcer et à ancrer une pratique de la démocratie que certains, pour des raisons spécieuses et surtout par souci de pouvoir, qualifient de "perte de temps". En tant que Maghrébins, on ne peut que constater que les choses intéressantes se passent du côté de Nouakchott [capitale de la Mauritanie] et non de Tripoli [capitale de la Libye].
Le Quotidien d'Oran
La démocratie pluraliste, c'est connu, ne fait pas partie de la culture de nombreux dirigeants arabes.
Les railleries du dirigeant libyen, M. Kadhafi, à l'égard du processus démocratique en Mauritanie, dont le peuple est qualifié de "Bédouins et de tribus" ne connaissant rien aux "partis et aux élections", sont symptomatiques.
Elles ont choqué, à juste titre, les Mauritaniens qui ont, de manière officielle, protesté contre ces déclarations "choquantes". Elles le sont effectivement. Car en matière de démocratie, on ne sera jamais prêts, selon les visions étriquées de nombreux leaders arabes. Si les Mauritaniens ne connaissent pas les partis et les élections, ils sont en train d'apprendre. Ils sont même, dans une région marquée par la stagnation, voire la régression politique, en train de constituer un modèle rare où un coup d'Etat militaire a servi à débloquer un statu quo et à entamer une transition politique qui restitue le pouvoir aux civils. Cette transition s'achève le 11 mars avec la tenue d'une présidentielle pluraliste.
Les militaires mauritaniens qui ont renversé Ould Taya [président jusqu'en 2005, il était arrivé au pouvoir grâce à un putsch] n'ont pas à avoir honte de ce qu'ils ont fait. Ils se sont engagés à remettre en place des institutions civiles en deux ans ; ils le font en dix-neuf mois. Cette petite Mauritanie, que l'on croit pouvoir mépriser à bon compte, est observée avec intérêt sur l'ensemble du continent et certains politologues parlent déjà de "modèle mauritanien" de transition politique. Les remontrances de Kadhafi montrent aussi que ce modèle mauritanien est dérangeant.
Les Mauritaniens ont répliqué crûment en estimant que le guide libyen n'est pas le mieux placé pour donner des leçons de démocratie. "Ce n'est pas un homme assis sous sa khaïma [tente] qui va changer le cours de la vie des Mauritaniens, résolument tournés vers la démocratie", a répliqué avec mordant un responsable mauritanien.
Même si l'on essaie de dépasser les propos polémiques pour aller vers de pures considérations intellectuelles, les arguments "sociologiques" avancés par le guide libyen pour énoncer une sorte d'inaptitude à la démocratie des Mauritaniens - et des Arabes en général - ne tiennent pas la route. Les Mauritaniens sont peut-être des Bédouins, mais ils avancent. En créant les conditions d'une vie politique pluraliste, ils favorisent, contrairement aux systèmes autoritaires, l'émergence d'une vie citoyenne. C'est sûr que ce chemin n'est pas facile. Mais ne pas l'emprunter condamne justement les sociétés, les nôtres, à se morfondre dans les archaïsmes, à entretenir les logiques de sujétion au détriment de la citoyenneté.
La Mauritanie est sur la bonne voie, et il revient à ses forces politiques de veiller à renforcer et à ancrer une pratique de la démocratie que certains, pour des raisons spécieuses et surtout par souci de pouvoir, qualifient de "perte de temps". En tant que Maghrébins, on ne peut que constater que les choses intéressantes se passent du côté de Nouakchott [capitale de la Mauritanie] et non de Tripoli [capitale de la Libye].
Le Quotidien d'Oran
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