Arrivé au pouvoir en 1961, Hassan II met rapidement en place un contrôle strict de la natalité. Parallèlement, il réforme les lois de la famille, et lance un processus d’émancipation progressive des Marocaines. L’objectif est de ne pas dépasser 25 millions de Marocains en 2005. En attendant, les tentatives de déstabilisations du régime sont durement mâtées. Le socialiste Mehdi Ben Barka, opposant n°1 à la monarchie, est accidentellement tué par des barbouzes qui ne cherchaient qu’à l’intimider. Deux tentatives de coups d’état militaire échouent. Leurs auteurs (dont Mohamed Oufkir) sont exécutés. Après la Marche Verte, lancée par le roi en 1975, le Maroc préfère négocier une mauvaise paix avec le Polisario, plutôt que de se lancer dans une bonne guerre. Le Sahara est alors partagé en deux, le nord étant rattaché au Maroc, le Sud revenant à la République Démocratique du Sahara Occidental (RDSO), pro-algérienne. Des élections réellement démocratiques sont organisées en 1979, permettant aux anciens chefs politiques de l’opposition de prendre les rennes du gouvernement et d’exercer le pouvoir, sous l’œil libéral mais vigilant de Hassan II.
La politique suscite alors l’intérêt de la jeunesse, et favorise l’émergence d’une nouvelle élite citoyenne qui rêve d’arriver aux affaires. Ainsi, des jeunes talents se préparent à gérer le Maroc de demain, et à y conduire de grands chantiers de développement économique. Au début des années 1980, une émancipation de la presse et un retour sur les dérapages des années de plomb (les responsables sont jugés) permettent de réconcilier définitivement les Marocains et leur roi. Avec une politique industrielle et touristique active et une incitation forte à l’investissement étranger, le Maroc connaît des taux de croissance annuels moyens de 5% pendant 20 ans, ce qui permet l’augmentation du pouvoir d’achat de la classe moyenne, et le développement d’un marché intérieur fort. Le Maroc en croissance, jouissant d’une bonne image à l’international, devient une interface active entre l’Afrique et l’Europe.
La croissance de l’économie marocaine permet d’absorber les flux d’immigrés de l’Afrique Sub-saharienne qui viennent trouver du travail au Maroc, où il est plus facile de vivre qu’en Europe, et d’autre part, offre aux multinationales européennes une extension de marché intéressante, avec 20 millions de consommateurs ayant un pouvoir d’achat non négligeable. Casablanca devient le haut lieu de shopping des bourgeoisies africaines, venues faire leurs emplettes dans cette ville à l’européenne, plus proche et moins chère que l’Europe. Marrakech, Fès, et les autres villes impériales permettent au Maroc d’accueillir 10 millions de touristes européens, américains et japonais en 2005. Attirés, entre autres, par les palais royaux ouverts à la visite du public, les touristes participent sensiblement à augmenter le niveau de vie des Marocains, qui se rapproche de celui des Espagnols.
En 1995, les entreprises marocaines se retrouvent limitées par un marché intérieur étroit. Grâce à l’accord de libre-échange signé, cette même année, entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, et qui crée un marché de prés de 50 millions de consommateurs, les entreprises marocaines s’internationalisent. En 1998, l’état crée un fond de soutien aux entreprises marocaines qui veulent s’implanter à l’étranger, en finançant leur croissance internationale à des taux de 2 à 3%. Hassan II, se sentant affaibli par l’âge et rassuré par un contexte satisfaisant, décide de passer le relais, de son vivant, à son fils aîné. Le jeune roi Mohammed VI commence à régner avec un autre style, plus ouvert, plus jeune, accordant encore plus d’intérêt à l’économique et au social.
En 2005, le pari de Hassan II, lancé dès son accession au trône, est gagné : les Marocains sont moins de 25 millions. Comme prévu, les besoins proportionnels en terme d’infrastructures scolaires, universitaires, hospitalières et résidentielles, sont faibles, et plutôt bien comblés. Résultat : depuis près de 20 ans, une large majorité de la population est constituée de classes moyennes instruites, qui visent le pouvoir économique et politique. Les élites politiques en place, après plus de 20 ans d’exercice du pouvoir, laissent éclore quelques tempéraments d’hommes d’état, et cèdent volontiers leurs sièges à la génération des quadras. Mohammed VI, favorablement impressionné par les initiatives prises par ces dirigeants d’une toute nouvelle trempe, qui ont son âge, laisse le gouvernement s’autonomiser encore plus, et se consacre principalement à ce qui lui plaît le plus : les actions sociales, la représentation du Maroc à l’étranger, la gestion de l’énorme patrimoine financier hérité de Hassan II (généreusement redistribué par le jeune roi à coups d’actions de mécénat social et culturel). Et surtout, surtout, s’attelle sérieusement à l’éducation et à la formation de celui qui deviendra, dans quelques dizaines d’années, Hassan III.
