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  • quelle route !

    '' In vino véritas ''


    La route fait du chemin en Algérie pas à Haiti


    Totalement coupés du pays, les Ouled X ont été plus malins que l’Etat: ils ont d’abord cotisé pour construire une route, y attirer des voitures et enfin pouvoir y couper la circulation et demander des réformes.

    L’Etat quant à lui, décida dès ce moment, que le meilleur moyen de couper court avec les émeutes était de ne pas construire des routes qui puissent être coupées par des émeutiers. Pour le cas de Ouled X, c’est l’Etat qui coupa la route qui devait être coupée par les émeutiers.

    Ces derniers se retrouvèrent à faire le boulot de l’Etat et dégagèrent la route en arrêtant des agents de l’ordre et en promettant de rétablir la circulation aux routiers angoissés.

    Pour résoudre le problème, l’Etat envoya trois ministres qui coupèrent par les champs pour arriver à Ouled X et couper le problème en deux : les chômeurs de Ouled X seront recrutés pour creuser des routes dans le cadre du plan de la relance mais Ouled X s’engageront à couper la route à toute récupération politique ou étrangère de leur mouvement de protestation.

    L’Etat s’engagea par ailleurs à couper symboliquement la tête du maire et du chef de daïra en les mutant ailleurs.
    Les deux étant accusés d’avoir découpé des lots de terrain dans ses espaces verts où les Ouled X avaient leurs habitudes de découper oisivement les absents dans de longues conversations délicieusement méchantes.

    La route construite par les Ouled X, au seul dessein d’être coupée par un long sit-in, servit notamment à résoudre le problème de coupures d’eau et d’électricité.

    Quelques mois plus tard, le village accueillit le président qui y vint couper des rubans et couper court avec les rumeurs sur sa candidature et couper la route à ses opposants.

    Après son départ, notables locaux, délégués d’émeutiers, responsables administratifs, engins de travaux publics et fournisseurs de bitume fermèrent trois jours durant la route de Ouled X pour travaux, et découpèrent de gras moutons cuits pour fêter le développement.

    Jamais de l’histoire de l’Algérie, une route ne mena des Algériens aussi loin en les ramenant finalement chez eux.

    En fait, Ouled X n’avaient même pas besoin d’une route en vérité.

    Un texte de Kamel DAOUD
    Dernière modification par Le sioux foughali, 03 mars 2005, 23h58.

  • #2
    pas mal

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