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"Le prix du pétrole reverra sans doute les 100 dollars en fin d’année 2019"

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  • "Le prix du pétrole reverra sans doute les 100 dollars en fin d’année 2019"

    Par Guillaume Allier le 19.01.2019 à 09h00

    INTERVIEW - Pour Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management, le prix du baril de pétrole devrait retrouver des niveaux records en fin d'année 2019 ou début 2020.
    Le prix du pétrole repart à la hausse
    Les prix du baril de Brent et de WTI ont repris plus de 20% depuis fin décembre 2018.

    Alors que l'Agence internationale de l'énergie vient de publier ses prévisions pour le marché du pétrole en 2019, Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management, voit le prix du baril atteindre la barre des 100 dollars en fin d'année.

    Challenges - Dans son dernier bulletin publié ce vendredi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) anticipe le retour d'une demande de pétrole plus forte que l'offre dès le second trimestre 2019. Comment l'expliquer ?

    Benjamin Louvet - Lorsque les cours du pétrole sont bas, la demande augmente. Ensuite, ce que nous dit justement l'AIE, mais aussi l'OPEP et l'Energy Information Administration américaine, c'est que les anticipations qui sont faites sur la consommation, suite notamment aux tensions sino-américaines, sont peut-être un peu trop négatives pour l'instant. Donc le marché s'attend aujourd'hui à ce que la croissance de la demande soit un peu plus forte que l'année dernière. Il faut savoir que même si la croissance ralentit, dès lors qu'elle est supérieure à 3% au niveau mondial, il y a une augmentation de la demande de pétrole. Le fait que les prix aient reculé en fin d'année 2018 et poussé à plus de consommation peut également avoir un impact. L'entrée en vigueur en 2020 des réformes sur les carburants des bateaux, qui devront contenir moins de souffre, va augmenter la demande de diesel et risque de complètement désorganiser le marché des produits raffinés.

    Que se passe-t-il du côté de l’offre ?

    Récemment, l’OPEP et ses principaux alliés ont annoncé une réduction de la production de 1,2 million de barils par jour. Une décision un peu décevante, à tort, pour les marchés car elle a été prise par rapport au niveau de production d’octobre et non de novembre, qui était plus élevé. D’un point de vue géopolitique, le pétrole vénézuélien continue de reculer face aux tensions politiques internes ; l’Iran devrait encore réduire ses exportations d’environ 300.000 barils par jour ; il y aussi la situation assez compliquée en Libye, où des affrontements ont lieu entre diverses milices, ce qui a provoqué l’arrêt d’un certain nombre de champs, retirant du marché entre 150.000 et 200.000 barils par jour. Au Canada aussi la production de sables bitumineux va baisser de 8,5% en 2019, soit 325.000 barils par jour, à la suite d'une décision gouvernementale de décembre. En conséquence, on ne peut pas vraiment compter sur le développement du pétrole canadien. Depuis 2005, la production mondiale de pétrole conventionnel n’a pas progressé, même si elle représente toujours 92 à 93% de la production totale de pétrole. Si on a réussi à faire face à l’augmentation de la demande, c’est surtout grâce au pétrole de schiste, dont la production a atteint environ 7,5 millions de barils par jour.

    Les prix du pétrole ont augmenté de plus de 20% depuis Noël. Faut-il donc s’attendre à ce que la hausse continue en 2019 ?

    Certaines estimations font état d’un prix de 65 à 70 dollars le baril de Brent. Ce sont des prix qui me semblent assez logiques face à la situation actuelle. Néanmoins, chez OFI Asset Management, nous pensons que le prix du pétrole reverra sans doute les 100 dollars en fin d’année 2019 ou début d’année 2020. Il n’y restera pas, et devrait se stabiliser autour des 80 ou 85 dollars. En fin d’année, le marché va commencer à réaliser qu’il va falloir faire monter les prix du pétrole à un niveau tel, qu’il devienne une motivation suffisante pour les producteurs de pétrole conventionnel pour réinvestir massivement afin de contrer l’effet de déplétion naturelle et ainsi répondre à la demande. Cet effet de déplétion, phénomène naturel lié à l’exploitation des gisements, fait perdre 4 à 5% de la production mondiale de pétrole chaque année si on ne fait rien. Or l’AIE a estimé en 2015 qu’il fallait investir 630 milliards de dollars par an juste pour maintenir la production à son niveau. Et en 2016, seulement 450 milliards ont été investis ; pareil en 2017 et 2018. Face à ce retard, on sait que, physiquement, cette déplétion va s’accélérer à l’horizon 2020.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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