[TelQuel]
La politique suscite alors l’intérêt de la jeunesse, et favorise l’émergence d’une nouvelle élite citoyenne qui rêve d’arriver aux affaires. Ainsi, des jeunes talents se préparent à gérer le Maroc de demain, et à y conduire de grands chantiers de développement économique. Au début des années 1980, une émancipation de la presse et un retour sur les dérapages des années de plomb (les responsables sont jugés) permettent de réconcilier définitivement les Marocains et leur roi. Avec une politique industrielle et touristique active et une incitation forte à l’investissement étranger, le Maroc connaît des taux de croissance annuels moyens de 5% pendant 20 ans, ce qui permet l’augmentation du pouvoir d’achat de la classe moyenne, et le développement d’un marché intérieur fort. Le Maroc en croissance, jouissant d’une bonne image à l’international, devient une interface active entre l’Afrique et l’Europe.
La croissance de l’économie marocaine permet d’absorber les flux d’immigrés de l’Afrique Sub-saharienne qui viennent trouver du travail au Maroc, où il est plus facile de vivre qu’en Europe, et d’autre part, offre aux multinationales européennes une extension de marché intéressante, avec 20 millions de consommateurs ayant un pouvoir d’achat non négligeable. Casablanca devient le haut lieu de shopping des bourgeoisies africaines, venues faire leurs emplettes dans cette ville à l’européenne, plus proche et moins chère que l’Europe. Marrakech, Fès, et les autres villes impériales permettent au Maroc d’accueillir 10 millions de touristes européens, américains et japonais en 2005. Attirés, entre autres, par les palais royaux ouverts à la visite du public, les touristes participent sensiblement à augmenter le niveau de vie des Marocains, qui se rapproche de celui des Espagnols.
En 1995, les entreprises marocaines se retrouvent limitées par un marché intérieur étroit. Grâce à l’accord de libre-échange signé, cette même année, entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, et qui crée un marché de prés de 50 millions de consommateurs, les entreprises marocaines s’internationalisent. En 1998, l’état crée un fond de soutien aux entreprises marocaines qui veulent s’implanter à l’étranger, en finançant leur croissance internationale à des taux de 2 à 3%. Hassan II, se sentant affaibli par l’âge et rassuré par un contexte satisfaisant, décide de passer le relais, de son vivant, à son fils aîné. Le jeune roi Mohammed VI commence à régner avec un autre style, plus ouvert, plus jeune, accordant encore plus d’intérêt à l’économique et au social.
En 2005, le pari de Hassan II, lancé dès son accession au trône, est gagné : les Marocains sont moins de 25 millions. Comme prévu, les besoins proportionnels en terme d’infrastructures scolaires, universitaires, hospitalières et résidentielles, sont faibles, et plutôt bien comblés. Résultat : depuis près de 20 ans, une large majorité de la population est constituée de classes moyennes instruites, qui visent le pouvoir économique et politique. Les élites politiques en place, après plus de 20 ans d’exercice du pouvoir, laissent éclore quelques tempéraments d’hommes d’état, et cèdent volontiers leurs sièges à la génération des quadras. Mohammed VI, favorablement impressionné par les initiatives prises par ces dirigeants d’une toute nouvelle trempe, qui ont son âge, laisse le gouvernement s’autonomiser encore plus, et se consacre principalement à ce qui lui plaît le plus : les actions sociales, la représentation du Maroc à l’étranger, la gestion de l’énorme patrimoine financier hérité de Hassan II (généreusement redistribué par le jeune roi à coups d’actions de mécénat social et culturel). Et surtout, surtout, s’attelle sérieusement à l’éducation et à la formation de celui qui deviendra, dans quelques dizaines d’années, Hassan III.
[TelQuel]
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