En matière de musique andalouse, il est notoirement connu que le Maghreb est soumis à l'influence de quatre courants d'expression dont les caractéristiques sont spécifiques à chacun d'eux et se distinguent par des dissemblances constatées aussi bien au niveau des compositions mélodiques que dans la structure rythmique, et cela en dépit d'une totale similitude souvent relevée sur les textes poétiques d'une région à une autre.
Cette richesse culturelle a amené les experts en la matière à opérer une classification territoriale très schématique en distinguant ce que nous avons appelé dans ces mêmes colonnes en date du 9-1-2007 les quatre «Ecoles » de rattachement. Et dans ce schéma, il faut dire que l'Algérie se taille la part du lion avec pas moins de trois entités, à savoir: les styles «Malouf», «Gharnata» et «Sanâa».
Il est signalé cependant que cette classification obéit en fait à des données objectives dûment constatées sur le terrain où toutes les grandes cités de chacune des trois régions d'Algérie pratiquent le plus naturellement du monde le style de leur «Ecole» de rattachement. C'est ainsi qu'à l'Est du pays des villes comme Annaba, Souk Ahras et Skikda se rangent sous la bannière du «Malouf» aux côtés de la ville des Ponts suspendus; au Centre, Blida, Koléa, Cherchell, Miliana, Médéa, etc. cultivent le style «Sanâa» de la capitale; tandis qu'à l'Ouest nous retrouvons les villes d'Oran, Nédroma et Sidi Bel-Abbès dans le style «Gharnata» qui règne en seigneur dans la cité Zianide.
Il faut toutefois faire remarquer que les cloisons ne sont pas hermétiquement étanches et que, sans être subsidiaire, cette délimitation n'est pas absolue dans les faits dans la mesure où il est fréquent de relever parfois des interférences de styles entre les trois «Ecoles», ce qui constitue, à n'en point douter, un apport supplémentaire et un acquis substantiel à l'avantage de tous. Cette constatation se trouve d'ailleurs corroborée par plusieurs événements qu'il convient de relever et de signaler à l'attention en vue de souligner toute l'importance et les effets non négligeables d'une telle interpénétration dans le sens de l'enrichissement et de la préservation de ce vaste patrimoine artistique et culturel.
C'est ainsi que plusieurs opérations ont été entreprises dans ce sens. La plus ancienne à être portée à notre connaissance relate le cas d'un pionnier en la personne du Cheikh Mohamed Ben-Teffahi (1) qui avait coutume de rencontrer lors de ses nombreux et longs séjours à Tlemcen, tous les grands maîtres de la place au premier rang desquels on retrouve bien sûr les cheikhs Hadj Larbi Bensari (2) et Omar Bekhchi (3) entre autres.
Il est évident que la réputation de Ben-Teffahi et les vastes connaissances héritées de ses illustres maîtres n'étant un secret pour personne dans les milieux artistiques, il ne fait aucun doute que le style «Gharnati» a dû s'enrichir d'un nombre appréciable de pièces et de mélodies absentes du patrimoine local pendant que le répertoire «Sanâa» engrangeait de son côté nombre de «chghalates» disparus ou tout simplement inconnus à Alger. Par ailleurs, tout le monde se souvient encore des incursions très remarquées dans le style «Malouf» de l'un des plus brillants élèves du maître Abderrezak Fakhardji (4) en la personne du maître Sid-Ahmed Serri.
De même que l'association «Dar El-Gharnatia» de Koléa sous l'impulsion du tandem formé par le regretté Mahieddine Bellouti et Hadj Brahim Belladjreb, a eu le mérite de flirter souvent avec l'Ecole «Gharnata» de Tlemcen. Plus récemment encore c'est la jeune association mostaganémoise Ibnou-Badja conduite par Fayçal Benkrizi qui gratifia son public d'une émouvante nouba extraite du répertoire «Tarab el-Ala» marocain sur le mode «Hidjaz M'cherki» et cela, sans recourir au sempiternel «Chems el-Achya» galvaudé sur tous les tons.
Même le chantre du chaâbi, le regretté Hadj Hachemi Guerouabi n'a pas résisté à la tentation de titiller deux noubas complètes dans les modes «Maya» et «Raml» notamment. Que dire également de la diva de la chanson moderne algérienne à la voix pure et cristalline, la grande Seloua qui, délaissant pour un temps les savoureux modes «Bayati» et «Nahawand» qu'elle affectionne, a réussi à nous émerveiller avec une superbe nouba du mode «Mezmoum» interprétée magistralement sous la direction du regretté Mustapha «Skandrani» (5).
Enfin, bravant toutes les difficultés - et elles sont de taille - Rachid Guerbas qui n'est déjà plus à présenter, s'offrit même le luxe à peine croyable de réunir dans un même bouquet une nouba du mode «Dil» composée de mouvements successifs puisés chacun dans l'une des trois «Ecoles» algériennes énumérées ci-dessus, avec la collaboration, il est vrai, d'un orchestre formé par un panel de virtuoses.
Dans cette énumération, il faut souligner que les exemples cités ne sont pas exhaustifs et nous permettent surtout de découvrir un engouement grandissant de notre public à goûter et apprécier tous les styles, lesquels nous offrent une large palette, un florilège incomparable d'une divine beauté tant il est vrai que chacun d'eux recèle des spécificités et des attraits de nature à chatouiller les sens et à émouvoir les plus exigeants.
