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MIGRANTS AFRICAINS Le piège d’Agadez

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  • MIGRANTS AFRICAINS Le piège d’Agadez

    Les pays limitrophes avec le Niger observent avec inquiétude la remontée massive de migrants africains vers Agadez transformée, depuis un moment, en réceptacle pour réfugiés attirés par les fausses promesses européennes.
    Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Alger, Tunis et Rabat estiment que le temps a finalement donné raison à leur décision de ne pas céder aux pressions européennes pour l’ouverture de camps de réfugiés sur leur territoire. L’expérience nigérienne le prouve largement aujourd’hui. Agadez, où s’est ouvert il y a quelques mois l’un de ces camps, assiste à une migration massive de populations bercées par le doux rêve de pouvoir un jour reconstruire leur vie sur l’autre continent. L’idée est venue de plusieurs dirigeants européens, animés, disaient-ils alors, de bonnes intentions destinées à «humaniser l’immigration» et d’éviter aux concernés des traversées périlleuses au cours desquelles des centaines d’entre eux trouvent la mort. Une manière aussi, affirmaient ces derniers, de couper l’herbe sous le pied des réseaux de passeurs en passe de se transformer en véritables bandes criminelles transnationales.
    Emmanuel Macron avait notamment insisté sur tout le sérieux et l’engagement français à faire de ces lieux de transit des campements provisoires, le temps que doit durer l’étude des dossiers des demandeurs d’asile. Au cours de l’année précédente, le Président français s’était également engagé à accueillir dans son pays 10 000 personnes d’ici la fin de l’année 2019. Celles-ci étaient censées provenir du Niger mais aussi du Tchad, deux pays ayant accepté d’ouvrir les campements tant souhaités par Paris et ses alliés. D’autres pays, parmi lesquels la Grande-Bretagne et l’Allemagne, avaient promis d’en faire de même. Des missions dépêchées par ces Etats au Niger ont pris le temps d’évaluer la situation à Agadez, d’observer les fonctionnaires du HCR, étudier les dossiers des demandeurs d’asile. Une «étude» qui «se résume en fait à écouter le récit de ces pauvres femmes et hommes ayant traversé de vastes territoires dans l’espoir d’une vie nouvelle, meilleure, et ces derniers sont jugés uniquement sur leur bonne foi. Bien sûr, il y a des vérifications d’identité, mais en général, tout s’arrête à ce niveau», confient des sources bien au fait des procédures en cours. Moins de deux cents personnes ont eu le privilège de voir leur «dossier» accepté par les autorités françaises au cours des mois précédents. La procédure s’est faite ensuite plus lente, puis plus rien depuis décembre passé. Agacées, les autorités nigériennes ont fini par réagir, alerter, réclamer que les promesses européennes se concrétisent. En vain. Le piège d’Agadez s’est refermé sur des milliers d’apatrides au statut flou. Plus de mille Soudanais ayant fui la région du Darfour se trouvent ainsi dans l’expectative. D’autres sont en passe d’arriver. Au cours de l’année 2017, un millier d’autres personnes en provenance de pays africains en guerre contre les groupes terroristes ou en proie à une profonde misère ont rejoint elles aussi Agadez. Le bureau du HCR (Haut Commissariat aux réfugiés) ploie sous les demandes d’asile. La population locale, elle-même confrontée à la malvie, s’est d’ailleurs épanchée dans les journaux français en quête de vérité sur la situation en cours dans cette région. Il en ressort une inquiétude exprimée également par le maire de cette localité qui évoque «l’appel d’air» déclenché depuis la mise en place du campement pour migrants.
    L’afflux est massif, «les familles vivent dans l’insécurité car parmi les réfugiés, une partie des hommes maîtrise parfaitement le maniement des armes», avouaient encore des responsables locaux ne cachant pas que les responsables d’Agadez sont aujourd’hui débordés. La pression se fait ressentir fortement chez les réfugiés aussi. Beaucoup projettent de poursuivre leur route et de remonter plus haut, vers des territoires encore plus proches de l’Europe. Aux frontières algériennes, les soldats de l’ANP sont en alerte maximum. Ici, les forces de sécurité qui font cordon autour du pays refoulent chaque semaine des centaines de tentatives d’entrées irrégulières.
    La pression qui monte à Agadez inquiète. «L’Europe a tout simplement créé une arrière-cour en Afrique, et ils voulaient en faire de même avec l’Algérie, ce qui a été fermement refusé. La présence du HCR à Agadez est un signal qui a attiré les réfugiés, des malheureux à la recherche d’une vie meilleure, mais ils ont été arnaqués, comme ces pays qui ont accepté l’ouverture de campements.
    Actuellement, il y a des déplacements massifs, Agadez ne pourra pas les contenir plus longtemps, l’Europe n’a pas tenu ses promesses. Le chaos d’Agadez risque de déborder de ce territoire», affirme à Alger un spécialiste du dossier.
    A. C.
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)
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