Des dizaines de moutons décimés par une fièvre foudroyante. Ces images ont été tournées par notre Observateur dans la région des Hauts plateaux en Algérie, où des centaines de têtes d’ovins ont été ravagées par une épidémie de peste des ruminants ces derniers mois. De nombreux éleveurs accusent les autorités sanitaires de les avoir abandonnés face à cette épidémie.
Depuis octobre 2018, des milliers de moutons ont été décimés par la peste des petits ruminants à travers 13 wilayas [départements], notamment El Bayadh, Tébessa, Béjaïa, Laghouat et Djelfa.
La peste des petits ruminants est une maladie très contagieuse qui touche principalement les moutons et les chèvres. Elle se propage par contact étroit entre animaux, notamment par inhalation de fines gouttelettes libérées dans l’air par la toux et les éternuements des animaux infectés. Néanmoins, le virus n’est pas dangereux pour l’homme.
En 2008, plusieurs cas ont été signalés au Maroc. En août 2012, un foyer a été également signalé en Tunisie. C’est cependant la première fois que la maladie fait son apparition en Algérie.
Jeudi 3 janvier, notre Observateur Noureddine Ben Cheikh s’est déplacé chez un éleveur, dont une partie du cheptel a été ravagée, dans la région de El Abiodh Sidi Cheikh, dans les régions steppiques de l’ouest algérien.
Cet éleveur a perdu 300 moutons depuis le début de l’épidémie, une perte estimée à 4 500 000 dinars [plus de 33 000 euros]. Interrogé par notre Observateur, il dénonce l'"absence" de l'État.
Vidéo fimlée par notre Observateur Noureddine Ben Cheikh. Voici la transcription des propos de l'éleveur : "C’est une catastrophe. L’État est absent, nous n’avons reçu aucun soutien. Nous nous sommes rendus à la chambre de l’Agriculture [de la wilaya d’El Bayadh], mais ils ne nous ont pas aidés. Je vais incinérer ces moutons afin que l’épidémie ne se propage pas parmi le cheptel."
Cet éleveur a également été contraint d'incinérer ces moutons morts pour réduire le risque de contagion (vidéo ci-dessous) :
Vidéo filmée par notre Observateur Noureddine Ben Cheikh.
"L'épidémie s'est surtout propagée dans la région des Hauts plateaux"
Notre Observateur, Noureddine Ben Cheikh, est en contact avec plusieurs éleveurs dans la région. Il raconte :
"Depuis environ un mois, la peste des petits ruminants a tué des milliers de moutons et les éleveurs ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes. L’épidémie s’est surtout propagée dans la région des Hauts plateaux. Jusqu’à aujourd’hui, de nombreux éleveurs avec qui je suis en contact n’ont pas encore reçu les vaccins qui sont normalement délivrés par les centres de vaccination dépendant du ministère de l’Agriculture. Mais où sont ses vaccins ?"
"Un vétérinaire pour 500 000 moutons"
Larbi Tahar, un autre éleveur de la région d'El Abiodh Sidi Cheikh, a été plus chanceux. Il ne compte aucune perte, car il a isolé son cheptel dans une clôture. Il déplore toutefois le manque de moyens dont disposent les éleveurs face à l’épidémie.
Afin d’éviter qu’ils se mélangent avec les bêtes des autres éleveurs, je maintiens mes moutons à l’écart dans un enclos. J’évite ainsi de les emmener dans les pâturages afin qu’ils ne se mélangent pas aux bêtes des autres éleveurs.
"Je me suis rendu au centre vétérinaire géré par le ministère de l’Agriculture il y a quelques jours, et ils m’ont dit que les vaccins n’étaient pas disponibles. La région d'El Abiodh Sidi Cheikh compte un seul vétérinaire pour un cheptel estimé à 500 000 têtes, et en plus il n’a pas de véhicule."
Dans la région de Chréa, à une soixantaine de kilomètres au sud d’Alger, des éleveurs ont barré une route avec des cadavres de moutons pour protester contre l’absence d’un plan d’urgence pour contenir la maladie (voir la vidéo ci-dessous).
Cette autre vidéo montre des éleveurs qui enterrent des moutons emportés par l’épidémie.
Les autorités affirment de leur côté avoir pris des mesures à temps face à l’épidémie de peste des petits ruminants. Le ministère de l’Agriculture a annoncé que la maladie a emporté 3 000 têtes d’ovins. Fin décembre 2018, le ministère a en outre indiqué avoir mobilisé 400 millions de dinars algériens (environ 3 millions d’euros) pour acquérir des vaccins. Mercredi 9 janvier pourtant, de nombreux éleveurs, notamment dans la région d'El Abiodh Sidi Cheikh, n’ont toujours pas reçu de vaccins, note notre Observateur Noureddine Ben Cheikh.
Le ministère de l’Agriculture a par ailleurs annoncé la fermeture des marchés hebdomadaires jusqu’au 25 janvier.
Pour le syndicat des vétérinaires, contrairement aux autorités qui se veulent rassurantes, la situation est loin d’être sous contrôle. "Il ne reste plus que 15 jours aux autorités pour distribuer 25 millions de vaccins, sinon plus de 8 millions de têtes d’ovins seront décimées", s’est inquiété le porte-parole du syndicat des vétérinaires, Najib Dahmane, dans une déclaration à la presse.