Cette richesse culturelle a amené les experts en la matière à opérer une classification territoriale très schématique en distinguant ce que nous avons appelé dans ces mêmes colonnes en date du 9-1-2007 les quatre «Ecoles » de rattachement. Et dans ce schéma, il faut dire que l'Algérie se taille la part du lion avec pas moins de trois entités, à savoir: les styles «Malouf», «Gharnata» et «Sanâa».
Il est signalé cependant que cette classification obéit en fait à des données objectives dûment constatées sur le terrain où toutes les grandes cités de chacune des trois régions d'Algérie pratiquent le plus naturellement du monde le style de leur «Ecole» de rattachement. C'est ainsi qu'à l'Est du pays des villes comme Annaba, Souk Ahras et Skikda se rangent sous la bannière du «Malouf» aux côtés de la ville des Ponts suspendus; au Centre, Blida, Koléa, Cherchell, Miliana, Médéa, etc. cultivent le style «Sanâa» de la capitale; tandis qu'à l'Ouest nous retrouvons les villes d'Oran, Nédroma et Sidi Bel-Abbès dans le style «Gharnata» qui règne en seigneur dans la cité Zianide.
Il faut toutefois faire remarquer que les cloisons ne sont pas hermétiquement étanches et que, sans être subsidiaire, cette délimitation n'est pas absolue dans les faits dans la mesure où il est fréquent de relever parfois des interférences de styles entre les trois «Ecoles», ce qui constitue, à n'en point douter, un apport supplémentaire et un acquis substantiel à l'avantage de tous. Cette constatation se trouve d'ailleurs corroborée par plusieurs événements qu'il convient de relever et de signaler à l'attention en vue de souligner toute l'importance et les effets non négligeables d'une telle interpénétration dans le sens de l'enrichissement et de la préservation de ce vaste patrimoine artistique et culturel.
C'est ainsi que plusieurs opérations ont été entreprises dans ce sens. La plus ancienne à être portée à notre connaissance relate le cas d'un pionnier en la personne du Cheikh Mohamed Ben-Teffahi (1) qui avait coutume de rencontrer lors de ses nombreux et longs séjours à Tlemcen, tous les grands maîtres de la place au premier rang desquels on retrouve bien sûr les cheikhs Hadj Larbi Bensari (2) et Omar Bekhchi (3) entre autres.
Il est évident que la réputation de Ben-Teffahi et les vastes connaissances héritées de ses illustres maîtres n'étant un secret pour personne dans les milieux artistiques, il ne fait aucun doute que le style «Gharnati» a dû s'enrichir d'un nombre appréciable de pièces et de mélodies absentes du patrimoine local pendant que le répertoire «Sanâa» engrangeait de son côté nombre de «chghalates» disparus ou tout simplement inconnus à Alger. Par ailleurs, tout le monde se souvient encore des incursions très remarquées dans le style «Malouf» de l'un des plus brillants élèves du maître Abderrezak Fakhardji (4) en la personne du maître Sid-Ahmed Serri.
De même que l'association «Dar El-Gharnatia» de Koléa sous l'impulsion du tandem formé par le regretté Mahieddine Bellouti et Hadj Brahim Belladjreb, a eu le mérite de flirter souvent avec l'Ecole «Gharnata» de Tlemcen. Plus récemment encore c'est la jeune association mostaganémoise Ibnou-Badja conduite par Fayçal Benkrizi qui gratifia son public d'une émouvante nouba extraite du répertoire «Tarab el-Ala» marocain sur le mode «Hidjaz M'cherki» et cela, sans recourir au sempiternel «Chems el-Achya» galvaudé sur tous les tons.
Même le chantre du chaâbi, le regretté Hadj Hachemi Guerouabi n'a pas résisté à la tentation de titiller deux noubas complètes dans les modes «Maya» et «Raml» notamment. Que dire également de la diva de la chanson moderne algérienne à la voix pure et cristalline, la grande Seloua qui, délaissant pour un temps les savoureux modes «Bayati» et «Nahawand» qu'elle affectionne, a réussi à nous émerveiller avec une superbe nouba du mode «Mezmoum» interprétée magistralement sous la direction du regretté Mustapha «Skandrani» (5).
Enfin, bravant toutes les difficultés - et elles sont de taille - Rachid Guerbas qui n'est déjà plus à présenter, s'offrit même le luxe à peine croyable de réunir dans un même bouquet une nouba du mode «Dil» composée de mouvements successifs puisés chacun dans l'une des trois «Ecoles» algériennes énumérées ci-dessus, avec la collaboration, il est vrai, d'un orchestre formé par un panel de virtuoses.
Dans cette énumération, il faut souligner que les exemples cités ne sont pas exhaustifs et nous permettent surtout de découvrir un engouement grandissant de notre public à goûter et apprécier tous les styles, lesquels nous offrent une large palette, un florilège incomparable d'une divine beauté tant il est vrai que chacun d'eux recèle des spécificités et des attraits de nature à chatouiller les sens et à émouvoir les plus exigeants.
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