Nous avons contacté le ministère de l’Agriculture pour en savoir davantage sur les mesures prises pour lutter contre l’épidémie. Nous publierons leur réponse dès qu’elle nous parviendra.
Les Observateurs de France24
Depuis octobre 2018, des milliers de moutons ont été décimés par la peste des petits ruminants à travers 13 wilayas [départements], notamment El Bayadh, Tébessa, Béjaïa, Laghouat et Djelfa.
La peste des petits ruminants est une maladie très contagieuse qui touche principalement les moutons et les chèvres. Elle se propage par contact étroit entre animaux, notamment par inhalation de fines gouttelettes libérées dans l’air par la toux et les éternuements des animaux infectés. Néanmoins, le virus n’est pas dangereux pour l’homme.
En 2008, plusieurs cas ont été signalés au Maroc. En août 2012, un foyer a été également signalé en Tunisie. C’est cependant la première fois que la maladie fait son apparition en Algérie.
Jeudi 3 janvier, notre Observateur Noureddine Ben Cheikh s’est déplacé chez un éleveur, dont une partie du cheptel a été ravagée, dans la région de El Abiodh Sidi Cheikh, dans les régions steppiques de l’ouest algérien.
Cet éleveur a perdu 300 moutons depuis le début de l’épidémie, une perte estimée à 4 500 000 dinars [plus de 33 000 euros]. Interrogé par notre Observateur, il dénonce l'"absence" de l'État.
Vidéo fimlée par notre Observateur Noureddine Ben Cheikh. Voici la transcription des propos de l'éleveur : "C’est une catastrophe. L’État est absent, nous n’avons reçu aucun soutien. Nous nous sommes rendus à la chambre de l’Agriculture [de la wilaya d’El Bayadh], mais ils ne nous ont pas aidés. Je vais incinérer ces moutons afin que l’épidémie ne se propage pas parmi le cheptel."
Cet éleveur a également été contraint d'incinérer ces moutons morts pour réduire le risque de contagion (vidéo ci-dessous) :
Vidéo filmée par notre Observateur Noureddine Ben Cheikh.
"L'épidémie s'est surtout propagée dans la région des Hauts plateaux"
Notre Observateur, Noureddine Ben Cheikh, est en contact avec plusieurs éleveurs dans la région. Il raconte :
"Depuis environ un mois, la peste des petits ruminants a tué des milliers de moutons et les éleveurs ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes. L’épidémie s’est surtout propagée dans la région des Hauts plateaux. Jusqu’à aujourd’hui, de nombreux éleveurs avec qui je suis en contact n’ont pas encore reçu les vaccins qui sont normalement délivrés par les centres de vaccination dépendant du ministère de l’Agriculture. Mais où sont ses vaccins ?"
"Un vétérinaire pour 500 000 moutons"
Larbi Tahar, un autre éleveur de la région d'El Abiodh Sidi Cheikh, a été plus chanceux. Il ne compte aucune perte, car il a isolé son cheptel dans une clôture. Il déplore toutefois le manque de moyens dont disposent les éleveurs face à l’épidémie.
Afin d’éviter qu’ils se mélangent avec les bêtes des autres éleveurs, je maintiens mes moutons à l’écart dans un enclos. J’évite ainsi de les emmener dans les pâturages afin qu’ils ne se mélangent pas aux bêtes des autres éleveurs.
"Je me suis rendu au centre vétérinaire géré par le ministère de l’Agriculture il y a quelques jours, et ils m’ont dit que les vaccins n’étaient pas disponibles. La région d'El Abiodh Sidi Cheikh compte un seul vétérinaire pour un cheptel estimé à 500 000 têtes, et en plus il n’a pas de véhicule."
Dans la région de Chréa, à une soixantaine de kilomètres au sud d’Alger, des éleveurs ont barré une route avec des cadavres de moutons pour protester contre l’absence d’un plan d’urgence pour contenir la maladie (voir la vidéo ci-dessous).
Cette autre vidéo montre des éleveurs qui enterrent des moutons emportés par l’épidémie.
Les autorités affirment de leur côté avoir pris des mesures à temps face à l’épidémie de peste des petits ruminants. Le ministère de l’Agriculture a annoncé que la maladie a emporté 3 000 têtes d’ovins. Fin décembre 2018, le ministère a en outre indiqué avoir mobilisé 400 millions de dinars algériens (environ 3 millions d’euros) pour acquérir des vaccins. Mercredi 9 janvier pourtant, de nombreux éleveurs, notamment dans la région d'El Abiodh Sidi Cheikh, n’ont toujours pas reçu de vaccins, note notre Observateur Noureddine Ben Cheikh.
Le ministère de l’Agriculture a par ailleurs annoncé la fermeture des marchés hebdomadaires jusqu’au 25 janvier.
Pour le syndicat des vétérinaires, contrairement aux autorités qui se veulent rassurantes, la situation est loin d’être sous contrôle. "Il ne reste plus que 15 jours aux autorités pour distribuer 25 millions de vaccins, sinon plus de 8 millions de têtes d’ovins seront décimées", s’est inquiété le porte-parole du syndicat des vétérinaires, Najib Dahmane, dans une déclaration à la presse.
Nous avons contacté le ministère de l’Agriculture pour en savoir davantage sur les mesures prises pour lutter contre l’épidémie. Nous publierons leur réponse dès qu’elle nous parviendra.
Les Observateurs de France24
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